Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/05/2015

Bienvenue au nouveau nom de l'UMP et à ses tôles à venir

Aujourd'hui, l'Union pour un Mouvement Populaire change de nom, contre l'avis de l'opinion publique.

Sans remonter très loin, examinons les changements de nom des partis politiques sous la Ve république : L'UNR, parti présidentiel, devient l'UDR avant les législatives de 1967. Elle se prend une tôle. La SFIO devient le PS en 1971 et se prend une tôle aux législatives suivantes en 1973 et à la présidentielle de 1974. Le Centre Démocrate et le Parti Radical adoptent l'étiquette des Réformateurs en 1971 et se prennent aussi une tôle en 1973. Les divers partis giscardiens changent de nom en 1976-77 et forment finalement l'UDF après les législatives de 1978. Ils se prennent une tôle à la présidentielle de 1981 et aux législatives qui suivent. L'UDR devient le RPR en 1976 et se prend des tôles à toutes les élections suivantes. Le RPR, enfin vainqueur, s'empresse de se transformer en UMP sous l'égide de Juppé, et manque de se prendre une tôle à la présidentielle suivante, miraculeusement sauvé par Le Pen et par Chevènement. L'UDF change de nom en 2007 en se prend une série mémorable de tôles. L'UMP, après avoir été enfin une fois victorieuse, s'empresse de changer de nom et...

Bienvenue donc au nouveau nom de l'UMP et aux tôles à venir.

Akashi_Gidayu_writing_his_death_poem_before_committing_Seppuku.jpg

 

11:57 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ump, udf, ps, sfio, histoire, udr, unr, juppé, rpr | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/04/2015

Jean Germain : la dépression d'un battu

La mort soudaine du sénateur et ex-maire de Tours, Jean Germain, retrouvé mort près de chez lui avec une lettre d'adieu, rappelle que la vie politique n'est pas une activité comme les autres. Germain avait été battu voici tout juste un an aux élections municipales à la suite des révélations de l'affaire dite des "mariages chinois". Ce peut être une occasion de relire le billet de l'Hérétique sur l'affaire du député Demange en 2008, qui a quelques points communs inattendus avec celle du sénateur Germain, même si ce dernier n'est jamais tombé au degré d'infamie du premier.

Moi qui n'ai jamais été ni maire, ni député, je peux témoigner de l'intense cruauté qui s'attache à la sortie non souhaitée d'un mandat politique qui occupe toute votre vie. Lorsque j'ai terminé mon mandat d'adjoint au maire du XVIe arrondissement de Paris, en 2001, n'ayant pas été réinvesti par mon parti, l'UDF, et subissant l'attaque locale du député Goasguen, je suis entré dans un véritable trou noir. Les dernières semaines avant le vote avaient été sauvages. La meute des jaloux qui souhaitaient mon poste dans mon parti hurlait partout "sortez les sortants", ce que je vivais comme une injustice, ayant choisi de rester dans l'UDF alors que tous les autres élus de cette famille politique dans cet arrondissement avaient opté pour le parti de Madelin, Démocratie Libérale. Il me semblait que l'on reconnaissait mal la fidélité, sans parler de la qualité de mon travail d'élu, qui n'a jamais reçu aucune critique, sauf l'incident du mariage d'Emmanuel Petit dont j'ai parlé ailleurs, et qui ne concernait que le microcosme de la mairie.

Lorsque l'on cesse ses fonctions sans l'avoir souhaité, on porte en soi un vide immense. Un deuil. Personne ne vous téléphone. Personne n'exprime la moindre compassion. C'est le noir le plus total.

Encore n'ai-je exercé ces fonctions que pendant six ans. Et finalement, je suis heureux d'avoir opté pour un autre chemin, fermement assis sur la résolution de n'être plus jamais candidat à une élection politique.

Dans le cas du sénateur Germain, cette sidérante viduité s'est accompagnée d'une autre sidération : celle de se voir accusé dans l'affaire dite des "mariages chinois". Il s'agissait de mariages fictifs organisés par un tour-opérateur chinois, avec la coopération d'une société française dirigée par une adjointe de Germain. Le mélange des genres entre public et commercial était total, peut-être bénéficiait-il à la ville de Tours, cela n'est pas certain, mais on comprend que la justice ait mis son nez dans l'affaire.o-JEAN-GERMAIN-facebook.jpg

À la foudre de la perte de la mairie s'est donc ajoutée celle de cette accusation dont il a senti le poids et la crédibilité. Je ne peux pas me prononcer sur l'éventualité de la condamnation de Germain. Il est innocent pour toujours, puisqu'il n'a jamais été condamné. Il a payé cher cette innocence perpétuelle. S'il y a une mafia chinoise à l'autre bout de la chaîne, on peut d'ailleurs s'interroger sur la réalité du suicide, mais c'est une autre histoire, car la réalité de la dépression était lisible sur les traits du sénateur Germain depuis sa chute municipale dans les rares interviews télévisées disponibles.

Que les partis politiques, ces meutes en quête de charogne, daignent un jour se regarder dans un miroir. Qu'une main se tende vers un battu, qu'il y ait toujours un vrai ami pour ceux qu'emporte une perdition intérieure, et ils auront retrouvé un peu de la dignité qui leur manque si fort, et ils auront recouvré un peu du droit de recevoir le suffrage du peuple.

28/09/2009

La mort hier de Pierre-Christian Taittinger.

Il y a des gens qui vivent la retraite comme une déchéance. En politique, pour les professionnels de la chose, la perte du dernier mandat est parfois suivie de près par la mort, comme si les obligations protocolaires leur servaient de colonne vertébrale, un squelette externe, ce qu'est la carapace pour les crustacés, et en particulier les crabes.

Pierre-Christian Taittinger était-il un vieux crabe ? Non, je ne crois pas que ce soit la bonne définition. J'ai été son adjoint pendant six ans, et si je devais faire son portrait au bord de la fosse, je ne le qualifierais pas de vieux crabe. Je crois que le titre que je n'ai pas cessé de lui donner de son vivant, "M. le maire", était celui qui lui convenait le mieux. Taittinger était né pour être maire, et peu importe, ici, le point de vue de ceux desquels il a usurpé la fonction de maire, car il faut voir le sujet en soi : Taittinger était un maire-né.

Devenir maire du XVIe

Maire du XVIe : il y était né à la maison (ça se faisait encore à cette époque-là), rue Chardon-Lagache, dans le sud de l'arrondissement, non loin de l'Institution Sainte-Perrine.

Fils de maire, frère de maire : son père, Pierre Taittinger, fut plusieurs fois président du conseil municipal de Paris lorsqu'il n'y avait pas encore de maire ; son frère, Jean Taittinger, fut député-maire de Reims.

Né à une mauvaise époque : en février 1926. Son père fut président du conseil de Paris pendant l'Occupation, et il me semble que c'est lui qui, en 1943, accueillit Hitler à Paris. On disait d'ailleurs que, dans cette jeunesse, Pierre-Christian Taittinger, obéissant sans doute à son père, avait signé des papiers dans des publications dont il aurait mieux fait de s'abstenir. Mais ensuite, il avait toujours cultivé publiquement les liens avec des organismes identitaires juifs, et avec des juifs personnellement.

Fils de son père, d'une intelligence précoce et d'une grande éloquence, il avait créé son premier club politique au début des années 1950 et s'était fait élire pour la première fois au conseil de Paris en 1953. Il n'avait plus cessé d'y siéger, sauf de 1971 à 1977, j'y reviendrai.

Je crois qu'en ce temps-là, il était inscrit au CNI, le parti de Pinay (et celui des collabo, Pinay ayant voté la confiance à Pétain en 1940), le parti de la vraie droite, le parti dans lequel furent élus pour la première fois députés, en 1956, Le Pen et Giscard. Le CNI, comme le MRP, éclata sous la pression du début de la Ve république : Le Pen s'en éloigna, Giscard fit scission (les Républicains indépendants), et Taittinger ... s'encarta au parti présidentiel, l'UDR. Pour ne pas perdre la main, il resta dans le parti du président lorsqu'on changea de président et de parti présidentiel, il devint alors UDF.

Il faut dire qu'en 1971, il figurait dans la liste municipale UDR du XVIe arrondissement qui fut battue par celle des Réformateurs (radicaux et démocrates), et qu'il subit sa première petite traversée du désert. Il se racheta ensuite en rejoignant les Républicains Indépendants de Giscard (qui est son exact contemporain), puis le Parti Républicain.

Lorsqu'il fallut un candidat giscardien pour tenter de prendre la mairie de Paris au RPR, le parti alors tout neuf de Chirac, en 1977, deux candidats étaient sur les rangs : Michel d'Ornano (l'homme des réseaux pour Giscard) et Pierre-Christian Taittinger, qui avait déjà été en quelque sorte maire de Paris, car président du conseil municipal au milieu des années 1960. Paris votait majoritairement gaulliste, les centristes de Lecanuet tenaient  le XVIe arrondissement, la bataille s'annonçait difficile, Giscard fit probablement le mauvais choix en préférant la fidélité à la spécialité : il opta pour d'Ornano, qui s'étala. La coalition giscardienne n'emporta, si ma mémoire est bonne, que trois arrondissements : le XIIe, le XVIe et le XXe, deux centristes et un radical à la manoeuvre dans l'élan du scrutin précédent.

Pour Taittinger, ce fut quand même le retour au conseil de Paris, c'était déjà ça. C'est l'époque aussi où il fut secrétaire d'État du gouvernement Barre, avant de retourner au Sénat où il avait commencé à siéger dès les années 1960. Au Sénat, il honorait Monnerville. C'est assez curieux, celui-ci n'ayant a priori aucun lien idéologique avec lui, mais c'est un fait, Taittinger révérait la mémoire de Gaston Monnerville, qui avait présidé le Sénat juste avant Alain Poher.

Pendant toute cette époque, Pierre-Christian Taittinger menait aussi ses affaires dans une branche du groupe Taittinger. Il me semble qu'ils étaient cinq frères, chacun ayant sa branche. Pour lui, c'était l'hôtellerie en particulier. Il fut l'un des artisans de la construction de la douteuse tour de la porte Maillot avec la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris (CCIP) dont il était alors l'un des poids-lourds. L'hôtel Concorde-Lafayette, dans cette tour, faisait partie de son groupe hôtelier, comme d'ailleurs le Lutétia (de mémoire à vrai dire ambiguë concernant l'Occupation) et quelques autres fleurons parisiens.

Il se maria tard et n'eut qu'une fille, Anne-Claire, qui reprit progressivement ses affaires après avoir fait ses classes à divers étages du groupe familial.

Un orateur brillant

La première fois que j'ai rencontré Pierre-Christian Taittinger, c'était en 1987, lors de la campagne présidentielle de Raymond Barre. Dès potron-minet (vers sept heures du matin), nous étions avec d'autres jeunes militants (parmi lesquels Pierre Gaboriau, élu depuis du XVIe et suppléant du député Bernard Debré) à la gare Saint-Lazare, et vîmes venir le sénateur Taittinger, guilleret comme toujours, plein d'humour et de délicatesse, qui se mit à distribuer des tracts avec nous.

Moins de deux ans plus tard, il prenait la mairie du XVIe au sortant, le démocrate Georges Mesmin. Je crois avoir déjà raconté l'affaire, disons simplement que Chirac avait devancé Barre lors de la présidentielle de 1988 dans le XVIe arrondisement et que, l'année suivante, il avait jugé utile que ce fait se traduisît dans la coloration politique de la municipalité d'arrondissement. Dans le même temps, le député UDF (PR) du XVIe nord, Gilbert Gantier, exprimait publiquement son agacement d'être tenu à l'écart de la mairie où régnait l'autre député UDF (CDS) qui était maire, et finalement, le coup fut bien monté, avec la complicité de certains adjoints de la municipalité sortante, que Mesmin n'avait pas jugés utiles pour la nouvelle : durant la campagne, Mesmin conduisait la liste et tout était fait pour accréditer l'idée qu'il serait reconduit comme maire. Mais lorsque le conseil d'arrondissement se réunit, ce ne fut pas lui qui sortit du chapeau...

Taittinger était enfin devenu maire, à l'âge de 63 ans, il était enfin devenu ce pour quoi il était né.

Un travailleur acharné

Il resta à ce poste durant dix-neuf ans, trois mandats (dont un allongé d'un an), et y déploya ses talents. Il avait conservé la précieuse collaboratrice de son prédécesseur, Évelyne Montastier, qui gérait son cabinet avec beaucoup de méthode et d'efficacité, malgré une rivalité qui ne cessa jamais de croître avec Danièle Giazzi, âme féminine du RPR puis de l'UMP locale sous la férule feutrée de Gérard Leban, puis de Claude Goasguen.

J'ai été son adjoint durant la deuxième de ces trois mandatures. J'en garde un souvenir contrasté. Taittinger était un interlocuteur charmant, joyeux, léger, le verbe brillant, mais ce n'était pas tout. Comme maire, il était parfait, arpentant son territoire à longueur de journée, rentrant à la mairie les poches pleines de petits bouts de papier où étaient notées les innombrables remarques et sollicitations qu'il avait reçues, il se défaussait de tout ça sur Montastier et sur Pierre Bolotte (du moins jusqu'à la retraite de celui-ci en 2001), qui lui servait de bras droit technique pendant que Montastier gérait les interventions et le protocole. Les dossiers mitoyens avec le RPR étaient toujours tranchés en faveur de celui-ci et sortaient du réseau personnel de Taittinger pour celui du premier adjoint.

Du temps où j'étais son adjoint, Taittinger avait une autre vraie adjointe, Anne Béranger, rescapée de l'équipe de Mesmin, qui gérait les animations culturelles qui pullulaient dans les murs de la mairie. Enfin, Pierre Gaboriau veillait à ses relations avec le monde sprotif. J'étais un étranger toléré dans ce petit monde.

Les goûts architecturaux de PCT étaient extrêmement conventionnels et bourgeois, il écartait tout projet d'art trop contemporain qu'on voulait imposer aux rues du XVIe et (c'était son bon côté) veillait à l'aspect extérieur des immeubles dont il signait le permis de construire, de façon à éviter les hideurs des années 1960-70. Le point faible de cette stratégie plutôt bonne était qu'il se contentait de projets médiocres pourvu qu'ils fussent conservateurs, au lieu de laisser un peu de place à la créativité. On ne peut pas toujours avoir toutes les qualités à la fois.

En plus des nombreux mariages qu'il célébrait, il prononçait au moins un vrai et long discours par jour, toujours de mémoire, sans notes, avec cette éloquence réellement prodigieuse qui était son meilleur atout. Il donnait des conférences un peu sur tous les sujets, jamais à court, jamais à plat, cherchant l'idée d'un portrait ou le fin mot d'un parcours. Il conférait pour les associations de ceci ou de cela, devant des vieux ou devant des enfants, toujours debout, les mains en mouvement et l'ironie légère au coin des lèvres.

C'était enfin un sportif, je crois qu'il a joué au tennis jusqu'à la fin. Mais il ne détestait pas le vin produit par sa famille, et il pouvait arriver qu'on lui trouvât l'œil un peu vague après le déjeuner.

J'ai dit comme nous avions eu une seule querelle, à propos du mariage d'Emmanuel Petit, en juillet 2000.

Comme je l'ai déjà raconté, il ne m'annonça jamais explicitement que je ne serais pas reconduit sur sa liste municipale en 2001 : il se contenta d'inviter les sortants sortis (mais qui ne le savaient pas encore) à un déjeuner dans la salle paroissiale de l'église Sainte-Jeanne de Chantal, à la porte de Saint-Cloud, et leur offrit une ciguë soigneusement masquée par du château Cheval Blanc 1955.

Il avait cette fausseté-là, qu'il rachetait à ses propres yeux par ce surcroît de délicatesse.

J'ignore comment il a tiré son épingle (et celle de sa fille) du jeu de la vente du groupe Taittinger, il y a quelques années, mais sa position personnelle en fut certainement affaiblie à la CCIP. De même, il vit avec impuissance Lagardère s'emparer du Racing Club de France contre son allié Xavier de La Courtie et on sentit que ses réseaux commençaient à flancher, cependant que la situation devenait franchement délétère dans les couloirs de la mairie du XVIe. Il conservait cependant la présidence du prestigieux cercle Interallié, qu'il avait prise après celle du Polo en 1999 (ce sont des cercles parisiens très huppés). Comme président du Polo, il avait d'ailleurs rencontré les intérêts équestres de Bayrou.

Il se battit activement contre les projets de bétonnage des stades Georges Hébert et Jean Bouin, dont j'ai déjà parlé.

Le rideau final

Enfin, en mars 2008, il connut un certain verset fameux de la bible : "celui qui a vécu par le glaive périra par le glaive" : on lui fit le même coup que celui qu'il avait fait, dix-neuf ans plus tôt, à Georges Mesmin. C'est la dernière fois que je l'ai vu vivant.

Pierre Auriacombe, un proche de Goasguen, m'accosta comme j'arrivais à la salle des fêtes de la mairie où allait se dérouler la séance solennelle de l'élection du bureau municipal. Auriacombe m'expliqua que la réunion du groupe UMP venait de se terminer, et que Taittinger, fin malgré son âge, avait très vite compris ce qui lui arrivait. Le prétexte de sa mise à l'écart avait été la participation extrêment faible aux élections municipales (40 %).

Comme maire sortant ou comme doyen d'âge, il présida cette dernière séance solennelle un court moment, le temps d'exprimer sa contrariété qui était très vive. Puis il ressembla à Giscard en se levant et en s'éloignant en silence.

Il était resté conseiller de Paris jusqu'au bout.

13:47 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, udf, paris 16e, taittinger, reims | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/04/2009

Monory est mort.

René Monory est mort. Je renvoie à ce que j'ai écrit en août dernier, lorsqu'il était dans un état critique. Une très forte personnalité.

EDIT : j'ajoute que c'est avec Monory que j'ai eu ma première expérience d'Internet. Si ma mémoire est bonne, ce devait être à l'Université d'Été de La Baule en 1995. Le dircab de Monory, Jean-Dominique Giuliani, avait organisé un atelier où l'on pouvait dialoguer en direct, par visioconférence sur Internet, avec le président du Sénat Monory. La vidéo en direct était saccadée, la voix métallique, ce devait ressembler aux premiers essais du téléphone lors de l'expo universelle de 1889... J'ai été l'un des deux ou trois privilégiés de cet atelier à parler avec Monory, modestement d'ailleurs.

05/02/2009

Le même abandon.

Avec la parodie de consultation des adhérents actuellement en cours, on assiste en direct à la mort de ce qui a prétendu être le pilier du Mouvement Démocrate : des adhérents actifs. La passivité avec laquelle est accueilli le profond mépris exprimé à l'encontre des adhérents par la diffusion à l'AFP de la liste des noms proposés pour les investitures, avant même que les adhérents n'en soient eux-mêmes informés, cette passivité, donc, est le signe d'une résignation qui a déjà nourri le dépérissement de l'UDF sous la présidence de Bayrou.

Bayrou n'aime pas les structures et il méprise le militantisme, ça se voit, ça s'est vu et c'est la raison pour laquelle le vivier humain de l'UDF s'est tari, obligeant à recourir à l'artifice du MoDem, qui n'a qu'un rapport lointain avec l'audace tactique suggérée pendant la campagne présidentielle par les stratèges d'Internet, qui consistait à renoncer à la présidence de l'UDF et faire sa campagne à côté.

Le MoDem, en définitive, n'est qu'un filet jeté dans la mer des générations nouvelles pour pêcher des adhérents qui remplacent ceux qui ont fui la défunte UDF.

Et, une fois pêchés, ces poissons, il faut les sélectionner. C'est à cette tâche que servent les manoeuvres rebutantes que nous voyons.

Les procédures démocratiques de désignation des candidatures ont été mises en place alors qu'étaient encore nombreux ceux qui espéraient que le MoDem serait l'élan qu'il avait promis d'être.

Quitterie m'a dit après Seignosses l'immensité des attentes que les gens avaient, la bonne volonté qu'ils offraient, le désir d'action qui les animait. hélas, tout cela a été balayé par la décision de Bayrou qui est venu nous dire, au café démocrate de Quitterie, mi-novembre 2007, que, de son point de vue, le MoDem était la même chose que l'UDF.

Eh bien c'est vrai : c'est la même chose, la même désillusion, la même machine inutile, la même usine à broyer du militant, un néant, quoi, un néant néfaste qui a pour unique mérite de persister dans un programme qui est le moins mauvais de tous, mais dont on doute qu'elle ait la volonté réelle de l'appliquer.

C'est sur ce constat d'inutilité de l'UDF que je m'en étais d'ailleurs éloigné, en 2001, après y avoir consacré toutes mes forces pendant vingt ans.

Quatre ans plus tard, tout a changé, j'ai su qu'un espoir existait, que la politique n'était pas inexorablement tueuse, ni perfide, ni nauséabonde, mais qu'on pouvait y être fort et utile, et vrai, y réussir, et j'ai su tout cela parce qu'est apparue une personne qui incarnait tout cela : Quitterie.

Et aujourd'hui, si je reste, si je poursuis mes commentaires sur ce blog, si je crois qu'on peut agir, c'est toujours grâce à elle, grâce à Quitterie.

20/12/2008

Le siège du Mouvement Démcrate a été perquisitionné.

En fait, à l'époque de la perquisiton, le MoDem n'existait pas encore. C'était Force Démocrate (FD). Santini, son ex-PSD et un certain élu FD (ex-PSD) du XIIIe arrondissement nommé Patrick Trémège, étaient supposés avoir un rapport avec une obscure affaire de filière d'immigration clandestine de Comoriens. Je pense que c'était en 1996 ou 1997.

La perquise n'a rien trouvé et d'ailleurs on n'a plus guère entendu parler de ces Comoriens.

L'autre intrusion désagréable de la rue de l'Université, vers la même époque, ce furent des bergers basques qui promenèrent leurs moutons jusque dans les étages...

09/12/2008

Série de portraits avant de partir.

Puisque je vais partir vendredi, sans retour en fait (la politique ne m'intéresse pas et la raison que j'avais d'y agir n'existe pas), je vais dire quelques petites choses que je sais ou que j'ai analysées sur différentes personnes et différentes circonstances passées, revenir un peu sur diverses questions d'argent et de financement, exprimer mon opinion sur certaines personnes, le tout, donc, d'ici vendredi.

Je n'ai pas de raison de me taire, puisque je ne suis plus tenu par l'affection que j'ai pour Quitterie.

Il y aura quelques histoires du CDS, de l'UDF, de Bayrou, de Sarnez, d'Éric Azière, des histoires de rémunérations sans cause, et puis mon opinion sur Sarnez, sur Bayrou et enfin sur Quitterie.

03/08/2008

René Monory dans un état critique.

René Monory va mal, on lit qu'il a été hospitalisé hier "dans un état critique". Il eut la particularité de devenir ministre de l'Éducation sans avoir même son certificat d'études et s'en vantait un peu. À cette époque-là, il clamait que la vraie influence ne se comptait pas en articles de presse ni en dorures, mais en montant de budget et l'Éducation représentait le premier budget de l'État. À la même époque, l'un de nos amis d'alors, Ghislain Delaroche, qui était aussi président de la Jeune Chambre Économique du département de la Vienne, m'expliquait que lorsqu'il allait voir son président de département au sujet d'un projet qui coûtait 200 000 Francs de l'époque, Monory ne l'écoutait pas, tandis que si le projet s'élevait à 50 millions, le vieux sénateur s'installait et s'y intéressait longuement. Ainsi a été Monory durant sa longue carrière politique, ce qui lui a permis de parrainer des projets qui devinrent des succès étonnants.
 
On sait qu'il était fils de garagiste, garagiste lui-même, mécanicien des années 1940, formé dès l'avant-guerre et installé dans l'après-guerre. Son parrain en politique fut Pierre Abelin, le plus fidèle conseiller et soutien de Jean Lecanuet. C'est pourquoi, lorsqu'Abelin père mourut, Monory fut toujours si attentif à protéger Jean-Pierre Abelin, fils de Pierre, qui fut mon président des jeunes du CDS juste avant Éric Azière et qui est aujourd'hui encore député de la Vienne, siège qu'il a obtenu pour la première fois en 1978, à l'âge de 27 ans.
 
Proche d'Abelin, Monory adhéra successivement au Centre Démocrate, au CDS et encore à Force Démocrate. Mais il quitta le bateau bayrouiste peu après avoir renoncé à la présidence du Sénat, atteint par la maladie.
 
Amateur de projets novateurs, il s'illustra par une trouvaille lorsqu'il était ministre de l'Économie (sans les Finances conservées par le Premier Ministre Raymond Barre), à la fin des années 1970. Cette trouvaille, ce fut les SICAV, une formule qui permettait de mutualiser les investissements et de créer des fonds d'intervention économique et d'investissement, un véritable succès dans les années 1980, jusqu'à ce que l'invention diabolique des "SICAV monétaires" ruinât l'État et ternît l'image de l'ensemble des SICAV, qui ont survécu plus discrètement avec les Fonds Communs de Placement.
 
Comme président du département de la Vienne, il lança le "Futuroscope", un parc d'attraction voué aux technologies futuristes, qui connut un très vif succès dans les années 1990. À cette époque-là, il y eut une "université de printemps" des jeunes du CDS au Futuroscope, et Monory, devenu en 1992 président du Sénat, ne manquait jamais une occasion d'affréter un hélicoptère qui, de Paris, conduisait ses visiteurs (étrangers, élus locaux), ses journalistes, bref, les gens utiles, découvrir le parc du futur.
 
Hélas, cet homme bien portant, solide comme le Pont Neuf, tomba malade peu de temps après avoir accédé à la présidence de la Haute Assemblée : on vit son cou bourgeonner de curieux furoncles, un de ses yeux ne fonctionna plus, son visage se boursoufla, il sembla très vieux et affaibli. Il n'avait que 75 ans lorsque l'évidence apparut qu'il ne pourrait demeurer président du Sénat, on n'allait pas voir une seconde fois un président quasi-grabataire comme dans les dernières années d'Alain Poher. Monory se retira. Avant de partir, il multiplia les invitations dans les salons de la présidence, notamment en direction des anciens du MRP, comme un adieu, la fin d'une époque, car il devenait évident que la famille centriste perdrait la présidence et qu'une nouvelle époque allait commencer.
 
Cette nouvelle époque, nous la connaissons : c'est celle de Bayrou.

09:13 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : politique, sénat, cds, udf, centre démocrate, sicav | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

27/05/2008

Cumul des mandats : qu'il est loin, le temps de la vertu.

Dans les années 1980, un grand élu UDF type était à la fois président de sa région, de son département, de sa communauté urbaine, maire de sa ville, sénateur, président de commission du sénat, sans compter diverses fonctions annexes.
 
Grâce à ce cumul, on disait que Michel Elbel, qui n'était "que" questeur du conseil régional, conseiller de Paris, membre de la CNIL, représentant de la Ville de Paris dans divers conseils d'administration de sociétés d'économie mixte de la Ville (par exemple, ce pouvait être celle qui gère la Tour Eiffel, ou bien des sociétés d'HLM), touchait, au pinacle de sa carrière, 300 000 Francs mensuels de l'époque de jetons de présence et indemnités diverses, soit certainement 100 000 Euros d'aujourd'hui.
 
Bien entendu, le phénomène, très présent à l'UDF qui trustait les responsabilités locales, ne l'était pas moins, en proportion, dans les autres grandes familles politiques.
 
Avec la mise en application des lois de décentralisation, cette habitude fut de plus en plus contestée : on voyait bien qu'il était impossible de gérer réellement, soi-même, toutes ces missions publiques. Il y avait soit délégation à des sous-fifres, soit négligence. Diverses affaires de conséquences prouvèrent que cette situation ne pouvait durer.
 
On commença donc à légiférer contre le cumul des mandats.
 
On interdit le cumul de la fonction parlementaire avec celle de la gestion d'une grande collectivité. Mais les sénateurs-présidents de conseils généraux râlèrent : ils étaient bien élus pour représenter les collectivités locales, leur limiter un mandat local était absurde.
 
Et depuis toujours, on bloque sur cette résistance des sénateurs au recul du cumul.
 
Les chantres du non-cumul, tel Arnaud Montebourg, ont basculé dans le camp du cumul aux dernières échéances.
 
L'argument était que ne pas cumuler devenait un handicap concurrentiel et que c'était la loi pour tous qu'il fallait changer.
 
Eh bien, nous y sommes : c'est le moment, au milieu de la réforme constitutionnelle, de se prononcer pour l'abolition pure et simple du cumul des mandats. 

17/04/2008

Quitterie Delmas : café démocrate sur France 2.

Le dernier café démocrate de Quitterie Delmas avant la première réunion du conseil national du Mouvement Démocrate a pris un tour presque dramatique, parce qu'il se déroulait en même temps que le bureau (le "comité exécutoire", a dit Quitterie) de l'UDF morte-vivante qui devait trancher sur la propriété du siège que le MoDem hérite de l'UDF. Quand il a commencé, on n'avait pas encore le résultat du vote de ce comité. Et le matin même, Quitterie avait reçu un coup de fil d'une équipe de France 2 qui voulait venir au café démocrate enregristrer les états d'âme des militants du MoDem.
 
Quoiqu'on ait voulu faire, il est évident que la présence de la caméra a influé sur le discours des présents. Nous avons tous été un peu plus positifs que d'habitude et ce n'était pas si bête - ni d'ailleurs si désagréable.
 
C'est vrai, quand le micro de la télé s'est éloigné des amplis, nous sommes redevenus un peu plus offensifs, un peu plus libres.
 
En tout, il y a eu un peu plus d'une centaine de militants et blogueurs, un peu plus que la dernière fois. Michel Hinard était là malgré ses doutes et ses écrasantes irresponsabilités au PaRaDem. Clément Le Ricousse a longuement répondu aux journalistes. Nadia Falfoul, très concentrée sur son CAPA, était tout de même moins tendue que pendant la période de campagne. Karima Bouache a parlé avec sa ferveur et son éloquence coutumières.
 
J'ai témoigné comme historique de l'UDF (mais non comme le doyen d'ancienneté, car l'un de nous est membre fondateur de feue l'UDF à travers le parti radical), expliquant que la France a changé et que nous traversons une véritable césure culturelle, plus forte qu'un simple effet de génération, et que le MoDem témoigne de ce changement, cependant que certains de nos leaders et militants ne l'ont pas encore intégré.
 
D'autres se sont exprimés comme adhérents nouveaux de sensibilité écologiste ou se sentant de gauche, l'un comme ex-adhérent du Parti Radical de Gauche, Nicole Rivoire comme ex-adhérente du Parti Socialiste, d'autres pour parler seulement de ce MoDem qui naît.
 
Au fond, la confiance dans le projet est intacte. Reste le désir d'une démocratie plus opérationnelle, d'une collégialité plus collaborative.
 
Quitterie a émis l'idée qu'au lieu d'instances généralistes encroûtées, nous nous dotions de comités adhoc, désignés pour un temps et adoptant une géométrie variable. Idée très novatrice qui évite le syndrôme de l'assoupissement.
 
Au milieu d'une phrase, elle a indiqué que le vote du comité exécutoire était sans appel : 19 voix pour que le MoDem conserve le siège de l'UDF, 6 voix contre. La question est tranchée. Forts applaudissements.
 
Un peu plus tard, Domitille Marbeau est arrivée en groupe et a expliqué son retard : le MoDem des Hauts-de-Seine, dont elle fait partie, se réunissait au siège, justement. Et, en y arrivant, les militants avaient été littéralement agrippés par des barbelés de micros et de caméras, et des journalistes qui leur demandaient pourquoi ils venaient là alors que leur parti était mort et qu'il était en train de perdre son siège. Elle en était encore étonnée.
 
La discussion s'est poursuivie, assez nourrie. Vers la fin, on a senti poindre les frustrations particulières des adhérents du MoDem parisien, qui ont ramené l'idée de la future candidature de Quitterie à la présidence du MoDem parisien.
 
Puis comme d'habitude, on a fini par des conversations dispersées et chaleureuses, au milieu desquelles Quitterie a hélas annoncé qu'elle s'absente pour deux semaines. Elle nous manque déjà. 
 
 

15/04/2008

L'AFP enquête sur le patrimoine du MoDem.

Rentrant de Bretagne, j'ai trouvé un message sur mon téléphone fixe :
 
- Bonjour, je suis Laurent Barthélémy, journaliste à l'AFP. J'ai lu les informations que vous avez données sur votre blog à propos du siège du MoDem. Auriez-vous l'amabilité de me rappeler ?
 
Il ajoutait son numéro de téléphone portable (j'évite de l'indiquer ici, évidemment).
 
À peine installé devant mon ordinateur pour faire le tour de mon internet familier après douze jours bretons, le téléphone sonna.
 
- Bonjour, je suis Laurent Barthélémy. (...) Avez-vous quelque chose à ajouter à ce que vous avez écrit sur votre blog ?
 
Je ne me rappelais plus le détail de ce que j'avais écrit, je l'avoue et je l'avouai. Il cita :
 
- Les anciens du MRP, les amis de Jean Lecanuet, le CDS... L'achat du 133 bis rue de l'Université.
 
- Ah, si : concernant les Amis de Jean Lecanuet (en d'autres termes Yves Pozzo di Borgo), on m'a dit qu'ils avaient vendu leur part du siège (ils avaient deux pièces) il y a un an ou deux.
 
Je précisai que les informations dont je disposais méritaient actualisation.
 
- Cette actualisation, je l'ai, se réjouit-il.
 
Il me lut alors les statuts de la SCI du 133 bis rue de l'Université, qui permettent de préciser comment s'est faite l'articulation juridique à partir de Force Démocrate vers l'UDF en 1998. Il s'agissait d'une dévolution pure et simple.
 
Je précisai que selon les informations que j'avais eues à l'époque, l'amicale des anciens du MRP avait assumé une très grosse part du financement de l'acquisition de l'immeuble, bien plus importante que ne le laissent supposer les deux pièces (ou trois, en comptant le bureau d'Henri Catherin) du rez-de-chaussée.
 
Il ne comprenait pas bien le statut de France Forum. Je lui expliquai cette revue fondée au temps du MRP par le philosophe Étienne Borne (je mentionnai Claude Imbert, fondateur du "Point" qui m'a confié un jour avec émotion qu'il avait été l'élève de Borne) et Henri Bourbon. J'ajoutai que Jean-Marie-Daillet se serait volontiers investi dans cette revue.
 
Le journaliste Barthélémy m'interrogea alors sur la personnalité de Jean-Marie Daillet, actuel président de l'amicale des anciens du MRP. Je décrivis un ancien député (élu sur une ligne d'indépendance en 1973 et constamment réélu pendant vingt ans) passionné de relations internationales, ayant fort désapprouvé la ligne politique donnée au CDS d'alors par Pierre Méhaignerie, et ayant d'ailleurs fini par accepter la proposition du président Mitterrand d'être désigné comme ambassadeur de France à Sofia, poste où il est resté assez longtemps et où il conserve plus que des contacts.
 
- Si vous voulez lui faire vraiment plaisir, dis-je avec gourmandise, demandez-lui comment il a "monté" la candidature de Leslie Manigat à la présidence d'Haïti vers 1990 (la date exacte m'échappe).
 
Je devinai qu'il souriait au bout du fil, amusé, peut-être intrigué. 
 
Il poursuivit en m'interrogeant sur l'éventualité d'une captation de ce patrimoine de l'UDF.
 
- Chimérique ... répondis-je. Chimérique...
 
Je mis en avant l'écrasante majorité obtenue aux deux congrès de l'UDF (2006 et 2007) pour la ligne indépendante. Et puis l'imbrication avec le MRP, puis, s'il fallait détricoter vraiment l'affaire, l'inconvénient de remonter jusqu'à 1988-89, date de l'acquisition de ces locaux, car on parlait beaucoup du pont de l'île de Ré, à cette époque. Et je me souvenais parfaitement d'une batterie d'affiches officielles représentant les leaders du CDS d'alors (je citai Méhaignerie et Barrot, oubliant qu'il y en avait une aussi représentant Jean Arthuis... ça m'est revenu depuis) et derrière eux, une façade vitrée qui étincelait dans le soleil, une façade qu'on pouvait reconnaître à merveille car elle n'était autre que ... celle du groupe Bouygues.
 
Bref, il me semblait qu'une plongée dans les archives ne serait pas à l'avantage des adversaires de Bayrou qui, lui, n'avait pas eu d'affiche...
 
- Donc, selon vous, ça fera ...
 
- Pschitt. 
 
Il me demanda encore si je savais comment joindre Jean-Marie Daillet. J'avouai que je n'avais pas son numéro (je ne l'ai plus vu d'ailleurs depuis la fin de la présidentielle) mais que j'imaginais qu'en laissant un message au siège des anciens du MRP...
 
Il me remercia et me donna rendez-vous à une prochaine fois, d'un ton fort aimable.
 
Voici donc qu'on s'intéresse de près à notre patrimoine.
 
(Au passage, je me demande s'il ne serait pas possible d'effacer une sorte de tache originelle par une collecte qui pourrait être faite au profit d'un organisme environnemental ou social, de façon à dissiper les ombres de conscience).
 
Je signale qu'il y a une discussion sur e-soutiens sur les deux notes que j'ai consacrées au sujet et qu'une autre discussion a commencé

22:24 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : politique, modem, bayrou, udf, afp | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

14/04/2008

Ma première réponse à la question de François Bayrou : Oui et...

J'ai adhéré à une composante de ce qui était alors l'UDF, le 2 octobre 1981. Je pourrais être considéré comme un UDF historique : l'UDF n'avait alors que trois ans et demi à peine (et mois presque dix-sept). J'ai vécu toutes les évolutions du mouvement centriste qui participait à l'UDF, qui finit d'ailleurs par reprendre la coquille UDF vidée de la majorité de ses libéraux en 1998, bref, j'ai tout vécu.
 
Le choix de l'indépendance a été voté à plus de 90% par un congrès extraordinaire de l'UDF début 2006 et je me souviens de l'immense émotion que nous avions tous ce jour-là, je me souviens de Quitterie Delmas, en particulier, au bord des larmes, des larmes de bonheur.
 
Depuis ce temps, autour de François Bayrou, nous n'avons cessé d'affirmer notre indépendance. Notre projet s'est enrichi, puis nous avons construit un nouveau projet en accueillant des figures de sensibilités écologistes en particulier. Nous avons bâti le Mouvement Démocrate.
 
Et c'est en toute connaissance de cause que nous avons décidé, au soir du 30 novembre 2007, que l'étiquette UDF devait s'effacer, que le temps historique de l'UDF s'était achevé et (à l'unanimité) que ceux qui adhéraient alors à l'UDF s'engageaient pour le nouveau projet démocrate. Nul aujourd'hui ne peut remettre en cause ce choix que nous avons fait d'une façon éclairée et en sachant à quoi il nous conduisait.
 
Par conséquent, je répondrai "oui" à François Bayrou s'il nous consulte (comme il l'annonce) sur le principe de l'indépendance.
 
Je souhaite qu'il assortisse sa consultation d'une annonce de décisions de structure. Lesquelles ? Il faut en débattre. C'est sur ce point que j'ajouterai à mon "oui" un "et ..." très clair.
 
J'attends avec impatience le débat qui nous unira autour de Quitterie Delmas mercredi. 

20:09 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, modem, udf, bayrou, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

13/04/2008

Un souvenir (de plus) en passant.

La scène se passe à Perpignan, sur le campus, lors de l'Université d'Été des Jeunes Démocrates, dans l'été 1997. J'étais à l'époque proche de Claude Goasguen en même temps que de Bayrou, et je me trouvais souvent à des conversations qu'ils avaient en marge de l'Université d'Été. J'ai par exemple raconté voici quelques mois la soirée de la mort de la princesse de Galles, fin août, que j'avais passée avec Bayrou, Goasguen (alors tout frais député), Jean-Pierre Frémont (alors très proche de Bayrou, et sa femme travaille toujours pour le groupe UC-UDF au Sénat), Henri Plagnol (passé à l'UMP en 1998 ou en 2002, je ne sais plus) et Hervé Marseille (maire de Meudon passé au Nouveau Centre), les cinq susdits jouant au poker et tentant de m'entraîner dans leur partie, mais je ne joue jamais d'argent...
 
Bref, un peu plus tôt dans l'une des sept journées de l'Université d'Été, Bayrou était venu s'asseoir à la table où Goasguen, quelques-uns de ses proches et moi sirotions des boissons diverses et peu alcoolisées.
 
Bayrou s'installe, chaleureux et, comme Goasguen est un juriste, s'engage une conversation libre sur les réformes institutionnelles. J'imagine que Bayrou méditait déjà sur son programme pour l'élection présidentielle de 2002.
 
Et Bayrou, avec énergie, défend le quinquennat. Goasguen acquiesce prudemment.
 
Mais je dis à Bayrou : si l'on fait le quinquennat et si l'on jumelle les élections présidentielle et législatives, ce sera pour supprimer l'hypothèse de la cohabitation (il faut se rappeler que, moins de six mois plus tôt, Jospin a été élu premier ministre de la troisième cohabitation). Or cela signifie supprimer en fait, sinon en droit, le droit de dissolution et, par contrecoup, la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée, puisque la dissolution est supposée résoudre les conflits entre l'exécutif et le législatif. Du moment qu'on fige le calendrier, on supprime tout instrument qui puisse bouleverser celui-ci.
 
Or cela ne peut qu'aboutir à un régime purement présidentiel qui, en l'abscence d'un contrepouvoir (puisque l'Assemblée Nationale est nécessairement élue sur la même dynamique que le président), est en fait un pouvoir absolu.
 
Pour éviter que le quinquennat n'aboutisse à cette impasse, il faut instaurer la séparation stricte des pouvoirs et restaurer le parlement en le faisant élire à la proportionnelle intégrale. Car un exécutif doté de prérogatives propres (le pouvoir réglementaire autonome, élargi par rapport à ses contours actuels) peut gouverner sans majorité stable, le parlement ayant pour fonction non de le soutenir pour diriger l'État, mais de le contrôler dans l'exercice des responsabilités publiques et de rédiger la loi.
 
Et comme corollaire, il faut un vrai pouvoir judiciaire capable de contrôler l'exécutif dans le cadre du pouvoir réglementaire autonome.
 
Revenir à la théorie de Montesquieu, en quelque sorte.
 
Bayrou, qui n'est pas technicien du droit, n'avait pas intégré l'ensemble de ce que je lui disais ; il y vient peu à peu.
 
Quant à Goasguen, et c'est l'objet de cette note, il vient de déclarer : "Le quinquennat a déséquilibré la Ve République. Il est urgent de réformer les institutions et de rétablir la souveraineté parlementaire". CQFD.
 
Je crois que j'aimerais que ce sujet soit traité lors d'un prochain café démocrate de notre Quitterie Delmas. 

14:52 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, udf, bayrou, goasguen, ump, sarkozy, parlement | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/04/2008

L'organisation centrale de l'UDf, celle du MoDem.

Pour expliquer et décrire la situation actuelle, il me faut une fois de plus en retracer les racines.
 
Lorsque François Bayrou a pris la direction du CDS, en 1994, au congrès de la Porte de Vincennes, à Paris, ce parti possédait déjà le siège de la rue de l'Université. Celui-ci avait été acquis en 1988 ou 1989 avec les fonds, entre autres, de l'amicale des anciens du MRP, de l'association des Amis de Jean Lecanuet, et de la revue France Forum, par la vente du siège prédécent du CDS, boulevard Saint-Germain, et de celui de France Forum, rue Paul-Louis Courier (des locaux où se trouvait aussi le bureau exigu des jeunes, les JDS, mon bureau, snif), le tout dans le VIIe arrondissement de Paris.
 
Le bâtiment de la rue de l'Université est une ancienne imprimerie. On y voyait encore les machines en place, là où se trouve la salle Jean Lecanuet, au début des années 1990. Les étages étaient assez laids, divisés en bureaux séparés par des cloisons de formica et de verre dont il reste quelques exemples dans la maison. Un audit commandé par Bayrou démontra que l'atmosphère extrêmement délétère qui régnait (déjà) dans la maison provenait de l'hypercloisonnement. C'était une tarte à la crème des architectes de bureau à ce moment-là. Quoiqu'il en soit, il fut décidé de supprimer les cloisons du premier étage, qui se trouva séparé en trois espaces seulement : le premier plateau (depuis lors entièrement dévolu à la presse après avoir été en partie occupé par les jeunes, puis par Quitterie et Virginie), le bocal central où sont conservés les fichiers et d'où part le courrier (seule pièce fermée par une porte verrouillée à cet étage) ; le second plateau fut en fait créé car auparavant, dans ce volume, il y avait une ouverture centrale qui communiquait avec la zone des machines et avec le parking des trois ou quatre voitures autorisées. Autour de la trappe, un couloir (une coursive) desservait un certain nombre de bureaux dont, à l'époque de Pierre Méhaignerie, celui d'une curieuse officine de communication et, à l'autre bout, ce lui de la fédération de Paris qui versait un loyer au national. On remembra tout ça pour créer le plateau actuel, qui est très réussi et où siègent une kyrielle de personnes, dont en principe le directeur des services. Je ne cite pas d'autre nom pour éviter de m'énerver.
 
Au deuxième étage sont maintenus les bureaux cloisonnés, plus une salle de réunion.
 
Le tout a été occupé pendant plusieurs mois par les vastes installations informatiques de l'élection présidentielle. C'est tout naturellement à cet étage, au milieu des bécanes de Bayrou.fr et consorts, que Quitterie et Virginie avaient planté leur tente pendant cette extraordinaire campagne. 
 
Pendant la campagne, le bureau de Bayrou se trouvait dans le bâtiment de l'entrée qui a été en grande partie racheté à la ville de Paris en 1999 ou 2000. Auparavant, il était au deuxième, tout près de l'escalier, et il était facile de rencontrer Bayrou, sur qui veillait la fidèle Marie-Christine. À présent, il a été enfoui au bout d'un couloir et, pour y parvenir, il faut franchir divers checkpoints barbelés. On se demande pourquoi.
 

Je n'ai pas envie d'en dire trop sur l'atmosphère qui règne rue de l'Université. Elle me paraît entièrement décalée de ce que Bayrou est devenu. Je crois que ce n'est pas de la responsabilité personnelle de Pierre-Emmanuel Portheret, d'ailleurs (va-t-il rester ?)

Il faut mettre de l'air dans tout ça, ouvrir les fenêtres, rééquilibrer le personnel en fonction de la diversité du MoDem. Et faire une très grande place aux adhérents et militants.

Pour finir, j'évoquerai encore un souvenir : lorsque j'étais délégué général des JDS, rue Paul-Louis Courier, j'avais un très petit bureau (avec tout de même une secrétaire, ce qui était pratique car j'écrivais et faisais écrire énormément aux adhérents, au moins une lettre par semaine, ce qui, avant les courriels, était énorme, dix mille lettres à mettre sous pli par semaine), avec une vaste bibliothèque. J'avais empli la bibliothèque de bouquins qui m'intéressaient (et parfois n'intéressaient pas que moi) et, sur une planche, d'une quinzaine de bouteilles d'alcools et autres liqueurs payés de ma poche (je le précise).

J'étais là de dix heures du matin à neuf heures du soir. À partir de cinq heures, le deuxième bureau, celui de la secrétaire, était libre, ainsi que son fauteuil. Et dans cette pièce exiguë, il y avait toujours quelque chose à faire pour un militant. En général, c'était du courrier à mettre sous pli, mais pas seulement. Les premières semaines, je fis beaucoup seul avec la secrétaire. Puis il vint un, puis deux, puis dix militants, qui, voyant qu'on rigolait et qu'on était utile, revenaient, amenaient des copains. On bossait et c'était chouette, tout le temps archiplein.

Voilà ce que devrait être à mon avis le rez-de-chaussée de la rue de l'Université : une ruche, avec des ordinateurs, de l'Internet à gogo, des bouteilles, des filles (;-)OK, je sors), du travail et de la joie, le tout permettant à Bayrou de se retremper parfois dans une atmosphère fraîche, ouverte vers la vie et vers les militants.

La rue de l'Université, c'est le château de la Belle au Bois Dormant. Réveillons-la.

16:40 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, modem, bayrou, udf | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

06/04/2008

Jean Arthuis quitte le MoDem : y a-t-il jamais été ?

Jean Arthuis a été un petit poucet avant de devenir un dinosaure ; fils de marchands de poulets monté en graine, c'est à vingt-six ans seulement qu'il est devenu maire de sa commune mayennaise, Château-Gontier. Entre-temps, des études solides avaient fait de lui un expert-comptable. À trente-huit ans, alors un très jeune âge pour un tel poste, il devint sénateur. Trois ans plus tard, secrétaire d'état dans le deuxième gouvernement Chirac (1986-88).
 
Son étiquette politique, depuis l'origine en 1971, c'est le Centre Démocrate. En 1971, le Centre Démocrate était allié avec les Radicaux de Jean-Jacques Servan-Schreiber dans un conglomérat, les Réformateurs, qui servit de socle à la création de l'UDF en 1978. De Centre Démocrate, Arthuis s'était mué en CDS en 1976. Arthuis resta auprès de François Bayrou avec son vieux complice Méhaignerie en 1995, lors de la création de Force Démocrate. Puis il vint encore à l'UDF et, quoique déjà critique, a soutenu Bayrou lors de la dernière présidentielle.
 
Mais le concept d'une alliance à géométrie variable pouvant inclure la gauche lui a donné une poussée d'urticaire qui a réveillé le scepticisme qu'il exprimait en octobre, avant la création du MoDem.
 
Lors du congrès de l'UDF, en ouverture de celui du MoDem, il mena la charge, mais rengaina sa motion pour rejoindre celle de Michel Mercier, qui avait fusionné avec celle de Bayrou.
 
Le voici, 63 ans, nostalgique de sa quarantaine comme tous ceux qui prêchent ces jours-ci pour le retour à l'UDF, sorte de paradis perdu qui n'échappe pourtant pas au sort de tous les paradis perdus : être un mythe. L'UDF, quand Bayrou y a mis fin, n'était déjà plus qu'un souvenir. Celles des valeurs conservatrices qu'elle défendait sont aujourd'hui dans l'arsenal de l'UMP. Les autres sont au MoDem. Il n'y a pas de moyen terme, comme le prouve l'échec du Nouveau Centre aux récentes élections municipales.
 
Bien entendu, on ne peut pas empêcher Arthuis de se shooter au paradis des mythes, mais il faudra bien qu'il se réveille un jour ou l'autre : la terre a tourné. 

16:22 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, modem, arthuis, udf, bayrou | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

21/03/2008

Deuxième gauche, deuxième droite, et puis ?

En relatant les propos tenus hier soir sur Public Sénat par Quitterie Delmas, l'expression "deuxième droite" m'est venue spontanément. Or il m'a paru qu'elle pouvait manquer de clarté pour ceux qui n'ont pas, comme moi, plus de vingt-cinq ans de politique à alourdir leurs épaules.
 
L'expression "deuxième gauche" a été utilisée à propos de Michel Rocard et de la CFDT des années 1970. Rocard et les rocardiens étaient alors la boîte à idées de la gauche, une boîte à idées dans laquelle la première gauche, celle des alliances d'appareils, celle du pouvoir, puisait sans vergogne.
 
Il y a eu, de la même façon, une "deuxième droite" dans les années 2000 : l'UDF bayrouiste que l'Hérétique regrette si fortement. Là encore et comme il le dit très justement, l'UDF a joué le rôle de boîte à idées de la droite.
 
Seulement voilà : il est arrivé à la deuxième gauche et à la deuxième droite la même mésaventure : leurs idées pillées pour la conquête du pouvoir mais jamais mises en application dans l'exercice du pouvoir.
 
C'est face à l'échec manifeste de la stratégie du "deuxième" (du Poulidor) de la politique bipolaire, que Bayrou s'est tourné vers l'idée de l'extrême centre qui a si fortement marqué les esprits lors de l'élection présidentielle.
 
Quel rapport avec l'initiative d'exhumation de la momie de l'UDF qui agite si fort les têtes blanches du Sénat (véritable musée de la momie) autour de l'inénarrable Raffarin ?
 
Aucun.
 
Ou plutôt si, il y en a un.
 
L'UDF est née en 1978 d'un conglomérat de partis habitués à travailler ensemble au Sénat depuis les années 1960 : les indépendants (RI), les centristes, les radicaux (amputés depuis 1971 de leur aile gauche) et quelques socialistes (Max Lejeune, SFIO) rebutés par l'alliance avec les communistes prônée par le Congrès d'Épinay. Dans l'appareil du parti, les giscardiens étaient majoritaires (les RI s'étaient démultipliés en trois composantes : Adhérents Directs de l'UDF, Clubs Perspectives et Réalités, RI devenus PR), cependant que le gros des militants était centriste. Au moment de sa fondation, l'UDF avait pour vocation de servir de bras armé au président Giscard d'Estaing et cette vocation se matérialisait par un livre, "Démocratie française" (illisible), signé par Giscard.
 
Hélas, l'UDF n'a gagné qu'une élection nationale : les Européennes de 1979. Toutes les autres furent perdues, à commencer par la présidentielle de 1981. Mais battue, elle subsistait. Elle présenta un candidat à la présidentielle de 1988, battu encore : Raymond Barre.
 
Sur le terrain, dans cette période, la domination du RPR chiraquien s'affirma. Dès lors, il y eut une répartition des rôles implicite : le Sénat et une grande quantité de collectivités locales à l'UDF qui ne s'occupait pas de politique nationale, cependant que le RPR prenait le pouvoir national.
 
Et un peu partout, les candidats UDF servaient de soupapes au mécontentement de la droite. Si l'UDF avait existé encore, l'électorat de droite se serait moins abstenu qu'il ne l'a fait aux récentes élections municipales. Pour protester contre Sarkozy, l'électorat aurait voté UDF. Faute de soupape, il est allé certes voter parfois pour le MoDem (mais l'identité de celui-ci est encore diffuse et imprécise) voire pour le PS, mais il s'est surtout abstenu.
 
L'initiative de Raffarin, relayée hier soir par Yves Pozzo di Borgo et (plus maladroitement) par Christian Saint-Étienne, est de restaurer cet équilibre-là, entre la droite et "l'autre droite" : l'UDF des années 1980, une époque où Pozzo se délectait à la fois de la table du président du Sénat et des multiples combinaisons de couloirs dont bruissaient les corridors feutrés de la Haute Assemblée.
 
Au passage, je signale que Pozzo a énoncé une contrevérité historique. Il a d'ailleurs été déçu de n'être pas contredit et il l'a expliqué : "elle est beaucoup plus jeune que nous". Car le déjà sexagénaire Yves Pozzo di Borgo appartient à une période relevant du Paléolithique de la politique. C'est le retour des morts-vivants (et je le dis avec d'autant plus de regrets que j'ai toujours eu de la sympathie pour lui).
 
La contrevérité est la suivante : Giscard a laissé l'UDF en 1995 à Bayrou avec des dizaines de conseils généraux, cent cinquante sénateurs, etc. Or en 1995, ce n'est pas Bayrou, mais François Léotard, qui a pris la présidence de l'UDF. Première inexactitude donc. Deuxième inexactitude : ce n'est pas Bayrou, mais Chirac et Le Pen qui ont fait fuir les sénateurs et les conseils généraux. Le premier, parce qu'il contrôlait entièrement l'organisme corporatif des agriculteurs (FNSEA) et que le Sénat est une chambre d'agriculture. Le deuxième (Le Pen), car l'UDF a implosé en 1998 sur la question de l'alliance avec le Front National. Ceux qui prônaient cette aliance (les madelinistes notamment) sont partis à cette époque-là, cependant que restaient ceux qui la rejetaient (l'essentiel des centristes, plus Léotard et Robien qui découpa sa carte de Démocratie Libérale aux ciseaux en direct sur France 3). Six mois plus tard, Chirac récupérait le Sénat et l'UDF commençait à perdre sa vocation territoriale. Et quatre ans plus tard, c'est le candidat du Front National qu'il affrontait au second tour.
 
Maintenant, et pour conclure, à quoi peut servir "l'autre droite" ?
 
À rien.
 
À faire des élus.
 
Et ça (pour parler comme Christian Saint-Étienne), tout le monde s'en fout. 

20/12/2007

Exercices démocratiques en progrès.

Après les votes contestés d'Angers et de Rouen, François Bayrou a décidé de s'investir personnellement dans les scrutins locaux qui doivent décider des têtes de listes pour les élections municipales de Strasbourg (le vote avait lieu ce soir, je n'en ai pas encore le résultat) et de Perpignan (ce sera samedi).
 
Son déplacement était nécessaire à la fois pour tranquilliser les adhérents sur la sincérité du vote et pour organiser l'articulation en un seul des projets jusque-là concurrents.
 
C'est pour moi l'occasion d'évoquer un souvenir politique.
 
Lorsqu'Alain Poher puis René Monory étaient présidents du Sénat, la période qui précédait toute élection importante était consacrée à recenser les candidatures de partout au sein même du cabinet du président du Sénat et lorsque deux personnalités d'importance comparable se confrontaient pour une même investiture municipale, cantonale ou régionale ou autre, un missus dominicus était vite dépêché sur place pour rencontrer les deux impétrants, entendre leurs arguments et leur garantir une solution. Ensuite, l'info remontait jusqu'au somnolent palais du Luxembourg qui devenait soudain une ruche bourdonnante et assez vite une formule de proposition redescendait, adaptée à la situation : soit qu'il s'agît d'intérêt politique, soit qu'il s'agît d'intérêt philosophique, soit qu'il y eût autre motif et autre moyen, il y avait toujours un moment où l'on parvenait (en fonction des moyens disponibles) à promettre à l'un un poste de conseiller général, à l'autre une fonction de conseiller régional, une future investiture assortie d'une responsabilité importante à court terme, bref, on arbitrait et il était très rare que l'équilibre ne fût pas trouvé. 
 
Il n'y a guère qu'en Bretagne que les têtes dures résistassent parfois. C'est ainsi qu'on a vu s'étaler sur une bonne décennie le suicide collectif des centristes par le duel fratricide des "rivaux de Painful Gulch" modèle finistérien : Ambroise Guellec et Jean-Yves Cozan.
 
Le second détestait à ce point le premier qu'en 1986, lorsqu'il fut chargé de porter la liste de candidature collective des législatives (alors à la proportionnelle) à Paris, il corrigea, dit-on, la liste négociée, sur un coin de table, comme ça, dans le train, pour en évincer son rival qui se retrouva ainsi ... secrétaire d'État à la Mer (il fallut bien le "repêcher").
 
Plus tard, lors d'une élection sénatoriale, ils réussirent si bien à se diviser qu'alors que l'UDF disposait largement d'assez d'élus pour faire élire un sénateur (mais pas deux), elle n'en eut aucun.
 
Heureusement, les génération suivantes n'ont pas montré la même intransigeance : la fille de Jean-Yves Cozan est d'ailleurs investie comme tête de liste à Quimper, chef-lieu du département.
 
Le paradoxe, c'est qu'Alain Poher, comme son nom l'indique, était breton et très attentif à la Bretagne. On dit même que c'est lui qui fit les démarches nécessaires à l'élection du Vitréen Pierre Méhaignerie lors du congrès centriste de Versailles en 1982. Il ne put cependant jamais réconcilier les héritiers finistériens d'Alphonse Arzel et d'André Colin...
 
Mais ce fut l'un des rares cas d'échec des missi dominici du président. 
 
Il arriva une fois que cette stratégie bien huilée ne se déploya pas. C'était en 1998.
 
René Monory était désormais malade. On finissait même par croire que c'était la résidence du président du Sénat qui faisait ça : Poher avait passé plusieurs années de présidence à peu près aveugle, assez absent, très faible. Monory était entré en fonction en pleine santé mais au bout de deux ou trois ans, on vit des excroissances bourgeonner autour de sa tête, comme des furoncles, et il parut subitement très vieux.
 
À cette époque, son directeur de cabinet se nommait Jean-Dominique Giuliani. Comme son nom l'indique, il était corse. Il se promenait avec une immense sauterelle aux jambes interminables, aux yeux très bleus et au regard piquant.
 
Nous étions assez reconnaissants à Monory (et par voie de conséquence à Giuliani qui auparavant avait occupé la fonction de secrétaire général du puissant groupe de l'Union Centriste majoritaire dans l'intergroupe UDF, alors majoritaire à lui seul à la Haute Assemblée) d'avoir sauvé cette présidence en tordant le cou à Pasqua.
 
Car en 1992, le président Poher étant bon pour une résidence médicalisée où il a d'ailleurs fini ses jours, et Jean Lecanuet étant déjà malade de son cancer de la peau (provoqué dit-on par un excès de ces UV qui lui donnaient l'air toujours en vacances), le vrai patron de la boutique sénatoriale était Pierre Bordry, directeur de cabinet du président du Sénat.
 
Or Bordry (qui s'occupait il y a peu en 2007 de l'agence anti-dopage, modeste sinécure pour un homme autrefois si puissant), je ne sais ni comment ni pourquoi, avait fini par se laisser gagner par l'amitié ou en tout cas la fidélité pour Jacques Chirac. Il agissait donc pour qu'un chiraquien prît la tête du Sénat.
 
Il fallut une manoeuvre assez subtile pour l'en empêcher. Et Giuliani dirigeait cette manoeuvre en 1992.
 
Hélas, en 1998, Bayrou venant de faire une OPA sur l'UDF qui avait implosé dans les suites des élections régionales sur la stratégie d'alliances avec le Front National, l'élection sénatoriale de septembre ne vit pas l'activité habituelle de la présidence du Sénat : il n'y eut aucun missus dominicus, l'activité extraordinaire manqua, les candidats fratricides s'arrachèrent les yeux sans arbitrage, l'UDF perdit beaucoup de sénateurs et finalement, ce fut le terne mais fidèle Christian Poncelet, tout grisâtre et fruste qu'il fût, qui prit la présidence du Sénat, l'acquérant pour longtemps au RPR et à ses succédanés.
 
Pourquoi parler de tout ça ?
 
Mais parce que les candidats ont un investissement affectif et personnel très fort dans leur candidature. Sans ces arbitrages qui leur permettent à la fois de garder la raison et parfois de sauver la face, ils peuvent être amenés à faire n'importe quoi. Au moment d'un vote démocratique qui peut être occasion de division et de frustration, l'accompagnement peut permettre de faire que travaillent ensemble ceux qui seraient tenter de poursuivre l'affrontement.
 
Je suis donc content que Bayrou, plus jeune et moins équipé qu'un président du Sénat, ait décidé d'évoquer cette mission et de faire du dominus son propre missus dominicus.
 
C'est le gage d'une réussite que chacun souhaite.
 
Dernière minute : Je félicite Chantal Cutajar qui a gagné la primaire par 143 voix contre 114.

00:30 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, municipales, primaires, Sénat, UDF | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

01/12/2007

Deuxième épitaphe de l'UDF.

Le parc des expo de Villepinte est un vaste complexe de salles de congrès, à un jet de pierre de l'aéroport de Roissy, tout au bord du train régional qui vient de Paris en passant par le Stade de France et l'ancien aérodrome du Bourget. Le double congrès de l'UDF et du MoDem occupe un hall entier. Les bureaux d'accueil sont placés en haut, près des portes vitrées, ce qui est logique, puis on descend par un vaste couloir bordé de stands de fédérations départementales, offrant produits dérivés, gastronomie ou objets politiques divers. La fédération de la Gironde a orné son stand des affiches de ses candidats aux législatives de juin dernier.
 
Je suis arrivé vers quatre heures de l'après-midi. Le bureau politique n'avait pas encore terminé ses travaux. Olivier Henno, ami d'Éric Azière et homme-clef de l'UDF du Nord (il est maire d'une commune importante), debout, s'exprimait, de sa voix sans timbre, avec l'autorité de sa carrure drue.
 
Plus tard, j'appris que c'est à peu près à ce moment-là que les choses se décantaient : Arthuis affirmait son amendement à la motion Bayrou, Bariani soutenait Bayrou en esquissant un autre amendement qui prolongeait l'esprit de Bayrou, et tout s'organisait autour de ces mouvements. La réunion se termina sur le projet de soumettre la motion de Bayrou au vote et, au préalable, l'amendement de Jean Arthuis.
 
Ce dernier a été plus courageux que Robien qui, début 2006, n'a pas osé venir défier le congrès extraordinaire de l'UDF à Lyon.
 
La motion de Bayrou est simple : l'UDF subsiste comme personne morale, capable de gérer son patrimoine et ses intérêts moraux (ce dernier point résulte de l'amendement Bariani absorbé par Bayrou : il vise à permettre à l'UDF de se prévaloir contre l'usurpation de son nom). L'UDF adhère au Mouvement Démocrate, ses adhérents sont de ce simple fait adhérents au MoDem. Ses instances dirigeantes deviennent celles du MoDem.
 
Les spécialistes des fusions-acquisitions mesurent la portée de ces réalités : en vérité, l'UDF disparaît en tant qu'acteur politique.
 
C'est d'ailleurs à ce dernier décès que jean Arthuis tentait de s'opposer : son amendement visait à permettre à l'UDF de défendre non seulement ses intérêts moraux et patrimoniaux, mais aussi politiques, avec en filigrane un partage de la dotation d'État : la part électeurs revenait aux MoDem, la part parlementaires restait à l'UDF.
 
Bayrou a refusé de transiger. L'amendement Arthuis va être rejeté, ne recevant que moins de quarante voix sur plus d'un millier de congressistes encore présents en cette heure tardive.
 
Mais coup de théâtre : Michel Mercier évite la mise en minorité à Jean Arthuis, une formulation souple permet à chacun de sauver la face. Arthuis se rallie. 
 
Exit donc l'UDF, vive le MoDem.
 
Au passage, je signale que le siège du MoDem (objet du mot "patrimonial") appartient en partie non négligeable au MRP qui subsiste comme personne morale.
 
Bref.
 
Avant d'en venir au vote, la discussion a été interminable, conjuguant les heures de gloire de quelques reines d'un soir auxquelles on donnait enfin le micro et les interventions de quelques grandes voix de ce parti moribond.
 
Par moments, on avait l'impression d'une veillée funèbre. À d'autres instants, un orateur soulevait un peu la salle, qui s'assoupissait vite.
 
Quelques parlementaires s'exprimèrent, parfois d'une façon alambiquée.
 
Queques futurs candidats aux municipales (ou à des primaires en vue des municipales) le firent aussi.
 
Thierry Benoît se lança d'une voix forte, évoqua les centristes dispersés : Nouveau Centre, Radicaux de tout poil, et même à l'UMP qui sont partis en 2002 insista-t-il en mentionnant ainsi son voisin de circonscription Méhaignerie. "Et au PS aussi !" lui lança alors Quitterie Delmas de la salle.
 
En tout cas, lui, Thierry Benoît, restant fidèle à l'esprit de l'UDF, il voulait désormais pouvoir travailler avec la majorité. Il n'adhérerait pas au MoDem. Bayrou lui fit alors remarquer qu'il avait été élu avec des voix de tous bords, y compris de gauche. Mais c'était trop tard. D'ailleurs, Benoît a voté le budget.
 
Dans la salle, Quitterie Delmas, belle évidemment, citée comme contestataire de la candidature Sarnez à Paris par "Le Monde" d'aujourd'hui, recevait de nombreuses et chaleureuses visites.
 
Bayrou, lui, ne manquait pas une occasion de signaler son bonheur de pouvoir conformer sa famille politique à la France du nouveau siècle.
 
Et c'est fait : le siège de l'UDF et sa dotation d'État sont transférés au MoDem. Fin du premier acte.
 
Fin d'une structure politique qui, en trente ans, n'a gagné aucune élection majeure : l'Union pour la Démocratie Française. 

00:30 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, statuts, Quitterie Delmas, UDF | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/11/2007

François Bayrou doit-il quitter l'UDF ?

La liste des branches mortes s'égrène : Mercier, Sarnez, Lepage, auraient pactisé avec l'adversaire. Avec quoi fait-on les consiences, en politique ?
 
Et cependant, on voit se profiler l'hypothèse d'un compromis pour la naissance du MoDem. 
 
Alors il est temps de dire stop : Bayrou doit cesser de faire des compromis avec ceux qui, en fait, ne veulent pas qu'il soit élu.
 
On a vu les anciens députés UDF tomber le masque. Le soir du premier tour de la présidentielle, Courson me parlait de Balladur et m'expliquait pourquoi, selon lui, celui-ci était mort le soir du premier tour, en 1995 : "parce qu'il a tout de suite appelé à voter Chirac". Voilà tout. Au lieu de ça, sous-entendait-il, il aurait dû faire durer le suspense pour se monnayer plus cher. En somme, si je traduis, une candidature n'est pas faite pour gagner, mais pour maquignonner (ou maquereller) entre les deux tours. Telle est la mentalité de ce qui restait de l'UDF alors et telle est la mantalité de ce qui reste encore d'UDF. On ne se refait pas.
 
Donc Bayrou n'a plus rien à faire avec ces gens-là. Les gens qui lui ont fait confiance en avril dernier n'ont voté ni pour Morin, ni pour Sauvadet, ni pour Mercier ni pour Sarnez. Ils ont voté Bayrou.
 
Et c'est bien ce que les autres lui reprochent.
 
Maintenant, ils ne sont restés que pour continuer à lui savonner la planche. Il vaut mieux que Bayrou s'en aille, quitte à laisser la rue de l'Université et même le financement public, et même le MoDem, puisque c'est Mercier qui en a déposé les statuts.
 
Il n'a en fait rien à perdre : avec eux, il est sûr de ne pas gagner. Sans eux, mais avec tous ceux qui veulent changer la vie politique en France, il peut (et donc il va) gagner. 
 
 

16:40 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, udf, villepinte | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

13/07/2007

Le mécano constitutionnel et la Vie république.



Sarkozy l’ubique s’est déplacé sur les terres du président du Sénat pour lancer sa réforme de la constitution.

La pantomime ridicule à laquelle s’est livré le Parti Socialiste en préambule de cette initiative en a renforcé l’impact et lui a conféré une dimension très solennelle et transpartisane : en critiquant le débauchage d’un constitutionnaliste de gauche par la droite, les éléphantômes en ont fait une tentative réelle de transcendance des courants. Leurs cris d’orfraie auraient mieux fait de s’adresser à la politique économique du gouvernement, qui est un événement bien plus redoutable et important pour les Français que l’éventuelle participation d’un vieil éléphant à un aréopage destiné à amuser la galerie.

Car comme d’habitude, les jeux sont faits d’avance pour le futur comité constitutionnel : Sarkozy lui a rédigé une feuille de route sans grand espace de négociation, d’autant moins que c’est Édouard Balladur qui est supposé en prendre la présidence. On peut d’ailleurs s’étonner au passage qu’il faille toujours trouver des comités constitutionnels pour caser les gloires déchues ; c’était la logique du siège automatique et perpétuel des anciens présidents de la république au Conseil constitutionnel (Vincent Auriol et René Coty en 1958), c’était encore le pupitre de Valéry Giscard d’Estaing pour la rédaction du traité constitutionnel européen, c’est enfin le sépulcre de l’homme qui a augmenté l’endettement extérieur de la France de vingt-cinq pour cent en deux ans entre 1993 et 1995 : Balladur.

Sarkozy a prôné la rupture durant sa campagne ; rupture, on ne savait pas bien avec quoi. Avec Chirac en tout cas. Avec de nombreuses habitudes peut-être. Avec la Ve république ? Cet aspect de son programme m’avait échappé, même si j’avais du mal à y trouver des traces de gaullisme.

En vérité, si l’accentuation de la présidentialisation du régime est l’une des deux possibilités qui se présentaient. Elle n’était pas étrangère à la façon dont Bayrou lui-même envisageait le rééquilibrage des institutions pouvant conduire à une Vie république.

Mais dans le projet Bayrou, il n’existait plus d’article 49-3.

Commençons donc par le commencement : faut-il supprimer le premier ministre ? Si l’on n’évacue pas la responsabilité de l’exécutif, il faut conserver le premier ministre : difficile d’imaginer que le président, élu par le peuple, puisse être renvoyé par le parlement. Donc le premier ministre reste. Mais, le président ayant vocation à s’exprimer une fois par an (comme la reine d’Angleterre et, à l’imitation de celle-ci, le président des Etats-Unis) devant le parlement pour un discours programme, l’aura du premier ministre devrait s’estomper.

Signalons au passage le retour du chef de l’État devant le parlement : ce serait la fin d’un tabou qui date de la IIIe république. Après l’utilisation du référendum pour un plébiscite, pratiquée depuis 1958, ce serait le dernier des piliers de la république militante qui tomberait : depuis 1875, le président n’a pas le droit d’entrer au parlement, bannissement supposé protéger l’indépendance de celui-ci.

Le mythe de l’indépendance du parlement ayant disparu depuis longtemps, il n’y a rien là que de tristement logique et significatif de la réalité des institutions ; sous couvert de réhabilitation du parlement, c’est encore une preuve écrasante de son abaissement.

Une dose de proportionnelle dans chacune des chambres du parlement sera utile surtout à la justice et à la diversité de la représentation nationale, pourvu qu’il s’agisse de proportionnelle dans un cadre régional, interrégional ou national et non dans le cadre départemental qui maintiendrait la prédominance de la bipolarisation.

En revanche, l’implication plus directe du président dans le fait majoritaire et parlementaire est la fin pure et simple de la conception gaullienne de la fonction présidentielle. De surcroît, elle risque d’aboutir à la pérennisation de la bipolarisation encore, en renforçant l’argument utilisé contre Bayrou lors de la récente campagne présidentielle : avec qui gouvernerait-il ?

Eh oui, s’il doit traiter avec le parlement, qui acceptera de travailler avec lui ? C’est en fait modifier la nature de l’élection présidentielle, cette rencontre d’un homme et d’un peuple comme aime à le dire Bayrou, et remettre définitivement le président entre les mains des appareils politiques, qui est à proprement parler ce que de Gaulle lui-même appelait la « république des partis ».

Pour le reste, on avait déjà les apparences du despotisme le plus explicite avec la façon dont Sarkozy affirmait son pouvoir gouverné par l’opportunité, la subjectivité et, disons-le, le caprice, voici que l’on commence à constater ce que l’on nomme des effets de cours dans sa gestion (par ailleurs le seul défaut de la structure centrale du MoDem aussi) : il est plus important et légitime d’être secrétaire général de l’Élysée ou épouse du président de la république que d’être ministre, investi par le parlement, pour négocier publiquement avec les chefs d’États étrangers. Bravo…

Bientôt, le chauffeur du président de la république aura plus de pouvoir que le premier ministre, il n’y aura plus qu’à réinstaller Sarkozy à Versailles (sa femme est déjà à la Lanterne, sur le chemin) et le tour sera joué.

Décidément non, tout ça ne ressemble pas à la Vie république, mais plutôt à une seconde restauration ou à un troisième empire… un empire – en pire !

Si au moins tout cela portait une vertu comptable et financière, on pardonnerait tout ; mais étant donné ce qu’on voit, on ne pardonne rien.

Alors, traçons notre sillon MoDem, il en sortira une bonne récolte un jour ou l’autre. Vive la liberté.