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Sait-on à quoi Jules Verne a dû de démarrer sa carrière littéraire ? À l'omelette nantaise. Il faut croire qu'être breton sert à tout. Tout jeune et famélique auteur, il se rendait en effet à une réception très littéraire, en retard, et, grimpant l'escalier quatre à quatre, il buta sur un colosse qui les descendait à la même allure : Alexandre Dumas lui-même. Le maître fit relever le débutant qu'il avait proprement balayé de sa corpulence. Puis, s'excusant et s'intéressant à lui, il bondit lorsque le jeune Verne annonça qu'il était nantais.
- Savez-vous préparer l'omelette nantaise ?! s'exclama le gourmand gourmet Dumas.
Or par chance, Jules Verne savait faire cette omelette aux lardons plutôt savoureuse.
Dumas, très satisfait, commanda aussitôt une pièce de théâtre à son nouveau protégé et l'inscrivit au répertoire du théâtre qu'il avait acheté peu auparavant. Ainsi filent les comètes.
Mais la révolution de 1848 ruina les théâtres et Dumas... et Jules Verne se replongea dans le roman. Mais désormais, Paris connaissait son nom.
(photo de Jules Verne par Nadar. Merci Wikipedia)
Prix Grand Témoin de la France Mutualiste 2004.
Comme Rapporteur de Guerre depuis le Vietnam, Patrick Chauvel a toujours été au plus près des êtres humains dans le conflit : G.I.s au Vietnam déchiquetés par des mines, Libanais de toutes confessions, Palestiniens, Panaméens (il a été laissé pour mort d'un tir américain hasardeux sur des journalistes à Panama en 1989), Tchétchènes. Tous lui ont toujours dit "Va et témoigne, va leur dire". Il a survécu pour témoigner de l'absurde horreur de la guerre.
Tout récemment, il a incarné Christophe de Pontfilly (breton comme lui) dans l'unique film de cet autre journaliste, ami de feu Massoud l'Afghan : "L'étoile du soldat", hélas projeté trop peu de temps sur les écrans mais qu'on pourra trouver sur DVD.
Le prochain livre de Patrick Chauvel devrait paraître chez Florent Massot. Chauvel repassera ainsi de Massoud à Massot.
Un hommage en passant à l'un des anciens disciples de Françoise Verny et fils de l'écrivain de la mer Henri Queffélec.
Il a su se faire plus qu'un prénom et son écriture sombre et corrosive mérite qu'on la découvre.
Son dernier roman, "Mineure", joue avec le soufre. Un régal.
Mon éditeur a emprunté le nom de sa société à un chevalier-poète breton du Moyen Âge, Guillaume de la Pérenne. Celui-ci est connu pour deux textes datant des années 1380 : la description de l’enterrement de Bertrand du Guesclin et surtout la « Geste des Bretons en Italie », un poème long de plusieurs milliers de vers qui narre les faits et exploits italiens de son chef et de son ami, un grand capitaine, le Breton Sylvestre Budes, sire d’Uzel.
Tout commence à la fin des campagnes espagnoles de du Guesclin.
On sait comment le connétable de France a aidé Henri de Trastamare à écarter l’odieux Pierre le cruel du trône de Castille. À la fin de la campagne, les troupes de du Guesclin, essentiellement bretonnes comme lui, se retrouvent désoeuvrées. Pour des raisons internes à la Bretagne, il leur est difficile d’y retourner. Le roi de France quant à lui cherche par tous moyens à consolider la paix et n’a aucun usage d’une troupe de plusieurs milliers d’hommes cuits et recuits par des années de guerres diverses. On est en 1375. Que vont donc faire les chevaliers et écuyers sans emploi ?
Par chance, nous dit La Pérenne, le sire de Coucy apprend à cette époque la mort sans enfant du frère de son épouse, le duc d’Autriche. Coucy veut réclamer le duché et lève une armée : les Bretons, emmenés par Sylvestre Budes, ont retrouvé un but.
Pour se rendre en Autriche, il faut contourner la Suisse soit par le nord, Bade puis Bavière, soit par le sud, l’Italie. Autant choisir le soleil : Coucy opte pour l’Italie. Voici l’armée franco-bretonne en route vers l’Autriche à travers le Piémont.
Or en route, le sire de Coucy découvre que les Autrichiens, sans l’attendre, se sont donné un nouveau duc. Il devra conquérir son trône ducal s’il le veut vraiment. Coucy sans doute hésite un peu. Puis très vite, il tourne bride et abandonne les Bretons au beau milieu de l’Italie du Nord.
Les voici de nouveau sans mission. Leur chef, Sylvestre Budes, médite le poids de sa fonction. Dans quoi les a-t-il entraînés ? Il se propose au pape Grégoire XI qui leur confie quelques objectifs mineurs.
La chance revient : en 1377, le seigneur de Milan les recrute pour affronter celui de Vérone. La bataille fait rage en Italie à cette époque.
C’est alors que le pape meurt.
Le conclave se réunit à Rome et le peuple romain encercle les cardinaux : il veut que le pape qui désormais réside en Avignon revienne s’établir à Rome. Ou plutôt, les Romains ne laisseront les ecclésiastiques ressortir de leur conclave que s’ils prennent l’engagement que le pape qu’ils vont élire s’installe dans la ville éternelle.
Or les cardinaux sont à la solde du roi de France, qui est très satisfait de voir le pape à sa main en Avignon.
En désespoir de cause, les électeurs assiégés se résignent à désigner l’un d’eux, celui qui souhaite rester à Rome. Folle de joie, la foule emporte l’élu à bout de bras, en triomphe, et il fait ainsi le tour de la cité (d’ailleurs alors modeste).
Soulagés et anxieux, les cardinaux se réunissent de nouveau dès leur sortie de Rome, dans un cadre beaucoup moins prestigieux que les palais pontificaux : dans une auberge. Là, libres de toute pression populaire, ils procèdent à l’élection pour laquelle le roi de France les a mandatés : ils élisent un pape pour Avignon. Le schisme est né.
Le nouveau promu s’adresse aussitôt à la vaste troupe bretonne de Sylvestre Budes, à qui il distribue des sommes importantes. Leur mission : châtier les Romains et évincer l’autre pape. Sans se faire plus prier, les Bretons marchent sur Rome.
Les Romains, apprenant la menace de cette armée, s’arment de tout ce qu’ils peuvent trouver, enfilent casques et cuirasses dans un désordre plus sympathique qu’efficace, et se massent sur un pont qui, de l’extérieur, verrouille l’accès à leur ville.
En quelques minutes, les chevaliers bretons, juchés sur de puissantes montures caparaçonnées de métal, se lancent comme des blindés sur la piétaille. Les habitants de Rome sont bousculés, puis enfoncés, et enfin dispersés. Rien n’empêche plus les guerriers d’entrer dans Rome.
Sylvestre Budes s’empare donc de la cité sans autre combat.
Il s’y régale. Avant d’en ressortir, il laisse une centaine d’hommes dans le château Saint-Ange : celui-ci est garni d’une forte artillerie et est considéré comme une forteresse inexpugnable quand des troupes le défendent. Durant plus d’un an, les hommes de Budes vont pouvoir arroser Rome de boulets meurtriers, à toute heure du jour et de la nuit. Rude punition distribuée par le pape d’Avignon.
Dans le même temps, la troupe s’est installée dans les faubourgs. Périodiquement, elle franchit les portes et vient piller les Romains qui se trouvent ainsi, si j’ose dire, razziés de près.
Mais tout plaisir a une fin : les vivres manquent au château Saint-Ange. Les cent Bretons l’évacuent donc discrètement en une nuit et rejoignent leur chef.
Et c’est alors que Sylvestre Budes commet sa première erreur. Il apprend que les principaux chefs romains vont se réunir un soir dans un certain palais. Il décide de monter un commando et de s’y rendre aussi.
Le groupe entre dans la ville en profitant de la nuit. Il se rend au palais, y trouve les ennemis et les passe tous par le fil de l’épée. Tout semble aller pour le mieux.
Hélas, le piège a été tendu par des Anglais : ils ont laissé les Italiens se faire tuer puis, lorsque Budes ressort, sans doute grisé par son succès et un peu de vin, ils le cueillent.
Voici Sylvestre Budes prisonnier. Il va le rester plusieurs mois.
En fin de compte, le raffinement de ses geôliers va s’exprimer avec cruauté : ils le relâchent. Mais (on juge que les techniques pour neutraliser un adversaire ne datent pas d’hier) ils font courir le bruit qu’ils l’ont « retourné », qu’il a trahi.
En sortant de captivité, Budes rejoint ses troupes qui n’ont pas été payées depuis des semaines. Il décide d’aller réclamer leur solde au pape en Avignon.
En chemin, la colère gronde. Il se résout donc à saisir la première chance qu’il rencontrera. Celle-ci prend la forme du riche cortège d’un cardinal qui, lui aussi, se rend en Avignon. Vaisselle d’or, bijoux, les Bretons retrouvent le sourire.
Pour peu de temps.
À peine arrivé chez le pape, Sylvestre Budes est arrêté : on l’accuse de trahison. La plainte du prélat détroussé s’ajoute bientôt à son acte d’accusation. Cette fois, la coupe (le calice) est plein(e).
Le pape remet le chef breton à la justice temporelle du duc de Bourgogne. Sylvestre Budes est décapité à la hache à Mâcon en 1379, quelques mois avant la mort naturelle de son ami Bertrand du Guesclin.
Voici donc la fin injuste d’un valeureux chevalier. Une occasion de plus de fustiger l’absurdité de la guerre.
Guillaume de la Pérenne, le fidèle lieutenant, l’ami de l’ombre, l’homme qui se souvient, écrit sa « geste » dix ans plus tard et inscrit timidement son beau premier vers :
Une nuit en Italie…
Il faut croire que la colère du pape n’a pas frappé toutes les têtes : son poème, Guillaume de la Pérenne le rédige alors qu’il réside … en Avignon.
Hervé Torchet 2007.
Françoise Verny, dans ses mémoires publiés sous le titre "Le plus beau métier du monde", estimait qu'Hallier était "un génie".
On se souvient de ses turbulences flamboyantes, de son absence de vergogne, de son goût de la provocation. C'était un homme qui vous invitait à déjeuner, arrivait avec dix personnes et s'en allait en vous laissant la note à payer.
Il possédait un manoir à Édern, non loin de Quimper, en Bretagne, qu'il avait hérité de son père et de son grand-père. Quand il mourut, il venait d'en faire enfin refaire la toiture après des années de difficulté.
Car cet homme qui avait sérieusement écorné la vaste fortune de sa première épouse, courait éternellement sans le sou, incapable de se poser pour raisonner autrement que pour écrire.
On se souvient aussi de "L"idiot international", journal étrange et savant à la fois, vitriolesque et raffiné, caricatural et créatif.
On n'oublie pas, enfin, son émission littéraire sur la chaîne de télévision Paris Première. Presque aveugle, il balançait des énormités sur les livres avant de balancer les livres eux-mêmes, le tout avec cigare et/ou champagne. Un homme sans limites.
On vient de marquer le coup d'une décennie sans lui. Personnellement, je me souviens d'une manif d'étudiants à Montmartre en 1983 où il était venu, très agité, nous expliquer qu'il fallait faire "tout péter". Rien n'a pété.
Était-il vraiment un génie ? Chacun est libre de son opinion. Le tout est de lire ou relire ses oeuvres.