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26/12/2015

Hollande ne veut que des "Français de souche"

L'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés français continue à agiter l'internet francophone, autant qu'elle suscite de critiques de la presse étrangère. Parmi les critiques adressées à cette mesure : le fait qu'elle conforte la notion de "Français de souche".

Selon la Constitution de 1958, l'État, ni la loi, ne peuvent faire de distinction entre les Français, ni en fonction de leur origine, ni en fonction de leur race (notion alors rétrospective et destinée à repousser les théories hitlériennes), ni en fonction de leur religion. C'est en raison de cette disposition qui figure dans l'article 1 de la Constitution de 1958, donc parmi les principes les plus généraux et les plus forts, que le gouvernement souhaite donc introduire dans la constitution, à force égale, l'ouverture du cas de déchéance de nationalité aux binationaux se dégradant dans le terrorisme contre la France.

La déchéance de nationalité pour actes de trahison contre la France a été instaurée le 12 novembre 1938 par un décret-loi du gouvernement Daladier, quelques jours à peine après les fâcheux accords de Munich par lesquels les dirigeants français et anglais ont abdiqué tout honneur en cédant aux prétentions hitlériennes qui annonçaient pourtant la guerre sans merci. La déchéance de nationalité n'a pas été appliquée par ce gouvernement Daladier, mais par le régime de fait du maréchal Pétain, en particulier contre le général de Gaulle, dès juin 1940. On s'en est servi aussi pour annuler la naturalisation des très nombreux juifs allemands que l'Allemagne avait rendus apatrides et qui avaient cru pouvoir se ranger sous la protection de la France. Pétain avait promis de protéger les juifs français contre les nazis. Sa prétendue protection ne s'étendait pas aux naturalisés, dont beaucoup, rendus à l'Allemagne, finirent dans les Camps de la Mort. On comprend que, depuis cette époque, la déchéance de nationalité ait fait figure de spectre dans le droit français et, compte-tenu de ce précédent épouvantable, c'était bien le moins.

Le général de Gaulle, lorsqu'il fut confronté au terrorisme de l'OAS, ne procéda à aucune déchéance de nationalité, mais fit prononcer des peines de "bannissement", en pratique une interdiction de séjour sur le territoire français, qui fut levée au bout de quelques années par la loi d'amnistie et que le droit international prohibe désormais.

La déchéance, toujours pour actes contre l'État et contre la France, est réapparue beaucoup plus tard, dans les années 1990. Elle a été réservée aux naturalisés par une loi de 1996. La logique était alors qu'en accomplissant un acte de terrorisme contre la France, le naturalisé récent (moins de dix ou quinze ans) prouvait qu'il avait fait une fausse demande de naturalisation et qu'il ne souhaitait pas réellement devenir français. La déchéance de nationalité revenait alors à l'annulation de la naturalisation. En près de vingt ans, il existe très peu de cas où cette loi ait été appliquée.

Le nouveau principe consisterait à permettre la déchéance de nationalité de personnes nées françaises, de parents français, ayant étudié en France et en français, et n'ayant jamais vécu qu'en France. Ces personnes n'encourraient cette peine que par la circonstance particulière de disposer d'une deuxième nationalité, ce qui, de fait, les placerait en situation d'inégalité avec les Français n'en ayant qu'une.

En soi, on peut considérer que cette ouverture nouvelle n'est qu'une peine supplémentaire, une parmi d'autres, et même, selon des auteurs d'habitude mieux inspirés, qu'elle rétablit une égalité en ouvrant à une nouvelle catégorie la déchéance. Mais Laurent de Boissieu se trompe sur un point qui est crucial : la réforme voulue par Hollande ne rend pas tous les Français égaux devant la déchéance, celle-ci n'est pas encourue, comme il l'affirme "quel que soit le mode d'acquisition de la nationalité", puisque 95% de Français, qui n'ont qu'une nationalité, n'y sont pas exposés et que eux aussi ont acquis la nationalité française par la naissance, tout comme les binationaux désormais menacés. Il y a donc un sophisme dans le raisonnement de l'ami Laurent, excusable, mais qu'il faut souligner.

En réalité, il faut relire ce qui a été écrit en 2010 par l'excellent Robert Badinter (où l'on retrouve un Bayrou plus offensif qu'aujourd'hui) qui est que la loi doit être la même pour tous. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 dit explicitement : "La loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse". Or en soumettant deux Français ayant acquis la nationalité française de la même façon (par la naissance) à un régime différent, il est évident que le projet Hollande, comme naguère le projet Sarkozy, crée une inégalité, une discrimination, incompatible avec le principe énoncé par la Déclaration de 1789. C'est pourquoi Jack Lang avait noté dès 2010 qu'il faudrait modifier la Constitution pour appliquer la réforme voulue par Sarkozy et aujourd'hui reprise par Hollande. À n'en pas douter, la réforme constitutionnelle annoncée pour introduire l'état d'urgence dans la Constitution n'est que le rideau de fumée de cette infamie fondamentale qui consiste à constitutionnaliser la plus choquante des infractions aux principes fondateurs de notre République. C'est à pleurer et à crier. Or ce n'est pas tout.

Car si nous trouvons dans le jeune arbre vénéneux porté par Hollande la trace de la mauvaise graine de Sarkozy, il faut ajouter aussitôt que ce n'est pas par hasard. Car dès le mois de février, Hollande a donné le signal de ce choix qui va faire mourir la Ve République : il l'a donné lorsque, devant le CRIF, il a employé les mots "Français de souche", devenus si chargés de sens haineux, menaçants et discriminatoires depuis quelques années. Le fait qu'il l'ait prononcé devant le CRIF, et tout le contexte que nous connaissons, finissent par faire naître un affreux soupçon : qu'il y ait, dans la mesure voulue par Hollande, une intention de brimade contre les musulmans français, désormais tous suspects, même si la loi ne permet de jeter dans la déchéance (quel mot) que ceux qui disposent d'une seconde nationalité et que ceux qui seront condamnés pour terrorisme. Faut-il rappeler qu'un ancien Premier ministre israélien, Itzhak Shamir, dans sa jeunesse, avait été parmi les "terroristes" de l'hôtel King David ? Ah ce mot de terrorisme... Et souvenons-nous de l'émir Abd-el-Kader et de sa seconde vie. Qu'aurions-nous fait si nous nous étions privés de lui après la première ?

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Enfin, une fois que la brèche sera ouverte, nos dirigeants pourront se vautrer tout à fait dans la fange, et étendre à leur guise la "déchéance" pour pouvoir en faire ce qu'ils veulent. Oui, désormais, nous n'en doutons plus : ce qu'ils veulent, Sarkozy, Hollande, et quelques autres, c'est réserver la France au seul bon Français, celui qu'aiment aussi les Le Pen, le "Français de souche".

Salauds.

19/10/2010

Le centre courtisé par des tartuffes

En politique, l'action est une chose délicate et l'effet boomerang fréquent. En ne rémunérant pas les journées de grève des professeurs, on les incite à pousser les lycéens à manifester à leur place. En organisant un service minimum, on incite les grévistes à employer des moyens d'action très radicaux, blocages en tous genres, à paralyser autrement l'économie nationale. À l'inverse, les excès de mai 1968 ont conduit au raz-de-marée électoral de droite de juin 1968. Les grandes grèves de 1995 ont considérablement affaibli la majorité d'alors, mais elles ont surtout propulsé Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002.

Aujourd'hui, on glose sur le calcul fait par la majorité : exciter le désordre pour appeler au retour à l'ordre ? Se poser en père-la-rigueur pour reconquérir l'électorat conservateur effrayé par ses dérapages verbaux et son style bling-bling ?

Je pense qu'en tout cas, le calcul initial a été celui-là : utiliser le mécontentement social pour effrayer l'électorat de centre droit et le ramener dans le giron majoritaire. À l'heure actuelle, d'ailleurs, l'opinion, en milieu centriste, est que la gauche est en mesure de gagner seule en 2012. Mais au fond, est-ce l'essentiel ?

La montée de l'extrême droite en Europe

Nous vivons dans un monde dangereux, la poussée xénophobe aux Pays-Bas et en Suède, deux pays longtemps admirés pour leur tolérance, le regain extrémiste en Autriche, voire en Allemagne, les ratonnades en Italie, sans parler de ce qui se passe aux États-Unis, des extrémistes sanguinaires de tous poils, islamistes et boutefeux de tous genres, tout cela fait de notre époque un moment dangereux, qui évoque les années 1930.

Or, je l'ai noté lors des dernières régionales, le fait symétrique de cette poussée de fièvre ultradroitière, c'est l'enfoncement du centre, en France notamment, mais pas seulement. On pourrait croire que cet effet de vases communicants ne soit qu'apparent, il n'en est rien : en fait, le centre est la seule vraie réponse à l'extrême droite, un rappel à la conscience morale. Oui, il faut le dire et le répéter, les valeurs du centre sont les seules à contrer efficacement celles de l'extrême droite, car la droite et la gauche, et leurs extrêmes, se placent tous dans le même champ sémantique, tandis que le centre se situe dans un tout autre champ sémantique, il déplace le débat, et c'est sa force.

Le centre longtemps moqué

On connaît la raillerie de Marie-France Garaud sur le fait que, pour convaincre les centristes, il suffisait d'agiter le maroquin ministériel. On a longtemps tourné en dérision aussi notre goût de la bonne gouvernance, notre point d'honneur de probité, notre habitude de juger une politique à ses résultats pour l'intérêt général plutôt qu'à ses effets pour un camp ou l'autre. Tout cela, au fond, a toujours fait rigoler les importants, les réalistes, les cyniques, les gens de pouvoir, en somme, qui mesuraient leur taux de satisfaction à l'aune de la cocufication qu'ils nous avaient infligée. Qui agitant les maroquins, qui "plumant la volaille centriste".

En se posant en candidat de la respectabilité, de l'ordre, des grands équilibres financiers, le pouvoir actuel ne fait qu'infliger une nasarde de plus à notre conception des choses, il nous fait un pied-de-nez, un de plus. Un de trop ?

En entendant Mme Aubry jouer de la mandoline sous le balcon de M. Bayrou, mercredi dernier, en employant des expressions qui sont chères à celui-ci, des expressions qui fleurent bon le terreau centriste, j'avoue que j'ai eu un haut-le-cœur. Comment ? Mme Aubry qui est soutenue par M. Delanoë qui donne l'absolution à bon compte à M. Chirac ? En d'autres temps, Lamartine a écrit "La France est élastique". Peut-être, mais tout de même. Jouer à ce point les attrape-tout ne dénote qu'un état de pensée : celui qui vise à prendre le pouvoir à tout prix, ce qui n'est jamais bon signe. Et puis, on l'a vu, de même que Mme Royal était suitée de sa duègne Mélenchon lorsqu'elle fredonnait des chansons galantes sous le balcon de M. Bayrou en 2007, une duègne implacable qui détenait la clef de sa ceinture de chasteté, de même le chœur des duègnes s'est immédiatement employé à couvrir les mots doux de Mme Aubry avec le grincement de ses mâchoires.

Le centre n'est pas entre la droite et la gauche

Les danses du ventre des deux bords ont pour premier but de rassurer leurs propres soutiens sur la nature du centre : le centre est un peu plus à droite que nous, pense la gauche, et un peu plus  gauche que nous, pense la droite. Double erreur.

Bien sûr, je pourrais, en me moquant, dire que la définition du centre est : tous ceux qui ont envie de donner autant de coups de pied au cul à la droite qu'à la gauche. Mais ce ne serait qu'une boutade. Le centre vaut mieux que cela. Il y a, dans notre façon d'être, ce que Raymond Barre avait nommé "une exigence intellectuelle et morale, un désir d'action", non pas la volonté de plaquer une morale sur la vie des gens, mais l'envie de trouver l'éthique de l'action publique, de lui donner du sens. C'est d'ailleurs un point qui rapproche le centre de beaucoup d'écolos, même si ensuite le tri se fait entre les valeurs compatibles des uns et des autres. Nous avons, sur l'éthique et la politique, et sur le contenu des politiques publiques, des visions souvent convergentes, ainsi que sur l'appel à la liberté. C'est sans doute pourquoi une partie des électeurs centristes hésite entre les écolos et les démocrates. Les évolutions récentes et prévisibles vont décanter cette tentation.

La spécificité présidentielle

Bien entendu, les clins d'œil à l'électorat centriste ou aux responsables centristes n'ont qu'une arrière-pensée : la présidentielle de 2012. La droite exige du centre ce qu'elle considère comme un retour au bercail, la gauche s'endort chaque soir au coin du feu en rêvant qu'elle va plumer la volaille centriste. M. Sarkozy, le matin, en se rasant, s'ébaubit de son futur deuxième mandat présidentiel, Mmes Royal et Aubry, en se faisant le maillot, s'imaginent dictant leur loi aux mâles du monde ébahi. 2012 est une musique qui leur trotte sans cesse dans la tête.

Et cependant...

Les valeurs du centre qui sont irréductibles au champ sémantique droite-gauche représenteront, en 2012 comme lors de toutes les élections présidentielles au Suffrage Universel Direct, sous la Ve république, entre 15 et 20 %. Elles auront un candidat et un seul, ce sera le même que la dernière fois, le seul qui soit crédible, le seul qui ait ce profil étrange que réclame la fonction présidentielle.

Sinon, l'extrême droite sera à 20 %.

Et sans doute, alors, si l'extrême droite rebondit, notre monde poursuivra sa glissée aussi lente et inexorable que celle d'un glacier au temps du réchauffement climatique vers l'abîme. Et alors, quand le pire se sera produit, quand nous aurons d'autres barbaries infectes, d'autres génocides, d'autres verduns, au triste compteur de nos ignominies, l'Histoire demandera des comptes à ceux qui, par des propos honteux, ont jeté de l'huile sur le feu de la haine, comme l'a fait le président de la république cet été, à ceux aussi qui, se disant centristes, n'ont pas démissionné pour protester contre ces abus de langage, et à ceux, enfin, qui ont continué à faire bouillir leur petite tambouille dans leurs petites marmites politiques, alors que, de toutes parts, le péril montait.

Notre époque, je le crois, réclame un changement de paradigme, peut-être pas seulement celui que Quitterie, que nous aimons, a évoqué en se retirant du jeu partisan, mais un sursaut, un tunnel salutaire vers l'autre champ sémantique, celui que le centre incarne.

13/12/2009

Les écolos écoblanchissent-ils l'industrie nucléaire ?

Je suis allé voir hier "La Sainte-Victoire", un film assez moyen, et surtout un énième clin d'œil du sarkozysme en faveur du vote vert lors des prochaines élections régionales, la présence de Clavier, ami personnel du président, y signe l'intention élyséenne, cependant que les seuls purs du film, en contrepoint d'une gauche véreuse tenue par les intérêts économiques qui savent utiliser des moyens très en-deçà de la ceinture, sont les Verts.

Cet appui du pouvoir de l'argent à ceux qui sont supposés s'en prendre à lui est évidemment suspect. C'est donc l'occasion de réfléchir à ce que devient en ce moment l'écologie politique en France. On y trouvera, bien entendu, l'écho de l'article que j'ai écrit sur un sujet connexe.

Des liens croisés mais pas assumés avec l'industrie nucléaire

Dans les années 1970, des combats comme celui contre le projet de centrale nucléaire à Plogoff, en Bretagne, ont structuré l'engagement écologique en France. Les coups d'éclat de Greenpeace contre les déchets radioactifs, et contre le site d'essais nucléaire de Mururoa (on se rappelle l'affaire du Rainbow Warrior), les réseaux emblématiques comme Sortir du Nucléaire, ont été autant de jalons sur un chemin qui se poursuit en principe aujourd'hui encore. Les mauvaises langues grinçaient évidemment que les réseaux écolos étaient sans doute financés par l'argent du pétrole, pour s'en prendre aussi invariablement au nucléaire, et aussi rarement aux installations pétrolières, qui ne sont pourtant pas moins polluantes (on le voit bien aujourd'hui).

C'est le réchauffement climatique, on le comprend bien, qui a changé la donne : face à la menace multiple de fonte des glaciers, de montée des océans, de bouleversements des écosystèmes, l'urgence absolue s'est peu à peu imposée : il faut réduire notre consommation de pétrole, un constat qui arrange bien l'industrie nucléaire.

Le vote d'une résolution au parlement européen sur les perspectives du sommet de Copenhague a été le premier signal d'alarme remarqué sur un éventuel rapprochement des écologistes et du nucléaire. En effet, un amendement de la droite a introduit la référence à l'énergie nucléaire comme solution contre le réchauffement climatique. Les Verts français, dès que cet événement a fait du bruit, ont indiqué qu'ayant eu le choix entre laisser voter sans eux une résolution sur une question qui leur tient à cœur (la motion serait même passée sans leur suffrages...) et s'y opposer alors qu'ils avaient tout fait pour qu'elle soit adoptée, ont, en conscience, préféré voter la motion incluant la référence au nucléaire.

Pris par surprise ? Peut-être.

Mais est-on surpris de trouver parmi les signataires de l'"Ultimatum climatique", plateforme médiatique en vue de Copenhague, Nicolas Hulot, et parmi les soutiens de celui-ci, l'EDF (dont le président est d'ailleurs depuis peu un proche du président Sarkozy) ? L'EDF soutient Hulot quand celui-ci, en 2007, fait signer aux trois principaux candidats à l'élection présidentielle un texte qui prévoit la taxation de l'utilisation des ressources fossiles, le pétrole au premier chef. Mais lorsque le parlement français vote ladite taxe carbone, surprise, l'EDF n'est pas taxée... Est-ce vraiment une surprise ?

Bien entendu, on pourrait observer que le tramway, grande idée des écolos français, roule à l'électricité. Il se trouve qu'Alstom, qui produit de nombreux tramways français, est installé à Valenciennes, la ville de Jean-Louis Borloo, ministre ... de l'Environnement.

Je signale au passage une anecdote : lorsqu'en l'an 2000 nous cherchions un candidat pour incarner une liste UDF aux municipales de 2001 à Paris (contre l'avis de Marielle de Sarnez qui avait déjà traité avec l'UMP ou le RPR d'alors), Borloo s'était aimablement dévoué pour venir animer un dîner dans le XIIIe arrondissement, où nous étions un nombre assez proche des 511 élus parisiens d'alors pour pouvoir prétendre avoir la base humaines des listes en question. Borloo est venu, a parlé, nous l'avons applaudi. Et puis, surprise, il n'a plus été candidat, mais, comme par hasard, le tramway a fait son apparition dans tous les programmes électoraux des municipales suivantes, et Borloo est devenu directeur de la campagne présidentielle de Bayrou en 2002, et nous, il nous a laissés en carafe, merci l'artiste. Fermons la parenthèse, on aura noté au passage la promotion de l'économie de sa ville à travers le tramway.

Copenhague : le nucléaire contre le pétrole ?

EDF, l'électricité, le nucléaire civil, voici le nucléaire militaire : le négociateur de la France au sommet de Copenhague n'est autre qu'un personnage d'ailleurs sympathique, Brice Lalonde, un ami de Borloo et ancien ministre de l'environnement comme lui. Brice Lalonde, ministre, un jour, s'est baigné dans les eaux du lagon de Mururoa pour expliquer qu'il n'y avait aucun inconvénient environnemental à avoir fait là les essais nucléaires souterrains. Il n'y a pas de meilleure façon de soutenir un lobby. Brice Lalonde est un ami du nucléaire. Et, n'en doutons pas, il saura s'en souvenir.

Car si j'en crois l'un des textes mis en lien plus haut (celui du Grappe), le protocole de Kyoto excluait formellement l'énergie nucléaire comme solution contre le réchauffement climatique. Si la question se pose de nouveau lors du sommet de Copenhague, si une entourloupe vient contraindre la France à entériner le recours au nucléaire comme moyen de lutte contre le réchauffement climatique, croyez bien que, la larme à l'œil, la France se fera une raison en ne s'opposant pas à un texte qui, certes, contredit des engagements fondamentaux de la lutte pour l'environnement, mais qui est si important par ailleurs... Snif, on en pleure déjà.

Le camp du nucléaire est donc défini, au moins pour la France (je suppose que chaque pays a ses hommes-clefs dans ce sens). Voyons celui du pétrole.

Lorsqu'a éclaté la crise de Dubaï, plusieurs voix se sont interrogées : y avait-il une menace sous-jacente des pétroliers en vue du sommet de Copenhague ? La puissance financière des états du Golfe arabo-persique est telle que ses toussotements peuvent fragiliser l'édifice convalescent de l'argent mondial.

Et puis est venue l'affaire du "Climategate", un piratage effrayant, soit dit en passant, de paquets entiers de mails privés échangés par des scientifiques spécialistes des instances les plus représentatives de la réflexion sur l'évolution du climat (l'une des source du GIEC, l'organe de réflexion mondial sur le climat). Ces mails révélaient que certains scientifiques les plus en vue du GIEC avaient l'habitude de faire ce qu'un grand poète a nommé le "mentir vrai", c'est-à-dire corriger les données pour rendre leur résultat plus spectaculaire, voire peut-être, qu'ils étaient allés jusqu'à éliminer des données importantes qui ne correspondaient pas au schéma de la théorie de la cause principalement humaine (via l'effet de serre) du réchauffement climatique constaté au XXe siècle. Et quand on a creusé dans ce "Climategate", qu'a-t-on trouvé ? du pétrole, ou plutôt la trace des pétroliers.

Nucléaire contre pétrole, le vieux débat ressurgit donc. Or tout ceci serait sans importance s'il n'y avait pas la question criante du climat.

Y a-t-il encore un doute sur l'évolution possible du climat dans les décennies prochaines ?

J'ai lu grâce au site du Point la partie présentée comme la plus cruciale du rapport du GIEC de 2007. C'est un texte très alambiqué, à tendance jargonnante, ce qui n'est pas bon signe. Je crois avoir trouvé dans ses périphrases et ses conditionnels les éléments les plus significatifs, que j'ai indiqués dans un commentaire à mon précédent article donné plus haut en lien. Je me permets de reprendre ces conclusions de lecture telles quelles :

- il y a une coïncidence étroite entre les périodes chaudes de l'histoire de la planète terre, d'une part, et le taux de certains gaz (carbone et méthane en particulier) dans l'atmosphère, d'autre part.

- or comme l'effet de serre a été démontré par un scientifique (français) voici près de deux siècles, il est logique d'établir un lien entre le réchauffement climatique rapide observé au XXe siècle et l'augmentation de la production de ces gaz par l'activité humaine dans ce même siècle et le précédent.

C'est d'ailleurs sur cette base que j'avais trouvé le film présenté par Al Gore très convaincant lorsque je l'ai vu l'an dernier.

- les observations les plus fiables sur la composition de l'atmosphère terrestre sont liées à la calotte glaciaire et ne remontent pas au-delà de 650 000 ans.

- pour les périodes antérieures, les estimations sont faites par des moyens indirects, liées notamment aux fossiles, et à la nature des faune et flore retrouvées.

- les observations prennent en compte ce qui est connu de l'évolution géologique et du rayonnement solaire.

- il y a eu dans les derniers millénaires des périodes de réchauffement parfois très vif, comme de glaciation, mais les scientifiques, compte tenu des données qu'ils utilisent, considèrent que ces poussées dans un sens ou dans l'autre doivent n'avoir pas été homogènes. Autrement dit, la température globale à la surface de la planète n'aurait pas augmenté, tandis qu'elle aurait augmenté ici et diminué là, presque par compensation. La particularité, selon eux, du réchauffement récent est d'affecter toute la planète à la fois.

Cependant, outre les très nombreuses précautions oratoires prises par les rédacteurs qui multiplient les conditionnels, il y a des circonstances importantes qui ne trouvent pas de place dans l'explication globale du climat proposée :

- il y a déjà eu, dans l'histoire terrestre, des périodes de réchauffement global aussi rapide qu'en ce moment.

- il y a déjà eu des périodes où la surconcentration de gaz à effet de serre a suivi de loin le réchauffement et ne l'a pas précédé.

- enfin, chacun qui connaît les administrations sait que les conclusions d'un rapport sont toujours faites avant qu'il ne soit rédigé.

En fait, ce qui manque à ce rapport, c'est la simple démonstration quantitative que l'effet de serre suffit à expliquer l'intensité du réchauffement climatique. Le fait que ce réchauffement ait été prédit ne me paraît finalement pas une indication suffisante en termes scientifiques, j'ai vainement cherché les chiffres preuves, ils existent sans doute.

Il faut reconnaître que la très grande unanimité des milieux scientifiques concernés ne laisse pas beaucoup de place au doute ni à l'éventualité d'une fraude massive. Et cependant, on dit que les dernières observations connues (le dernier rapport du GIEC date de 2007 sur des données forcément antérieures) pourraient contredire la théorie du réchauffement. Il y aurait donc, chez les scientifiques, une forme de réflexe pavlovien qui les conduirait à continuer à prédire le réchauffement, alors que celui-ci est un peu moins probable qu'auparavant.

Donc il n'y a pas de doute que le réchauffement a eu lieu, il y en a un petit sur sa cause et sur l'évolution future du climat. Il n'y en a pas sur la nécessité de réduire notre consommation d'énergies fossiles, et d'économies en général. Reste à partager équitablement le fardeau des économies d'énergie.

La dimension politique planétaire

Quand on a un parc de cinquante hectares, on peut créer un dépotoir personnel à un kilomètre de la maison. Ca ne se voit pas, on n'y pense pas, et le risque que cela ait un inconvénient dans les décennies proches est faible. Quand on a un jardinet de cent mètre carrés, si on y déverse les ordures de la maison, c'est sale, malsain et dangereux, ça se voit tout de suite. La promiscuité d'une humanité de plus de sept milliards d'habitants de la planète est le simple raisonnement qui démontre la nécesité de gérer mieux nos filières de vie, de production et de consommation, de changer l'organisation de notre société. Le recours au GIEC, puis au protocole de Kyoto, a eu l'inconvénient grave de fausser le raisonnement en y incluant des données géostratégiques et politiques, qui ont fait que la lutte pour le climat, au lieu d'être un outil d'amélioration du monde, est devenu un moyen d'accroître les inégalités planétaires.

C'est contre quoi les manifestants de Copenhague sont venus s'insurger publiquement en réclamant l'égalité dans la lutte pour le climat. Il faut dire que le président Obama a fait dire qu'il ne signerait pas un texte qui ne fixe pas une obligation de limite de production de gaz à effet de serre par les pays en développement. De ce fait, Copenhague risque d'être le lieu où sera figée définitivement la répartition des richesses dans le monde. Et l'Amérique réclame la part du lion.

Le fait que la Russie soit très dépendante de ses exportations de pétrole n'a bien entendu aucun rapport avec la mobilisation des États-Unis pour le climat. Le fait que les pays émergents prennent de plus en plus de parts de marché non plus. C'est évident. Nous sommes-nous trompés sur Obama ?

De l'écologie politique aux politiciens à casaque verte

Moustaki, ces jours derniers, s'est "payé" Daniel Cohn-Bendit, qu'il accuse de carriérisme. L'impression que donne l'écologie politique, en France, ces temps derniers, est en fait de s'être piquée au jeu du pouvoir. Le pouvoir est une drogue. Tous ceux qui font ou ont fait de la politique ont, à un moment ou un autre, proclamé qu'ils le faisaient pour des motifs plus grands qu'eux, pour LA cause. Hélas, sans exception, lorsqu'ils ont cédé au compromis pour obtenir le pouvoir, ils ont ensuite oublié la Cause. Le mécanisme décrit pour la gauche dans le film "La Sainte-Victoire" mentionné au début du présent article ne connaît aucune exception.

Dès lors que les écologistes "professionnels" auront, pour accéder au pouvoir, accepté le soutien de ceux dont l'activité même contredit les principes les plus intimement liés à leurs convictions, n'ayons aucun doute que, dans l'exercice du pouvoir, en cas de conflit, l'avantage ira aux soutiens financiers et non pas aux convictions affichées. C'est la règle universelle. Les Verts-EE disent vouloir la présidence de plusieurs régions, certes, mais si c'est pour gérer celles-ci comme les autres partis politiques le font, quel est l'intérêt ? Où est l'avantage ?

Aujourd'hui, c'est de bonne guerre, l'UMP applique le vieux principe de base : si j'ai plusieurs adversaires, mon intérêt est de soutenir le plus faible d'entre eux. Au nom de cette loi de la stratégie, Claude Goasguen, lors des meetings pour sauver le stade Jean Bouin, dit "Nos amis les Verts" (lui, l'ancien d'Occident). Au nom de ce même principe, L'Oréal, EDF et TF1 financent Hulot.

Au nom de ce même principe, si un vaste camion de pompier s'immobilise sur le côté de l'Assemblée Nationale après avoir dû en longer inévitablement les murs surveillés par des policiers, si ce camion prend le temps de stabiliser son assiette (grâce sans doute à des vérins), puis de déployer sa grande échelle (oh, que ça prend du temps, même pour quelques mètres), eh bien les policiers de garde à l'Assemblée, curieusement, ne vont pas voir les militants de Greenpeace avant que ceux-ci soient sur le toit de l'Assemblée, bien en vue. Et la droite va s'emporter contre d'autres militants de Greenpeace qui ont réussi à s'infiltrer dans les tribunes et qui tentent d'envahir les travées. Les vrais opposants, ce sont les Verts-EE, et non pas la vieille gauche empêtrée dans le fric, voilà l'évidence. Au nom de ce même principe, une semaine à peine après l'invasion de l'Assemblée, les cadres de Greenpeace seront reçus personnellement (et avec photos) par le président de la république. Si cela n'est pas de la pub, qu'est-ce qui le sera ?

D'un côté le soutien politique, de l'autre l'argent des consortiums, les Verts-EE ont peut-être vendu l'âme de l'écologie politique au diable. Dommage pour les petits producteurs bio, pour les ouvriers de toujours de la cause écologique, qui pourraient bien se retrouver cocus au nom des intérêts supérieurs de la conquête du pouvoir par les huiles du mouvement écologiste.

La vraie solution contre le réchauffement

Je ne suis pas un écologiste, ce n'est pas mon chemin, j'ai longtemps été favorable au nucléaire contre le pétrole, mais il me semble que ces deux moyens sont désormais également disqualifiés : ce dont nous avons besoin, ce n'est pas de l'EDF, mais que chacun puisse produire son électricité lui-même, ce qui l'incitera évidemment à en faire usage avec plus de discernement. Que les copropriétés installent des panneaux photovoltaIques sur les immeubles, que les gens en placent sur leur maison, qu'on leur prête de quoi le faire, en se remboursant sur l'énergie produite.

Il ne s'agit pas d'augmenter la production globale, mais plutôt de favoriser le bascul vers un mode de production plus sain, à échelle humaine.

C'est cette organisation-là de notre société qu'il faut repenser et révolutionner. Et cela n'a aucun rapport avec aucun vote.

16/10/2009

Paris - Jean Bouin : Sébastien Bazin proche de Sarkozy.

C'est Bakchich Hebdo qui relance les info sur l'avenir du stade Jean Bouin : dans son dernier numéro, l'hebdomadaire explique que Sébastien Bazin, patron du PSG, veut faire des alentours du parc des Princes une vaste galerie commerciale. Dès lors, pour le stade Jean Bouin, tout le (funeste) projet s'éclaire.

Un scénario catastrophe évident

En effet, les 7500 m2 de commerces, qui n'ont aucun sens dans le stade de rugby voulu par Guazzini, en ont un vrai dans la galerie commerciale rêvée par Bazin.

Rappelons que le projet défendu par l'adjoint (pourtant communiste) au maire (pourtant socialiste) de Paris chargé des Sports consiste dans la démolition des installations actuelles du Stade Jean Bouin pour les remplacer par un stade de 20000 places, des courts de tennis supplémentaires (le stade n'en manque déjà pas), un gymnase sipplémentaire (où les scolaires, c'est la bonté qu'on croyait pouvoir nous octroyer avec suffisance, seraient tolérés), 1000 m2 de bureaux, une vaste brasserie, 7500 m2 de commerces (ce qui, à une moyenne de 100 m2 par commerce, n'en ferait pas moins de 75, une véritable galerie marchande à deux pas de Roland Garros !), et 500 places de parking dont 100 pour les riverains et 400 non pas pour les matchs, mais bien évidemment pour la galerie marchande.

Les travaux devraient coûter au moins 150 millions d'euros, peut-être 200 (ces chantiers font toujours l'objet de dépassement, et l'estimation du projet par la Ville a déjà plus que doublé en deux ans).

Rappelons aussi que les constructions du stade Jean Bouin sont organisées autour d'une tribune d'honneur datant de l'année 1925, exceptionnelle, qui mériterait d'être classée monument historique si nous avions un tant soit peu de respect pour autre chose que pour les monuments liés à la guerre et à l'argent.

Rappelons enfin que le stade Jean Bouin et son environnement immédiat, tant du côté parisien que de celui de Boulogne, forment un ensemble cohérent échelonné sur les années 1920 et 1930, en grande partie inspiré par les principes de l'utopie urbaine chère à l'après-guerre de 14, où l'on pensait pouvoir améliorer le monde par l'architecture et par l'urbanisme. De ce point de vue, les bâtiments administratifs mêmes du stade Jean Bouin actuel mériteraient protection publique.

Le statut actuel de Jean Bouin est flou : la concession a été renouvelée en 2004 à la structure associative qui la détient depuis l'origine du stade et qui lui est même antérieure, et qui, après s'être longtemps dénommée Club Athlétique des Sports Généraux (CASG), a fini par s'appeler Paris - Jean Bouin. Deux sous-concessionnaires figuraient dans la concession : le club d'arts martiaux Athéon qui occupe l'ancien gymnase (et dont personne ne conteste pour le moment la place), et l'équipe de rugby du Stade Français dont l'âme vigoureuse est Max Guazzini, avec de surcroît Lagardère comme invité, mais celui-ci semble désormais en retrait.

Ce renouvellement de 2004 n'a apparemment pas fait l'objet d'un appel d'offres et, voyant que la juridiction administrative s'apprêtait à l'annuler (et peut-être aussi pour réduire les résistances à ses projets immobiliers), la municipalité parisienne a cassé unilatéralement la concession à l'automne 2008, si bien qu'à première vue, le stade Jean Bouin se trouve depuis cette époque en gestion de fait, ce qui est assez grave au regard du droit administratif et pénal.

Le permis de démolir a été délivré et entériné par la justice administrative. Le permis de construire, lui, est encore soumis au débat et à l'enquête publique (désormais close) sur l'avenir du stade.

La démolition devrait être faite en pleine année scolaire, et à deux mois des élections régionales, en janvier prochain. Rappelons que 6000 élèves de l'enseignement public fréquentent le stade sans alternative possible.

L'UMP, le Nouveau Centre, le MoDem et les Verts ont exprimé leur rejet de ce projet à la fois coûteux, déséquilibré (que viennent faire les commerces dans un stade, et qui plus est dans un espace vert ?), inutile, faramineux en temps de crise, et finalement suspect.

Suspect ? Oui, car les appétits du voisin encombrant, le PSG, sont désormais patents. C'est là qu'il faut parler de Sébastien Bazin et de ses liens avec le pouvoir.

Sébastien Bazin et Nicolas Sarkozy.

Tout commence en mai 1993 : un inconnu prend en otage une école maternelle de Neuilly-sur-Seine. Parmi les enfants otages, la fille de Sébastien Bazin. Le ministre du Budget est aussi le maire de Neuilly, c'est Nicolas Sarkozy, il est sur place pendant toute l'opération de police (d'ailleurs diiscutée dans ses modalités). Depuis cette époque, les deux hommes sont amis et le président ne dédaigne pas de venir s'asseoir dans la tribune d'honneur du Parc des Princes où joue le club désormais présidé par son ami, le PSG.

Or Sébastien Bazin est avant tout un financier qui dirige l'antenne européenne d'un fonds d'investissement de droit américain, Colony Capital, dont le métier est l'immobilier. Sa vision du quartier est conforme à son métier : il a de forts intérêts dans le groupe hôtelier Accor, donc un hôtel dans la piscine Molitor ; il en a dans le groupe Carrefour (qui par ailleurs ne va pas fort), donc des commerces partout.

Tout ceci est cohérent, de son point de vue. Ce qu'on ne comprend pas bien, c'est pourquoii la Ville de Paris, dirigée par une municipalité qui se dit de gauche, sert à ce point les intérêts d'un personnage si proche du pouvoir gouvernemental (et présidentiel) de droite, au mépris du domaine public et de milliers d'élèves de l'enseignement public.

Car les 7500 m2 de commerces prévus dans le projet n'ont aucun rapport avec l'édification d'un stade entièrement dédié au rugby. On aurait pu à la rigueur comprendre l'utilité de ce stade, quoique Charléty ait été lui-même conçu pour ce même sport, mais les commerces y sont une sorte de "cavalier" (au sens d'un cavalier législatif), un grumeau sans cohérence, dont le but ne peut être que de rejoindre le projet de Colony Capital.

C'est alors que l'entrée de Bernard Laporte au gouvernement, puis à l'UMP, depuis l'automne 2007, prend tout son sens : Laporte est un proche de Max Guazzini, patron de l'équipe de rugby du Stade Français, en principe bénéficiaire de la construction du nouveau stade, et lui-même très très proche de Bertrand Delanoë, maire de Paris.

On a donc en direct ce qui ressemble à s'y méprendre à la collusion d'une bande de malfrats qui va empocher des millions sur le dos du domaine public.

Même du point de vue fiscal, le projet d'implantation des commerces n'a aucun sens : depuis la suppression de la taxe professionnelle, l'implantation d'entreprises et de commerces ne rapporte plus rien aux villes (écoutez ce qu'en dit Santini quand il explique qu'à Issy-les-Moules, la taxe pro représente 72 % de ses rentrées budgétaires) et, tout au contraire, pour une bonne santé financière, les villes ont intérêt à dorloter leurs habitants pour que les taxes immobilières rapportent, donc à mettre l'accent sur les infrastructures, l'environnement et le cadre de vie, plus de proximité, moins de béton.

Un projet alternatif

Le projet alternatif consisterait à intégrer une partie des installations existantes (dont la tribune 1925) dans un stade de rugby rénové, en harmonie avec l'atmosphère 1920-1930, ne privant pas les enfants des écoles de leur terrain de plein air, ni l'espace vert de sa végétation. L'ensemble coûterait sans doute 40 millions d'Euros, guère plus, ce qui permettrait de réserver le reste des fonds mobilisés par la Ville de Paris à de réels investissements collectifs (on parle notamment de tramway dans l'est parisien).

C'est sur cette base que le Comité Jean Bouin appelle à une manifestation sur place dimanche matin, de 11 h 30 à 13 h. J'irai.

13/10/2009

Ballets roses, ballets bleus, Mr Bean en tutu.

Dans le film "Le président", le personnage interprété par Jean Gabin explique que, pour ses besoins hum affectifs, il s'est toujours tourné vers les "théâtres subventionnés". C'est qu'à cette époque encore, les actrices et les danseuses avaient la réputation d'être "protégées" par des politiques puissants ou des hommes d'affaires fortunés. De là est venue l'expression "avoir une danseuse", qui signifie que l'on a un passe-temps onéreux, une lubie à entretenir. Il arrivait aussi que ces "danseuses" se regroupassent en ballets intimes pour des soirées un peu chaudes. De là est venue l'expression "ballets roses", dont l'équivalent en "danseurs" était "ballets bleus".

Il arrivait qu'elles fussent mineures, les danseuses, mais d'après ce que j'ai lu, les ballets roses recrutaient dans la classe 17-18 ans, et un homme politique qui aurait une maîtresse âgée de 17 ou 18 ans ferait aujourd'hui plus de jaloux que d'indignés. Mais à l'époque, la majorité était à 21 ans, on risquait l'incrimination d'"incitation de mineure à la débauche", bien plus grave encore que celle de "détournement de mineure".

Il y eut des affaires de ballets roses à diverses époques, la dernière à avoir marqué l'actualité politique fut, dit-on, celle qui empêcha le président Pinay de se présenter à la présidentielle de 1965. Je ne compte pas les activités débridées de l'ère pompidolienne, ni les accidents de laitiers, ni les villas Caroline, qui ne semblent pas avoir puisé dans le même élixir de jouvence.

Depuis que j'ai adhéré à un parti politique, voici presque trente ans, j'ai entendu dire de plusieurs hommes politiques, de droite, du centre ou de gauche, qu'ils pratiquaient, sinon les ballets bleus, du moins les très jeunes garçons. Certains de ces politiciens sont encore en activité, je ne livrerai aucun indice, n'ayant aucune preuve autre que les on-dit du milieu politique.

D'une manière générale, on n'a pas utilisé ces arguments contre les intéressés, du moins pas publiquement, mais il est évident qu'un politicien contre lequel on aurait ce genre de casserole à faire tinter s'en trouverait rapidement prisonnier, sauf à avoir d'autres casseroles à faire tinter dans sa propre quincaillerie, c'est ce qu'on nomme le politique de la barbichette : "Je te tiens, tu me tiens..."

Il ne serait jamais venu à l'idée de Giscard de s'en prendre à la double vie sentimentale de Mitterrand, et c'est seulement le "Canard" qui a pu se gausser de l'accident de laitier de Giscard dans la voiture d'un couturier parisien, ni Mitterrand ni même Chirac ne l'auraient fait. Et pour les cas plus graves d'enfants exploités, il faut se rendre à l'évidence : soit ils n'existent pas, soit la classe politique s'en accommode. Je ne serais d'ailleurs pas surpris qu'on s'aperçoive un jour qu'il existe un véritable lobby de la pédophilie dans le monde politique, mais ceci est une autre histoire.

Car Frédéric Mitterrand (c'est à son propos qu'on fait ici ce memo) a commis l'imprudence d'écrire sur cette activité coupable. D'après ce qu'en retrace Stéphane Guillon, il l'a fait d'une façon plutôt univoque, qui conduit évidemment à le traiter de tartuffe quand il se défend - mal - d'avoir failli.

Voici quelques années, en 2002, il y eut une polémique très violente à propos d'une œuvre de fiction assez peu ragoûtante, "Rose Bonbon". Le ministre de l'Intérieur de l'époque fut parmi ceux qui réclamèrent le plus l'interdiction du livre en relais des associations. Ce ministre de l'Intérieur se nommait Nicolas Sarkozzy. Le voici, désormais président, avec pour ministre de la Culture quelqu'un qui ne peut guère cacher qu'il a pratiqué la gymnastique juvénile.

J'ai relevé cette blague qui circule sur Facebook : "Frédéric Mitterrand, c'est son premier ministère, mais ce n'est pas son premier Marocain". Je pense que c'est son dernier ministère, et peut-être aussi son dernier Marocain.

Des attaques parfois maladroites se sont portées contre lui, il me semble que l'attitude la plus juste a été celle que j'ai vue attribuée à un syndicat de police : il faudrait ouvrir une enquête sur les activités de Frédéric Mitterrand en Thaïlande et ailleurs. Curieusement, cette mesure de bon sens, qui aurait pu agiter fortement le buzz, n'a pas été reprise. Dommage.

Reste que Mr Bean - Mitterrand, c'est Stéphane Guillon qui en parle le mieux (merci Sarkozynews) :


23/06/2009

Versailles : la solution de la crise, c'est travailler plus pour gagner plus.

Le retour du chef de l'État à Versailles devant les représentants de la Nation, pour la première fois depuis 1789, a été assez commenté pour n'y pas revenir. Lors de la dernière élection présidentielle, nous dénoncions les travers antirépublicains de son programme. Il a beau conclure par "Vive la répubique", personne n'est dupe, mais là n'est pas l'essentiel.

Il faut en effet se souvenir de la leçon de Bill Clinton : "Ca se joue sur l'économie". C'est la tornade financière qui a définitivement disloqué la campagne de McCain lors de la dernière présidentielle américaine, et ce sont les profondes lacunes du programme socialiste en matière économique qui ont permis l'élection de Sarkozy en 2007 malgré les relents nauséabonds de son programme.

Or Sarkozy est justement venu parler d'économie, devant les élus du peuple.

Pour l'essentiel, son discours n'est que la justification de la politique qu'il mène depuis deux ans, et la promesse d'une nouvelle augmentation des déficits publics, avec une persévérante "modernisation" du modèle français ("La crise a remis le modèle français à la mode, mais..."), et une incohérence assez profonde entre d'un côté une idée strictement productiviste ("réindustrialiser la France", libérer la croissance, améliorer la productivité par la recherche et par la mobilisation des "ressources humaines" - va falloir bosser, mais avec quels emplois ?) et la création d'une taxe carbone qu'il annonce massive (hum, on verra). On pourrait d'ailleurs noter d'autres incohérences, notamment sur la question de l'Internet, secteur innovant s'il en est, dont la volonté de "régulation" ne peut pas être interprétée comme une libération des énergies (sur la "question du droit d'auteur", "j'irai jusqu'au bout").

Le distinguo qu'il fait entre "bon" et "mauvais" déficits (celui des dépenses courantes et celui de l'investissement) pourrait être pertinent si la situation actuelle n'était pas déjà désastreuse dans tous les domaines.

L'emprunt qu'il a annoncé est un cadeau fait à ses électeurs, ceux qui ont de l'argent et qui pourront souscrire à cet emprunt dont les conditions seront certainement plus avantageuses pour eux que pour l'État. Ces petits cadeaux-là entretiennent l'amitié. On a entendu les journalistes glousser d'admiration en notant que, naturellement, le succès de l'emprunt aurait valeur de référendum. Mais on sait bien que l'argent aime Sarkozy, pas besoin d'un référendum sur ce point. Et d'ailleurs, si par extraordinaire les Français boudaient cet emprunt, il se trouverait toujours un émir pour le boucler, ce qui permettrait de s'émerveiller sur le soutien populaire du président.

Quant à l'innovation qui en résultera, hum, on verra. La vraie façon d'encourager la recherche, c'est de consommer du produit de haute technologie, pas d'engloutir des fortunes dans des laboratoires, il devrait le savoir. Quant à l'amélioration des structures publiques de recherche et de leur articulation avec le développement industriel, tout cela est en contradiction avec les intérêts économiques qui sous-tendent l'action de la majorité depuis deux ans, et qui ont largement désamorcé le grenelle de l'environnement.

En somme, toujours la même dissociation entre les mots et les actes :

Mettre l'économie au service de l'homme. Respecter la nature. Réguler la mondialisation et les marchés. "Le modèle français a de nouveau sa chance". Révolution écologique, révolution numérique. "la part trop belle au capital financier", "spéculation effrénée", référence au CNR et à 1945.

Et toujours les mêmes remises en cause des principes républicains les plus fondamentaux :

"Où en sommes-nous avec le principe de l'égalité ?" La république, ce n'est pas l'égalitarisme, etc.

"Où en sommes-nous avec la laïcité ?" "Je ne vais pas reparler de laïcité positive, mais..." Question au passage de la burqa, qui "n'est pas un problme religieux", mais de "dignité de la femme", ce qui est vrai.

En somme, incohérences flagrantes, double langage obérant la transparence du discours, clivage des gens les uns contre les autres au mépris de leur interdépendance, ce discours a dû faire froncer les sourcils de Quitterie Delmas.

10:57 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, économie, sarkozy, congrès, versailles | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

08/06/2009

Plus que jamais, la vraie opposition est dans la société civile.

À un moment donné, en écoutant le discours de Cohn-Bendit devant ses troupes, ce soir, j'ai cru entendre, presque mots pour mots, ce que Bayrou avait dit aux fondateurs du MoDem en 2007 : créer un mouvement "où il n'y aura pas d'OPA de l'un sur l'autre", parlant des différentes organisations supposées se fédérer dans un nouvel ensemble, plus ou moins citoyen, blablabla, etc. Bref, on rejoue le film. Et on sait où il mènera, on peut écrire le scénario d'avance. Disons au moins que l'écologie y aura gagné en visibilité, c'est déjà ça.

Pour le reste, ce qui est marquant est un léger redressement de la droite. En 1999, le total droite + extrême droite est 39 %, en 2004 il descend à 38 % (l'étiage pour la fin de règne de Chirac). Or en 1994, juste avant ce cycle, il est au-delà de... 48 %, mais c'est en comptant le centre. Celui-ci s'est présenté librement quatre fois : en 1989 il a obtenu 8,43 %, en 1999 9,28 %, en 2004 11,96 %, et cette fois retour à 8,5 %.

Le total droite + ext dte + centre donne 49 % en 1989, 48 % en 1994 et 1999, 50 % en 2004 grâce à une poussée du centre au détriment de la gauche pourtant au zénith. Cette fois-ci, il approche de 51 % grâce à une poussée de la droite au détriment du centre.

Il est vrai qu'alors qu'en 2004, l'électorat centriste était perméable au vote UMP, les 8,5 % restant au MoDem peuvent facilement passer pour particulièrement déterminés contre l'UMP dont l'expansion semble bloquée.

Mais de toutes façons, cette poussée ne s'est pas (ou peu) faite par une conquête d'électeurs, mais par l'abstention plus grande de l'électorat de l'opposition que celle de l'électorat de la majorité.

Et c'est bien là le vrai problème : l'opposition politique est malade de ses partis politiques. Il n'y a décidément rien à tirer de cet invariable amoncellement de fatuités et de cupidités. Incontestablement, si nous voulons défaire le sarkozysme, en 2012 ou avant, c'est dans la société civile qu'il faudra le faire, comme l'a très justement anticipé Quitterie.

09/05/2009

Coupe de France : je ne regrette pas l'absence de Sarkozy.

Ayant célébré le 8 mai à Saint-Tropez, le présivide passe le week-end chez sa belle-doche au Cap Universal Nègre. Il a fort à faire sans doute pour (si l'on en croit le canard le moins enchaîné de France) les égouts locaux. Si j'étais mauvais langue, je dirais qu'il est logique que les miasmes s'occupent des égouts.

Quoiqu'il en soit, tout occupé à des affaires perso, et sans doute échaudé par les sifflets que, selon le même enchaîné, il a essuyés lors de la finale de la coupe de la Ligue, le présitropez sèche la finale de la coupe de France. On ne l'y pleurera pas.

De toutes façons, à part quelques socialistes comme Bernard Poignant et les siens (le maire de Quimper), il n'y a pas de sarkozystes en Bretagne.

Certains Bretons auraient préféré je suppose une finale de la coupe de Bretagne ou de la coupe d'Europe, plutôt qu'une finale de la coupe de France, mais ne boudons pas notre plaisir, ce sera sans doute un beau match, le pronostic est évidemment favorable à Rennes, mais En avant Guingamp est capable de moultes surprises.

Breizh atao !

12:19 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : sports, football, politique, sarkozy, 8 mai | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

24/04/2009

Hadopi : filtrage obligatoire, selon la future loi de sécurité intérieure.

Au fil d'un article consacré à Jean Dionis du Séjour, dont l'insubordination fait exploser de colère notre pseudo-président Sarkozy, on apprend que la future Loi de Sécurité Intérieure compte s'appuyer sur les dispositions de filtrages prévues par le texte Hadopi pour organiser un véritable contrôle de l'Internet et rendre le filtrage obligatoire. L'objectif est simple : c'est l'État qui dit ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. Un État policier.

Le danger du texte contre les libertés publiques se précise donc et je suggère que nos amis les eurodéputés prévoient (tant qu'ils y sont) l'interdiction de toutes les formes de fitrage dans leurs amendements au paquet télécom, ce serait s'attaquer au mal lui-même.

NON AU FILTRAGE !

22/04/2009

Laïcité : Sarkozy incorrigible. Incroyable !

Courez lire la note de Peuples.net. On en tombe à la renverse : reconnaissance de l'équivalence des diplômes délivrés par le Saint-Siège...

10/04/2009

(Hadopi) : Carla B. : "J'adore être copiée, quand on est piraté c'est qu'on intéresse les gens".

Beaucoup de malice de TéléObs qui exhume une vidéo datant de 2004, où Carl B. déclare : 'j'adore être téléportée (ndht elle veut dire "téléchargée"), j'adore être copiée, quand on est piraté c'est qu'on intéresse les gens". Ouarf !

 

07/03/2009

C'est la journée des trolls.

Avant de célébrer la journée de la femme demain, ou plutôt l'accession des femmes à l'égalité réelle, il m'a paru indispensable de consacrer la journée du 7 mars aux trolls qui hantent mon blog.

Ils sont mignons tout plein, ils ont de jolis noms, ils suintent de vinaigre et de mousse à raser spéciale entartage, ils sont mes trolls, pas que les miens d'ailleurs.

D'habitude, je leur demande un peu de sérieux, un peu de calme. Je les réprimande, je les endigue, je les contourne.

Mais aujourd'hui, c'est décidé : c'est leur grand jour, c'est la journée des trolls.

Et comme j'ai remarqué que mes trolls réagissaient à leurs deux thèmes favoris : quand je dis du bien de Quitterie et quand je dis du mal de Sarkozy, eh bien, j'ai décidé de leur donner matière :

Hou, le vilain !

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Vivement Quitterie !

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Et voilà, les trolls, c'est à vous, faites mumuse !

08:34 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : internet, blogs, trolls, quitterie, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

18/02/2009

Nos indignations profitent-elles à nos adversaires ?

Il semble que les intentions de vote de l'UMP augmentent lentement, mais sûrement, depuis six mois pour les élections européennes de juin prochain (de 23 à 26 %). Cette augmentation se fait au détriment de l'extrême doite, dont le total serait à 11 % en totalisant les estimations du Front National et celles du mouvement de Philippe de Villiers. C'est logique : la majorité fait campagne à coups de petites phrases transgressives, comme l'affirmation récente de Rachida Dati : "l'indépendance de la justice n'est pas un dogme" (on s'en était aperçu, soit dit en passant).

L'UMP s'est donc fixé un objectif (et un seul) pour ces Européennes : lessiver Le Pen, continuer l'opération commencée lors de la présidentielle, afin d'avoir les mains libres sur sa droite.

Pour le faire, l'UMP a repris ce qui a fait le succès de Le Pen à la grande époque : la méthode du scandale. Et nos partis d'opposition, notre presse, nos efforts, en s'effarouchant des scandales ainsi créés, combattent-ils l'effet recherché ? Au contraire : ils propagent le scandale, ils le popularisent, ils contribuent à son succès.

Je crois que c'est d'ailleurs l'un des aspects de ce que Quitterie a dit dans la belle note où elle annonçait sa bifurcation politique : "Changer le système de l'intérieur, je n'y crois pas. Je n'y crois plus. Plus on se débat à l'intérieur, plus on le renforce. C'est l'histoire de l'opposition d'aujourd'hui. C'est fou."

En somme, plus l'opposition se débat, plus elle renforce le pouvoir.

