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12/01/2008

Les réunions de la liste de Quitterie Delmas font mincir.

Si vous souffrez d'une surcharge pondérale, une solution en or : faites comme moi, soutenez la liste "Les adhérents sont notre force" et filez de réunion de campagne en réunion de campagne.
 
Hier soir, il était tard quand la fin est venue ; plus de métro, je suis donc rentré à pied. Or comme Quitterie ne mange rien à ces réunions et comme par une étrange contagion je finis par n'y rien manger non plus, je suis arrivé nettement plus léger qu'au départ, après une bonne heure de marche au pas cadencé en égrenant les chansons de Brassens.
 
Et rebelote ce soir : on devait se retrouver à Bagneux à 20 heures.
 
Pour ceux qui ne connaissent pas Bagneux, c'est une commune du sud de l'agglomération parisienne, longeant la route nationale qui sépare les départements des Hauts-de-Seine (alias Sarkoland, où elle se trouve) et du Val-de-Marne. On est ici dans l'ancienne ceinture rouge de Paris. Elle est mitée, la ceinture. Mais hélas pour les habitants de Bagneux, ils ont encore un maire communiste.
 
En ayant examiné le plan, j'avais déterminé que la station de train régional (RER) la plus proche était celle d'Arcueil-Cachan et non celle de Bagneux. J'avais ensuite repéré mon chemin et mémorisé "deuxième à gauche, première à droite, légèrement à gauche et en face la rue des Meuniers, puis à droite et à gauche". Hélas, je me suis instantanément perdu.
 
Le quartier en sortant de la gare est typique de l'urbanisme francilien d'avant 1950 : des pavillons pelotonnés les uns sur les autres, souvent bâtis dans une pierre d'aspect volcanique, roux foncé (pain d'épices, pour être précis), avec de la brique et des toits de tuiles. D'autres maisons sont enduites en blanc cassé, elles n'ont qu'une courette, un garage ouvrant en général sur le trottoir même par une laide porte de bois, et un aspect en définitive paisible. On est étonné que les "bobos" n'aient pas encore envahi ces havres de modestie architecturale. On est étonné aussi que les grands immeubles mordent si lentement et si progressivement sur ces quartiers.
 
Et on se dit qu'il faut songer à en classer quelques-uns, de ces quartiers, avant qu'ils n'aient tous disparu sous la dent des bulldozers bling-bling. BoBo contre Bling-bling, ça aurait de la gueule.
 
Plus loin, on découvre avec effroi l'urbanisme brutal des années 1950 et 1960 : barres d'immeubles, parallélépipèdes sans âme qui illustrent à merveille la phrase écrite dès 1830 par Victor Hugo : "la froide ligne du géomètre a remplacé la belle ligne de l'architecte". Aucune inspiration architecturale, en effet, dans ces édifices plats.
 
Au passage, je me dis que si l'on voulait relancer la créativité architecturale en France, on aurait là un champ tout trouvé, il suffirait de faire un peu de place en éliminant certains de ces grands immeubles. Mais je ne trouve rien, aucune rue dont le nom résonne à a mémoire.
 
Perdu, éperdu, je rebrousse chemin et, au milieu de nulle part, je lance un long SOS sur le répondeur de Quitterie. Mais la soirée électorale est commencée et, logiquement, Quitterie n'a pas son téléphone à l'oreille. En définitive, c'est un couple de Portugais sorti de l'un des pavillons qui enfin a pitié de moi et me remet sur les rails.
 
Je finis donc par atteindre la rue Gabriel Cosson (qui est-ce ?), longe le stade éclairé où des footballeurs se réchauffent en galopant après le ballon, puis j'aperçois une sorte d'Algéco, d'aspect très brut, totalement éteint, vers lequel mène une ligne d'affiches de notre candidate, Mme Darves-Bornoz, semées comme des petits caillous blancs et là, enfin, j'arrive à bon port.
 
Au moment où j'entre, il est question du métro qui doit atteindre Bagneux d'ici cinq ans. "Bonne idée", me dis-je en songeant qu'il m'a fallu deux lignes de RER et une longue randonnée pour parvenir jusque-là. Hélas, un habitant se lève et annonce qu'il vit là depuis 1975 et que, depuis 1975, "c'est pour dans cinq ans". En vérité, comme le démontre très bien Marie Darves-Bornoz, il ne faut pas y compter avant 2018 ou 2020. Tant pis, mais je ne suis pas certain de revenir à la prochaine invitation.
 
Autant dire tout de suite que notre candidate a une qualité rare, qui fait d'ailleurs défaut à des femmes bien plus puissantes qu'elle dans notre Modem : l'autorité naturelle.
 
On peut, si l'on n'en a pas, acquérir de l'autorité par beaucoup de travail sur soi. On peut même ainsi acquérir de l'autorité respectable et respectée. Mais rien ne permet de se doter de l'autorité naturelle : elle vient ou elle ne vient pas. Chez Mme Darves-Bornoz, elle est venue, secondée utilement par un timbre de voix très clair de mezzo-soprane et une élocution digne de la Comédie française.
 
L'autorité naturelle se caractérise par l'impression de solidité qu'elle donne. Mme Darves-Bornoz ferait un bon maire (une bonne maire). Les gens auraient envie de se fier à elle. Elle semble très au fait des dossiers particuliers de sa ville et du cadre général de la gestion municipale.
 
Peu de nos colistiers ont fait le déplacement, mais au fond c'est mieux, car la salle est bien pleine d'habitants de la ville venus écouter leur éventuelle future maire et ses soutiens. On trouve dans cette assemblée de plusieurs dizaines de Bagnéolais (je crois que c'est le mot que j'ai entendu), des gens d'un peu toutes les tailles, d'un peu tous les âges, d'un peu toutes les couleurs.
 
Il y a même un faux ami, un de ces barons des autres listes qui vient, la bouche en coeur, vous enduire de miel pour ensuite vous rouler mieux dans la farine et vous passer à la friteuse. Il s'agit ici d'un homme âgé, qui dit vivre à Bagneux depuis un demi-siècle (il dit une fois 55 ans, l'autre 45, donc la moyenne est à 50), et qui, après avoir beaucoup vanté la liste de rassemblement soutenue par le MoDem, glisse subrepticement vers un autres sujet : comme tout est bien, au Plessis-Robinson (commune voisine), comme tout y est mieux. Ah, évidemment, le maire est un ancien habitant de Bagneux qui, ayant perdu l'espoir d'enlever sa ville aux communistes, a fini par se présenter là-bas, prendre la mairie et alors, il faut voir comme tout est plus beau, au Plessis-Robinson... Comme les immeubles sont beaux... Comme les rues sont belles... Il prononce le nom de l'élu :Pemzec.
 
Je sursaute : Pemzec est le député qui vient d'être invalidé dans des conditions très sarkolandaises. Mme Darves-Bornoz ne paraît pas avoir noté le glissement sémantique qui vient de passer de la dénonciation des méfaits de la gestion communiste à l'apologie du système UMP local. Heureusement, un autre élu MoDem de la communauté d'agglomération a rejoint la réunion et bondit, lui, ou plutôt rebondit, pour signaler qu'ils ont, dans les Hauts-de-Seine, une droite très dure, et qu'il vaut mieux voter pour le centre (Bayrou a dû se retourner non pas dans sa tombe mais dans sa permanence de campagne, lui qui se bat pour effacer le mot centre de la panoplie MoDem), car c'est le centre et le centre seulement qui s'occupe vraiment des problèmes de gens, car enfin, on peut dire ce qu'on veut, poursuit-il, les trottoirs ne sont pas de droite ou de gauche (l'exemple est mal choisi, car il n'y a justement pas de trottoir central mais en général un trottoir de droite et un trottoir de gauche, justement, mais tant pis, la démonstration est valide quand même), il n'y a pas de bonne gestion municipale de droite ou de gauche, il n'y a qu'une gestion au service des gens, c'est le message de François Bayrou, précise-t-il, pour ces municipales. Et la salle approuve.
 
Il faut dire que Mme Darves-Bornoz a certes de l'autorité naturelle, mais que cet homme (dont je n'ai pas entendu le nom) a du coffre et, on le voit bien, de l'expérience.
 
Et le débat continue pour souligner toutes les failles de l'administration communiste de la ville, tout ce choix de médiocrité et de malheur qui fait que le chômage est plus élevé à Bagneux qu'autour, que les commerces y végètent, que les gens ne s'y épanouissent pas assez.
 
Et ainsi, on égrène les raisons de voter MoDem. Et enfin, c'est fini, on applaudit, c'est bien mérité.
 
J'ai salué Marie-Laure Tréton, très en verve, Domitille Marbeau (la "jeune séniore" qui s'exprime sur la vidéo du café démocrate d'hier), Michel Hinard, infatigable promoteur de la liste, Fabien Neveu, autre inusable, et j'en oublie quelques-uns, Quitterie aussi bien sûr et avant tous les autres.
 
Puis, sur la pointe des pieds, un peu méfiant de la grève qui espace singulièrement les trains de la ligne C du RER (et dont personne ne parle quoiqu'elle soit devenue récurrente...), j'ai repris le chemin de chez moi.
 
J'ai encore perdu un kilo.

Commentaires

@herve : Nous avosn bien sur besoin de toi herve et de tous, il y avait egalement present Jean-Louis Ragot, Marianne et Fredric Bondaz, Sebastien Soria et moi même, plus une amie de Domitille, bien amicalement virginie

Écrit par : virginie v | 12/01/2008

@ Hervé

Une heure de marche ne peut pas faire de mal.Cela fait à un bon pas un bon 6 km à l'heure.
Surpris pour Bagneux et son métro car ayant passé 6 ans à Malakoff je confirme que cela fait un paquet de temps pour le métro surtout que la ligne de Malakoff qui nous mène aux Champs Elysées date de 76.....

Pierre

Écrit par : ulm pierre | 12/01/2008

Hervé, j'adore le ton de ce "reportage" qui m'a bien fait rire car c'est la pure vérité !!
Je vais envoyer tout de suite le lien à Marie qui sera,j'en suis sûre, ravie ;)

Écrit par : marie laure | 12/01/2008

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