19/10/2010
Le centre courtisé par des tartuffes
En politique, l'action est une chose délicate et l'effet boomerang fréquent. En ne rémunérant pas les journées de grève des professeurs, on les incite à pousser les lycéens à manifester à leur place. En organisant un service minimum, on incite les grévistes à employer des moyens d'action très radicaux, blocages en tous genres, à paralyser autrement l'économie nationale. À l'inverse, les excès de mai 1968 ont conduit au raz-de-marée électoral de droite de juin 1968. Les grandes grèves de 1995 ont considérablement affaibli la majorité d'alors, mais elles ont surtout propulsé Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002.
Aujourd'hui, on glose sur le calcul fait par la majorité : exciter le désordre pour appeler au retour à l'ordre ? Se poser en père-la-rigueur pour reconquérir l'électorat conservateur effrayé par ses dérapages verbaux et son style bling-bling ?
Je pense qu'en tout cas, le calcul initial a été celui-là : utiliser le mécontentement social pour effrayer l'électorat de centre droit et le ramener dans le giron majoritaire. À l'heure actuelle, d'ailleurs, l'opinion, en milieu centriste, est que la gauche est en mesure de gagner seule en 2012. Mais au fond, est-ce l'essentiel ?
La montée de l'extrême droite en Europe
Nous vivons dans un monde dangereux, la poussée xénophobe aux Pays-Bas et en Suède, deux pays longtemps admirés pour leur tolérance, le regain extrémiste en Autriche, voire en Allemagne, les ratonnades en Italie, sans parler de ce qui se passe aux États-Unis, des extrémistes sanguinaires de tous poils, islamistes et boutefeux de tous genres, tout cela fait de notre époque un moment dangereux, qui évoque les années 1930.
Or, je l'ai noté lors des dernières régionales, le fait symétrique de cette poussée de fièvre ultradroitière, c'est l'enfoncement du centre, en France notamment, mais pas seulement. On pourrait croire que cet effet de vases communicants ne soit qu'apparent, il n'en est rien : en fait, le centre est la seule vraie réponse à l'extrême droite, un rappel à la conscience morale. Oui, il faut le dire et le répéter, les valeurs du centre sont les seules à contrer efficacement celles de l'extrême droite, car la droite et la gauche, et leurs extrêmes, se placent tous dans le même champ sémantique, tandis que le centre se situe dans un tout autre champ sémantique, il déplace le débat, et c'est sa force.
Le centre longtemps moqué
On connaît la raillerie de Marie-France Garaud sur le fait que, pour convaincre les centristes, il suffisait d'agiter le maroquin ministériel. On a longtemps tourné en dérision aussi notre goût de la bonne gouvernance, notre point d'honneur de probité, notre habitude de juger une politique à ses résultats pour l'intérêt général plutôt qu'à ses effets pour un camp ou l'autre. Tout cela, au fond, a toujours fait rigoler les importants, les réalistes, les cyniques, les gens de pouvoir, en somme, qui mesuraient leur taux de satisfaction à l'aune de la cocufication qu'ils nous avaient infligée. Qui agitant les maroquins, qui "plumant la volaille centriste".
En se posant en candidat de la respectabilité, de l'ordre, des grands équilibres financiers, le pouvoir actuel ne fait qu'infliger une nasarde de plus à notre conception des choses, il nous fait un pied-de-nez, un de plus. Un de trop ?
En entendant Mme Aubry jouer de la mandoline sous le balcon de M. Bayrou, mercredi dernier, en employant des expressions qui sont chères à celui-ci, des expressions qui fleurent bon le terreau centriste, j'avoue que j'ai eu un haut-le-cœur. Comment ? Mme Aubry qui est soutenue par M. Delanoë qui donne l'absolution à bon compte à M. Chirac ? En d'autres temps, Lamartine a écrit "La France est élastique". Peut-être, mais tout de même. Jouer à ce point les attrape-tout ne dénote qu'un état de pensée : celui qui vise à prendre le pouvoir à tout prix, ce qui n'est jamais bon signe. Et puis, on l'a vu, de même que Mme Royal était suitée de sa duègne Mélenchon lorsqu'elle fredonnait des chansons galantes sous le balcon de M. Bayrou en 2007, une duègne implacable qui détenait la clef de sa ceinture de chasteté, de même le chœur des duègnes s'est immédiatement employé à couvrir les mots doux de Mme Aubry avec le grincement de ses mâchoires.
Le centre n'est pas entre la droite et la gauche
Les danses du ventre des deux bords ont pour premier but de rassurer leurs propres soutiens sur la nature du centre : le centre est un peu plus à droite que nous, pense la gauche, et un peu plus gauche que nous, pense la droite. Double erreur.
Bien sûr, je pourrais, en me moquant, dire que la définition du centre est : tous ceux qui ont envie de donner autant de coups de pied au cul à la droite qu'à la gauche. Mais ce ne serait qu'une boutade. Le centre vaut mieux que cela. Il y a, dans notre façon d'être, ce que Raymond Barre avait nommé "une exigence intellectuelle et morale, un désir d'action", non pas la volonté de plaquer une morale sur la vie des gens, mais l'envie de trouver l'éthique de l'action publique, de lui donner du sens. C'est d'ailleurs un point qui rapproche le centre de beaucoup d'écolos, même si ensuite le tri se fait entre les valeurs compatibles des uns et des autres. Nous avons, sur l'éthique et la politique, et sur le contenu des politiques publiques, des visions souvent convergentes, ainsi que sur l'appel à la liberté. C'est sans doute pourquoi une partie des électeurs centristes hésite entre les écolos et les démocrates. Les évolutions récentes et prévisibles vont décanter cette tentation.
La spécificité présidentielle
Bien entendu, les clins d'œil à l'électorat centriste ou aux responsables centristes n'ont qu'une arrière-pensée : la présidentielle de 2012. La droite exige du centre ce qu'elle considère comme un retour au bercail, la gauche s'endort chaque soir au coin du feu en rêvant qu'elle va plumer la volaille centriste. M. Sarkozy, le matin, en se rasant, s'ébaubit de son futur deuxième mandat présidentiel, Mmes Royal et Aubry, en se faisant le maillot, s'imaginent dictant leur loi aux mâles du monde ébahi. 2012 est une musique qui leur trotte sans cesse dans la tête.
Et cependant...
Les valeurs du centre qui sont irréductibles au champ sémantique droite-gauche représenteront, en 2012 comme lors de toutes les élections présidentielles au Suffrage Universel Direct, sous la Ve république, entre 15 et 20 %. Elles auront un candidat et un seul, ce sera le même que la dernière fois, le seul qui soit crédible, le seul qui ait ce profil étrange que réclame la fonction présidentielle.
Sinon, l'extrême droite sera à 20 %.
Et sans doute, alors, si l'extrême droite rebondit, notre monde poursuivra sa glissée aussi lente et inexorable que celle d'un glacier au temps du réchauffement climatique vers l'abîme. Et alors, quand le pire se sera produit, quand nous aurons d'autres barbaries infectes, d'autres génocides, d'autres verduns, au triste compteur de nos ignominies, l'Histoire demandera des comptes à ceux qui, par des propos honteux, ont jeté de l'huile sur le feu de la haine, comme l'a fait le président de la république cet été, à ceux aussi qui, se disant centristes, n'ont pas démissionné pour protester contre ces abus de langage, et à ceux, enfin, qui ont continué à faire bouillir leur petite tambouille dans leurs petites marmites politiques, alors que, de toutes parts, le péril montait.
Notre époque, je le crois, réclame un changement de paradigme, peut-être pas seulement celui que Quitterie, que nous aimons, a évoqué en se retirant du jeu partisan, mais un sursaut, un tunnel salutaire vers l'autre champ sémantique, celui que le centre incarne.
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29/11/2008
À quoi sert le Mouvement Démocrate ?
Dans un débat récent ici, sur mon blog, j'indiquais que si le MoDem n'est qu'une machine à gagner des élections, et en particulier une machine à faire gagner l'élection présidentielle par Bayrou, alors le MoDem ne m'intéressait pas. Cette même opinion, je l'ai déjà exprimée dans le passé et j'en ai déjà tiré les conséquences nécessaires : de 2001 à 2004, je suis resté un adhérent distant, ne participant à rien. 2004 a été un moment sympathique, mais c'est l'apparition de Quitterie Delmas en 2005 qui m'a vraiment ramené vers l'engagement politique.
Tout en étant distant, je n'ai pas changé mon vote, ni d'ailleurs mes convictions foncières, mais mon activité a été nulle, parce que je trouve sans le moindre intérêt de consacrer du temps au culte de la personnalité ou à une stratégie dont je ne suis qu'un paramètre (faible).
En réclamant aux adhérents du Modem un esprit "commando", Bayrou a réitéré le choix qu'il avait déjà exprimé du temps de l'UDF : celui d'un appareil voué à lui obéir sans débat, un choix qui a à mon avis accéléré le déclin démographique de la vieille famille centriste et démocrate. Je crois personnellement dans la vertu du débat.
C'est son choix, à chacun d'en tenir compte en conscience. Pour ma part, comme on le sait, je préfère consacrer mon travail politique à Quitterie. D'autres ont pris la tangente.
C'est chez l'un de ceux-ci, Hyarion (passé au PS) que j'ai trouvé un texte qui m'a ouvert à l'idée que la proposition de Ségolène Royal de transformer le PS en fan-club était sérieuse : il faut vivre avec son temps, dit en substance Georges Frêche selon les propos rapportés par Hyarion, et notre temps a besoin de partis politiques qui soient des écuries présidentielles, rien de plus.
Il y a donc bien une opinion commune chez les politiques, chez les gens d'en haut, ceux qui nous gouvernent, que la participation des citoyens est un leurre et que l'adoration est l'état natif du militant politique.
Tant pis pour eux s'ils croient cette folie.
Mais il faut dire qu'ils sont alors moins en situation de critiquer la pratique despotique et discrétionnaire (pour ne pas dire arbitraire) du président Sarkozy, puisque leur conception du pouvoir est en fait la même.
Il y a là, de toute évidence, un constat qui va continuer à éloigner les gens de la politique dont ils seront de plus en plus les spectateurs et non les acteurs, quoi qu'en disent nos responsables politiques qui me semblent plus inconscients que réellement malveillants.
Le discours participatif se dévoilera comme triste farce assez vite.
Pour ma part, ce constat ne signifie pas que je ne soutienne pas Bayrou, il y a un socle programmatique qui nous est propre et que Bayrou, je crois, n'éludera pas s'il est élu et s'il conquiert le pouvoir législatif ensuite : liberté de la presse, indépendance de la justice, bonne gouvernance, saine gestion. Ce constat ne signifie pas non plus que je penche subitement du côté de ceux qui semblent tourner le dos à la logique des partis-croupions : le PS canal historique de Martine Aubry. Non, car on voit que les vieilles marmites ne sont parfois capables que de réchauffer des plats rances et moisis. Mais ce constat fait que je ne perdrai pas mon temps dans des activités vides de sens.
Heureusement, il y a Quitterie Delmas.
10:42 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : modem, ps, partis politiques, élection présidentielle, quitterie delmas, bayrou, royal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
02/10/2008
2012 : la dramaturgie se met en place.
On lit, chez Luc Mandret comme dans la presse, que le congrès du PS est joué, que la ligne "historique", fidèle au PS du XXe siècle, est en passe de l'emporter.
La ligne politique du tandem Delanoë-Hollande (véritables Zig et Puce de la gauche) est celle que Delanoë vient d'illustrer à Paris lors des récentes municipales : toute la gauche "de gouvernement" (modèle 1997), rien que la gauche de gouvernement. En quelque sorte, une géométrie réduite aux acquêts.
Dans cet attelage, les Verts, comme désormais à Paris, sont l'alibi d'une politique environnementophobe, productiviste et affairiste, et le MoDem, bien entendu, n'a aucune place.
Le candidat de l'appareil (et des notables) à la présidentielle est issu de cette ligne, probablement Delanoë, bien que celui-ci ne manque pas de petits copains qui ne rêvent que de lui faire le grand soir pour lui prendre le grand jour.
À côté de cette ligne d'appareil va se cristalliser l'hypothèse d'une candidature de Ségolène Royal, endiablée contre les appareils politiques, mais de gauche et toute prête à faire alliance avec ceux qui la boudent. Et par ailleurs une dent personnelle affirmée contre le Mouvement Démocrate.
Ainsi la gauche aura-t-elle peut-être deux candidats crédibles au premier tour de l'élection présidentielle, quels que puissent être les efforts de l'appareil socialiste pour paralyser toute dissidence par l'organisation de primaires où seront invités les non-adhérents (et auxquelles, on s'en doute, la droite s'empressera de participer, à la fois pour semer le trouble dans le PS et pour consolider la confiscation du pouvoir par le tandem UMP-PS). Cela sera si Ségolène Royal y est suffisamment déterminée et si les sondages (hum) lui laissent un espoir d'y triompher.
Troisième candidat se revendiquant de l'anti-sarkozysme : François Bayrou.
L'un de ces trois là, et l'un seulement, sera l'adversaire du second tour de ce qui semble devoir être Sarkozy pour l'UMP.
On voit bien quelle est la proposition qui sera alors faite aux Français : déterminez à la fois le meilleur homme (la meilleure femme) et la meilleure combinaison politique : union multicolore (antisarkozystes de droite, du centre et de gauche), gauche "ouverte" (s'alliant peut-être avec le MoDem), gauche "de grand-papa" (PS et alliés d'avant-hier satellisés).
Les arguments n'y seront pas tous bons, ni tous francs, ni tous sincères, mais in fine, ce sera le débat, si cette hypothèse se confirme. À moins, évidemment, que Ségolène Royal ne "cale", et qu'on se retrouve dans la configuration de 2007, discrédit de Sarkozy en plus.
À l'heure présente, comme l'écrivait un éminent blogueur le mois dernier, il n'y a que quatre candidats suceptibles de gagner la présidentielle de 2012 : Sarkozy, Bayrou, Royal et Delanoë. Et le scénario qui conduit à leur partie de poker menteur se met en place.
18:25 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : ps, modem, ump, bayrou, sarkozy, royal, delanoë | | del.icio.us | | Digg | Facebook
18/12/2007
Les tartuffes ("Mourir pour des idées..." 2).
09:30 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, municipales, PS, Royal, Juppé | | del.icio.us | | Digg | Facebook
13/07/2007
Le mécano constitutionnel et la Vie république.
Sarkozy l’ubique s’est déplacé sur les terres du président du Sénat pour lancer sa réforme de la constitution.
La pantomime ridicule à laquelle s’est livré le Parti Socialiste en préambule de cette initiative en a renforcé l’impact et lui a conféré une dimension très solennelle et transpartisane : en critiquant le débauchage d’un constitutionnaliste de gauche par la droite, les éléphantômes en ont fait une tentative réelle de transcendance des courants. Leurs cris d’orfraie auraient mieux fait de s’adresser à la politique économique du gouvernement, qui est un événement bien plus redoutable et important pour les Français que l’éventuelle participation d’un vieil éléphant à un aréopage destiné à amuser la galerie.
Car comme d’habitude, les jeux sont faits d’avance pour le futur comité constitutionnel : Sarkozy lui a rédigé une feuille de route sans grand espace de négociation, d’autant moins que c’est Édouard Balladur qui est supposé en prendre la présidence. On peut d’ailleurs s’étonner au passage qu’il faille toujours trouver des comités constitutionnels pour caser les gloires déchues ; c’était la logique du siège automatique et perpétuel des anciens présidents de la république au Conseil constitutionnel (Vincent Auriol et René Coty en 1958), c’était encore le pupitre de Valéry Giscard d’Estaing pour la rédaction du traité constitutionnel européen, c’est enfin le sépulcre de l’homme qui a augmenté l’endettement extérieur de la France de vingt-cinq pour cent en deux ans entre 1993 et 1995 : Balladur.
Sarkozy a prôné la rupture durant sa campagne ; rupture, on ne savait pas bien avec quoi. Avec Chirac en tout cas. Avec de nombreuses habitudes peut-être. Avec la Ve république ? Cet aspect de son programme m’avait échappé, même si j’avais du mal à y trouver des traces de gaullisme.
En vérité, si l’accentuation de la présidentialisation du régime est l’une des deux possibilités qui se présentaient. Elle n’était pas étrangère à la façon dont Bayrou lui-même envisageait le rééquilibrage des institutions pouvant conduire à une Vie république.
Mais dans le projet Bayrou, il n’existait plus d’article 49-3.
Commençons donc par le commencement : faut-il supprimer le premier ministre ? Si l’on n’évacue pas la responsabilité de l’exécutif, il faut conserver le premier ministre : difficile d’imaginer que le président, élu par le peuple, puisse être renvoyé par le parlement. Donc le premier ministre reste. Mais, le président ayant vocation à s’exprimer une fois par an (comme la reine d’Angleterre et, à l’imitation de celle-ci, le président des Etats-Unis) devant le parlement pour un discours programme, l’aura du premier ministre devrait s’estomper.
Signalons au passage le retour du chef de l’État devant le parlement : ce serait la fin d’un tabou qui date de la IIIe république. Après l’utilisation du référendum pour un plébiscite, pratiquée depuis 1958, ce serait le dernier des piliers de la république militante qui tomberait : depuis 1875, le président n’a pas le droit d’entrer au parlement, bannissement supposé protéger l’indépendance de celui-ci.
Le mythe de l’indépendance du parlement ayant disparu depuis longtemps, il n’y a rien là que de tristement logique et significatif de la réalité des institutions ; sous couvert de réhabilitation du parlement, c’est encore une preuve écrasante de son abaissement.
Une dose de proportionnelle dans chacune des chambres du parlement sera utile surtout à la justice et à la diversité de la représentation nationale, pourvu qu’il s’agisse de proportionnelle dans un cadre régional, interrégional ou national et non dans le cadre départemental qui maintiendrait la prédominance de la bipolarisation.
En revanche, l’implication plus directe du président dans le fait majoritaire et parlementaire est la fin pure et simple de la conception gaullienne de la fonction présidentielle. De surcroît, elle risque d’aboutir à la pérennisation de la bipolarisation encore, en renforçant l’argument utilisé contre Bayrou lors de la récente campagne présidentielle : avec qui gouvernerait-il ?
Eh oui, s’il doit traiter avec le parlement, qui acceptera de travailler avec lui ? C’est en fait modifier la nature de l’élection présidentielle, cette rencontre d’un homme et d’un peuple comme aime à le dire Bayrou, et remettre définitivement le président entre les mains des appareils politiques, qui est à proprement parler ce que de Gaulle lui-même appelait la « république des partis ».
Pour le reste, on avait déjà les apparences du despotisme le plus explicite avec la façon dont Sarkozy affirmait son pouvoir gouverné par l’opportunité, la subjectivité et, disons-le, le caprice, voici que l’on commence à constater ce que l’on nomme des effets de cours dans sa gestion (par ailleurs le seul défaut de la structure centrale du MoDem aussi) : il est plus important et légitime d’être secrétaire général de l’Élysée ou épouse du président de la république que d’être ministre, investi par le parlement, pour négocier publiquement avec les chefs d’États étrangers. Bravo…
Bientôt, le chauffeur du président de la république aura plus de pouvoir que le premier ministre, il n’y aura plus qu’à réinstaller Sarkozy à Versailles (sa femme est déjà à la Lanterne, sur le chemin) et le tour sera joué.
Décidément non, tout ça ne ressemble pas à la Vie république, mais plutôt à une seconde restauration ou à un troisième empire… un empire – en pire !
Si au moins tout cela portait une vertu comptable et financière, on pardonnerait tout ; mais étant donné ce qu’on voit, on ne pardonne rien.
Alors, traçons notre sillon MoDem, il en sortira une bonne récolte un jour ou l’autre. Vive la liberté.
18:18 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, parlement, sarkozy, royal, bayrou, udf, mouvement démocrate | | del.icio.us | | Digg | Facebook
07/07/2007
L’inépuisable affaire “Clearstream“.
L’incroyable acharnement qu’il subit de la part de certaines administrations laisse profondément perplexe sur les liens que l’on accuse parfois une partie de nos dirigeants politiques et administratifs d’entretenir avec des réseaux criminels.
Quoiqu’il en soit, c’est bien Denis Robert qui a le premier formulé l’hypothèse que Clearstream, un organisme luxembourgeois de compensation entre établissements bancaires, pourrait couvrir sciemment le blanchiment d’argent frauduleux auquel ses mécanismes financiers seraient employés.
Passons sur l’éventualité que cette même méthode puisse servir aussi aux services secrets de tous bords, ce qui expliquerait une partie de l’animosité de nos hautes sphères, et concentrons-nous sur l’invraisemblable feuilleton politique qu’évoque le nom de Clearstream.
La première période est un Feydeau : accusations mensongères, cris d’orfraie de l’accusé qui a préparé sa contre-attaque à une machination puérile qu’il a éventée dès son origine, portes qui claquent, beaucoup de vent dans les médias, coups de théâtre minuscules indéfiniment montés en épingle, le tout sur fond d’un document qui, dès le premier regard, s’avère un faux grossier.
Le comble du ridicule et de la honte pour notre pays est le moment où les deux principaux membres du gouvernement sont sur le point de se traîner mutuellement en justice et où personne, jamais, ne démissionne, où le parlement, inutile comme d’habitude, se contente de rester spectateur d’une bataille de chiffonniers dégradante.
Puis l’accusation tombant d’elle-même, ne reste que le processus de l’arroseur arrosé : dans la course à l’élection présidentielle de 2007, Dominique de Villepin est accusé d’avoir fomenté de toutes pièces la calomnie contre l’actuel président Sarkozy, alors son compétiteur.
Alors commence une phase plus souterraine, non moins redoutable, où la justice s’acharne contre l’équipe de Villepin, espions distraits, faussaires maladroits, entrepreneurs mythomanes, bref, une sorte de parodie burlesque et grinçante, quelque chose entre Arsène Lupin et Fantômas, jouée par les Branquignols.
Puis, dans la période récente, d’autres perquisitions spectaculaires, au “Canard enchaîné“ notamment (où l’on ne peut s’empêcher de trouver étrange l’obstination de la justice à mettre la main sur les fichiers incriminés de Clearstream), et enfin chez Villepin encore, contraint d’interrompre ses vacances pour venir assister aux investigations des enquêteurs parce qu’on a trouvé chez l’invraisemblable général Rondot de nouvelles preuves mystérieusement gravées dans le disque dur de son ordinateur.
C’est ainsi que l’on voit un Chirac très tendu se présenter à l’église non loin de Nicolas Sarkozy pour s’incliner sur la dépouille mortelle de Claude Pompidou.
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06/07/2007
Bretagne : le centre à reconstruire.
Longtemps, le centre fut incarné en Bretagne par Pierre Méhaignerie, le maire de Vitré.
C’était alors, pour le centre, le temps des héritiers : Méhaignerie fils et successeur de son père, Barrot fils et successeur de son père, Bosson fils et successeur de son père, Baudis fils et successeur de son père, et combien d’autres.
Tous ces héritiers sont depuis lors passés à l’UMP.
Méhaignerie, lorsqu’il dirigeait la formation centriste (CDS) dans l’UDF, s’employait à noyauter la Bretagne. Le résultat de ses efforts fut … la disparition progressive du centre de la carte électorale bretonne, sauf dans son propre département, l’Ille-et-Vilaine où, au contraire, ce furent les gaullistes qui perdirent sans cesse du terrain.
Au moment où Méhaignerie quitta le centre pour passer à droite, le centre était majoritaire à lui seul en Ille-et-Vilaine.
Mais l’addition de ce centre et de la droite dans l’UMP fait qu’aujourd’hui, le département est … à gauche.
Il y a donc beaucoup à reconstruire et une vraie place pour le MoDem.
En vérité, ce qui a perdu Méhaignerie, c’est probablement l’argent, l’affaire de la construction du pont de l’île de Ré quand il était ministre de l’Équipement, et plus encore les curieux flux financiers qu’il a organisés avec l’argent de son parti, qui lui ont valu condamnation par la justice, une condamnation amnistiée avant même son prononcé.
Le côté sympathique du personnage résidait dans son rêve d’inventer une formation politique rien que pour la Bretagne. Il voulait en effet un parti régional, dans la logique agro-catho des héritiers du MRP, sans affiliation à une formation parisienne.
Il n’est pas parvenu à ce résultat, mais a désormais la haute main sur l’UMP bretonne.
Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une poignée de députés de cette formation. Deux en Ille-et-Vilaine sont d’anciens centristes : lui-même et le maire de Saint-Malo, René Couanau. Un aussi dans le Morbihan est le vétéran de l’Assemblée Nationale, non le plus ancien mais le plus vieux : Loïc Bouvard, un ancien d’Air France père de six enfants (on dit qu’il ne s’est fait réélire que pour transmettre sa circonscription à un plus jeune UMP plus à droite). Dans le Finistère, les deux députés UMP restants sont plus à droite aussi, comme les autres du Morbihan. Il n’y en a aucun dans les Côtes d’Armor.
En Loire-Atlantique, département de la Bretagne historique, on se rappelle que Michel Hunault vient de passer au Nouveau Centre.
Les résultats électoraux du MoDem ont déçu en général après le beau score réalisé par François Bayrou dans la région. Douze ou treize pour cent ont été ici des scores courants pour des candidats du MoDem. Quelques-uns ont fait moins, comme Isabelle Le Bal à Quimper, d’autres ont brillé plus, comme Michel Canévet, maire et conseiller général, qui atteignait déjà dix-huit et demi lorsque Bayrou culminait à six virgule huit, et qui s’est haussé jusqu’à dix-neuf et demi. Bien entendu, mention spéciale pour Thierry Benoît, l’unique député métropolitain du MoDem hors des Pyérénées-Atlantiques.
Pour les municipales, il faudra trouver de bons candidats mais le terrain est prometteur : nombreuses sont les petites communes où Bayrou est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle.
Dans les principales villes, l’électorat du MoDem sera décisif et tout le jeu pour les candidats consistera à coller au plus près de ces électeurs. L’effort ne sera pas toujours faible, en particulier pour une partie des anciens cadres de l’UDF habitués à vivoter comme force d’appoint de l’UMP : ils devront jouer leur carte jusqu’au bout sans tabou et ce sera pour eux une révolution culturelle qu’on leur souhaite de pouvoir assumer.
Il faudra donc leur fournir un outil programmatique simple et puissant, des valeurs fortes à défendre et à incarner.
Nantis de ces calculs et de leur score, ils devraient faire monter une génération nouvelle dans les conseils municipaux et produire un ou deux sénateurs en complément de Philippe Nogrix, à moins que Sarkozy ne réforme l’élection du Sénat d’ici là, mais comme on dit, ceci est une autre histoire.
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05/07/2007
Vu de Bretagne.
Ici, l’offensive du pouvoir contre les gendarmes prend un tour très local : on ferme deux gendarmeries au motif de leur vétusté.
Bien entendu, le tissu social en souffre : encore des services publics qui désertent la campagne, ces deux postes de gendarmes se trouvaient dans les dernières parties vraiment rurales du Finistère.
On commente aussi le choix du rectorat pour l’implantation de l’IUFM : ce sera Brest et non Quimper. Le grand port militaire n’en finit plus de profiter de la présidence du département pour déshabiller le chef-lieu rival.
Le grand sujet qui a fait la une est surtout la création du parc régional maritime au large des côtes, autour des îles d’Ouessant et de Sein. Repoussée jusqu’après les élections pour ne pas effaroucher une population que l’on croit hostile au projet, cette initiative satisfait les amis de la nature maritime et inquiète tous les autres en menaçant le prix des terrains, une réalité à laquelle on est très sensible sur les côtes où les tarifs commencent à devenir intéressants.
Voilà donc quelques nouvelles d’ici.
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04/07/2007
Lefebvre Utile (LU) et parlement inutile (PI).
Il arrive que certains hommes de pouvoir vendent leur âme au diable pour leur carrière mais l’âme que Sarkozy a vendue, c’est la nôtre, celle de la France.
Quoiqu’il en soit, on est forcé de reconnaître que Fillon ne déçoit pas : il est aussi ennuyeux que prévu.
Sa phrase sur le couple présidentiel doit pratiquement être prise au premier degré. D’une part, parce que Fillon a été introduit en politique par Joël Le Theulle, homosexuel très explicite, mais aussi parce que c’est à une véritable démonstration par l’exemple de toutes les théories psychologiques que les deux hommes (Sarkozy et lui) se livrent depuis le 6 mai : tout masochiste cherche son sadique, tout sadique cherche son masochiste et les deux se sont incontestablement trouvés, Fillon le masochiste et Sarkozy le sadique.
En témoigne d’ailleurs la facétie qui a consisté à envoyer Fillon faire sa première visite officielle en compagnie du député Christian Vanneste qui a été condamné pour propos homophobes.
Après Sarkozy et Cécilia, Royal et Hollande, voici donc le troisième couple diabolique de l’année : Sarkozy et Fillon. Astiquez vos cuirs et vos latex.
Au milieu de cette danse des sept voiles, François Bayrou, le pouce gauche toujours dans le plâtre, a paru s’ennuyer ferme lors de la séance du vote d’investiture. La couverture de sa présence par la télévision a été sans surprise non plus : nulle.
Qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il voté ? Pas un mot. Ses sept millions d’électeurs jugeront.
On a en revanche revu l’inénarrable Maurice Leroy, toujours aussi inspiré, expliquer avec son aplomb habituel que le premier ministre a été désigné pour appliquer la politique pour laquelle sa majorité a été élue.
Il ne cherche pas à être bien noté par le petit président de la république inspirateur universel de toutes les politiques, celui-là. Sans doute pour tenter de garder notre sympathie mais c’est curieux, quand il parle, je n’ai plus envie de rire, c’est comme pour Santini, quelque chose ne passe pas.
Hollande, lui, m’a piqué mon mot : omniprésident. J’aurais dû le déposer à l’INPI.
Oh, je les plains, les députés. Ils n’ont jamais été aussi factices, jamais aussi réduits à leur fonction de super-élu local. Le parlement est élu pour obéir, ils le savent. Peut-on monter au calvaire sans pleurer ?
Les grands groupes financiers, eux, se frottent les mains : ils s’apprêtent à traire le PI. La France est bien leur vache à lait.
La préparation de la naissance du MoDem devrait nous consoler. Espérons.
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01/07/2007
Jean-Luc Moudenc : comment ne pas perdre la mairie de Toulouse.
Jean-Luc Moudenc est issu d’un milieu modeste. Lorsque j’ai fait sa connaissance, en 1986, il résidait à Toulouse, chemin de Ramelet-Moundi, Les Toulousains jugeront.
Il a adhéré au Centre des Démocrates Sociaux en 1977. Il était alors âgé de seize ou dix-sept ans.
Ce parti avait été créé l’année précédente par la réunion du Centre Démocrate de Jean Lecanuet et du Centre Démocratie et Progrès (CDP) de Jacques Duhamel. Le CDP était issu d’une fraction du Centre Démocrate (essentiellement des parlementaires) qui, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1969, avait rejoint le camp de Georges Pompidou contre le propre candidat du Centre Démocrate, Alain Poher.
Lecanuet, qui avait entre-temps tenté l’aventure du Mouvement Réformateur avec les Radicaux de Jean-Jacques Servan Schreiber, avait pris en 1976 la présidence du nouveau parti et prendrait celle du nouveau conglomérat englobant aussi les Radicaux, les Sociaux-Démocrates et les Républicains Indépendants, l’année suivante : ce serait l’Union pour la Démocratie Française (UDF).
Lorsque j’ai fait sa connaissance, dans l’été 1986 donc, en Ardèche lors d’une Université d’Été, Jean-Luc Moudenc était déjà silencieux et compassé comme un cardinal. Il adoptait le ton qui fait qu’on le croit toujours à mi-voix. Ce qui frappait en lui était son nez.
On pouvait croire que Rostand avait écrit sa pièce Cyrano pour lui. Son appendice nasal le précédait partout de très loin.
Nanti de cette excroissance, Moudenc promenait son sourire sénatorial et sa silhouette calme au milieu d’une escouade de ses jeunes, dans une atmosphère très gaie et plutôt folle.
Doué pour les conquêtes de structure, il s’était constitué un réseau d’amis et d’affidés en prenant le contrôle de la mutuelle toulousaine des étudiants de droite et du centre. Il s’agissait du système SME-, concurrent minoritaire de la puissante MNEF.
Les SME, contrairement à la MNEF, formaient un réseau d’entités indépendantes regroupées selon un principe confédéral : le vrai pouvoir y était local. Je me souviens de la SMEREP, la mienne, celle des étudiants parisiens, mais on connaissait aussi la SMEBA, la SMESO etc.
À travers sa SME, il bénéficiait donc d’une logistique et d’une hiérarchie capable de détecter et de fidéliser des militants.
En 1984, Moudenc avait rencontré un jeune chirurgien, Philippe Douste-Blazy, qui faisait partie des talents prometteurs du jeune centre toulousain.
La ville était tenue par le vieux Pierre Baudis. Lorsque je notais que c’était un centriste presque historique, puisqu’il gouvernait sous cette étiquette dans les années 1960, Jean-Luc me corrigeait : Baudis roulait pour le centre républicain, et non pour le centre démocrate, et cette nuance changeait tout, car sous-entendu dans démocrate, il fallait lire démocrate-chrétien. Jean-Luc Moudenc s’épanouissait dans un milieu démocrate-chrétien, forcément minoritaire dans une ville longtemps marquée par le radicalisme.
En 1986, au congrès de Metz, nous élûmes notre bureau national des jeunes centristes (JDS). Deux listes se confrontaient : l’une, conduite par Éric Azière qui aujourd’hui gère les investitures pour Bayrou, l’autre menée par un autre Toulousain, Jean-Luc Forget, celui-là même qui vient de se présenter sous l’étiquette MoDem contre Moudenc aux législatives toulousaines.
Sans figurer sur la liste d’Azière, j’y étais affilié, car il avait été prévu que je prendrais les fonctions du permanent de la structure sous la casquette de Délégué général national.
Il devint assez vite évident que nous allions gagner. Que non seulement nous allions gagner, mais que notre victoire serait écrasante (elle l’a été : 83%).
C’est alors que l’unique député jeune du parti, un certain François Bayrou, est intervenu auprès de nous : il ne supportait pas que, alors que nous militions tous dans le même mouvement, défendant les mêmes idées, nous puissions en venir à l’affrontement du suffrage. Il voulait DÉJÀ faire travailler ensemble des gens qui s’opposaient les uns aux autres.
Il demandait donc que nous fusionnassions les deux listes en une seule.
Le nombre de candidats était fixe et le scrutin prévoyait la victoire entière d’une liste bloquée. Autrement dit, Bayrou voyait juste : si nous voulions intégrer les autres à nos travaux, il fallait le faire avant le vote car après, ce serait trop tard.
Seulement le nombre de candidats sur chaque liste était limité et pour faire entrer l’un d’eux, il fallait aussi que l’un des nôtres s’effaçât. Et logiquement, puisque la tête de l’autre liste était toulousaine, il fallait que ce fût notre Toulousain qui lui cédât la place.
Jean-Luc Moudenc se retrouvait donc sur la sellette.
Les amis d’Azière se réunirent, votèrent, et décidèrent de maintenir leur liste telle quelle, de rester solidaire et d’aller au vote. C’était un signe d’amitié pour Moudenc.
Et c’est ainsi que j’ai fait partie de la même équipe de jeunes que lui pendant plusieurs années.
Lorsqu’Éric Azière, atteint par la limite d’âge, dut se retirer en 1991, je participai à diverses réunions qui précédèrent la candidature de Jean-Luc à la présidence des jeunes centristes, sans d’ailleurs m’y impliquer trop ouvertement en raison de la situation interne de la fédération de Paris : le candidat adverse de Moudenc n’était autre que Jean-Manuel Hue, aujourd’hui adjoint au maire du XVe arrondissement de Paris et alors président des jeunes centristes parisiens (j’étais son vice-président).
Jean-Luc Moudenc fut élu et cette position lui permit d’affermir ses bases toulousaines : il devint conseiller général, l’un des adjoints en vue de Baudis.
Il se présentait comme un conseiller très proche de celui-ci. Lors de la campagne européenne de 1994, Baudis codirigeait la liste d’union UDF-RPR avec Hélène Carrère d’Encausse.
Un hasard m’a amené à postuler pour rendre service à l’équipe de campagne et Jean-Luc, qui était le collaborateur politique attitré de Baudis, ne manqua pas l’occasion de me renvoyer l’ascenseur du soutien que je lui avais exprimé trois ans plus tôt.
Je devins ainsi le chef ( !) de l’équipe qui répondait au courrier reçu par les candidats.
C’était un poste politique, assez en vue, un geste élégant de sa part.
J’avais d’ailleurs une bonne image de Baudis, dont la belle-sœur et assistante parlementaire avait été une de mes chaleureuses relations à l’époque où j’avais moi-même été assistant.
Je m’engageai donc à fond dans cette campagne en oubliant qu’elle souffrait de la proximité avec la prochaine présidentielle. Et je fus reconnaissant envers Jean-Luc, dont je n’oublie pas la fidélité.
Quoiqu’il en fût, je mesurais tout ce qu’il faisait pour Baudis.
Il avait aussi contribué à l’élection de son ami Douste-Blazy à la mairie de Lourdes. L’un des jeunes toulousains, Thierry Dupuis, s’était même retrouvé chef de cabinet de Douste. Au moment d’une sombre affaire de parking et de pots de vin, Thierry Dupuis, que je connaissais bien et qui, c’est vrai, avait toujours été sujet à des états d’âme, fut retrouvé mort, et l’enquête conclut qu’il s’était suicidé d’un coup de fusil de chasse.
On sait quelles ont été les autres raisons qui ont poussé Douste à quitter Lourdes pour revenir à Toulouse ; la première de celles-ci était le départ de Baudis, empêtré dans une sombre histoire par des accusations lancées par une prostituée, histoire à laquelle j’avoue n’avoir pas cru un instant étant donné d’autres échos que j’avais sur Baudis.
Bref, Baudis partant, il lui fallait un remplaçant, Douste ne se sentait plus bien à Lourdes, ville d’ailleurs petite pour ses vastes appétits, et hantée par un personnage dérangé dont l’obsession consistait à lui planter un poignard entre les omoplates pour une raison qu’on a toujours ignorée.
Douste se voyait bien à Toulouse et Moudenc fut l’artisan de l’opération.
Il y gagna encore en influence locale.
Et quand Douste-Blazy, ministre, dut démissionner, Moudenc devint maire.
Je l’ai croisé pendant la récente campagne présidentielle, sur le point de rencontrer Bayrou. Il m’a paru figé, imprégné par la solennité, le copain s’effaçait derrière le magistrat municipal. Il est devenu une personnalité et se conduit comme tel. La fonction fait l’homme.
Il me confia alors le bonheur que représentait pour lui l’exercice de ce mandat de maire, pour lui, l’enfant d’une famille modeste.
Il ajouta que, désormais, son plus grand rêve, c’était de “continuer“.
Mais sur son blog, durant la campagne législative, j’ai lu que lorsqu’un de ses administrés l’interrogeait pour savoir si “en se rasant le matin“ il songeait à devenir ministre, Jean-Luc laissait clairement paraître son désir d’escalader cette marche-là.
Encore aurait-il fallu qu’il devînt député.
Or dans cette ville, Toulouse, Toulouse qui a longtemps voté à gauche aux présidentielles et qui tolérait que Baudis se fût rapproché de la droite parce que c’était Baudis, dans cette ville, donc, la gauche est redevenue majoritaire.
Jean-Luc Moudenc semble ne l’avoir pas compris.
Sa fidélité à l’UMP qu’il a rejointe en abandonnant ses amis centristes est devenue contreproductive.
Il aurait sans doute dû le comprendre avant l’élection. Mais il était si absorbé par l’idée d’empêcher Douste de revenir, qu’il ne l’a pas vu.
Il en sort évidemment affaibli.
On dit même que Baudis voudrait reprendre sa mairie.
Alors ? Quelle autre solution avait-il, Jean-Luc ?
Sans doute se rapprocher de Bayrou. Jouer l’option centriste pour endiguer les deux tentations. Or il n’est pas allé aussi loin.
Résultat : il risque perdre sa ville. Mauvaise pioche. Ce serait dommage pour lui.
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29/06/2007
Devedjian traite Comparini de "salope".
Pris par le temps, je glisse seulement le lien avec le blog de Guy Birenbaum qui évoque cette affaire images à l'appui :
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28/06/2007
Faut-il partir en vacances ?
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27/06/2007
L'omniprésident fomente la révolution.
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26/06/2007
MoDem : l'horizon municipal.
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25/06/2007
Pour comprendre le pouvoir : "Les grandes familles" de Maurice Druon.
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24/06/2007
L'Europe sans le peuple.
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23/06/2007
Difficile naissance du MoDem.
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L'Europe engluée pour sept ans.
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22/06/2007
Une interview de Daniel Carton par Quitterie Delmas sur AgoraVox.
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21/06/2007
L'Europe des fantômes.
23:15 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, législatives, sarkozy, royal, bayrou, udf, mouvement démocrate | | del.icio.us | | Digg | Facebook