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11/05/2008

Chaque écolier devra parrainer un enfant esclave.

Sarkozy a des idées. Une par an.
 
Et quand on la lui refuse, il pique une énorme crise de nerfs.
 
Alors, puisqu'on ne veut pas du parrainage des enfants juifs, il faudra s'intéresser aux esclaves, na.
 
D'autant plus que ça lui permet d'acheter Christiane Taubira pour pas cher. Il ne s'est quand même pas fait chier pendant quinze heures d'avion aller-retour et une heure de silence (de silence !) devant le catafalque de Césaire pour rien ! Non, mais ! Il faut que ça rapporte.
 
Alors, va pour les esclaves.
 
Et dire qu'il s'est échiné durant toute sa campagne présidentielle à égrener une à une les lignes du "sanglot de l'homme blanc" de Pascal Bruckner, et dire qu'il a prétendu combattre l'obsession de la culpabilité qui a envahi la société occidentale... et dire qu'il voulait mettre fin à la litanie de la repentance...
 
Très bien.
 
L'esclavage, parlons-en. J'en parle d'autant plus à mon aise que je compte, parmi mes ancêtres, des esclavagistes et des esclaves. Et que mon roman traite en partie du scandale de l'esclavage français aux Antilles.
 
Si l'on doit traiter, pour de petits enfants, de l'esclavage, il faudra en traiter entièrement et énoncer en toute clarté que les esclaves que l'affreux (et honteux, et scandaleux) commerce triangulaire a transplantés d'Afrique aux Antilles (et aux États-Unis) n'ont pas été capturés de façon sauvage, en Afrique : ils y ont été achetés. Et si on les y a achetés, c'est qu'on les y a vendus. Et ce ne sont pas les vilains Français, ni les vilains Anglais, ni les vilains Espagnols, ni les vilains Portugais, ni les vilains Arabes (gros consommateurs) qui les ont vendus : ce sont d'autres Africains.
 
Oui, je voudrais qu'il soit fait justice et que si l'on condamne pour toute éternité l'esclavage de toutes les époques et de toutes les régions, sans nuance, je voudrais que l'on n'oublie pas qu'il n'existe qu'assez peu de sociétés africaines qui, avant l'arrivée des Européens, n'aient pas pratiqué l'esclavage de façon endémique.
 
Plus encore, je voudrais qu'au lieu de jeter les stigmates sur de pauvres gosses qui n'y sont pour rien, la même Taubira aille donc en Haïti, un pays que je connais un peu, et qu'elle y demande ce qu'est un "reste avec".
 
Un "reste avec", c'est un enfant d'une famille pauvre que ses parents "confient" à un protecteur riche. Les parents, sans rien, encombrés de huit ou dix enfants, se disent qu'au moins celui-là, chez ces gens aisés, aura le gîte et le couvert, on prendra soin de lui.
 
Mais il arrive que l'enfant devienne Cosette. Ou pire.
 
Que Mme Taubira aille donc s'occuper des esclaves d'aujourd'hui au lieu d'agiter des fantômes. Qu'elle sème le bien au lieu d'assouvir sa soif de haine.
 
Je préfère de loin le combat de Césaire qui disait juste lorsqu'il réclamait, tout simplement, tout nuement, l'égalité pour les siens. L'égalité. Aujourd'hui. 

22:07 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, sarkozy, esclavage, taubira, bruckner | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook