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28/05/2020

Qu'à cela ne tienne, Claude

La génération 1968 est décidément frappée par le coronavirus : Henri Weber à gauche, Patrick Devedjian à droite et Claude Goasguen au centre.

Au centre ? Quand on lit les commentaires de la presse, on ne voit nulle part le long passage qu'il fit par le centre et qui forgea, quoi qu'on en pense, son identité politique. Il est vrai que son côté centriste ne se voyait guère, qu'il ne s'entendait pas plus, mais il serait faux de ne pas le distinguer dans la brume des arguties et méandres politiques de sa vie. Selon l'expression qu'il aimait employer, "en réalité" il y avait bien un Claude Goasguen du centre, pensant le centre, voulant le centre et se réclamant du centre, fût-ce avec une grande gueule. Parlez-en à Bernard Stasi si vous croisez son fantôme par un soir de pleine lune. Parlez-en à François Bayrou.

Bon, reconnaissons-le, l'image d'Occident lui a toujours collé à la peau. J'ai connu Claude Goasguen en 1983. Il venait d'être élu conseiller de Paris dans le XIVe arrondissement sous la houlette d'Eugène Claudius-Petit. "Claudius", comme nous l'appelions en employant son surnom de résistance. Le grand Claudius, avec ses yeux de félin, sa moustache épineuse, sa coiffure au carré et ses énervements sanguins.

Claude Goasguen avait été le suppléant de Claudius aux élections législatives de 1978 dans ce même XIVe arrondissement. Il y avait alors trente circonscriptions législatives à Paris. En dehors du ton vif et de la volonté de foudroyer, on se demandait ce qu'il pouvait y avoir de commun entre le vieux résistant et le jeune loup au profil d'aigle et aux cheveux qui hésitaient entre le blond et le gris cendré.

Point commun ? Peut-être Georges Bidault. Claudius avait succédé à Bidault comme député de la Loire et Goasguen avait fait ses premières armes politiques en militant pour l'Algérie française, ce moment où Bidault s'est perdu pour l'Histoire. Bidault, homme d'extraordinaire culture, de haute vision politique, successeur de Jean Moulin à la tête de la résistance intérieure en 1943. Bidault déjà gaullosceptique en 1944 quand, sortant d'une réunion du conseil des ministres présidée par le Général, lorsque son ami Teitgen, admiratif du grand homme de Londres, murmurait "Comment peut-on dire tant de choses avec si peu de mots ?", lui répliquait d'un ton cinglant : "Lucifer était le plus beau des anges". Bidault qui fut à peu près le seul éditorialiste politique à protester contre les accords funestes de Munich et qui fut résistant si tôt que de Gaulle refusa qu'on lui retire sa distinction de Compagnon de la Libération en 1961. Bidault, donc, dont l'ombre vivante planait encore parfois sur le respectable parti auquel j'ai adhéré en 1981 et qui se nommait le Centre des Démocrates Sociaux (CDS), le parti dont Claude Goasguen était membre aussi à cette époque.

Mes amis, plus à gauche dans ce mouvement, me disaient de Claude : "Méfie-toi, c'est le diable, il a commencé à Occident". De fait, il m'arrivait de bavarder avec "le" jeune que Goasguen avait casé dans le bureau exécutif des jeunes du CDS (les JDS) de Paris en 1983, alors présidés par Éric Azière qui est aujourd'hui président du groupe UDI-MoDem au conseil de Paris. Ce jeune homme goasguénien (pas Éric Azière, pour ceux qui lisent trop vite mes papiers), qui avait à peu près mon âge et dont le crâne n'était pas tout à fait rasé (mais presque) était le fils d'un des vice-présidents du CNPF (le MEDEF d'alors).

Il venait du PFN (Parti des Forces Nouvelles), un groupuscule que le FN n'était pas encore parvenu à absorber. Il me confiait, mi-figue mi-raisin, désignant Claude : "Il m'a dit que je devais arrêter mes conneries", ce qui signifiait arrêter de militer chez les zinzins pour passer à une action réaliste et respectable.

Nous avons vu quelquefois ce soldat perdu de l'extrême droite au début de notre modeste action, puis moins, puis plus du tout. Mais il y en avait d'autres (dont il vaut mieux oublier les noms) et l'on disait que Goasguen se spécialisait dans le recyclage des jeunes issus de l'extrême droite. Il incarnait par ailleurs déjà l'aile chiraquienne du CDS et Chirac, piloté par Pasqua, était à la recherche d'une formule reaganienne à défendre en France face à Mitterrand et à Barre. C'était consonant avec le ton volontiers imprécateur et cassant du jeune Goasguen. Bref, à tout cela, je préférais le livre au titre claironnant de Bernard Stasi : "L'immigration, une chance pour la France".

Par ailleurs, ce CDS ne s'était jamais remis d'une profonde fracture qui l'avait divisé en 1969 : Alain Poher, président du Sénat et président de la république par intérim, avait défendu ses chances à la présidentielle destinée à pourvoir à la succession du général de Gaulle démissionnaire. Mais son parti, le Centre Démocrate, avait vu la plupart de ses députés se défiler et refuser de soutenir sa candidature. Emmenés par Jacques Duhamel, ils avaient préféré se porter sur celle de Pompidou.

Un jour, j'ai demandé à Bernard Stasi pourquoi ils avaient fait cela. Il m'a répondu :

"Poher n'avait pas la carrure d'un président de la république".

Pompidou ayant gagné assez largement au second tour contre le valeureux Poher, une scission avait découpé le parti du perdant présidé par Jean Lecanuet. À côté du CD, il y avait désormais le CDP (Centre Démocratie et Progrès), dont faisaient parti les futurs ténors du CDS, notamment Bernard Stasi et Jacques Barrot, mais aussi Claudius. Si j'osais, je rappellerais que c'est le directeur de cabinet de Bidault qui, en 1944, avait présenté Pompidou à de Gaulle. Mais il y eut aussi en 1969 l'arrivée au pouvoir de Chaban-Delmas qui rebattait les cartes.

Quoi qu'il en soit, Goasguen apparut dans ce même CDP, la fraction du centre qui appartenait à la majorité présidentielle pompidolienne. Le groupe Union Centriste du Sénat regroupait deux partis politiques, l'un dans la majorité, l'autre dehors, tout en soutenant le président du Sénat, issu de ses rangs, lequel s'opposait avec force à la même majorité présidentielle et parlementaire. Clarté politique à la française, certes, mais en 1974, les deux partis avaient dû se ressouder sous l'autorité de Jean Lecanuet et les bureaux exécutifs des mouvements de jeunes de ces deux partis s'étaient naturellement rapprochés l'un de l'autre en vue d'une fusion.

Dans le bureau des jeunes du CDP figurait un historien du droit aux dents longues, âgé de 29 ans : notre Claude Goasguen. Son président était l'un des fils du sénateur Cluzel. Ils rejoignirent le nouveau mouvement de jeunes, dénommé JDS, alors présidé par François Bordry, frère de l'un des plus proches collaborateurs d'Alain Poher. Le CD entendait s'assurer tous les postes de pilotage du nouveau parti fusionné : il avait perdu en 1969, mais il avait gagné en 1974.

Les militants issus de l'ancien Centre Démocrate considéraient avec une forme d'hostilité ceux qui venaient du CDP, qu'ils tenaient pour traîtres depuis 1969. Ils disaient "nous avions les militants, eux les cadres", sous-entendant que les cadres, pour sauver leur mise, étaient allés à la soupe, un comportement dont les militants ont en général horreur. Mes amis dans ce CDS venaient pour la plupart du CD et non du CDP, j'adoptais volontiers leurs vues, aimant alors l'orgueilleuse intransigeance de l'esprit militant et n'ayant pas d'idée de carrière en tête.

Tout ceci me conduisait à ne pas prendre contact avec Claude Goasguen, malgré ses origines bretonnes.

Je passe sur les années qui suivirent, qui furent déchirées par la guerre picrocholine des géants du centrisme parisien. La collusion des deux jeunes issus du CDP contre le vieux CD finit par s'emparer de l'immense gouvernail de la multitudineuse fédération parisienne du CDS. On parle de foules dignes de rassemblements du PC chinois à l'époque de Mao. Bref, Claude Goasguen s'était rapproché de Jean-Charles de Vincenti, neveu de Jacques Barrot, et leur alliance avait pris la tête du CDS parisien. Il fallut encore quelques années pour que le plus mordant, Goasguen, parvienne à éliminer son allié devenu rival.

Cela se fit à l'occasion de la campagne présidentielle de 1995. Élu de Paris XVe, Vincenti avait choisi Balladur, qui régnait sur ce XVe, cependant que Goasguen optait pour Chirac qui tenait le reste de Paris. J'avais d'abord éprouvé de l'intérêt pour la candidature de Balladur. Une anecdote m'y avait incité : Balladur faisait partie de la même promotion de l'ENA qu'un frère de mon père qui est mort d'un cancer pendant qu'il y étudiait, longtemps avant ma naissance, et je me demandais si Balladur avait des souvenirs de cet oncle inconnu. Et puis, j'approuvais son engagement de ne pas être candidat à la présidentielle.......... Bref, contre tous mes choix des quinze années précédentes, j'ai choisi Chirac. Un ami m'a fait rencontrer Goasguen en privé fin 1993. Claude m'a dit : "conseiller de Paris, je ne peux pas, mais adjoint au maire je peux". J'ai bredouillé je ne sais quoi sans me rendre compte que je venais de signer la première moitié du pacte qui allait me conduire à devenir en 1995 adjont au marie du XVIe arrondissement de Paris.

Dans un premier temps, j'oubliai Claude : je fis offre de service pour la campagne européenne qui se lançait avec Dominique Baudis et Hélène Carrière d'Encausse. Il y avait deux directeurs de campagne : Jean-Luc Moudenc (aujourd'hui maire de Toulouse) pour Dominique Baudis et Jean-Pierre Raffarin pour Mme Carrère d'Encausse. François Bordry se désista alors qu'il devait diriger l'équipe chargée de répondre au courrier reçu par la liste à son QG établi rue barthélémy dans le VIIe arrondissement. Moudenc m'offrit le poste. Je l'avais aidé à prendre la présidence des JDS peu d'années plus tôt, il m'en remerciait. Je me trouvai donc bombardé chef d'une petite équipe dans cette campagne qui ne fut pas très longue mais où j'eus la joie de retrouver Bernard Stasi. L'équipe se composait de deux assistantes parlementaires venues du Sénat, très sérieuses, et nous pûmes refermer notre bureau la veille du scrutin avec la satisfaction de n'avoir laissé aucun courrier sans réponse complète.

Juste dans la foulée se déroula la campagne présidentielle qui, à l'intérieur du CDS, devait pourvoir à la succession de Pierre Méhaignerie, qui le dirigeait depuis 1982. On me demanda de composer les réponses au courrier des militants que recevait l'équipe de campagne de Bayrou, que je soutenais face à Bernard Bosson. J'avais été reçu par François avec une vingtaine d'autres jeunes cadres, il nous avait demandé :

"Pour qui voterez-vous à la présidentielle l'an prochain ?"

Un à un, tous les autres répondaient "Balladur", les dix-neuf autres ; parlant le dernier, je dis "non, désolé, moi, c'est Chirac". Et Bayrou, très à l'aise, me fit le petit discours qui annonçait déjà, sept ans à l'avance, "si nous pensons tous la même chose, c'est que nous ne pensons plus rien". Je fus recruté (bénévole) cadre dans son équipe de campagne.

Éric Azière et Marielle de Sarnez me confièrent une pile de discours déjà prononcés par Bayrou en me signalant les habitudes et particularités rhétoriques du candidat (j'ai encore une cassette VHS de cette campagne si ça intéresse quelqu'un). Pendant les longues décades de la campagne interne, je passai environ trois fois par semaine prendre les courriers reçus et remettre les réponses proposées, que je composais en faisant des collages savants des discours du candidat.

Nous avons gagné cette campagne. La veille du vote, dans un tout petit bureau alors que je bavardais avec je ne sais qui, je vis entrer un Bayrou fourbu, le cheveu en bataille et l'œil brillant, proclamant : "Jamais Bosson ne pourra monter si haut". Et c'était vrai, il prononça un discours qui nous parut éblouissant et qui disait ce que nous espérions depuis longtemps, sur ce parti allant de Balladur à Jacques Delors, et que Delors salua aussitôt chez Anne Sinclair. Et le lendemain du vote, dans le même bureau, un poulain de Stasi, JPF, me lança : "un bureau ici ou à la mairie du XVIe ?" Je n'avais pas compris qu'il s'agissait d'une proposition ferme. Je répondis machinalement "à la mairie", qui représentait, c'est vrai, ma préférence d'alors. Aujourd'hui, je regrette de n'avoir pas connu l'atmosphère spéciale d'un cabinet ministériel.

Bref, qui disait élu à Paris disait rencontrer Claude. Je le vis donc dans son bureau d'adjoint de Chirac à la mairie de Paris. Ce n'était pas un adjoint sectoriel, il s'occupait des relations internationales, ce qui, selon ses propres dires, consistait surtout à aller pêcher au gros en Afrique. Il avait déjà sa collaboratrice fidèle, Annie Buhl, que j'ai retrouvée ensuite pendant vingt ans à ses côtés.

Claude m'envoya au RPR local, Gérard Leban, et je pris ma place modestement dans l'équipe de terrain chiraquienne du XVIe arrondissement. À ce moment-là, il pleuvait des cordes gelées et Chirac végétait à 10 ou 12 % dans les sondages. Le départ de campagne ne me rebuta pourtant pas. Je découvrais avec intérêt les méthodes du parti qui gardait, de ce point de vue, les traditions de son époque gaulliste. L'efficacité d'une organisation rodée et disciplinée. Quand un meeting de campagne de Chirac s'annonçait pour 18 heures, à 17 heures 59 la salle était pleine, à 18 heures les portes étaient fermées et les retardataires n'avaient à s'en prendre qu'à eux-mêmes. On était loin du joyeux bordel qu'a toujours été le centre sous ses diverses formes.

Chirac ayant gagné, Goasguen fut désigné ministre de quelque chose. Il avait pris tout l'arrière du bâtiment du ministère de l'Intérieur et certaines directions centrales clefs de ce ministère clef. Il s'en montrait satisfait mais regrettait de n'avoir pas obtenu plus. Moins de xi mois plus tard, il se voyait débarqué en même temps que les "jupettes". Je l'ai longtemps entendu maudire Juppé par la suite. Le débarquement avait un côté mesquin : au bout de six mois d'exercice, les anciens ministres bénéficiaient de certaines prérogatives. N'ayant pas tenu cette durée pleine, Goasuen perdait ces avantages. Par ailleurs, un macho méditerranéen comme lui trouvait humiliant d'entrer dans la cohorte de ces femmes congédiées en même temps que lui et qu'on a surnommées "juppettes". Enfin, n'étant plus ministre, il n'était pas encore parlementaire.

Ce fut l'époque où je le vis le plus souvent. Il nous conviait dans son bureau, en groupe ou en détail, j'étais adjoint au maire du XVIe, il m'entendait parfois avec d'autres élus ; j'avais trente ans, il m'écoutait parfois avec d'autres jeunes plus jeunes. Il parlait peu et testait seulement des arguments qu'il utilisait ensuite dans ses tribunes publiques, au conseil de Paris ou lors des réunions du parti.

En public, il avait une technique oratoire simple : il énonçait ce que ses adversaires disaient (selon lui) et renversait sa phrase avec un tonnant "en réalité" derrière lequel il dénonçait des intentions ou des actions qu'il condamnait ou combattait. Il parlait rarement pour approuver.

En 1997, au moment de la dissolution idiote, je fus de ceux qu'il interrogea. Je lui répondis "Pour toi, ça ira, mais quelle connerie !" Pendant cette courte campagne, il me raconta comment il venait faire les gros bras avec les soutiens de l'Algérie française dans ce même quartier dans les années 1960. Il me parla du général Stehlin, élu dès 1968 dans le XVIe nord, et qui avait été un ami de mon grand-père.

Il fut enfin élu député contre Georges Mesmin qui tenait le siège du XVIe sud depuis 1973.

Vers cette époque, il changea de chef de cabinet. Il se rapprochait de Philippe Douste-Blazy qui poussait contre Bayrou à l'intérieur du parti (devenu entretemps Force démocrate). son nouveau bras droit se nommait Thierry Solère. Celui-ci entendait prendre le plus possible d'autorité sur son patron, c'est logique. Je vis donc moins Claude. Solère me consultait de temps à autre. Par exemple, il me demanda si je croyais qu'un téléphone portable permettrait à Claude d'éviter les écoutes des barbouzes. J'étais à la fois incompétent et sceptique, je le lui dis.

En 1998, René Monory, malade, dut quitter la présidence du Sénat où il avait succédé à Poher. Le RPR s'empara de la présidence de la Haute Assemblée. De ce fait, l'UDF avait vécu. Les libéraux la quittèrent sous la houlette de Madelin et se rapprochèrent de Chirac, cependant que Bayrou conservait une UDF réduite. J'eus à choisir. Je me trouvais dans mon bureau à la mairie du XVIe lorsque Solère me téléphona. Je lui indiquai que si j'avais voulu adhérer au RPR, cela aurait été fait depuis longtemps et que le parti de Madelin me semblait être l'antichambre du RPR à court terme. Une heure plus tard, Claude m'appela en personne. Mais il se contentait de dodeliner comme dans une pagnolade. Il ne trouvait pas d'argument, je crois. Il n'osait pas me proposer une promotion ou quelque chose de consistant. Je n'aurais d'ailleurs rien accepté à ce moment-là.

Trois jours plus tard, ce fut Bernard Stasi qui tenta de me convaincre au cours d'un dîner à la "Poule au pot", restaurant près du siège de Force Démocrate (aujourd'hui du MoDem).

Ce fut donc la fin de quatre années de rapprochement et je n'ai pas de jugement à porter sur ce que Claude a fait depuis.

En 2008; je ne sais pourquoi, j'ai eu envie de me rendre à la mairie du XVIe pour assister à l'élection du maire. Pierre-Christian Taittinger espérait un quatrième mandat, mais Claude lui avait savonné la planche. Désigné par les électeurs, Taittinger fut battu par les élus. Or il avait fait exactement la même chose à son prédécesseur à la mairie, Mesmin, le même que Goasguen avait ensuite battu aux législatives. Sans vergogne, Goasguen se vantait de venger un centriste et de rendre enfin la mairie à un centriste. Ça me semblait excessif. Avec beaucoup de dignité, Taittinger quitta la salle. Seul.

Je n'ai revu Goasguen qu'une fois de près. Il avait demandé à mon frère (sculpteur) d'exposer quelques œuvres à la mairie du XVIe, je crois que c'était en 2011. Nous avons bavardé. pour la corpulence, il ressemblait à Abraracourcix. Moi aussi. Je le sentais sceptique sur l'avenir de Sarkozy, alors président, qu'il soutenait pourtant. Il n'y avait plus de contentieux entre nous, s'il y en avait jamais eu. Il avait ce regard un peu de côté, ce sourire large et mordant. Il me répéta : "Non, pas Occident, mais la Corpo de droit, ce n'était pas si loin, mais ce n'était pas la même chose". Nous n'avions tout de même pas les mêmes valeurs, mais qu'à cela ne tienne : au-delà des idées, le souvenir de beaucoup de bons moments en privé, libre, où il ne disait jamais rien ni de médiocre, ni de stupide. Il y avait chez lui un désir de hauteur qui, à mon avis, n'a jamais été satisfait, et une envie de peser en bien sur le destin de son pays.

Pour nous, Bretons, il faut lui rendre hommage sur un point : avec François Bayrou, lorsque celui-ci était ministre de l'Éducation nationale, il a beaucoup travaillé pour l'amélioration du sort fait par l'administration aux écoles Diwan. Cela ne s'oublie pas.

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07/01/2016

Déchéance : comment fabriquer des ennemis de l'intérieur

La déchéance de nationalité pour tous ou pour les binationaux, voilà deux options. J'ai dit hier pourquoi et en quoi la déchéance pour tous, en ce qu'elle ouvrait la possibilité de créer des apatrides, constituait une trahison de l'une des plus généreuses utopies de l'après-guerre, François Bayrou et Manuel Valls ont d'ailleurs rejeté cette hypothèse, le premier au nom d'un illogisme manifeste, le second au nom des engagements internationaux de la France. Voici maintenant pourquoi la déchéance des binationaux représente une faute historique dont les conséquences sont incalculables.

La conquête de l'Algérie fut rendue nécessaire en 1830 par la persistance des activités de piraterie et d'esclavagisme pratiquées à Alger et autour. Mais sa suite n'alla pas de soi, c'est le moins que l'on puisse dire, il y eut diverses périodes dont l'historique n'est pas le sujet, non plus que celui de la Guerre d'Algérie pour laquelle mon père a été décoré en octobre 1958 de la Croix de la Valeur Militaire, une sorte de Croix de Guerre.

Ce qui est certain, et qui importe pour le présent article, c'est qu'au début de ce qu'on a nommé la "bataille d'Alger", moment clef de la guerre en question, la population algéroise alors qualifiée du vilain mot d'"indigène" était largement favorable à la France. Des boutefeux jusqu'auboutistes commirent alors la faute de renoncer au droit commun pour mettre fin aux attentats qui endeuillaient toute la population algéroise sans distinction d'origine. En vertu de "pouvoirs spéciaux" (tiens, tiens) votés en mars 1956, on confia à l'armée et au général Massu en 1957 le soin d'éradiquer ce terrorisme.

Or l'armée (on ne me verra pas ici dire du mal de l'armée française, dont chacun connaît les qualités) n'avait pas, dans son arsenal, les instruments tactiques nécessaires pour la mission qui lui était confiée par des politiciens totalement déboussolés et empressés de se débarrasser d'un pouvoir qui les dépassait totalement (voir ce que j'écrivais hier sur ce sujet). L'armée gagna certes cette bataille d'Alger, mais cette victoire se transforma en défaite, car elle nous fit perdre finalement la guerre.

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Non pas la Guerre d'Algérie, qui a été perdue le jour où, en 1960, les Soviétiques annoncèrent soutenir officiellement le FLN, mais la guerre pour appliquer la paix conclue par de Gaulle et le FLN en 1962. En effet, cette paix représentait probablement la meilleure issue possible compte tenu des forces en présence : des centaines de milliers de Français d'Algérie restaient chez eux paisiblement et les liens institutionnels forts demeuraient entre le nouveau pays et la France, ce qui n'était pas si loin de l'hypothèse évoquée un siècle plus tôt par Napoléon III.

Hélas, cet arrangement fut bousculé aussitôt par les jusqu'auboutistes des deux camps, ce qui aboutit à la célèbre formule "La valise ou le cercueil" et tout le côté positif des liens historiques profonds a été perdu, au désavantage des deux pays, mais surtout à celui des "pieds-noirs" et de la France. Dans ce moment précis de bascule se révéla la faute commise d'envoyer l'armée et de perdre ainsi la sympathie d'une population pourtant favorable. "Oderint me cives dum timeant", cela ne marche qu'en vase clos, pas dans un monde ouvert, le recours à l'armée suscita crainte, certes, mais haine surtout, et cela se fit en traitant toute la population algéroise d'origine (quel vilain mot décidément) "indigène" en suspecte. À force d'injustes soupçons et de brimades, ils sont devenus hostiles.

Or c'est exactement l'engrenage auquel nous expose le principe de déchéance de nationalité pour des binationaux. On comprend qu'il ne s'agit pas d'une critique absolue qui serait vraie en tous temps, mais que hic et nunc (désolé pour Mme Belkacem qui n'aime pas le latin), le principal effet de cette déchéance de nationalité est la brimade et la stigmatisation, puisque chacun, même ses auteurs, s'accorde à reconnaître que son efficacité contre le terrorisme est tangentielle à zéro. Pour des binationaux (pas tous, c'est vrai), et principalement des binationaux que leur autre nationalité rattache à des pays de tradition ou d'histoire musulmane, l'effet d'image n'est pas du tout tangentiel à zéro : ils ne sont subitement plus des Français à part entière, mais des Franco-Algériens ou des Franco-Tunisiens, etc., ce qui n'est pas la même chose que d'être considérés comme entièrement français.

Il y a donc des milliers de gens qui sont sur le fil du rasoir jusqu'ici, hésitant entre un camp ou l'autre, et que cette provocation va faire basculer peu à peu dans le camp des ennemis de la France. C'est cet engrenage qui, pourrait transformer une lutte antiterroriste en véritable guerre civile, dont les conséquences et la durée sont incalculables. Toute guerre, outre sa propre monstruosité, porte en elle, des suites d'affaiblissement et de dépopulation.

Que l'on me comprenne : je sais bien, comme tout le monde, qu'il y a, en France, des milliers de gens qui n'aiment pas la France telle qu'elle est et qui voudraient la transformer en charialand. Contre eux, les moyens légaux du droit commun seraient suffisants si l'État s'en donnait les moyens, notamment en recrutant plus de juges spécialisés et en ne se privant pas des compétences longuement et durement acquises de spécialistes comme Marc Trévidic. Mais il y a d'autres milliers et milliers de gens qui ne songent même pas à détester la France, alors même que nos ennemis les y incitent. Par cette provocation, nous donnons des armes à nos ennemis pour nous fabriquer d'autres ennemis de l'intérieur, une armée bien plus grande encore que celle que nous redoutons. C'est pourquoi ce principe de déchéance de nationalité, tel qu'il est présenté, est supérieurement dangereux et, de ce fait, inacceptable, alors que l'instauration d'une indignité nationale, dont les effets sont très puissants et la symbolique considérable, fournirait un outil de très bonne qualité.

Hélas, il semble qu'au sommet de l'État, les couloirs du pouvoirs soient hantés par d'obscurs boutefeux en quête de Guerre Sainte, alimentés aussi bien par l'extrême droite française que par des puissances étrangères, à un point tel qu'il semble que prêcher la raison et l'apaisement soit désormais voué à la plus glaciale inutilité. Vox clamans in deserto. Pourvu que, cette fois, on m'entende.

26/12/2015

Hollande ne veut que des "Français de souche"

L'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés français continue à agiter l'internet francophone, autant qu'elle suscite de critiques de la presse étrangère. Parmi les critiques adressées à cette mesure : le fait qu'elle conforte la notion de "Français de souche".

Selon la Constitution de 1958, l'État, ni la loi, ne peuvent faire de distinction entre les Français, ni en fonction de leur origine, ni en fonction de leur race (notion alors rétrospective et destinée à repousser les théories hitlériennes), ni en fonction de leur religion. C'est en raison de cette disposition qui figure dans l'article 1 de la Constitution de 1958, donc parmi les principes les plus généraux et les plus forts, que le gouvernement souhaite donc introduire dans la constitution, à force égale, l'ouverture du cas de déchéance de nationalité aux binationaux se dégradant dans le terrorisme contre la France.

La déchéance de nationalité pour actes de trahison contre la France a été instaurée le 12 novembre 1938 par un décret-loi du gouvernement Daladier, quelques jours à peine après les fâcheux accords de Munich par lesquels les dirigeants français et anglais ont abdiqué tout honneur en cédant aux prétentions hitlériennes qui annonçaient pourtant la guerre sans merci. La déchéance de nationalité n'a pas été appliquée par ce gouvernement Daladier, mais par le régime de fait du maréchal Pétain, en particulier contre le général de Gaulle, dès juin 1940. On s'en est servi aussi pour annuler la naturalisation des très nombreux juifs allemands que l'Allemagne avait rendus apatrides et qui avaient cru pouvoir se ranger sous la protection de la France. Pétain avait promis de protéger les juifs français contre les nazis. Sa prétendue protection ne s'étendait pas aux naturalisés, dont beaucoup, rendus à l'Allemagne, finirent dans les Camps de la Mort. On comprend que, depuis cette époque, la déchéance de nationalité ait fait figure de spectre dans le droit français et, compte-tenu de ce précédent épouvantable, c'était bien le moins.

Le général de Gaulle, lorsqu'il fut confronté au terrorisme de l'OAS, ne procéda à aucune déchéance de nationalité, mais fit prononcer des peines de "bannissement", en pratique une interdiction de séjour sur le territoire français, qui fut levée au bout de quelques années par la loi d'amnistie et que le droit international prohibe désormais.

La déchéance, toujours pour actes contre l'État et contre la France, est réapparue beaucoup plus tard, dans les années 1990. Elle a été réservée aux naturalisés par une loi de 1996. La logique était alors qu'en accomplissant un acte de terrorisme contre la France, le naturalisé récent (moins de dix ou quinze ans) prouvait qu'il avait fait une fausse demande de naturalisation et qu'il ne souhaitait pas réellement devenir français. La déchéance de nationalité revenait alors à l'annulation de la naturalisation. En près de vingt ans, il existe très peu de cas où cette loi ait été appliquée.

Le nouveau principe consisterait à permettre la déchéance de nationalité de personnes nées françaises, de parents français, ayant étudié en France et en français, et n'ayant jamais vécu qu'en France. Ces personnes n'encourraient cette peine que par la circonstance particulière de disposer d'une deuxième nationalité, ce qui, de fait, les placerait en situation d'inégalité avec les Français n'en ayant qu'une.

En soi, on peut considérer que cette ouverture nouvelle n'est qu'une peine supplémentaire, une parmi d'autres, et même, selon des auteurs d'habitude mieux inspirés, qu'elle rétablit une égalité en ouvrant à une nouvelle catégorie la déchéance. Mais Laurent de Boissieu se trompe sur un point qui est crucial : la réforme voulue par Hollande ne rend pas tous les Français égaux devant la déchéance, celle-ci n'est pas encourue, comme il l'affirme "quel que soit le mode d'acquisition de la nationalité", puisque 95% de Français, qui n'ont qu'une nationalité, n'y sont pas exposés et que eux aussi ont acquis la nationalité française par la naissance, tout comme les binationaux désormais menacés. Il y a donc un sophisme dans le raisonnement de l'ami Laurent, excusable, mais qu'il faut souligner.

En réalité, il faut relire ce qui a été écrit en 2010 par l'excellent Robert Badinter (où l'on retrouve un Bayrou plus offensif qu'aujourd'hui) qui est que la loi doit être la même pour tous. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 dit explicitement : "La loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse". Or en soumettant deux Français ayant acquis la nationalité française de la même façon (par la naissance) à un régime différent, il est évident que le projet Hollande, comme naguère le projet Sarkozy, crée une inégalité, une discrimination, incompatible avec le principe énoncé par la Déclaration de 1789. C'est pourquoi Jack Lang avait noté dès 2010 qu'il faudrait modifier la Constitution pour appliquer la réforme voulue par Sarkozy et aujourd'hui reprise par Hollande. À n'en pas douter, la réforme constitutionnelle annoncée pour introduire l'état d'urgence dans la Constitution n'est que le rideau de fumée de cette infamie fondamentale qui consiste à constitutionnaliser la plus choquante des infractions aux principes fondateurs de notre République. C'est à pleurer et à crier. Or ce n'est pas tout.

Car si nous trouvons dans le jeune arbre vénéneux porté par Hollande la trace de la mauvaise graine de Sarkozy, il faut ajouter aussitôt que ce n'est pas par hasard. Car dès le mois de février, Hollande a donné le signal de ce choix qui va faire mourir la Ve République : il l'a donné lorsque, devant le CRIF, il a employé les mots "Français de souche", devenus si chargés de sens haineux, menaçants et discriminatoires depuis quelques années. Le fait qu'il l'ait prononcé devant le CRIF, et tout le contexte que nous connaissons, finissent par faire naître un affreux soupçon : qu'il y ait, dans la mesure voulue par Hollande, une intention de brimade contre les musulmans français, désormais tous suspects, même si la loi ne permet de jeter dans la déchéance (quel mot) que ceux qui disposent d'une seconde nationalité et que ceux qui seront condamnés pour terrorisme. Faut-il rappeler qu'un ancien Premier ministre israélien, Itzhak Shamir, dans sa jeunesse, avait été parmi les "terroristes" de l'hôtel King David ? Ah ce mot de terrorisme... Et souvenons-nous de l'émir Abd-el-Kader et de sa seconde vie. Qu'aurions-nous fait si nous nous étions privés de lui après la première ?

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Enfin, une fois que la brèche sera ouverte, nos dirigeants pourront se vautrer tout à fait dans la fange, et étendre à leur guise la "déchéance" pour pouvoir en faire ce qu'ils veulent. Oui, désormais, nous n'en doutons plus : ce qu'ils veulent, Sarkozy, Hollande, et quelques autres, c'est réserver la France au seul bon Français, celui qu'aiment aussi les Le Pen, le "Français de souche".

Salauds.

09/05/2015

"In medio stat virtus"

À propos du coup porté à l'enseignement du grec et du latin par le projet de réforme du collège porté par le gouvernement actuel, François Bayrou n'a pas manqué de citer l'une des maximes latines qui ont fait les beaux jours des humanités classiques depuis plusieurs siècles. Cette maxime, je l'ai mise en titre.

In, en latin, est traduit comme de l'anglais et de l'allemand par "dans" ou "en".

Medio est l'ablatif d'un mot neutre, medium. Nous connaissons en français le mot latin medium comme un spirite, un intermédiaire entre l'Au-Delà ou entre les forces invisibles et notre conscience raisonnée. C'est en somme une interface, un moyen de communication. Le pluriel nominatif, vocatif et accusatif de ce medium est media. Les media sont en effet aussi un moyen de communication. Ils nous sont parvenus ainsi via l'anglo-américain, qui connaît depuis longtemps les "mass-media", moyens de communication de masse. Dans les années 1980, nous avons adopté ces media dans le sens de moyen de communication puis, comme la barbarie et le barbarisme se tenaient déjà bras dessus-bras dessous parmi nos élites, on lui a mis un s final absurde, et nous écrivons "médias". Mais si medium est un moyen de communication, le mot latin medium ne va pas jusque-là, il signifie le milieu. On le trouve dans le nom de la Méditerranée, composée de medi- forme dérivée de medium, et de l'adjectif terraneum, lui-même issu de terra la terre. La Méditerranée est un mer entourée de terre, presque un lac, salé. Les Romains nommaient cette mer Mare Nostrum, Notre Mer, parce qu'elle était entièrement incluse dans l'empire romain. Medium est donc le milieu, "in medio" signifie "au milieu".

Stat, du verbe sto, stas, stare, première conjugaison si ma mémoire est bonne, est la troisième personne du singulier. Sto, stas, stat. Ce verbe stare se retrouve dans les mots français stable, constat, station, état, par exemple. On le traduit d'une façon classique par "se tenir".

Virtus est l'un des faux amis préférés des latinistes qui étudient en même temps la littérature française du Grand Siècle, qui l'a employé dans le même sens que le latin, cependant que le siècle des Lumières, qui suit le Grand Siècle, l'a utilisé plutôt dans un sens dérivé, celui que nous connaissons (plus que nous ne le pratiquons) aujourd'hui : la vertu. En latin, comme au XVIIe siècle, il signifie courage. Corneille, excellent latiniste. Racine, excellent latiniste ET excellent helléniste.

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La construction de la phrase latine autorise l'inversion de la forme ordinaire : le sujet suit le verbe. "In medio stat virtus" pourrait être réorganisé en "Virtus stat in medio", mais en plaçant in medio avant le verbe, l'auteur de la citation a tenu à insister sur cet "in medio". Il a donc voulu signifier non pas seulement "Le courage se situe au milieu", mais plus fort : "C'est au milieu que se situe le courage".

Au milieu de quoi ? Au moyen terme, à équidistance entre deux opinions trop tranchées. L'équilibre consiste à ne pas se laisser entraîner par une posture trop virulente. S'en tenir à la modération, faire preuve de tempérance, ne pas céder aux hurlements des foules symétriques. Choisir de pondérer, ne pas tomber dans l'excès, c'est le vrai courage. In medio stat virtus.

26/03/2015

UMP, PS, FN, c'est kifkif ?

Dimanche, les électeurs de France seront appelés à voter pour le second tour des élections départementales. On peut s'attendre à des records d'abstention. Pourtant, voter est un acte qui vient des tripes, un acte qui engage les viscères. Aimer ou détester un pouvoir politique fait partie de l'état naturel du citoyen. L'opacité de l'activité politique et les doutes multiples qui planent sur elle désamorcent le taux d'adrénaline que devrait produire le vote. De là sans doute la tentation de l'abstention.

Il faut dire aussi que lorsque l'on nous explique qu'un candidat qui appelle aux ratonnades, ou un candidat qui pense que le seul bon étranger est un étranger mort, eh bien, c'est la même chose qu'un candidat qui opère de mauvais choix économiques, sociaux et sociétaux, on ne donne pas non plus envie de voter, car cette idée est un pur scandale. C'est un danger extrême. Le fait que l'UMP ne soit pas capable de considérer qu'au minimum, les candidats qui appellent au meurtre doivent être battus coûte que coûte, ouvre devant la France un gouffre mortifère. Et lorsque Juppé estime qu'il a gagné contre Sarkozy, parce qu'il a obligé celui-ci à reconnaître que le MoDem peut faire partie de sa majorité de droite, j'ai envie de lui répondre qu'ils ont perdu tous les deux, et Juppé et Sarkozy, parce qu'ils n'ont pas su empêcher l'essentiel, et qu'ils n'ont pas su affirmer les valeurs les plus élémentaires de la démocratie, de la République et de l'humanisme.

Je sais bien que pour se défendre, la droite a raison de stigmatiser l'antisémitisme déguisé en antisionisme d'une partie des réseaux de la gauche ultra. Mais elle n'a pas été capable de sortir le nom d'un seul candidat du PS et de ses alliés présent au second tour qui ait personnellement lancé des appels au meurtre ou au lynchage. Tandis que ce que nous reprochons à des candidats d'extrême droite, ce sont leurs propres écrits publics. Le jour du vote, nous votons pour des candidats.

Il y a une faute morale dans le fait que l'UMP n'appelle pas à faire barrage au FN coûte que coûte. Il y a une faute historique pour l'UMP à ne pas faire barrage coûte que coûte à celles et ceux des candidats dont les propres déclarations ne conduisent qu'au meurtre de masse ou de détail.

C'est un débat que j'aurais avec Jean Ferrat aussi s'il était encore vivant s'il continuait à acclamer, parmi les grands noms de la France, celui de Robespierre ("Cet homme qui portait dans son nom son métier et son cœur", selon l'énorme expression de Victor Hugo dans "93", son métier, la robe, et son cœur, la pierre), car le rôle principal de Robespierre fut de guillotiner tous les autres révolutionnaires et son unique mérite l'incorruptibilité. Si le fait d'être incorruptible mène à faire guillotiner ses amis et des êtres aussi généreux et utiles que Desmoulins, on se demande s'il n'y a pas plus de mérite à se laisser corrompre, en fait. Heureusement, on peut être honnête sans dresser les poteaux de la Veuve sur la place de la Concorde. Mais on doit choisir ses références.

Donc pour ce second tour, ce que nous devons examiner, c'est le message personnel des candidats. Les appels au meurtre doivent être partout combattus coûte que coûte. S'il fallait voter pour un stalinien d'aujourd'hui (ils ne sont plus ceux d'hier) pour faire battre un FN qui a personnellement écrit qu'il faut descendre dans la rue pour y mener la chasse aux Arabes, je le ferais, j'irais jusque-là, qui serait la seule motivation de mon vote pour un stalinien, à condition bien entendu que le stalinien ne danse pas chaque soir dans la rue en chantant qu'il faut pendre tout le monde par les tripes à la porte des préfectures, cas où je ne voterais pas, mais où je déménagerais assez vite pour changer de circonscription, car se retrouver à avoir à choisir entre deux assassins en puissance, c'est déprimant.

On comprend que la gradation de la désapprobation inspirerait mon vote. Comme dit le vieil adage, au second tour, j'élimine. Il n'existe aucun cas où je voterais FN. On a vu le seul où je voterais stalinien. Je pourrais voter écolo, sauf pour quelques-uns qui sentent le soufre. Si j'habitais Notre-Dame des Landes, je ferais comme 36% des électeurs du premier tour, je voterais évidemment écolo, pour qu'y soit définitivement et officiellement abandonné le projet funeste d'aéroport. Je n'aurais aucun mal à voter UDI, j'ai beaucoup d'amis personnels dans cette famille politique. Et je reste encore plus proche de Bayrou et de ses amis du MoDem. Dans les face-à-face UMP-PS, j'essaierais de mettre de côté la politique nationale pour examiner d'abord les enjeux locaux.

La gestion des collectivités locales par le PS est en moyenne défectueuse. Cependant, il faut évaluer la crédibilité de l'UMP locale à faire mieux, ce qui n'est pas toujours gagné d'avance. Et parfois, à force d'entendre des UMP dire que FN et PS, c'est kifkif, on finit par trouver que certains UMP et le FN, c'est aussi kifkif, tandis que sur les sujets sociétaux, qui entrent en ligne de compte, le PS fait mieux que ces UMP simili FN. Dans ces affrontements locaux, j'appliquerais, si j'avais à voter en plusieurs endroits, la méthode résumée par Voltaire lorsqu'il décrivait le théâtre de Marivaux : "des œufs de mouche pesés dans des balances de toile d'araignée". Au microgramme près.

Il reste à dire un mot de la circonscription départementale où je vote. C'est un morceau du Finistère, département où le premier tour suggère un statu quo de majorité départementale à venir.  Il s'agit du "canton" de Plonéour-Lanvern. La situation n'y est pas facile pour les candidats qui représentent la droite. Je crois que ce binôme est fait de deux UDI, je ne les connais personnellement ni l'un ni l'autre. Je connais en revanche depuis longtemps le maire de Plonéour, Michel Canévet, depuis peu sénateur. J'avais même avec lui des relations plutôt cordiales. Mais son attitude et celle de certains de ses soutiens sont devenues étranges et ambiguës à mon endroit.

Ce binôme que je crois de centre droit a atteint le score de 35% au premier tour. En face, le total des voix des gauches atteint presque 35% aussi. Il y a eu un peu plus de 4% de régionalistes tendance "bonnets rouges" au premier tour et deux fois plus d'écolos. La gestion de l'écologie par le département a été plus que douteuse dans la dernière mandature, le choix d'installation de la centrale à gaz près de Brest est une aberration. Pour l'emporter, les centristes doivent donc trouver une alchimie d'âme bretonne et une vision agricole et environnementale aussi subtile que créative. Agriculteurs, bonnets rouges et écolos ont a priori beaucoup plus de divergences à aplanir que de conceptions communes, si bien que les amener sur le même vote est un exercice de synthèse stimulant. S'il y avait plus de temps pour y travailler, le sujet serait intéressant. Il ne reste plus que trois jours. Affaire à suivre.

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19/10/2010

Le centre courtisé par des tartuffes

En politique, l'action est une chose délicate et l'effet boomerang fréquent. En ne rémunérant pas les journées de grève des professeurs, on les incite à pousser les lycéens à manifester à leur place. En organisant un service minimum, on incite les grévistes à employer des moyens d'action très radicaux, blocages en tous genres, à paralyser autrement l'économie nationale. À l'inverse, les excès de mai 1968 ont conduit au raz-de-marée électoral de droite de juin 1968. Les grandes grèves de 1995 ont considérablement affaibli la majorité d'alors, mais elles ont surtout propulsé Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002.

Aujourd'hui, on glose sur le calcul fait par la majorité : exciter le désordre pour appeler au retour à l'ordre ? Se poser en père-la-rigueur pour reconquérir l'électorat conservateur effrayé par ses dérapages verbaux et son style bling-bling ?

Je pense qu'en tout cas, le calcul initial a été celui-là : utiliser le mécontentement social pour effrayer l'électorat de centre droit et le ramener dans le giron majoritaire. À l'heure actuelle, d'ailleurs, l'opinion, en milieu centriste, est que la gauche est en mesure de gagner seule en 2012. Mais au fond, est-ce l'essentiel ?

La montée de l'extrême droite en Europe

Nous vivons dans un monde dangereux, la poussée xénophobe aux Pays-Bas et en Suède, deux pays longtemps admirés pour leur tolérance, le regain extrémiste en Autriche, voire en Allemagne, les ratonnades en Italie, sans parler de ce qui se passe aux États-Unis, des extrémistes sanguinaires de tous poils, islamistes et boutefeux de tous genres, tout cela fait de notre époque un moment dangereux, qui évoque les années 1930.

Or, je l'ai noté lors des dernières régionales, le fait symétrique de cette poussée de fièvre ultradroitière, c'est l'enfoncement du centre, en France notamment, mais pas seulement. On pourrait croire que cet effet de vases communicants ne soit qu'apparent, il n'en est rien : en fait, le centre est la seule vraie réponse à l'extrême droite, un rappel à la conscience morale. Oui, il faut le dire et le répéter, les valeurs du centre sont les seules à contrer efficacement celles de l'extrême droite, car la droite et la gauche, et leurs extrêmes, se placent tous dans le même champ sémantique, tandis que le centre se situe dans un tout autre champ sémantique, il déplace le débat, et c'est sa force.

Le centre longtemps moqué

On connaît la raillerie de Marie-France Garaud sur le fait que, pour convaincre les centristes, il suffisait d'agiter le maroquin ministériel. On a longtemps tourné en dérision aussi notre goût de la bonne gouvernance, notre point d'honneur de probité, notre habitude de juger une politique à ses résultats pour l'intérêt général plutôt qu'à ses effets pour un camp ou l'autre. Tout cela, au fond, a toujours fait rigoler les importants, les réalistes, les cyniques, les gens de pouvoir, en somme, qui mesuraient leur taux de satisfaction à l'aune de la cocufication qu'ils nous avaient infligée. Qui agitant les maroquins, qui "plumant la volaille centriste".

En se posant en candidat de la respectabilité, de l'ordre, des grands équilibres financiers, le pouvoir actuel ne fait qu'infliger une nasarde de plus à notre conception des choses, il nous fait un pied-de-nez, un de plus. Un de trop ?

En entendant Mme Aubry jouer de la mandoline sous le balcon de M. Bayrou, mercredi dernier, en employant des expressions qui sont chères à celui-ci, des expressions qui fleurent bon le terreau centriste, j'avoue que j'ai eu un haut-le-cœur. Comment ? Mme Aubry qui est soutenue par M. Delanoë qui donne l'absolution à bon compte à M. Chirac ? En d'autres temps, Lamartine a écrit "La France est élastique". Peut-être, mais tout de même. Jouer à ce point les attrape-tout ne dénote qu'un état de pensée : celui qui vise à prendre le pouvoir à tout prix, ce qui n'est jamais bon signe. Et puis, on l'a vu, de même que Mme Royal était suitée de sa duègne Mélenchon lorsqu'elle fredonnait des chansons galantes sous le balcon de M. Bayrou en 2007, une duègne implacable qui détenait la clef de sa ceinture de chasteté, de même le chœur des duègnes s'est immédiatement employé à couvrir les mots doux de Mme Aubry avec le grincement de ses mâchoires.

Le centre n'est pas entre la droite et la gauche

Les danses du ventre des deux bords ont pour premier but de rassurer leurs propres soutiens sur la nature du centre : le centre est un peu plus à droite que nous, pense la gauche, et un peu plus  gauche que nous, pense la droite. Double erreur.

Bien sûr, je pourrais, en me moquant, dire que la définition du centre est : tous ceux qui ont envie de donner autant de coups de pied au cul à la droite qu'à la gauche. Mais ce ne serait qu'une boutade. Le centre vaut mieux que cela. Il y a, dans notre façon d'être, ce que Raymond Barre avait nommé "une exigence intellectuelle et morale, un désir d'action", non pas la volonté de plaquer une morale sur la vie des gens, mais l'envie de trouver l'éthique de l'action publique, de lui donner du sens. C'est d'ailleurs un point qui rapproche le centre de beaucoup d'écolos, même si ensuite le tri se fait entre les valeurs compatibles des uns et des autres. Nous avons, sur l'éthique et la politique, et sur le contenu des politiques publiques, des visions souvent convergentes, ainsi que sur l'appel à la liberté. C'est sans doute pourquoi une partie des électeurs centristes hésite entre les écolos et les démocrates. Les évolutions récentes et prévisibles vont décanter cette tentation.

La spécificité présidentielle

Bien entendu, les clins d'œil à l'électorat centriste ou aux responsables centristes n'ont qu'une arrière-pensée : la présidentielle de 2012. La droite exige du centre ce qu'elle considère comme un retour au bercail, la gauche s'endort chaque soir au coin du feu en rêvant qu'elle va plumer la volaille centriste. M. Sarkozy, le matin, en se rasant, s'ébaubit de son futur deuxième mandat présidentiel, Mmes Royal et Aubry, en se faisant le maillot, s'imaginent dictant leur loi aux mâles du monde ébahi. 2012 est une musique qui leur trotte sans cesse dans la tête.

Et cependant...

Les valeurs du centre qui sont irréductibles au champ sémantique droite-gauche représenteront, en 2012 comme lors de toutes les élections présidentielles au Suffrage Universel Direct, sous la Ve république, entre 15 et 20 %. Elles auront un candidat et un seul, ce sera le même que la dernière fois, le seul qui soit crédible, le seul qui ait ce profil étrange que réclame la fonction présidentielle.

Sinon, l'extrême droite sera à 20 %.

Et sans doute, alors, si l'extrême droite rebondit, notre monde poursuivra sa glissée aussi lente et inexorable que celle d'un glacier au temps du réchauffement climatique vers l'abîme. Et alors, quand le pire se sera produit, quand nous aurons d'autres barbaries infectes, d'autres génocides, d'autres verduns, au triste compteur de nos ignominies, l'Histoire demandera des comptes à ceux qui, par des propos honteux, ont jeté de l'huile sur le feu de la haine, comme l'a fait le président de la république cet été, à ceux aussi qui, se disant centristes, n'ont pas démissionné pour protester contre ces abus de langage, et à ceux, enfin, qui ont continué à faire bouillir leur petite tambouille dans leurs petites marmites politiques, alors que, de toutes parts, le péril montait.

Notre époque, je le crois, réclame un changement de paradigme, peut-être pas seulement celui que Quitterie, que nous aimons, a évoqué en se retirant du jeu partisan, mais un sursaut, un tunnel salutaire vers l'autre champ sémantique, celui que le centre incarne.

30/08/2010

Ni dupe, ni neutre

C'est la rentrée, on dirait même c'est la rentrée des blogs et des blogueurs. Apparemment, les socialistes sont toujours les plus nombreux parmi les blogueurs politiques et, d'une manière ou d'une autre, le PS conserve la haute main sur la façon dont Internet réagit à l'actualité politique, d'autant plus que les blogueurs de droite sont dans l'ensemble assez décontenancés par les propos outranciers et scandaleux du président de la République et par le projet de retrait de la nationalité à certains délinquants, une mesure qui, au XXe siècle, a été appliquée par les régimes très glorieux et démocratiques qu'ont été l'Espagne de Franco, l'Union Soviétique (grande productrice d'apatrides), l'Allemagne nazie et ... le régime de fait du maréchal Pétain.

La réaction de l'Église catholique sur les mesures ostracisantes et collectives qui concernent les soi-disant Roms a permis à Benoît XVI de retrouver grâce aux yeux d'Internet et, en fait, a beaucoup surpris en France. Surprise ? Pourquoi avons-nous été à ce point surpris de la réaction de l'Église ? C'est qu'elle est venue d'en haut, du pape lui-même, s'exprimant en français d'une façon particulièrement explicite. Voilà qui a bougé toutes les lignes et estompé les dernières affaires de pédophilie qui secouent la Belgique.

Sur ce dernier point de la pédophilie, je crois que, comme beaucoup, il faut quand même que je dise quelque chose : j'ai été inscrit au catéchisme lorsque j'avais sept ans, je l'ai suivi durant toute l'école primaire (j'étais dans le public et cela se faisait dans une salle paroissiale), et même une bonne part du secondaire, et pendant toutes ces années, il n'y a pas eu une seule fois où un prêtre (ni d'ailleurs un laïc) ait eu à mon encontre un mot, un geste, un regard, ni même un sous-entendu déplacé. Je suis presque surpris que ce genre de mises au point ne soit pas faite, car l'amalgame d'une Église qui serait noyautée et gangrenée par la pédophilie me paraît injuste. Qu'il y ait eu des erreurs et des errants, c'est en effet une terrible honte, et l'Église aurait dû se montrer plus intraitable et moins faible avec ses cadres. J'observe cependant deux choses : la première, c'est qu'en revanche, un de mes instituteurs de l'école publique a, lui, été privé de sa fin d'année scolaire parce que, pendant la classe de mer, il avait tendance à faire le tour de certains dortoirs (pas le mien, d'ailleurs). Là encore, il a été muté, sans plus, l'Église n'a pas été la seule à se taire. L'autre chose que j'observe, c'est que des scandales équivalents touchent d'autres obédiences cultuelles que le catholicisme, mais que, curieusement, on n'en parle jamais.

On l'a compris, j'ai décidé de défendre l'Église catholique en cette rentrée. Non pas que j'abandonne le principe laïque (inscrit par le Christ lui-même dans ses préceptes, abandonnant la jurisprudence Melchi Sedech, si j'ose dire) mais parce qu'il me semble que l'Église se trouve dans le bon camp, peut-être par la force des choses, et ce sont encore une fois les propos du président de la République qui m'amènent à cette conclusion.

Histoire de Hongrois, de Roumains et de fascistes

Le président français s'en est pris, en fait, non pas seulement aux Roms, mais plus intensément encore aux Roumains. Il faut reconnaître que, ce faisant, il a, dans un mécanisme psychanalytique assez transparent, trahi (c'est-à-dire révélé) ses propres origines, non pas tellement comme rom lui-même, ou comme tzigane, mais comme hongrois.

Son père, en effet, qui a quitté jeune la Hongrie, ne l'a pas fait en démocrate fuyant le communisme. La Hongrie de 1944 est un régime lié au nazisme, l'extermination des juifs hongrois a été implacable, et les Tziganes, qui sont les autres victimes des camps, ont été à peine mieux traité par le pouvoir communiste hongrois que par le pouvoir fasciste hongrois : on les a sédentarisés de force, notamment. Je suis allé à Budapest en 1990 pour les premières élections après la chute du Rideau de Fer et je me souviens parfaitement des quartiers tziganes où mes hôtes hongrois répugnaient à se rendre.

Donc une sourde animosité contre les Tziganes, mais bien pire contre les Roumains. Pourquoi ? À cause des suites de la Première Guerre Mondiale. À cette époque, en 1919-20, les puissances victorieuses avaient démantelé l'empire austro-hongrois. Et la Hongrie avait été amputée d'une grande partie de son territoire et de sa population. La Transylvanie, province d'histoire et de langue hongroises, avait été rattachée à la Roumanie. N'oublions pas qu'entre-deux-guerres, on disait, en Roumanie, que la bourgeoisie roumaine parlait français en société, roumain en famille, et hongrois avec les domestiques. Il y a donc un contentieux historique terrible entre les Hongrois et les Roumains et on passerait à côté de l'essentiel de ce que notre président a dit si nous oubliions qu'il est, dans ses préjugés les plus intimes, hongrois.

Ce n'est pas tout.

Le modèle berlusconien

Depuis l'installation du président actuel de la France, chacun a pu constater que son modèle, son seul, vrai et unique modèle, c'est le président du conseil italien, Silvio Berlusconi.

Je ne ferai pas ici le détail des accusations de collusions mafieuses qui courent très solides contre Berlusconi, non, je vais me contenter de ce qui devrait nous sauter aux yeux : le pays qui, dans les derniers mois, a pris des mesures très sévères et violentes contre les Tziganes, c'est l'Italie. L'Italie qui les fiche, l'Italie qui les parque, l'Italie qui les prive d'école, l'Italie qui leur crache au visage.

Et c'est là que l'intervention du pape prend tout son sens et toute sa force : c'est que Benoît XVI a déjà eu l'occasion de s'opposer très fermement à des ratonnades organisées en Italie par des milieux mafieux, et que, au fond, reconnaissant dans le pouvoir français le clone de ce qu'elle combat en Italie, l'Église catholique avait toutes les raisons de montrer très précocement son inquiétude, toutes les raisons de réagir avec une fermeté exemplaire, car ce sont nos principes éthiques les plus essentiels qui sont brutalisés par les pratiques de nos deux pays. Plus que jamais, le dérapage de nos dirigeants nous rend frères de part et d'autre de la frontière alpine.

On a d'ailleurs entendu l'extrême droite italienne très satisfaite des propos de notre président. Et si notre gouvernement se clone sur son modèle italien pour les principe éthiques, on tremble qu'il ne se clone aussi sur lui  pour son implication mafieuse.

En tout cas, on aimerait que l'information soit mieux construite et que les journalistes jettent la lumière sur l'obédience politique du pouvoir actuel, sur ses liens idéologiques avec le régime berlusconien, et qu'on en sache un peu plus sur cette Italie de Berlusconi. Et je dois dire qu'Internet, qui se gargarise tellement d'être tellement mieux informant que la presse dite classique, ne fait pas mieux dans ce domaine. On lit à longueurs de colonnes et d'écrans les mêmes glapissements, on cherche en vain dans les journaux comme sur internet les bonnes informations.

Et ne parlons pas des partis politiques.

Le piège bipolaire

Alors que l'exceptionnelle gravité de la dérive idéologique des gouvernants français mériterait un sursaut d'esprit républicain, un sursaut de vérité, la gauche partisane française, elle, en reste aux habituelles fadaises sur un monde meilleur, tellement juste, tellement beau, rideaux à fleurs aux fenêtres, fontaines de miel à tous les carrefours, robinets en or, palais de cristal dans des villes de guimauve. C'est si beau, snif, que j'en écrase une larme. Comment ces gens peuvent-ils encore feindre de croire à ce qu'ils disent ?

Alors qu'il serait si simple de dire la vérité.

Mais évidemment, le Parti Socialiste, qui s'apprête à organiser l'amnistie de l'ancien président Chirac, ne peut pas dire la vérité sur la droite actuelle, car il lui faudrait aussi dire la vérité sur lui-même, sur ses magouilles, ressortir Urba-Gracco, Péchiney, et d'autres plus récentes. Entendre Delanoë dire que, du moment que l'ancien président Chirac avoue, il est pardonné, c'est certes très catholique, mais c'est un peu fort, quand même. À la fin du film L'Appât de Bertrand Tavernier, le personnage interprété par Marie Gillain finit par avouer avoir participé aux horribles meurtres qui lui sont reprochés. Et, très ingénue, dans une scène d'une puissance vertigineuse qui révèle toute son effrayante et monstrueuse inconscience, elle dit "Bon, maintenant que j'ai avoué, je peux rentrer chez moi ?" Alors Chirac, maintenant qu'il a avoué, il peut rentrer chez lui ?

Entendons-nous bien : je ne regrette pas d'avoir fait campagne pour Chirac contre Balladur (et contre Sarkozy) en 1995, il a plusieurs fois été un moindre mal lorsqu'il a fallu choisir, et sa modernisation de la gestion municipale parisienne (merci Juppé) a été remarquable, mais enfin ce type a volé des élections en piochant dans les caisses de la Ville de Paris pendant vingt ans. Et il suffirait qu'il avoue pour rentrer tranquillement chez lui ? Ah non, c'est un peu fort. Et que le PS, coutumier des autoamnisties, lui donne le viatique avec une telle facilité me révolte profondément.

Aujourd'hui, de toutes mes forces, je crois que l'État devrait reprendre l'hippodrome de Compiègne scandaleusement bradé par le ministre indigne Woerth, et je crois que le PS ne devrait pas faire de cadeau à l'ancien président Chirac, dont cependant je salue certains choix positifs.

Plus que jamais, j'ai donc l'impression d'être pris à un piège politique, celui de la bipolarisation, celui du système partisan verrouillé.

Hiérarchiser ses détestations

Que pour échapper aux griffes fascisantes, il faille se jeter dans les bras d'un PS (et satellites) qui révèle en ce moment même qu'il ne vaut guère mieux que son adversaire, c'est le vrai désespoir politique qui gagne ceux qui s'intéressent un peu aux choses de la cité.

À cela s'ajoute l'évidence que c'est le même pouvoir économique qui tire les ficelles de la gauche et de la droite. Mme Bettencourt a longtemps reçu Mmes Mitterrand et Pompidou à sa table, esprit de rassemblement républicain autour des fameuses enveloppes kraft remises en fin de visite, au moment de se quitter, en signe d'allégeance, quelques billets de banque en gage d'amitié. Allégeance des politiques à l'immense puissance d'argent de l'entreprise L'Oréal, mêlée autrefois à la Cagoule, collaborationniste, puis prudemment reconvertie et proche de tous les régimes pourvu qu'ils fissent ce qu'elle voulait.

L'affaire Bettencourt n'en finit pas de révéler ce qu'est devenue la République française, baignée dans un perpétuel torrent de fange. On y voit une nuée de gitons, d'éphèbes, de gigolos, gravitant autour d'un couple qui aime être courtisé et qui, pendant quarante ans, distribue ses enveloppes kraft avec générosité aux étoiles politiques, L'hôtel des Bettencourt à Neuilly fait figure de Parc aux Biches et aux Cerfs, et ses élus deviennent en effet des élus, ils gravissent après avoir gravité.

Ainsi des caprices de boudoir font-ils des carrières ministérielles. Maître Kiejmann était-il déjà l'avocat des Bettencourt lorsque l'ancien cagoulard Mitterrand fit de lui un (bref) ministre ? Luc Chatel a-t-il beaucoup travaillé lorsqu'il émargeait chez L'Oréal avant de devenir ministre ?

Et donc, ce que révèle cette affaire Bettencourt, c'est le réel asservissement de notre classe politique aux puissances économiques qui sont, elles, subjuguées par les mirages de la spéculation financière mondiale. C'est ce qui rend la démarche de Quitterie de Villepin (que nous aimons au moins autant que quand elle se nommait Quitterie Delmas) particulièrement pertinente : si la scène politique n'est qu'un théâtre d'ombres, si en fait les politiques ne sont que des marionnettes, c'est dans la sphère des tireurs de ficelles qu'il faut agir, donc dans la sphère économique, en usant de notre marge de manœuvre personnelle pour, autant que possible, ôter de l'argent (donc du pouvoir) aux tireurs de ficelles actuels et en donner à d'autres qui nous paraissent meilleurs. C'est juste, et je suis fier d'avoir désormais pour banque le Crédit Coopératif, une banque qui ne joue pas en bourse et qui contribue à des projets sociaux et environnementaux.

En complément de cet engagement, Quitterie a fait un long développement dans un commentaire sur le blog d'Arnaud Dassier pour expliquer que les politiques ne la prendraient plus dans leurs filets. C'est juste aussi, et ma lecture de ces phrases de Quitterie n'est pas que je renvoie désormais tous les politiques dos à dos sans nuance, mais que je dirai publiquement ce que je pensais depuis longtemps : je ne suis pas dupe. Ils peuvent dire et faire dire ce qu'ils veulent, je ne serai pas dupe. Je savais les turpitudes chiraquiennes lorsque j'ai fait sa campagne en 1995, je n'étais dupe de rien, mais il fallait faire obstacle au trio infernal Balladur-Pasqua-Sarkozy. Je n'étais pas dupe de Bayrou ensuite, car je savais de près sa gestion méprisante des adhérents des partis qu'il a successivement dirigés. Je n'étais pas dupe, mais je ne le disais pas, je laissais croire qu'un miracle était possible, je participais à l'effort d'illusion, parce que j'avais la conviction que, de tout le personnel politique disponible, Bayrou était le moindre mal, ce que je continue à croire.

Désormais, je ne me contenterai plus de penser que je ne suis pas dupe : je le dirai aussi. Je dirai par exemple qu'il n'y aura pas de miracle en 2012, mais que dans cette élection, il faudra choisir le moindre mal.

Et je continuerai à choisir parmi les candidats, je continuerai à me prononcer.

La vérité et le courage, centrisme historique

Je crois que mon blog, ensommeillé depuis des mois, va retrouver un peu d'activité. C'est qu'il me semble que sa voix (et mon expérience) manque à la blogosphère. Non pas que je me considère meilleur, mais simplement que, parmi les blogueurs politiques, mon chemin est singulier, mon regard n'est certainement pas le plus important, mais il n'exprime pas seulement ma pensée ni ma sensibilité, il témoigne de ce qu'un centriste au sens banal et presque historique du terme peut penser de l'actualité politique.

Il y a des quantités de blogueurs de gauche, des blogueurs libéraux, des blogueurs indépendants, mais d'authentiques blogueurs formés à la politique par le milieu centriste, il n'y en a pas foule. Pour participer équitablement au débat, je tenterai donc d'apporter désormais ce regard d'un ancien adhérent des JDS, du CDS, de Force Démocrate, de l'UDF, d'un ancien barriste, plus que du MoDem lui-même dont je reste cependant adhérent.

Cette filiation et ce parcours politiques se sont beaucoup enrichis dans les dernières années, mais je m'aperçois que c'est le substrat qui l'emporte dans le choix politique, dans le choix entre un mal et un moindre mal. Puisque je suis en mesure d'être ce témoin, je m'y efforcerai.

L'utilité de ce point de vue exprimé est par exemple que, lorsque j'entends la gauche reprocher à Bayrou de n'avoir pas appelé à voter Royal au deuxième tour en 2007, je suis en mesure de dire que ça n'aurait pas marché, parce que la révélation des tares du candidat de droite n'avait pas fonctionné, et que la particularité la plus forte de l'électorat centriste est que, comme disait Hugo, "à la consigne je préfère la conscience", c'est-à-dire qu'il écoute poliment ce que disent les candidats, y compris les candidats centristes, mais qu'il se détermine par l'effort de son propre cerveau. Il n'y a pas de discipline électorale centriste, chacun est libre de ses idées et de ses choix. C'est pour que ce point de vue soit compris que je tiendrai ce blog, en relayant aussi, par affection, les éventuelles initiatives de Quitterie.

J'invite enfin mes lecteurs à lire le beau texte de Jean-Pierre Rioux paru à la une d'Ouest-France ce week-end : il dit des choses très justes sur le courage. À très vite.

13/06/2010

L'alibi centriste.

J'ai vu passer des info sur le congrès du Nouveau Centre à Tours. Dans le même temps, hier, soir Jean-Vincent Placé, dont la forte voix a pesé sur les débats récents de la mouvance écolo, expliquait que l'origine de son engagement écolo et politique était son travail avec le regretté Michel Crépeau, longtemps maire radsoc et centre gauche de La Rochelle (un qui aimait téter la dive, soit dit en passant et sauf son respect). Peu de jours plus tôt, Jean-François Kahn et François Bayrou avaient échangé sur le même thème.

Que se passe-t-il donc ? Pourquoi tant de bulles au centre ? Lors des derniers scrutins, on a plutôt vu la balle au centre, de ces balles faites pour tuer et non pour finir au fond des filets d'une coupe du monde. Pan !

Autant dire tout de suite que la stratégie des "néocentristes" n'a rien à voir avec la problématique du centre : ce peloton d'ex-UDF cherche à sauver ses meubles pour 2012. Froncer les sourcils et rouler des mécaniques est une façon de paraître jouer le rapport de forces. Mais le NC ne se donne pas d'autre horizon que l'alliance avec l'UMP, et donc se définit, jusqu'ici en tout cas, comme une fraction de la droite.

Au passage, je rappelle que pour certains vieux élus UMP et ex-UDF, l'existence d'un second parti à droite, pourvu qu'il ne soit pas trop fort, est un instrument pour conserver des positions électives. "Je rassemble", disent-ils en soutenant en sous-main un faux centre croupion, side-car de leur attelage UMP.

Bayrou, en détachant le centre de la droite, leur a ôté leur gagne-pain. Morin reprendra-t-il le rôle ? Peut-être. L'UMP a intérêt à se doter de satellites pour glaner des voix pour le second tour, on a bien vu que le manque de réserves de voix pesait sur les scrutins locaux contre la droite, mais la droite est incurable et ne supporte pas le pluralisme.

De toutes façons, à quoi servirait une candidature NC ?

En fait, c'est Kahn qui a raison : la question centriste n'est pas centrale. Ce qu'il faut, et ce dont notre pays a besoin dans la très grande épreuve que l'Histoire lui prépare, c'est un projet global : sage économiquement et budgétairement, mais pas seulement, proposant une croissance sobre mais pas seulement, valorisant les PME mais pas seulement, améliorant l'impact écologique de notre vie en société mais pas seulement, retrouvant un respect épanoui de nos droits de l'Homme mais pas seulement, ouvrant la voie très largement à la génération Y mais pas seulement, comprenant les bouleversements induits par le développement d'Internet mais pas seulement.

On me pardonnera de raisonner en historien, mais ce qui m'attirera lors de la prochaine campagne présidentielle, ce sera un projet qui repose sur une authentique vision historique de notre pays et de l'Europe, très au-delà des pitreries politiques quotidiennes.

Bayrou, qui reste mon candidat naturel, a profondément déçu une partie des écolo qui le tient pour un faussaire dans leur domaine. Il aura à leur prouver sa sincérité. Il aura, de même, à expliquer pourquoi il paraît s'être rapproché de Sarkozy.

Pour qui le connaît depuis longtemps, et c'est mon cas même si je ne suis pas son intime, je n'ai aucun doute qu'il ne s'est soumis à rien : Bayrou a la tête aussi dure que cele d'un Breton, il ne cède jamais. En revanche, la petite opé tactique qu'il mène pourrait bien lui offrir des résultats fructueux lors du congrès de l'UDF qui doit se tenir à l'automne et qui est prévu pour être le dernier.

Et d'ailleurs, la prétendue candidature de Morin, n'a-t-elle pas, elle aussi, ce congrès UDF pour unique but ? En se posant en présidentiable et en défenseur intrépide des valeurs centristes, Morin ne cherche-t-il pas à se hausser jusqu'au niveau de Bayrou ? Se hisser jusqu'à sembler être un contrepoids. La grenouille se rêve dans la peau du cheval.

J'ai fait cette note pour donner des clefs de lecture aux très nombreux observateurs qui ne comprennent rien à ce qui se passe. Eh bien, pour la dernière fois, le fantôme de l'UDF plane sur la politique française.

27/05/2010

Je voterai Bayrou en 2012.

Je m'étais promis de ne rien dire, mais ma participation à la République des Blogs (RdB), hier soir, m'a rappelé pourquoi depuis trente ans, je vote centriste.

Je n'avais pas participé à la RdB depuis plus d'un an, depuis ces séances un peu ridicules où les blogueurs politiques ont rencontré successivement Benoït Hamon (dont l'unique qualité est d'être breton), Michel Barnier (européen de la rubrique tartuffe), Jean-François Kahn (qui dit souvent ce que je pense) et Daniel Cohn-Bendit (dont les écrits pédophiles étaient retombés dans l'oubli depuis dix ans).

La RdB est censée permettre la rencontre de blogueurs de toutes les couleurs politiques et, durant la dernière élection présidentielle, sous la houlette de Versac, alias Nicolas Vanbremeersch, elle a joué à peu près ce rôle. Depuis la présidentielle, nombre de blogueurs, dont Quitterie n'est pas la moindre, ont déserté pour des rivages plus bling-bling, soit sur Facebook, soit sur Twitter.

En vérité, la blogosphère s'est dénaturée, ses éléments les plus notables l'ont désertée soit vers des cieux professionnels plus hospitaliers, soit vers un militantisme qui n'intéresse qu'eux-mêmes.

Des grandes heures de l'élection présiidentielle, où tout le monde se précipitait à la RdB parce qu'il fallait y être, à cette énième RdB peuplée de vingt ou trente blogueurs à tout casser, on mesure le triste chemin parcouru et l'alerte évolution des snobinards, toujours prompts à courir là où leur intérêt se trouve, et à ne pas aller là où l'opinion publique du moment ne commande pas de se rendre.

J'avoue que je suis triste de compter Quitterie parmi ces snobinards, parce que je lui écrivais encore un mot hier, mais la réalité m'a tellement frappé hier soir, que je ne peux pas ne rien dire : c'est honteux.

Qu'ont donc perdu les blogs depuis qu'ils ont permis à tant de petits marquis de se faire valoir ?

Rien, sinon qu'en 2005, on les avait crus responsables de l'échec du référendum constitutionnel européen, (ce qui était faux) et qu'en 2007, ils ont occupé l'avant-scène médiatique électorale. Ils ont permis à une armée de seconds couteaux de grimper jusqu'aux premiers rangs. Les voici déchus, et la RdB avec eux, c'est la loi du mircocosme et du monde des paillettes.

Ce qu'ils ont perdu ? Les feux de la rampe, rien pour moi ou pour vous, tout pour les intrigants et les carriéristes qui ont fait de la présidentielle leur marchepied personnel.

Et je dois dire que, devant tout ce vide incarné par les résidus d'une blogosphère qui, il est vrai, a peut-être pété un peu plus haut que nécessaire, j'ai été secoué. J'ai, plus encore, eu à m'interroger sur mon propre engagement politique, là, comme ça, sur un coin de table, en peu de temps, alors pourtant qu'il y a près de trente ans que je me suis engagé et que je m'étais juré depuis des mois de ne plus rien dire avant de prendre position pour la prochaine présidentielle.

Les blogueurs qui restent sont de gauche. Un des meneurs de la RdB me le confiait hier soir, il ne reste plus guère de ces blogueurs impartiaux qui ont fait les belles heures de la dernière présidentielle, le militantisme a tout gâté. Il a tout dénaturé. C'est donc l'esprit de l'écriture d'un blog qui est en cause.

On évoquait le beau temps des blogs, celui où le MoDem faisait jeu égal avec la gauche, grâce au charisme de Quitterie.

Mais elle aussi a déserté pour les feux illusoires de Txitter et de Facebook, qui sans doute lui rapportent plus de joies narcissiques, et plus de satisfactions professionnelles, ces deux médiocrités de l'action civique.

Il n'y a plus de ces beaux débats de la RdB, plus rien qu'un fantôme que nous avons tenté de faire bouger dans la nuit parisienne.

Et tout de même, en parlant avec ces gens de gauche, je sais quoi voter en 2012, je sais pourquoi depuis trente ans j'ai toujours voté le plus au centre possible, je sais que, en 2012, je voterai de nouveau Bayrou.

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19/11/2009

Quitterie se confie sur Terre Tv.

Pour ceux qui ne l'auraient pas vue, voici une interview donnée tout récemment par Quitterie à la web télé Terre Tv.

 

07/07/2009

Quitterie repiquera-t-elle à la politique politicienne ?

Après que, voici quelques jours, notre ami OAz mettait en perspective les efforts des instances actuelles du MoDem et les propos publics de Quitterie, pendant que, d'un côté, sur Lepost, David Réguer se demande aujourd'hui pourquoi François Bayrou doit reconquérir Quitterie, Gaby Cohn-Bendit lance sur France Info le nom de Quitterie parmi ceux qui ont été consultés avant la création d'Europe Écologie.

Et si tous ces gens lui demandaient son avis, à elle, Quitterie ?

Ce qui me frappe, c'est que les messages assez microcosmiens, voire politiciens, sont aux antipodes de la démarche de Quitterie, pour qui la victoire contre Sarkozy en 2012 ou avant n'est qu'un aspect quasi-épiphénoménal de la vraie question posée à notre pays.

Pourquoi la gauche, quand elle gouverne, n'est-elle pas la gauche ? pourquoi les meilleures intentions parfois formulées par la majorité aboutissent-elles finalement au placard ?

C'est parce que les intérêts qui tirent les ficelles sont les mêmes dans un cas comme dans l'autre, et que ces intérêts sont l'incarnation des principaux défauts de notre système politique et économique. Et donc, préparer l'avenir réel, c'est développer un tissu humain et économique alternatif capable de combattre les logiques économiques profondes en même temps que la facette politicienne de celles-ci. C'est cette vision très originale que Quitterie a développée récemment.

Je trouve qu'elle manque énormément à notre vie politique, mais il me semble que les motivations qui ont animé sont retrait sont aussi d'une nature  plus personnelle, voire intime, et sur ce point, je ne peux que l'approuver dans les conséquences personnelles de son choix, c'est même la plus forte raison pour laquelle je l'approuve, puisque je trouve que les deux logiques politiques, la sienne et l'autre, sont par ailleurs conciliables.

Son absence creuse un grand vide dans notre politique. Il y a sans doute des conditions sine qua non qui doivent être remplies pour que notre Quitterie repique. S'il en est qui dépendent de moi en tout ou partie, j'y oeuvrerai, mais je respecte entièrement son choix et, de toutes façons, quel que soit le chemin de Quitterie, elle sait, je crois, qu'elle a mon soutien.

PS : il est vrai que Gaby Cohn-Bendit a eu des contacts très précoces avec Quitterie, dès la présidentielle, et je peux en témoigner pour en avoir discuté avec lui lors de l'un des tout premiers cafés politiques de Quitterie.

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09/06/2009

Royal en embuscade.

La plus grande erreur que les élus puissent commettre, c'est de se croire propriétaires des voix qui se sont portées sur eux. Cohn-bendit l'a justement noté dimanche soir : des millions d'électeurs se sont portés sur Europe-Écologie "cette fois-ci", façon de dire que ces électeurs sont désormais adultes. Fini, l'électeur ventouse qui oublie de prendre ses lunettes pour lire les programmes, allume le feu avec son courrier électoral et va voter comme son père avant lui. Désormais, l'électeur se renseigne, lit les professions de foi, calcule, évalue, soupèse, et choisit pour une raison qui lui paraît bonne.

Cette fois-ci, puisqu'on l'invitait à lancer un signal fort, et puisque l'enjeu de pouvoir lui paraissait faible, il a lancé un mot : "écologie". En comptant les deux listes écolo (EE et AEI), 20 % des voix tout juste se sont directement (et sans la moindre ambiguïté possible) portées sur l'écologie. Et le message était bien l'écologie, l'environnement, l'avenir de la planète, puisque les "petits" écologistes en ont autant bénéficié que les grands. Le vainqueur n'est ni Cohn-Bendit, ni EE, mais l'écologie elle-même, ce que ni les écolo des Verts, ni ceux du MoDem (dont son président) ne devront oublier.

Car l'écologie était lourdement absente de son livre. Deux ou trois autres choses m'y ont paru gênantes (bien que je trouve en général le livre bien écrit et juste sur des points cruciaux) : la première, c'est qu'on n'y parle des immigrés qu'une fois, pour les désigner comme nuisibles (les patrons se servent d'eux pour comprimer les petits salaires à la baisse, ce qui est vrai), pas d'amendement "Welcome" chez Bayrou, c'est réellement abasourdissant ; la deuxième, c'est que lorsqu'il dit qu'il ne fréquentait plus les gens de la haute industrie ni de la haute finance depuis 1997, je reste circonspect, étant donné qu'après cette date il a très longtemps siégé dans le bureau de la gestion économique du sport hippique français aux côtés de Lagardère père puis de Rothschild, et je veux bien croire qu'il n'appelle pas cela les fréquenter, mais tout de même, il y a une forme de tartuferie ; bref, peu importe, disons que son livre fait l'impasse sur l'écologie, et que c'est regrettable, une faute non seulement politique, mais tout simplement contre l'esprit.

Pour en revenir au fait que les voix n'appartiennent à personne, il faut noter aussi qu'une bonne part de l'électorat socialiste a décidé de sanctionner le Parti Socialiste, et c'est certainement le cas de nombreux partisans de Ségolène Royal, ce qui laisse augurer des régionales terribles pour le PS s'il ne se réforme pas. Royal est en embuscade, ça sent la poudre.

Et pour finir sur ce sujet, je reviens une dernière fois sur ce qui a été dit par les esprits nauséabonds du bayroucosme : que Quitterie se serait vendue à Ségolène Royal. Il y a deux choses : la première, c'est qu'elle se serait vendue. Or sur ce point, renoncer à une candidature qui lui garantissait (ah, si elle avait été candidate !) d'être députée européenne pour rejoindre le bateau Royal, lâcher la proie pour l'ombre, cela ne me paraît pas relever de la catégorie des âmes vendues pour des plats de lentilles. La deuxième chose, c'est qu'il aurait été parfaitement admissible que Quitterie, jugeant les perspectives programmatiques proposées par Royal plus proches de ses aspirations profondes (compte tenu de l'évolution de Bayrou), se rapproche de Royal. Quel mal y aurait-il eu à cela, d'autant plus qu'elle avait l'honnêteté de ne pas le faire en empochant au passage un siège de député MoDem qu'elle aurait ensuite monnayé auprès de Royal ? On s'est donc vraiment mal conduit envers elle.

Une dernière conclusion sur le vote de dimanche dernier : près d'un électeur sur trois qui s'est exprimé a refusé d'entrer dans le jeu du débat droite-gauche... J'ai l'impression que c'est la première fois depuis très longtemps, mais je ne serais pas surpris que ce chiffre continue à augmenter, tant la réalité de l'axe doite-gauche peine à rendre compte de celle des politiques menées.

Le cadeau électoral du RSA, quelques jours avant le vote, a dissuadé les petits revenus concernés (qui sont nombreux) de protester contre le sarkozysme, il faudra en tenir compte, car cette tactique sera employée de nouveau.

Je crois que ces manoeuvres détestables ne nous seront pas épargnées à l'avenir, et j'ai la conviction qu'il faudra une alliance très large dans laquelle l'ensemble des sensibilités devra faire preuve d'abnégation, si nous voulons au moins remplacer le sarkozysme par un moindre mal en 2012, voire favoriser l'évolution vers une société des "petits matins" chère à Quitterie.

Quant à Quitterie elle-même, qu'elle le sache, elle peut décider de soutenir qui elle veut, non pas forcément pour le succès de cette personne, mais pour des principes qu'elle jugera cardinaux. Elle peut continuer à agir seulement dans l'ombre, ou bien militer pour le succès d'un programme, ou soutenir qui elle veut, elle aura mon soutien, qu'il s'agisse de n'importe qui, même de Bayrou ou de Royal.

20/03/2009

Quitterie : "se fédérer pour construire".

Dans cette autre vidéo du Social Média Club (merci Abricocotier) dont j'ai déjà commencé à rendre compte, dans un débat sur l'influence d'Internet, Quitterie "trouve sain que les gens se réapproprient la parole publique", ce qui nourrit le rôle d'Internet, et elle conclut sur la fonction fédératrice d'Internet pour des mobilisations de l'opinion : "Est-ce qu'on est capable d'aller plus loin ? de se fédérer pour construire ?"

 

12/03/2009

Quitterie sur LCI radio (via Bakchich).

Quitterie s'exprime sur les listes du MoDem pour les élections européennes, sur le renouvellement des partis politiques, sur les nouvelles formes d'engagement, sur tout ça, et conclut d'un vigoureux "En avant !".

Bien reçu.

La page du site Bakchich.info où est le lien avec l'émission, Quitterie parle dans la 1e partie.

05/03/2009

Le rapport Balladur applique le programme de Bayrou ... de 2002.

Le rapport Balladur est téléchargeable (merci Pornichet). Dans l'ensemble, il est bon.

Les choix institutionnels qu'il fait sont efficaces : élection des exécutifs intercommunaux au suffrage universel direct en même temps que les communes, élection conjointe des exécutifs départementaux et régionaux au scrutin universel de liste.

Sur le redécoupage des régions, trois semblent aller d'elles-mêmes : la Bretagne, d'abord, retrouve la Loire-Atlantique qui lui avait été confisquée par Pétain au profit d'une région Pays de Loire dont aucune logique historique ne pouvait justifier l'existence. C'est d'ailleurs la nouvelle et très vaste région "Val de Loire" qui est la plus naturelle : de la Sologne au Maine, on voit bien la ressemblance des caractéristiques locales. La troisième région logique, c'est la Normandie réunifiée.

Pour le reste, les modifications n'ont pas fini de faire couler de l'encre, ce qui est leur but accessoire : dresser les régions de gauche les unes contre les autres, de façon à ramasser les morceaux.

La disparition de la Picardie est logique sur le papier : le sud du département de l'Oise est en fait culturellement francilien, l'est de l'Aisne est la Champagne, et la Picardie proprement dite n'est pas étendue. Cela étant, comme le souligne le président de cette petite région, le français est issu du picard et il est dommage d'en précipiter l'oubli.

Le regroupement de l'Alsace (unie en un seul département) et de la Lorraine ne sera pas, à mon avis, accepté par les Alsaciens.

Le rapprochement du Limousin et de l'Auvergne paraît une bonne idée : ces deux régions ont des caractéristiques communes assez nombreuses.

Le rattachement de la Vendée au Poitou est une justice historique (la Vendée est historiquement le "Bas-Poitou"), mais évidemment, la fusion du Poitou-Charente (un bigup en passant à Ségolène) et de l'Aquitaine, qui créerait une sorte de "région Plantagenêt",  ferait grincer des dents, même si les Charentes sont très liées à Bordeaux.

Les dispositions financières et fiscales sont plus complexes, on voit que le rapport corrige les assertions du présicule en chiffrant à plus de 22 milliards d'Euros (soit 11 % de leur budget) la perte de financement pour les collectivités locales de la suppression de la taxe professionnelle.

Cet aspect fiscal et financier mérite d'être potassé.

Voilà qui va intéresser Quitterie.

28/02/2009

Bayrou : "Quitterie a fait un choix respectable".

Bayrou, lors de l'émission "Parlons Net", sur Internet, s'est expimé sur le départ de Quitterie : "Je lui avais proposé une tête de liste pour les Européennes qui lui assurait pratiquement d'être élue... Elle a choisi une forme de militantisme autre que politique, c'est un choix respectable. Je n'ai pas de doute que nous nous retrouverons".

Il y a donc une prise de position quasi-solennelle des dirigeants du MoDem sur cette question, qui tranche avec leur silence sur les accusations odieuses entendues auparavant et dont il faudra bien avoir raison.

EDIT : Il faut remercier Bayrou de cette mise au point, en attendant la suite.

Philosophiquement, on sent bien tout ce qui éloigne Bayrou et Quitterie l'un de l'autre : Bayrou veut DEVENIR. Il veut devenir président. Quitterie veut FAIRE. Elle veut aider les gens écrasés par la crise. La tension, jusqu'ici sous-jacente, entre leurs deux cultures personnelles s'est révélée à l'occasion de la préparation des Européennes et a abouti au choix de Quitterie de s'orienter vers d'autres activités que la politique politicienne.

EDIT : Cela ne veut pas dire qu'ils s'opposent sur l'essentiel, qui serait les idées, mais sur leur conception de la vie et de l'action.

Pour Bayrou, vieil UDF, il est impensable qu'on ne veuille pas DEVENIR députée européenne. Pour Quitterie, une double question se pose : comment FAIRE et pour quoi FAIRE ?

Maintenant, il reste à Quitterie à déterminer ce qu'elle veut faire. Quant à moi, je sais déjà ce qu'elle peut me demander : tout.

17/02/2009

On ne fera pas de campagne en 2012.

Il faut être cohérent : ce que j'écrivais hier signifie clairement que je ne ferai pas de campagne présidentielle en 2012.

J'ai fait quatre campagnes présidentielles.

Pour la première, en 1988, j'ai été très actif lors de la précampagne, d'abord dans l'équipe qui, au printemps 1986, en trois semaines, a rempli un train de mille jeunes pour mener Barre s'incliner sur la tombe de Robert Schuman dont on célébrait le centenaire de la naissance, près de Metz, et lui faire rencontrer Helmut Kohl venu spécialement. Puis comme délégué national des jeunes du CDS (les JDS), j'ai organisé notamment dans l'été 1987 l'Université d'Été où Barre est venu déclarer sa candidature : "J'aurai besoin de vous", avait-il lancé devant les 1500 convives du déjeuner de clôture, majoritairement des jeunes. J'ai fait la sortie de la gare Saint-Lazare à huit heures du matin, les dîners-débats onéreux et barbants, les relances téléphoniques, les autocollants sur les parcmètres, les parebrisages à une heure du matin... Les collages d'affiches poursuivis par les gros bras qui collaient à la fois pour Chirac et pour Le Pen et qui frappaient le capot de notre voiture avec un marteau.

Pour la deuxième, en 1995, je n'ai fait que du terrain, de novembre 1994 à mai 1995, pendant six mois, une station de métro à huit heures du matin, un marché de dix heures à midi, une autre station de métro de cinq à sept. Tous les jours, sans aucune exception, pendant six mois, sauf les vacances de Noël. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, quels que soient les quolibets au départ et la cruauté de la température. C'était pour Chirac. Cette fois-là, j'ai gagné. J'ai même, dans la foulée, été élu adjoint au maire du XVIe arrrondissement de Paris comme je l'ai expliqué plusieurs fois.

Pour la troisième, en 2002, j'ai fait ce que j'ai pu, un peu au siège, beaucoup sur le terrain, des marchés, des stations de métro, des gens, toujours des gens qui nous regardaient en demandant parfois qui était François Bayrou, ou qui levaient les yeux au ciel. Et je me souviens de la soirée des résultats du premier tour, à une heure du matin, il ne restait presque plus personne, on avait mis de la musique dans la salle du bas du bâtiment qui est (rue de l'Université) devant le siège, qui venait d'être acheté. Nous étions encore une quinzaine, dont deux vieilles dames de mon arrondissement, rescapées du Centre Démocrate des années 1960, qui entraînaient un Bayrou très gêné dans un rock totalement ridicule et burlesque, cruellement burlesque.

Pour la quatrième, en 2007, avec Quitterie Delmas, pour Bayrou encore, on a occupé la Toile, elle surtout, moi comme j'ai pu. On a tout donné, des journées jusqu'à des heures impossibles, elle a tant sacrifié d'instants personnels. Et pour quel résultat ? Pour quel effet sur les gens dont la vie est difficile ? Pour quelle amélioration pour la planète qui crève ?

Quel temps perdu...

Quel temps gâché...

C'est décidé, la prochaine fois, on ne fera pas de campagne, on a mieux à faire.

06/01/2009

Amendements : à quand un vrai travail parlementaire ?

La droite est très mal placée pour dénoncer l'obstruction parlementaire pratiquée par la gauche. Pourquoi ? pour deux raisons. La première, c'est qu'en 1981, 1982, 1983, lors des grandes réformes de la gauche arrivée au pouvoir en 1981, la droite l'a fait, les milliers d'amendements ont été soutenus, à l'époque, dans des séances de nuit homérique, par les Madelin, Longuet et consorts. Et s'ils l'ont fait, à l'époque, c'est pour la deuxième raison qui fait que la droite est mal placée : c'est parce que c'est la seule liberté laissée au parlement. Etant donné qu'une vraie licence laissée à la conscience personnelle des députés s'oppose au principe majoritaire, il ne reste que des logiques de bloc et, donc, pour celui qui a perdu d'avance (selon l'expression d'un PS en 1981 "vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires), la seule victoire est de gagner des secondes, des minutes, parfois des jours, pour retarder un texte, sur le fond duquel elle n'a aucune prise, quelles que soient les belles paroles sur le partage du fardeau législatif proférées par Sarkozy peu après son élection. Tout cela était un évident mensonge, car c'est la moëlle épinière des institutions qu'il faudrait changer au lieu des présidences de commissions et des débauchages ministériel.

Et cette moëlle épinière, nécessaire à l'invention d'un vrai travail législatif, les deux composantes en ont été discernées, l'une, la proportionnelle, par Bayrou, l'autre, le cumul des mandats, par Quitterie Delmas.

09/12/2008

Série de portraits avant de partir.

Puisque je vais partir vendredi, sans retour en fait (la politique ne m'intéresse pas et la raison que j'avais d'y agir n'existe pas), je vais dire quelques petites choses que je sais ou que j'ai analysées sur différentes personnes et différentes circonstances passées, revenir un peu sur diverses questions d'argent et de financement, exprimer mon opinion sur certaines personnes, le tout, donc, d'ici vendredi.

Je n'ai pas de raison de me taire, puisque je ne suis plus tenu par l'affection que j'ai pour Quitterie.

Il y aura quelques histoires du CDS, de l'UDF, de Bayrou, de Sarnez, d'Éric Azière, des histoires de rémunérations sans cause, et puis mon opinion sur Sarnez, sur Bayrou et enfin sur Quitterie.

07/12/2008

C'était pourtant évident.

Lorsque Bayrou a déclaré "J'ai commencé ministre, je finis révolutionnaire", il a tout expliqué : les mouvements révolutionnaires ne sont pas démocratiques, ce sont des organisations de type militaire. De là son expression d'un "commando".

Il fallait y penser.

Le Mouvement Démocrate est en fait une organisation révolutionnaire et ceux qui croient que c'est encore un parti centriste se trompent, de même que ceux qui y sont venus sur le thème bayrouiste de la "réconciliation nationale", et même ceux qui se disent tout simplement "démocrates".

Bon sang, mais c'est bien sûr...

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