15/03/2010
La déception est aussi ample que l'a été l'espérance.
Souvenons-nous de l'élection présidentielle, il n'y a pas encore trois ans : la ruée sur les urnes, des files d'attente interminables, un engouement instinctif et viscéral, le besoin, l'urgence même, de s'exprimer, de prendre parti, de faire obstacle à tel ou tel, de propulser telle ou telle idée. Une campagne au vitriol, des arguments de cour de récréation avaient conféré une dimension passionnelle au scrutin.
L'électorat d'extrême droite se croyait compris par le candidat de la droite. La nouvelle génération se croyait enlevée par l'essor de celui du centre, fédérateur, au-delà des passions et des clans. Et l'immense masse des électeurs qui n'ont pas d'opinion définitive s'était prise aux jeu des espérances, celle surtout d'une politique rénovée, réconciliée, nettoyée. La faible participation de 2002 avait propulsé Le Pen au deuxième tour, il avait fallu donc en 2007 choisir un autre candidat capable de faire obstacle à cette souillure. Enfin, le retour du volontarisme en politique laissait espérer un regain d'efficacité des politiques publiques.
De mois en mois, depuis, la désillusion n'a cessé de s'accroître. Et les électeurs de déserter les urnes.
Qu'on ne croie pas que je néglige la qualité de la gestion des régions par les présidents socialistes. Au fond, les électeurs ne savent pas ce que font les régions et, n'ayant guère de reproche à faire à cet inconnu, trouvent l'occasion d'en faire au gouvernement. Disons que cette qualité est en filigrane, mais que l'abstention effrayante et massive prouve l'étendue du doute qui ne cesse de se creuser entre le peuple et ses élus, qu'ils soient bons ou non.
Chacun imagine les valises de billets de banque qui continuent à circuler, les paiements de dessous de table en timbres-poste, les cadeaux royaux aux copains sur le dos du contribuable. Et les déficits se creusent pendant que les poches des copains s'emplissent. On ferme des hôpitaux, on réduit les retraites, mais on vend les autoroutes pour une bouchée de pain, on passe commande aux entreprises amies, on subventionne les ONG amies, les assos des copains. Et on sacrifie l'avenir à la cupidité.
J'espère qu'au moins, la fusion des listes écolo et socialo permettra de faire tomber deux projets stupides : l'aéroport ND des Landes en Bretagne et la reconstruction de Jean Bouin à Paris. Si ce but minimal n'est pas atteint, nous saurons que l'ultime refuge des espoirs si souvent déçus s'est éteint lui aussi.
Et alors, tremblons, car les pires aventures se profileront à l'horizon de la France.
EDIT : je constate qu'en Pays de Loire, les écolo se sont ralliés à une position parfaitement tartuffe : la région ne pourra financer l'aéroport ND des Landes que sous forme d'"avance remboursable", càd de prêt. Cela ne signifie même pas que la nouvelle liste rose et verte prenne réellement position contre cet aéroport. D'ailleurs, les autres collectivités concernées, et qui pour les plus importantes sont dirigées par le PS, n'ont pas annoncé retirer leur soutien au nouvel aéroport. Il y a donc trahison à tous les étages, avec un piteux "c'est pas moi c'est lui "(l'aéroport est une décision de l'État) répugnant.
Quant à Jean Bouin, si quelqu'un en a entendu parler, qu'il le dise.
En somme, les écolo se rallient au PS en échange de caquettes, de présidences de commissions et de délégations, càd rien. J'ai été adjoint au maire d'un arrondissement de Paris comptant 150000 habitants et je sais à quel point est faible l'influence de l'adjoint sur les projets-clefs. Les verts adjoints de Delanoë à Paris sont bien placés pour témoigner. Je considère donc que l'accord socialo-écolo est d'un bénéfice programmatique nul pour les écolo. L'espoir s'est éteint.
01:33 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, régionales, abstention | | del.icio.us | | Digg | Facebook