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21/10/2007

Bayrou a fait sa pub.

Ce soir, sur Europe 1, François Bayrou a lancé sa campagne de mobilisation pour le double congrès qui fera de la chenille UDF le papillon MoDem, du 30 novembre au 2 décembre prochain à Villepin.
 
Euh, à VillepinTE, au nord de Paris, dans l'avant-dernier département communiste mieux connu sous le sobriquet de 9-3 (9.3 ferait déjà plus Internet). Bref, en Seine-Saint-Denis, entre Paris et l'aéroport de Roissy. En fait, sur les terres du PCF, tout un symbole à défier pour les temps nouveaux, car s'il y a un parti qui ne s'occupe plus guère des gens depuis longtemps, c'est bien le Parti Communiste Français, certainement le plus absorbé à faire de la politique un instrument de financement de ses propres réseaux, l'inventeur même (dit-on) de tous ces systèmes en France. Le pilier aussi de l'affaissement historique et irréversible de la gauche d'Épinay.
 
Au fait, les gens, à quoi servent-ils ? Je parle du PCF qui exploite (dit-on) la politique pour ses réseaux, mais je me demande fortement, ces jours-ci, si j'existe encore.
 
Rentrant de Bretagne après une absence de plus de trois mois, j'ai trouvé mon compteur d'EDF bridé et toutes sortes d'onomatopées scripturales consignées sur un bristol laissé par le sous-traitant venu opérer une castration de mon compteur pour le compte d'EDF.
 
C'est vendredi, je me précipite dès le lendemain boulevard de Grenelle où se trouve mon agence EDF, elle n'ouvre que du lundi au vendredi. j'y serai lundi matin à neuf heures.
 
Hélas, le lundi, j'entre, une jolie hôtesse m'adresse un sourire. Je lui tends un chèque, elle me répond "on ne peut pas payer ici". Ah bon ? mais où ? Nulle part. D'ailleurs, j'essaie de payer mon électricité et... l'agence n'est plus EDF mais seulement GDF ! Ils ont divorcé et GDF a obtenu de conserver l'appartement. EDF n'a plus qu'une seule agence où l'on peut payer en personne, à l'autre bout de Paris, boulevard Barbès.
 
Pour France Télécom, l'évolution a été la même voici quelques années, l'agence du coin de la rue est allée rue des Archives, très loin au centre de Paris, puis plus rien : progressivement, les services "publics" se dématérialisent. Essayez de joindre l'EDF au téléphone, vous n'aurez qu'un chapelet de machines.
 
Voici donc le monde tel qu'on le vit et la montée d'un flux de machines qui organisent mécaniquement notre vie. Gare à qui ne saura pas s'adapter au rythme de la machine.
 
Heureusement, il y a la politique. Sarkozy, blessé, pantelant, nous rappelle qu'il n'est qu'un être humain que sa femme peut quitter, non pas du jour au lendemain mais par une succession de pas de crabe, de reptations, de méandres, de négociations secrètes, d'hésitations et d'ultimatums. Acteur jusqu'au bout des ongles, il n'oublie pas d'exploiter la situation à des fins politiques, chapeau l'artiste.
 
Et au MoDem, mon cher Mouvement Démocrate ?
 
J'étais mercredi, je l'ai écrit, au café démocrate de la belle Quitterie Delmas, plus offensive que jamais.
 
Disons tout de suite qu'elle a raison : il est inadmissible qu'on cherche à confisquer les investitures en en éloignant les militants. On voit bien ce qui se passe, la difficulté et les tensions qui congestionnent l'entourage de Bayrou, la volonté constante de Marielle de Sarnez de "jouer perso" et tout décider par elle-même à la manière d'un despote qui se veut éclairé et qui croit avoir prouvé son efficacité tactique.
 
Il faut le dire, je ne m'en étais jamais aperçu avant qu'elle ne devienne présidente de la fédération centriste de Paris, je ne suis pas du tout de la même culture politique qu'elle : elle est issue des milieux giscardiens, moi de la mouvance démocrate et centriste, un cadre où l'on laisse parler poliment ses rivaux lors des réunions statutaires, où l'on tente d'associer les militants par des votes (il est vrai de plus en plus rares) et où l'on se pare toujours des attributs de la démocratie, ce que ne faisaient guère nos partenaires de l'ancienne UDF (dont elle vient) qui cultivaient l'esprit hiérarchique.
 
Au moment où je m'y attendais le moins, cette différence est apparue et ne cesse de se manifester : la hiérarchie ou la démocratie ?
 
À sa décharge, il faut dire que les deux spectaculaires votes de militants auxquels on a assisté ces dernières années ont prouvé que, réduits à quelques dizaines de milliers d'adhérents, les partis politiques sont sujets désormais à tous les entrismes, même les plus opportunistes. Le fait que le XVIe arrondissement de Paris, qui vote massivement pour Sarkozy, soit aussi celui où les adhérents fantômes du Parti Socialiste se sont le plus encartés au moment de la désignation de la candidate socialiste à la présidentielle, est de nature à faire réfléchir.
 
Il est vrai que le MoDem est un parti jeune, neuf, et qu'on n'en connaît guère les adhérents, ce qui peut donner à penser qu'il est vulnérable aux influences extérieures.
 
Et cependant ...
 
Est-ce une raison suffisante pour ne pas faire voter les militants ? Sûrement pas.
 
Un parti est une assemblée d'êtres humains, pas de machines. Bien sûr il y a ce qu'on nomme "l'appareil", ce qui veut tout dire. Mais la voix des militants doit être prépondérante.
 
C'est là-dessus que Bayrou est attendu par ceux qui lui font confiance depuis 1994, comme moi, ou depuis le printemps dernier. Rendez-vous à Villepinte.
 
Et si, comme elle l'a dit, Quitterie Delmas revient sur sa décision de n'être pas candidate à la candidature si on organise un vote des militants, alors un seul mot d'ordre : "Au vote !" 

22:45 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique, MoDem, Sarkozy, Bayrou, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Un mot pour rappeler qu'effectivement, les militants socialistes ont désigné Ségolène ROYAL avec le résultat que l'on connait à l'arrivée.

De même, les militants UMP ont désigné PANAFIEU avec un résultat pressentie qui risque d'être un échec.

Alors, le vote des militants est-il le plus adequat ?

C'est un débat sans pour autant défendre l'absence de démocratie.

Au delà de la désignation du ou de la candidate MoDem à la Mairie de Paris, je crois que ce qui est le plus important, c'est d'avoir un projet et de mettre en avant de nouvelle tête.

C'est pour cela qu'il faut que Quitterie DELMAS soit candidate.

En attendant, rendez-vous le 30 novembre et le 1er et 2 décembre.

Écrit par : Guillaume A | 22/10/2007

Bonsoir Hervé,

La lecture de vos deux derniers billets m'ont été un véritable délice : surtout "Vive la marche à pied", cette charmante autodérision et vos émois métropolitains, quelque chose qui me rappelle l'art du meilleur Jacques Laurent dans "Les corps tranquilles" ; et votre course du lièvre à travers les champs pour le paiement de votre facture EDF dans "Bayrou a fait sa pub" : si j'étais Président de la République, j'ordonnerais qu'on lise vos billets d'humeur dans les classes de français, pour faire comprendre que les mots en disent toujours plus et toujours mieux que les images...

... En revanche, je n'arrive toujours pas à m'intéresser au débat très parisiano-centriste autour des débuts du MoDem : sans doute parce que je n'ai pas de passé militant à l'UDF ; sans doute aussi parce que l'âge venant, je commence à trouver dérisoires des analyses qui, aussi fines soient-elles, auront à peu près dans quelques décennies, le même intérêt pour nos descendants que celui que nous ressentons pour les arguties et les démonstrations politiques de Retz ou de Saint-Simon, cardinal ou duc de la vétille ! Reste là encore le style, éblouissant !

Bien cordialement.

Écrit par : André-Yves Bourgès | 22/10/2007

@ André-Yves

Je donnerai ce week-end quelques réflexions sur les nobles bretons médiévaux et le vin, juste une poussière d'idées.

Écrit par : Hervé Torchet | 22/10/2007

Toujours aussi enchantée de retrouver André-Yves dont je partage le point de vue, désabusé en ce qui concerne la politique mais enthousiaste en ce qui concerne la prose d'Hervé.
Ceci dit pour ma part j'apprécie et je trouve vital qu'il y ait encore des gens de conviction.
Quant au flux de machines qui gouvernent nos vies, Hervé en philosophie il me semble que ça s'appelle nihilisme...

Écrit par : Rosa | 22/10/2007

@ Rosa

J'ai des valeurs à défaut de convictions : j'observe que bien des gens de conviction n'ont plus de véritables valeurs.
Ce que vous dites est en tout cas très aimable : laissez moi en retour vous assurer que, flânant régulièrement sur le blog d'Hervé, je cours toujours à vos commentaires.

@ Hervé

Je lirai vos réflexions avec beaucoup d'intérêt, comme vous l'imaginez.

@ tous

Vous aurez bien voulu excuser l'horrible "La lecture de vos deux derniers billets m'ont été un véritable délice" : j'avais effectivement commencé par "vos deux derniers billets m'ont été...", puis j'ai voulu être plus précis et parler de" "la lecture de vos deux derniers billets" ; mais je n'ai pas corrigé "m'ont" en "m'a", qui, de toute façon, aurait été très inélégant ("m'a été un véritable délice").
La seule tournure acceptable était bien sûr la suivante : "La lecture de vos deux derniers billets fut pour moi un véritable délice" ; mais j'ai beaucoup de difficultés à me relire et donc à me corriger sur écran : il parait d'ailleurs que c'est le cas de nombreux utilisateurs des outils informatiques.

Bien cordialement

Écrit par : André-Yves Bourgès | 22/10/2007

@ Rosa

J'ai eu 6/20 en philo au bac (coeff 1 si ma mémoire est bonne) et je n'ai guère cherché à m'améliorer ce qui, je le conçois, est un défaut.

Écrit par : Hervé Torchet | 23/10/2007

Hervé je n'étais guère meilleure en Philo mais intéressée...
Pour André-Yves j'ai fait ce soir sur mon blogue le compte-rendu d'une conférence entendue à ce jour sur la transmission des valeurs.

Écrit par : Rosa | 23/10/2007

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