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06/04/2015

Religions et révolutions

En ce lendemain de la fête chrétienne de Pâques, et au surlendemain de la fête juive de Pessah, alors que la RATP s'enfonce dans un curieux débat à propos d'une affiche d'un concert du groupe de musique des Prêtres organisé pour le secours des chrétiens massacrés en Orient, il est utile de rappeler que les religions, qui sont globalement conçues comme un instrument de conservatisme, voire d'obscurantisme, ont pu jouer un rôle historique majeur en formalisant des révolutions historiques.

Le sacrifice d'Abraham, par exemple, illustre de la façon la plus explicite une révolution majeure de l'Histoire de l'humanité. Cette révolution n'a pas eu lieu partout en même temps, les civilisations ne l'ont pas toutes vécue en même temps, ni de la même manière. Il s'agit de l'abandon du sacrifice humain, pour passer au sacrifice animal. Cet abandon consacre la dignité ontologique de l'être humain qui, à ses propres yeux, cesse d'être un animal comme les autres.

L'histoire est connue : Abraham interroge ce qu'il croit être son dieu, ce dieu lui ordonne de sacrifier son fils. Abraham accepte. Alors le dieu, confiant dans son obéissance, lui indique qu'il n'a plus besoin du sacrifice humain et que, par substitution, il va désormais sacrifier un bélier. Ce bélier auquel le Christ, dans une prière fameuse, se substitue à son tour : "Je suis l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". C'est la deuxième révolution historique : l'abandon du sacrifice animal. Le rite de communion se substitue à celui du sacrifice.

On peut gloser sur les traces de sacrifice animal qui subsistent cependant dans le rite plus ou moins formel de l'agneau pascal, on peut surtout regretter que le judaïsme et l'islam, à travers leur exigence d'un abattage rituel, conservent encore d'autres traces de ce sacrifice archaïque. C'est que les révolutions historiques ne se font pas partout à la fois. Elles sont ici symbolisées plus qu'incarnées, et d'ailleurs, les religions monothéistes, celles que nous nommons les religions du Livre, ont plus souvent incarné le conservatisme que la nouveauté depuis l'entrée dans les temps modernes. C'est que le principe même du rituel, avec la fin des civilisations agraires, a perdu l'essentiel de son effet, donc de son sens.

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