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28/05/2008

Le mensonge de la concurrence.

Chacun connaît l'expression "concurrence libre et non faussée". La concurrence est supposée motrice de l'activité et de l'ajustement des prix au niveau des marges les plus basses, le consommateur ayant une propension naturelle au produit dont le prix est le plus modique.
 
On nous explique que, très souvent, les grandes surfaces se trouvent dans une situation de monopole, c'est-à-dire d'absence de concurrence, et que, pour remédier à ce défaut de pluralité, il faut autoriser plus de grandes surfaces, et surtout, supprimer le principe de l'autorisation préalable, sauf pour les très grandes surfaces.
 
Il se trouve que les très grandes surfaces ont perdu des parts de marché dans les dernières années des statistiques publiées, et que le goût du consommateur semble le porter vers les assez grandes surfaces plutôt que les plus grandes.
 
En revanche, la suppression des autorisations fera disparaître une occasion de corruption que l'on dit systématique : celle du passage devant les commissions d'urbanisme commercial. Cette mesure ne peut donc que satisfaire les chaînes de grandes surfaces, qui seront moins dans la main des politiques et devront leur verser moins de commissions. Il s'agit aussi d'une moralisation, sans doute, mais on est un peu effrayé de voir croître encore les marges de manoeuvre d'un secteur dont la puissance est déjà excessive. 
 
Quoiqu'il en soit, j'avoue mon scepticisme.
 
En effet, chacun sait que les acteurs de l'économie contemporaine ont une propension naturelle aux ententes illicites. Ce n'est pas parce que l'on autorisera plus de super et hypermarchés que les prix baisseront. Autour de chez moi, j'ai deux supérettes, un Inno et, un peu plus loin, un hyper Carrefour. Chez Franprix, la bouteille de Volvic est à 0,58 €, chez G20, elle est à 0,56, à Inno à 0,55. Chez Carrefour, à 0,50. Les trois premiers sont dans le même périmètre, dans des immeubles de rues commerçantes. Le quatrième est en face du stade Jean Bouin, coincé entre un autre stade et le boulevard périphérique, loin de toute habitation. Il se trouve donc dans l'obligation de motiver ses clients à venir chez lui. De là les prix plus bas, outre le fait que c'est un hyper. On voit bien qu'à circonstances équivalentes, les prix sont globalement les mêmes : il y a un écart de 6% entre le plus bas et le plus haut. Il se trouve qu'Inno, le plus bas, est aussi plus grand, d'une taille médiane entre G20 et Franprix, qui sont deux grandes supérettes, et Carrefour. C'est déjà un vrai supermarché. Or il n'est qu'à un centime de moins que G20 qui est pourtant tout voisin. Ce n'est donc pas le pluralisme en soi qui favorise le jeu sur les prix, mais un ensemble de configurations dont le pluralisme n'est qu'une parmi d'autres.
 
Or en supprimant l'autorisation préalable, on ouvre la porte à l'installation des grandes surfaces aux meilleurs emplacements, ceux qui leur permettront de pratiquer les prix les plus élevés. 
 
C'est pourquoi il me semble que la mesure de la Loi de Modernisation de l'Économie (LME) a surtout pour but de favoriser le lobby des grandes surfaces au détriment du petit commerce. Dommage. 

10:27 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, politique, lme, commerce | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook