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10/09/2011

Parution de mon roman 100 % numérique

Le roman peut être acheté pour 4 Euros (enfin 3,99), dont je touche 30 % soit dit pour être transparent, sous ce lien. Achetez-le, je crois que vous passerez un bon moment, et si la lecture vous plaît, n'hésitez pas à en parler autour de vous, faites passer.

Voici ce que j'ai répondu à l'interview qui accompagne ma présentation sur le site des Éditions Numeriklivres :

Interview : Hervé Torchet

Déconnecté

 

Vous êtes historien, médiéviste, blogueur, et pourtant votre roman n’a pas de lien avec l’Histoire. Qu’est-ce qui vous a amené à l'écriture de ce roman ?

 

Qu’en savez-vous ? N’est-ce pas l’Histoire d’aujourd’hui ? Comme historien, je tiens à être le tout premier sur l ‘événement, avec des décennies d’avance sur les autres ;). Plus sérieusement (mais sans devenir trop grave, car ce roman veut faire sourire au moins), nous sommes dans le tourbillon de la fin d’un cycle extrêmement long, celui qui a été ouvert il y a huit, dix ou quinze mille ans avec l’invention de l’agriculture. En France, en Bretagne, la civilisation agraire n’a pas connu d’éclipse depuis le début du néolithique il y a huit mille ans jusqu’au milieu du XXe siècle. Vers 1960, avec les grands mouvements de l’exode rural massif, la société paysanne a commencé à se momifier. Elle est morte à présent, et nous ne savons pas dans quel cycle long de citadins nous sommes entrés. La révolution internet, c’est une des clefs de ce nouveau monde, le roman en témoigne à sa façon. Comme historien, je travaille sans cesse à révéler des faits historiques, je participe à la révélation de vérités cachées ou oubliées, j’ai la conviction de contribuer à développer par là la pensée, de contribuer à une quête collective de liberté, et comme citoyen, comme blogueur, je constate des faits dans notre vie d’aujourd’hui, dans ce domaine, dans ce bouleversement technologique et sociologique, dont j’ai aussi envie de parler, d’une façon d’ailleurs différente, car ce premier roman assez modeste veut être léger et drôle. Et puis, il y en a qui méritent une paire de claques et, historien ou pas, je ne vois pas de raison de ne pas la leur donner, vraiment pas. Je n’en dis pas plus, le lecteur comprendra à la fin du roman.

 

Il y a une écriture très théâtrale, par les nombreux dialogues et les péripéties plutôt agitées des différents personnages. Avez-vous des affinités avec le théâtre ? Ou alors ce style s’est imposé pour d’autres raisons ?

 

J’ai eu envie de mêler les outils du roman et du théâtre, parce que cela permettait d’économiser les passages qui servent à faire visualiser l’action. De cette façon, on pouvait aller plus vite, et les nouvelles générations fonctionnent à mach 5, il faut écrire au rythme de leurs neurones trépidants. Quand on ne lit une conversation téléphonique qu’à travers la voix de l’un des interlocuteurs, on a immédiatement une image qui se forme à l’esprit, c’est automatique. Et puis, c’est vrai, j’adore le théâtre, le théâtre vif et construit, Beaumarchais, Feydeau, Guitry. Le plaisir d’un coup de théâtre, ça se savoure, le temps de passer au suivant. Et j’aime aussi le cinéma, écrire un dialogue, c’est inventer un film. L’abondance de dialogues est inhabituelle dans le roman francophone d’aujourd’hui, mais l’œuvre d’Alexandre Dumas en regorge, et dans le Quatre-Vingt-Treize de Victor Hugo (ce n’est pas son roman le plus drôle, je le reconnais), il y a de longues scènes qui ne sont que des confrontations de monologues et qui sont éblouissantes. Donc pourquoi se gêner ?

 

Le personnage principal, Jean-Pierre, apparaît comme totalement dépassé par les nouvelles technologies. Comment vous situez-vous vous-même par rapport à ces technologies ?

 

Jean-Pierre Dragon (c’est son nom) est bien plus déconnecté que moi, il est du genre qui sait à peine cliquer sur sa souris et qui ignore la différence entre un wiki et un forum. Il a l’intuition de l’utilité du numérique, mais il est totalement largué. Il est de bonne volonté, mais paralysé. Et j’espère que vous ne trouvez pas de ses petits ridicules chez moi, ça me ferait rougir. Je suis beaucoup moins dépassé que lui, pas totalement à l’ouest, je suis d’esprit plutôt geek, j’ai construit moi-même avec un logiciel libre le site (assez rudimentaire il est vrai) sur lequel je fournis des documents médiévaux bretons à ceux qui les cherchent. Je sais triturer mon blog et sa mise en page en fonction des outils proposés par la plateforme. Mais d’un autre côté, je fais partie d’une génération qui a rencontré l’informatique à travers les mots Basic et Cobol, en fac, tard, et j’ai eu mon premier micro (un cube Mac) en l’an 2000 seulement, à l’âge de trente-cinq ans, je suis loin d’être un internet natif, ni un hacker. J’ignore tout des bidouilles et des bricolages qui font les délices de beaucoup de ceux que je connais. Mais je suis assez au fait des enjeux artistiques et philosophiques des évolutions, je m’y intéresse de plus en plus près. J’ai l’impression que la révolution internet va être telle dans le domaine littéraire, que nous n’avons même aucune idée de ce à quoi elle aboutira. Non, il ne faut pas exagérer l’identification de Jean-Pierre avec moi, je suis sensible au charme et à la beauté des jolies jeunes femmes comme lui, je l’avoue (sacré Jean-Pierre !), mais je n’ai ni sa maladresse, ni ses ridicules, ni son histoire, ni son âge respectable. En fait, je pensais à un certain acteur quand j’écrivais ses dialogues, ils venaient naturellement de ce personnage mi-fantasmé mi-remémoré.  

 

Quel est votre rapport à l’édition numérique, autant en tant qu’auteur que de lecteur ?

 

J’utilise des livres numérisés depuis que Gallica existe. Dans mes recherches historiques, j’ai souvent besoin de me reporter à des articles anciens dans des revues qui sont difficiles à trouver. Le support numérique est précieux pour les chercheurs, internet est avant tout un outil de partage du savoir. J’ai suivi de près l’apparition des premières liseuses numériques, j’avais interviewé des gens de Bookeen pour mon blog avant la sortie du Sony qui a lancé le marché en France, et depuis, il y a un effet boule de neige, la Fnac s’y est mise, puis d’autres, en attendant la proche apparition d’Amazon. Mais mes investissements informatiques sont très tournés vers mon travail historique, je compose mes livres sur mon Macbook, et mon logiciel de mise en page est onéreux, si bien que je n’ai pas acheté de liseuse, ni de tablette, et que c’est sur mon ordinateur que je lis des livres numériques, ce qui est un peu plus fatigant qu’avec l’encre électronique, mais l’objet livre ne me manque pas toujours, je m’habitue au format entièrement numérique, et j’oublie que je lis autrement que dans un livre, alors qu’il y a peu, j’aurais juré le contraire. Cependant, je crois (et j’ai vu récemment que c’était aussi l’opinion de Richard Stallman, pape du « libre ») à la coexistence future des deux supports. Sans doute le gros du marché sera-t-il numérique, et le papier réservé à certains ouvrages scientifiques, aux beaux livres, à certains textes que le public, dans ses choix mystérieux, préférera sur papier plutôt que sur électronique, voire aux textes sensibles dont on voudra être certain de conserver l’intégrité.

 

Pour votre premier roman, vous avez souhaité travailler avec un éditeur 100 % numérique. Que pensez-vous des possibilités qu’offre l’édition numérique ?

 

Les éditeurs numériques d’aujourd’hui sont des pionniers. Ils défrichent un terrain encore vierge. Ils ont tout à créer. Contribuer par ce roman à l’économie débutante du livre numérique, c’est ajouter des plumes aux ailes d’un oisillon qui prend son premier envol. Je suis assez fier (c’est un mot que j’emploie rarement) de m’associer à ce mouvement naissant. L’édition numérique va déverrouiller les blocages qui grippent la littérature francophone. Nous voyons bien que si notre société est en panne, c’est d’abord parce que nos créateurs, nos penseurs, nos philosophes, nos artistes, nos scientifiques, y sont bridés. Il y a des routines, des habitudes, des postions acquises, des réflexes pavloviens, qui entravent le travail de vérité des auteurs. Les enjeux financiers étouffent notre monde littéraire en particulier. L’édition numérique va bousculer ces pots de fleurs et nous en avons grand besoin, car il faut que ça bouge, et fort !

 

Avez-vous d’autres projets littéraires ? Les proposerez-vous encore en numérique ?

 

Oui, j’ai plusieurs autres idées que je proposerai aux lecteurs dès que possible. Racine disait « La pièce est terminée, il n’y a plus qu’à l’écrire ». J’ai fait ce premier roman parce qu’il était terminé dans ma tête. J’en ai d’autres en marmite. Et bien entendu, je serai particulièrement content de continuer à adopter le format numérique. Et à m’engager dans le combat contre certains abus du droit d’auteur, ce que le livre numérique permet aussi, à m’engager aussi pour le statut de l’auteur dans l’esprit de ce que Victor Hugo et Balzac ont fait en leur temps, et là encore, le livre numérique est une clef. Il est l’un des avant-postes de la révolution internet, il faut bien entendu que soit préservée (voire développée) la neutralité du net pour qu’il puisse jouer son rôle. J’ai envie de conter d’autres histoires pour amuser, émouvoir, intéresser, les lectrices et les lecteurs, et si les lectrices et les lecteurs m’y encouragent, je ne me retiendrai pas, pas du tout.

10:08 Publié dans mes livres | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook