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29/01/2007

Bref retour sur Gallimard.

En repassant par le site www.gallimard.fr, j'ai eu l'idée de faire la visite virtuelle et commentée des locaux qu'ils proposent. C'est ludique et utile.

Au passage, si quelqu'un a des info sur ce qui se passe au Cercle de la Librairie, maison mère de Livres Hebdo, où Gallimard semble secouer des cocotiers, qu'il n'hésite pas à le dire ici. Accès libre.

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22/01/2007

Une "petite" éditrice : Sabine Wespieser

Après avoir examiné rapidement des poids-lourds, j'ai envie de parler de cette modeste maison atypique et parisienne.

Il y a moins de dix ans, Sabine Wespieser a fait un jour un petit héritage. Comme Claude Chabrol, qui avait converti le sien en pellicule de son premier film, elle a investi la somme qu'elle touchait en créant sa propre enseigne éditoriale.

Elle travaillait dans le milieu bien avant.

Elle s'est installée dans un rez-de-chaussée qu'elle partage avec un éditeur de livres gourmands, près de la place Maubert, au pied de la colline Sainte-Geneviève, à l'ombre de huit cents ans de sorbonnards et de deux cents ans de panthéonisés.

Quand on y entre, on ne sait pas si on va réussir à cesser de saliver avant de s'intéresser à ses livres. Heureusement, l'autre éditeur ne fait pas encore dans l'olfactif, seuls les yeux sont happés et il suffit de se concentrer pour rester à ce qu'on est venu faire.

La maison d'édition est répartie en trois : l'accueil et deux bureaux modestes. On sent là tout le courage et l'engagement de ceux qui défendent leur vision du livre. Qu'on aime ou pas, on rend au moins cet hommage.

Matériellement, ses livres sont créatifs et raffinés. Couverture de teinte dense et terne, page de garde en papier rare sont des ingrédients inhabituels.

La ligne de la maison est à l'image des objets-livres, mais en cherchant un public qui sache lire et qui aime les narrations douloureuses et bien écrites.

Le premier vrai succès a été une écrivaine irlandaise qui reste l'un des produits-phares de Sabine Wespieser. On est d'ailleurs partagé entre le plaisir du texte et le regret qu'il faille toujours chercher le meilleur à l'étranger. Certains éditeurs paresseux ne se donnent même plus la peine de s'enquérir d'oeuvres nouvelles françaises : ils vont au plus facile, abattus sans doute par l'abandon qui règne partout, et ils ne publient plus que des traductions. Disons ici que Sabine Wespieser a choisi son auteure irlandaise alors qu'elle n'était célèbre ni dans son pays ni en France.

Il n'y a pas si longtemps, elle se réjouissait du soutien d'une partie de la critique, dont Angelo Rinaldi.

Son catalogue est devenu éclectique et exigeant. Il n'y a rien là d'anodin, ce qui constitue encore une exception. Pas de concession inutile.

En somme, du livre, rien que du livre. Enfin...

PS : tous mes voeux de rétablissement à quelqu'un qui se reconnaîtra si elle a la force de me lire.

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17/01/2007

Libre, l'économie du livre ?

Dans un article de "Marianne" de la semaine dernière (p 71), on trouve un court compte-rendu d'un débat à distance entre deux livres, le premier ("Lire et penser ensemble ; Sur l'avenir de l'édition indépendante et la publicité de la pensée critique" de Jérôme Vidal, éditions Amsterdam) refusant le pessimisme, l'autre ("L'édition sans éditeurs", d'André Schiffrin, éditions La Fabrique) énonçant toutes les raisons de se lamenter et de trembler.

En vérité, les faits sont connus : les gros éditeurs mangent les petits et les libraires font ce qu'ils peuvent. Les Espaces culturels de Leclerc, les Fnac, les Virgin, les simples rayons "Livres" des hypermarchés sont autant d'aspirateurs qui drainent la clientèle vers les géants en oubliant le destin des libraires de quartier. J'en connais un en Bretagne à qui on a retiré son label "Maison de la Presse" et qui ne survit qu'en vendant du tabac en plus des livres. Eh oui, j'oubliais les "maisons de la presse", d'Hachette, souvent très bien organisées et animées par de vrais libraires. Mais malgré tout, elles sont tributaires de leur réseau-mère, le même que l'acteur majoritaire de l'édition.

On pourrait croire qu'Internet puisse changer les choses, mais là, tout n'est pas joué et les gros acteurs de la vente habituelle se retrouvent dans la vente en ligne.

Les petits libraires souffrent, les petits éditeurs ont subi de plein fouet une évolution voulue par les puissants acteurs de la vente : celle des marchés publics. Mon éditeur, par exemple, a toujours fait entre 8% et 10% de chiffre d'affaires avec les bibliothèques publiques. Traitant en direct, il leur vendait à taux plein. Or depuis au moins 18 mois, on impose aux acteurs publics du secteur de respecter la règle des marchés publics en considérant la globalité de leurs commandes annuelles de livres comme un seul marché (dès lors qu'elles atteignent un certain seuil).

Cet intermédiaire, c'est la règle, prend ce qu'on nomme une "remise" sur les livres, soit autour de 30% par tradition, parfois un peu plus ou moins. Donc sur 8% ou 10%, voici entre 2,5% et 3% qui s'évaporent. Le livre est un secteur où la marge nette est faible. Ôter 2,5% à 3% de chiffre d'affaires est fragiliser encore des acteurs modestes. Quand c'est pour sauver un libraire lui-même chancelant, cela peut se comprendre, mais on remarque de plus en plus que des officines lointaines désignées par des sigles prennent ces marchés publics et que la part des libraires locaux y diminue.

