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04/07/2008

Vu à l'Hôtel de Ville de Paris hier.

Hier après-midi, la mairie de Paris et les comités de soutien organisaient un moment de réjouissance devant l'Hôtel de Ville de Paris, à cinq heures. Je suis arrivé vers cinq heures et quart. Plusieurs centaines de personnes s'agglutinaient contre les grilles de l'Hôtel de Ville, adossées à une estrade qui portait plusieurs dizaines de caméras de télévision. Autant de médias que de public, mais un public recueilli et guilleret, à qui on tendait des cornets de papier contenant des confetti.
 
Tout à coup, Florence Aubenas apparut. Elle vint vers moi comme si elle me reconnaissait. J'ai peut-être bavardé avec elle à un moment ou l'autre, j'avoue que je ne me souvenais pas de ce lien. Ou bien elle m'a pris pour quelqu'un d'autre.
 
Quoiqu'il en soit, je l'interrogeai sur ce qui se déroulait, le podium des vedettes du jour qui s'organisait pour répondre aux questions des journalistes innombrables. Elle m'indiqua qu'on venait de la refouler à l'entrée de l'espace clos, "question de sécurité". C'est aberrant : un jour comme ça, là, on n'avait pas reconnu Florence Aubenas. Je m'avançai avec elle vers la grille, tentant d'attirer l'attention de quelqu'un. Mais juste devant nous, une jeune femme venait d'avoir un malaise et gisait au sol, le visage verdâtre, si bien que c'est plutôt nous qui avions l'attention captée.
 
Finalement, ce n'était pas trop grave, mais le problème Aubenas demeurait.
 
Elle eut une idée, sortit son téléphone portable et appela quelqu'un. Plusieurs minutes plus tard, je la vis, enfin, fouler le sol de l'espace réservé et rejoindre le podium où son arrivée coupa le discours de Delanoë.
 
Et presque aussitôt, j'aperçus Quitterie Delmas qui, d'un pas pressé, pénétrait elle aussi dans l'enclos et y était accueillie par l'un des jeunes du comité de soutien (celui que l'on nomme d'un nom de cinéma américain : Peter Lorre), puis elle se fondit dans le groupe des comités de soutien avec lequel elle avait passé la soirée de la veille.
 
Il y eut des discours après celui de Delanoë : on entendit le fort accent de l'ambassadeur de Colombie, celui plus discret de Marek Halter qui attira l'attention sur le sort du Franco-Israélien Schalit, prisonnier du Hamas (qu'il compara, d'une façon à mon avis excessive, mais c'est une autre histoire, aux FARC), celui de Jean-Michel Ribes, et d'autres encore.
 
Au bout d'un moment, Christine Boutin s'éclipsa.
 
Il restait des élus parisiens, revêtus de leurs écharpes, notamment les verts. Un peu plus tard, un militant vert fit une récupération assez pathétique en donnant l'adresse d'un site par ailleurs utile sur l'Agenda Vert ou quelque chose comme ça.
 
Une femme chanta des gospels, entrecoupés d'un "Imagine" (de Lennon) improvisé par un Colombien qui fit percer quelques gouttes de pluie, la pluie que Raphaël Mesrahi venait pourtant de repousser en renonçant lui-même à chanter.
 
Quitterie prit des photos de ses amis des comités de soutien avec leurs appareils, pour leurs archives personnelles, participa à tout, aida, s'intéressa à chacun, et je lisais la joie sur son visage.
 
Peu à peu, le podium se vidait. On invita le public à lancer ses confetti, qui envahirent l'air sous l'oeil ravi des caméras. Puis le parvis de l'Hôtel de Ville se clairsema, je pus embrasser Quitterie et faire un debriefing de l'horizon politique à court terme.
 
Et enfin, comme un vent violent se levait, chargé d'épais nuages gris foncés, je repris le chemin de l'ouest parisien, jusqu'au métro.
 
Je n'ai pas cru, pendant toutes ces années, que notre mobilisation était si utile qu'elle l'a été. Hier, ces quatre-vingt dix minutes ont au fond permis de marquer le coup : il faut lutter, ça vaut la peine, ça peut marcher. Une leçon de vie.