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03/07/2008

Tous otages.

La libération d'Ingrid Betancourt est un moment qui bouleverse bien des nôtres, comme Quitterie Delmas dont l'engagement le plus intime est lié à celui de la députée franco-colombienne. Plus tôt, il y a eu Florence Aubenas, les otages du Liban qui, dans les années 1980, ont envahi l'écran du journal de la 2 pendant des mois et des mois. Encore plus tôt, il y avait les prises d'otage de Septembre Noir, l'organisation palestinienne. Et ainsi de proche en proche, en remontant le temps, allons-nous trouver de ces prises d'otages d'aspect politique, parfois d'intérêt réel crapuleux, les deux se mêlant par à-coups dans une politique crapuleuse ou dans une crapulerie qui prend elle-même la politique en otage.
 
Le mot otage, tel que nous le pratiquons vient de l'anglais hostage, mais celui-ci l'avait emprunté au français médiéval. L'otage est celui dont on est l'hôte, que l'on reçoit en hôtage. C'est une expression militaire, en fait : à la guerre ou lors des tournois, depuis au moins le XIIe siècle, lorsque l'on vainquait un adversaire, on le tenait prisonnier et, pour le libérer, on demandait une rançon (randsom vient aussi du vieux français). Et tant qu'on le gardait, on l'avait en hôte, ce qui supposait de le traiter avec égards, d'autant que le code d'honneur voulait qu'un otage ne s'évadât pas. Parfois, il arrivait qu'il se fît remplacer : il donnait, par exemple, son fils aîné en hôtage, en otage.
 
La libération d'Ingrid Betancourt est une bonne nouvelle, une grande nouvelle.
 
Tout d'abord, il faut dire que ceux que lassaient la sempiternellle référence à Ingrid Betancourt et le ballet diplomatique ridicule auquel se livrait Bernard Kouchner sont satisfaits : on va cesser de nous bassiner avec Ingrid Betancourt, il y a des problèmes plus graves dans le monde. On ne peut pas leur reprocher ce point de vue, aux rabat-joie : ils regardaient l'affaire comme négligeable, anecdotique, triste mais marginale et montée en épingle pour de mauvaises raisons.
 
Tout au contraire, ceux, dont je fais partie, qui ont accompagné Quitterie plus d'une fois dans les défilés réclamant la liberté pour Ingrid, connaissent le plus grand soulagement de la voir en forme, combattive, inusée, alors que voici six mois on la disait moribonde, vidée, épuisée au physique comme au moral. Elle est rendue aux siens.
 
Cependant, il ne faut oublier ni les autres otages de Colombie (il en reste une foule), ni les milliers d'autres otages anonymes du monde. En Haïti, par exemple, une personne, pas toujours riche, est prise en otage chaque jour. Pensons-y.
 
Et enfin, d'une certaine manière, n'oublions pas que nous sommes tous un peu l'otage de quelque chose et que chaque libération interroge la liberté elle-même.
 
Maisne boudons pas notre plaisir : elle est libre. Et j'irai à l'hôtel de ville, à cinq heures, comme Quitterie Delmas.

15:00 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : otages, ingrid betancourt | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook