22/01/2007
Une "petite" éditrice : Sabine Wespieser
Après avoir examiné rapidement des poids-lourds, j'ai envie de parler de cette modeste maison atypique et parisienne.
Il y a moins de dix ans, Sabine Wespieser a fait un jour un petit héritage. Comme Claude Chabrol, qui avait converti le sien en pellicule de son premier film, elle a investi la somme qu'elle touchait en créant sa propre enseigne éditoriale.
Elle travaillait dans le milieu bien avant.
Elle s'est installée dans un rez-de-chaussée qu'elle partage avec un éditeur de livres gourmands, près de la place Maubert, au pied de la colline Sainte-Geneviève, à l'ombre de huit cents ans de sorbonnards et de deux cents ans de panthéonisés.
Quand on y entre, on ne sait pas si on va réussir à cesser de saliver avant de s'intéresser à ses livres. Heureusement, l'autre éditeur ne fait pas encore dans l'olfactif, seuls les yeux sont happés et il suffit de se concentrer pour rester à ce qu'on est venu faire.
La maison d'édition est répartie en trois : l'accueil et deux bureaux modestes. On sent là tout le courage et l'engagement de ceux qui défendent leur vision du livre. Qu'on aime ou pas, on rend au moins cet hommage.
Matériellement, ses livres sont créatifs et raffinés. Couverture de teinte dense et terne, page de garde en papier rare sont des ingrédients inhabituels.
La ligne de la maison est à l'image des objets-livres, mais en cherchant un public qui sache lire et qui aime les narrations douloureuses et bien écrites.
Le premier vrai succès a été une écrivaine irlandaise qui reste l'un des produits-phares de Sabine Wespieser. On est d'ailleurs partagé entre le plaisir du texte et le regret qu'il faille toujours chercher le meilleur à l'étranger. Certains éditeurs paresseux ne se donnent même plus la peine de s'enquérir d'oeuvres nouvelles françaises : ils vont au plus facile, abattus sans doute par l'abandon qui règne partout, et ils ne publient plus que des traductions. Disons ici que Sabine Wespieser a choisi son auteure irlandaise alors qu'elle n'était célèbre ni dans son pays ni en France.
Il n'y a pas si longtemps, elle se réjouissait du soutien d'une partie de la critique, dont Angelo Rinaldi.
Son catalogue est devenu éclectique et exigeant. Il n'y a rien là d'anodin, ce qui constitue encore une exception. Pas de concession inutile.
En somme, du livre, rien que du livre. Enfin...
PS : tous mes voeux de rétablissement à quelqu'un qui se reconnaîtra si elle a la force de me lire.
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