Le jour de la première du "Mariage de Figaro", Beaumarchais cassait lui-même les vitres du théâtre, de l'intérieur, pour faire croire que l'on s'y battait. C'était la méthode du scandale à l'état brut. Un succès retentissant en est résulté. Le scandale est le meilleur vecteur du succès.

Saurons-nous, nous blogueurs, contrecarrer cette stratégie en lui opposant non pas des réactions épidermiques et au fond complices, mais un autre discours, une autre méthode, plus tournée vers les enjeux de la réalité, plus anticipatrice, plus inventive ?

C'est sans doute l'une des responsabilités auxquelles nous ne pourrons pas échapper, si je comprends bien le discours de Quitterie.

18:01 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, blogs, quitterie, sarkozy, scandale, buzz, le pen | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

16/02/2009

Filtrage (suite) le téléchargement dans la ligne de mire.

Je m'interrogeais récemment sur la notion d'"illégal" invoquée par Sarkozy pour contraindre les FAI à filtrer les sites "illégaux". D'une façon explicite, il s'agit de la pédopornographie. D'une façon implicite, du téléchargement illégal. Le cinéaste Luc Besson a en effet porté le fer ce week-end sur le thème sarkozyste contre les opérateurs d'Internet qui se rendent "complices" du téléchargement, ce qui a obligé un site canadien nommément désigné par lui, BeeMotion, à fermer, au moins temporairement.

14/02/2009

Nouveau filtrage d'Internet sur simple classification policière ,

Et voilà : la nasse se resserre sur nos libertés sur Internet. Notre présigland nous octroie une procédure qui condescendra à contraindre les Fournisseurs d'Accès à l'Internet (FAI) à bloquer l'accès à des sites jugés illégaux. On met tout cela sur le compte de la pédopornographie, mais ce qui est grave, c'est évidemment qu'aucun juge ne soit autorisé à mettre son nez là-dedans et qu'il s'agisse purement et simplement d'une lettre de cachet, la police (et elle seule) étant habilitée à dire qui est illégal et qui ne l'est pas. On croit rêver ! Décidément, il va falloir leur botter les fesses.

06/02/2009

À quoi sert l'opposition ?

En décembre 2008, il s'est créé un parti par jour. Un record.

Et à quoi ont servi tous ces partis et les anciens ?

À rien.

La politique du gouvernement s'en est-elle trouvée enrayée, ralentie, entravée, corrigée ?

Rien.

Non.

Elle a suivi sa ligne nauséabonde.

À quoi servent les partis politiques de l'opposition ? À préparer les élections, toujours les prochaines, toujours en sachant que cela ne fera pas varier la politique de la majorité qu'ils prétendent combattre, et qu'en attendant ces élections, pendant qu'ils compteront les candidats et qu'ils jaugeront leur mirifique pourcentage futur, les textes passeront, loi sur l'audiovisuel, loi organique sur le travail des assemblées parlementaires, loi Hadopi, autant de lois liberticides qu'ils regarderont passer comme on regarde passer les trains.

Meuh !

Plus y'a de vaches, moins y'a de lait, disaient les gens en Bretagne sous l'Occupation. Eh bien, les vaches sont revenues, en force : elles occupent les bancs parlementaires. Elles regardent passer les trains de lois.

À quoi sert l'opposition ? À rien. La règle majoritaire fait que la majorité a tout pouvoir, et la majorité d'aujourd'hui est un seul homme, le pouvoir n'a plus été aussi concentré en Frace depuis 1864, l'année qui a suivi la publication des "Misérables" de Victor Hugo.

Et à cette époque-là, l'opposition bravait l'interdit, risquait la prison, le bagne parfois, elle agissait sur le terrain, elle vivait, elle ne se contentait pas de prendre son bénéfice de sa rente d'opposant.

On voudrait qu'aujourd'hui, l'opposition soit auprès des gens, non pas seulement pour les enchaîner par l'assistanat, mais pour enrayer avec eux, dans leur vie, par leur vie, ce régime insoutenable qui piétine nos libertés chaque jour.

Et vraiment, les élections de dans quatre mois, les candidats, les applaudissements, tout cela ne sert à rien, c'est vide, vain, dérisoire.

Je vous invite à relire la note de Quitterie sur ce sujet.

23:06 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : politique, opposition, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

05/02/2009

Hadopi : un film pour mieux comprendre la loi.

On me signale qu'un film en licence creative commons est sorti pour mieux comprendre le projet Hadopi. Il est disponible ici.

Pour vous dire la vérité, je n'ai pas pu le voir : mon MacBook m'a expliqué que Quicktime réclamait des plugins et ça dépasse légèrement mes compétences, je l'avoue.

20:20 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : hadopi, internet, piratage, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

17/01/2009

Le mépris.

Je suis très frappé que le sentiment qui se dégage de la plupart des gens, à l'endroit de Sarkozébulon, c'est le mépris. Bien entendu, il a ses fans, comme tout le monde, et puis il y a ceux qui considèrent que la gauche s'en prendrait à leurs intérêts cependant que la droite actuelle, si elle est critiquable, c'est parce qu'elle s'en prend à des principes, et finalement, entre leurs intérêts et des principes...

Mais sorti de ce tiers (tout de même) des gens d'ici, comme on le voit aussi dans les comptes-rendus des opinions internationales, ce qui domine, c'est le mépris. Un mépris agacé par le vibrionisme de l'intéressé, mais le mépris surtout.

Je crois que nous avons rarement été aussi ridicules.

20:59 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/12/2008

Antiphrases.

Les deux antiphrases les plus éclatantes de ces tout derniers jours, dans la politique française, son signées Sarkozy et Martin Bouygues.

Le premier ne veut pas mettre la télévision publique à sa botte, ni prendre le contrôle de la presse écrite. Les mauvaises langues rétorqueront qu'il est normal qu'il ne veuille pas le faire, vu que c'est déjà fait, mais bon, étant donné que c'est le reproche que l'on adresse à sa réforme de France Télévisions, il faut croire qu'il reste de l'emprise à grapiller au moins sur la télé publique.

Le deuxième jure à qui veut l'entendre (et sans sourciller malgré son nez qui s'allonge) que la réforme de l'audiovisuel ne constitue absolument pas un cadeau pour TF1, sa chaîne de télévision, entreprise déclinante qu'il voudrait bien vendre pour s'acheter Areva, entreprise florissante...

Mais au fond, la plus terrible antiphrase n'est-elle pas celle qui n'a pas été prononcée et qui visait à l'égalité par l'affichage promotionnel de la diversité ? Comme le souligne Sylvie Pierre-Brossolette, la diversité est l'un des grands échecs de Sarkozy. Pourquoi l'est-elle ? ai-je envie de commenter, mais parce qu'il ne l'a pensée qu'en termes de pure communication, en termes de storytelling, en oubliant comme d'habitude que la réalité finit toujours par présenter l'addition. Salée.

14:08 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, ump, sarkozy, amara, yade, dati, tf1 | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

05/12/2008

De Gaulle, relève-toi, ils sont devenus fous !

Ici Périgueux, les gaullistes parlent aux gaullistes,

Les chefs qui, depuis de nombreux mois, sont à la tête de l'UMP, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.

Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force de l'argent, financière et politique, de l'ennemi.

Infiniment plus que leur nombre, ce sont les billets verts, les complices, la tactique des grandes puissances qui nous font reculer. Ce sont les billets verts, les complices, la tactique des grandes puissances qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France gaulliste. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.

Car la France gaulliste n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste prestige derrière elle. Elle peut faire bloc avec le MoDem, qui tient la barre et continue la lutte. Elle peut, comme le MoDem, utiliser sans limites l'immense industrie de l'Internet.

Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis sarkozystes. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique des apparatchiks, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, Daniel Garrigue, actuellement dans le maquis à Périgueux (et au standard de l'Assemblée Nationale), j'invite les cadres et les militants UMP qui se trouvent en territoire libre ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries politiques qui se trouvent en territoire libre ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française gaulliste ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Périgueux.

(Qu'il soit ici rendu hommage au courage de ce député, Daniel Garrigue, qui quitte l'UMP).