Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/06/2007

L'omniprésident fomente la révolution.

Du temps où Édouard Balladur était premier-ministre de cohabitation et Nicolas Sarkozy ministre du budget, il suffisait qu'un intérêt catégoriel se manifestât pour qu'aussitôt, les lacets de la bourse de l'État se déliassent et que la manne se déversât sur l'intérêt offusqué.
 
Au début, il s'agit d'intérêts notoires, de grandes catégories professionnelles, de métiers nombreux : marins-pêcheurs, vignerons et autres ; avec les mois, on vit montrer les dents des catégories de plus en plus anecdotiques, de plus en plus confidentielles, mais qui, à elles toutes, représentèrent une population de plus en plus nombreuse. C'est ainsi qu'en deux ans de ce gouvernement, l'endettement extérieur de l'État augmenta de vingt-cinq pour cent.
 
Voici que le même Sarkozy, devenu président de la république, rechausse ses souliers catégoriels.
 
Il a décidé de transformer ses ministres en porte-serviettes, en ornement théâtral : c'est lui, et lui seul, qui mène la négociation avec les partenaires sociaux. On l'a bien vu avec la loi sur les universités, on le reverra bientôt à tout propos et hors de propos : le style ne trompe pas, l'homme se répète.
 
Or les catégories ne s'y trompent pas : voici qu'une intersyndicale ultra-représentative des journalistes vient de demander à rencontrer le président de la république pour évoquer avec lui les atteintes croissantes à la liberté de la presse.
 
C'est en vérité inouï.
 
On comprend bien que les journalistes, dont l'info est le métier, aient très vite compris la réalité de l'organisation du pouvoir. Mais qu'ils n'aient même pas imaginé ni feint de s'adresser d'abord à un ministre ou au premier ministre, qu'ils n'aient même pas esquissé le geste d'expédier d'abord une lettre ouverte au président de la république, tout cela est le signe d'un déplacement sismique des frontières intérieures de l'État.
 
Il n'y a pas si longtemps qu'on voyait des jeunes en grève dans un collège ordinaire d'une ville comme les autres demander à rencontrer leur ministre comme s'il avait été le commissaire du coin ou le vendeur de pizzas.
 
On verra bientôt les mêmes jeunes exiger, au milieu de n'importe quel mouvement social, de rencontrer le président de la république. Forcément, puisque le président va recevoir à l'Élysée de plus en plus de représentants de catégories de plus en plus réduites.
 
Cette élévation du niveau des revendications est de nature prérévolutionnaire. Elle est l'un des mécanismes qui ont conduit des États-Généraux à la Révolution française.
 
Alors posons la question : Sarkozy est-il révolutionnaire ?
 
Si c'est le cas, ce sera comme Pétain : dans le sens d'une révolution nationale.

Commentaires

Bien vu. La stratégie de sarko qui consiste à se porter au devant de tous les fronts n'est pas sans risque et pourrait prochainement trouver ses limites. Saper l'autorité de ministres fusibles chargés habituellement de porter la réforme en s'opposant aux tentatives de ceux qui veulent la faire échouer, ouvre largement la voie aux prédateurs de tout poil. Seul face à eux, et ayant en quelque sorte affaibli ses propres soutiens et sa propre capacité à s'opposer faiblissant face aux coups répétés des assaillants, il lui faudra bientôt reculer et lâcher la manne pour calmer les ardeurs des opposants. Les babines réjouies des représentants des syndicats d'étudiant sur le volet des universités, les rodomontades des avocats et bâtonniers sur le volet de la justice sont autant de signes précurseurs d'un scénario de ce genre.

Écrit par : rémy | 27/06/2007

Je suis assez d'accord avec le diagnostic selon lequel la stratégie d'omnipotence de N. Sarkozy atteindra vite ses limites. Excès du pouvoir, rébellions venant de l'intérieur même de la majorité présidentielle, de ses alliés industriels, de ses partenaires médiatiques sont à prévoir.

On sait déjà que N. Sarkozy va essayer de modifier la constitution pour passer en régime présidentiel et pouvoir se présenter devant le Parlement.
Il disait en 1975 "qu'être gaulliste c'est être révolutionnaire" en introduction d'un congrès de la droite.

Les français le sont aussi, et les abus de pouvoir de N. Sarkozy vont se tourner contre lui avant la fin de son quinquennat.

Écrit par : Thibault | 28/06/2007

Le régime présidentiel sans la séparation stricte des pouvoirs et la proportionnelle intégrale serait un autre nom de la tyrannie.

Écrit par : Hervé Torchet | 28/06/2007

Si vous ne l'avez pas entendu, je vous conseille le journal du Futur de Mermet et les sous-réalistes (en libre accès sur le site La-bas.org, juin 2007) où les travers communautaristes et autres de Sarkozy vont vous faire rire. On ne va pas toujours rigoler pendant cinq ans alors profitez en bien.

Écrit par : Nef | 28/06/2007

Si vous ne l'avez pas entendu, je vous conseille le journal du Futur de Mermet et les sous-réalistes (en libre accès sur le site La-bas.org, juin 2007) où les travers communautaristes et autres de Sarkozy vont vous faire rire. On ne va pas toujours rigoler pendant cinq ans alors profitez en bien. Le petit père du peuple a bien fait la révolution.

Écrit par : Nef | 28/06/2007

@ hervé

c'est bon ? tu es de retour parmi nous ? si c'est le cas tant mieux, on se donne tous bcp de mal et certains propos sont parfois déplacés. en surmontant nos différences nous serons plus forts.

Écrit par : michael silly | 28/06/2007

@ Michaël

Quitterie me convainc.

Écrit par : Hervé Torchet | 28/06/2007

Fidèle du blog de Quitterie, je fais ma première incursion sur le tien...ce ne sera pas la dernière!

Je suis en plein accord avec vos analyses!
Cette propension de Nicolas Sarkozy à être omniprésent, à s'occuper de tout, à faire passer ses ministres pour les pyromanes et lui pour le pompier qui éteint les flammes, vont je pense, en lasser plus d'un, et cette manière de gouverner va vite trouver ses limites...Quant au premier ministre (à part le prochain discours de politique générale devant l'assemblée), il est quasi-inexistant!

Écrit par : Francis | 28/06/2007

Les commentaires sont fermés.