Alors il faut le dire : dans un pays où le prix du livre est sérieusement encadré (justement pour protéger les petits contre les grands), la règle des marchés publics est absurde pour les livres. Elle ne profite en rien au contribuable, sauf à violer la loi sur le prix des livres. Elle ne sauve aucun libraire fragile. Elle pénalise des éditeurs fragiles aussi.

Remarquons encore une fois que la règle des marchés publics empêche en pratique tous les acteurs publics d'acheter directement aux éditeurs. Les intermédiaires seuls en profitent. C'est un scandale.

Voilà une petite pierre dans l'édifice de la libération de l'idée : rééquilibrons les lois du livre.

Je vais parler des livres eux-mêmes. Des livres pour vivre libre.

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16/01/2007

Vive le Gallimard libre ?

Gallimard est la plus prestigieuse des maisons d'éditions francophones. À côté du mastodonte Hachette ramifié en tant de labels dont Grasset est le plus connu, la vieille maison de Gide fait figure de résistant.

On ne vit plus, aujourd'hui, sur un catalogue : les éditeurs tournent comme des toupies au rythme des saisons avec des livres estampillés StarAc qu'on achète pour dormir et des prix littéraires qu'on achète pour offrir ; le livre jaillit sur des étalages devenus des tapis roulants. Vite, le livre tombe. Il disparaît. Et qui va lire un mois plus tard les confidences intimes (écrites de main mercenaire) de ces personnages de romans photos que l'on propose comme modèles aux jeunes et aux moins jeunes pour qu'ils oublient de regarder leur propre vie en face ? Le livre est à notre époque ce qu'était le 45 tours aux années 1960 et 1970 : un jouet sans importance.

Pourquoi pas, d'ailleurs, s'il ne s'agit là que d'une partie d'une production globale ? Il faut bien que tout le monde vive.

Seulement voilà, ce livre couvert de néons est devenu un instrument contre l'intelligence. Et l'intelligence est (re)devenue l'ennemie des puissants. Le livre crétin prend donc de plus en plus de place. Il va falloir organiser la résistance.

Gallimard pourrait vivre sur son catalogue : il est phénoménal. On se réjouira que cette bonne maison ne se contente pas de cette rente et continue à innover. Bien sûr, elle cède parfois aux contingences de l'époque. Il lui arrive aussi de rencontrer des aubaines comme Harry Potter dans sa collection destinée aux plus jeunes. Personne ne peut le lui reprocher, car pour le reste, les efforts continuent. En somme, si l'on cherchait de la résistance, on en trouverait là un peu au moins. Délibérée ou non.

Continuons à prospecter, les mots retrouveront la liberté. Comme disait Victor Hugo, "La tâche est rude,mais elle est grande".

Je vais proposer quelques lignes directrices pour une résistance de l'idée.

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12/01/2007

www.grasset.fr

Je suis passé aujourd'hui chez Grasset.

Longtemps, l'accueil était au premier étage. Le guichet était coincé entre deux planches comme un bocal encadré. Tout était envahi par les manuscrits déposés ou refusés. Il y avait, à l'ancienne, des présentoirs marqués du nom des gens de la maison, pour leur courrier.

Cet étage n'a guère changé. Florent Massot, qui s'était installé dans le bureau de Fasquelle, se décale non loin, rue de Buci me dit-on. Sans doute le succès de Patrick Sébastien l'a-t-il regonflé depuis son éviction par Fixot.

Les couloirs sont entre beige et gris, entre velours et poussière. Les attachées de presse sont évidemment les reines de la maison pour le profane. On croise par chance le sourire affable de Carcassonne ou la longue silhouette toujours fragile de Nora. Les souvenirs des anciennes générations s'effacent déjà.

J'ai beaucoup aimé le court livre de Christophe Bataille, cet automne, autour de Bernard Grasset, fondateur de la maison. Bataille n'aime pas ce que j'écris. J'avais bien aimé son premier roman chez Arléa (www.arlea.fr) ("Annam", prix du premier roman, épuisé je crois), moins son premier chez Grasset, que je trouvais écrit à reculon et comme sous la torture. Je peux dire du bien du dernier, donc.

Il s'agit d'une sorte de rêverie autour de Grasset, personnage excentrique gagné par la folie, folie de son décor, folie de son métier. Le livre est noté comme commencé voici déjà plusieurs années, tout près d'"Annam". C'est sans doute pourquoi je l'aime bien : il ressemble plus à la première manière de Bataille.

Après Grasset, il y a eu beaucoup de hautes figures, entre ces murs. On pense en particulier à Yves Berger, l'homme des réseaux, l'ami incurable d'une Amérique des mythes. On pense surtout à Françoise Verny, qui a fini si péniblement après avoir vécu si fiévreusement et avoir inspiré tant de bons écrivains. On pense bien entendu à Fasquelle, qui vient d'achever de s'éloigner, et à ses deux épouses successives, la seconde Nicky ayant passé la main du Magazine Littéraire depuis déjà plusieurs années à Jean-Louis Hue qui lui imprime sa marque.

L'accueil actuel, pour y revenir, est au rez-de-chaussée, clair et pimpant. Mais de plus en plus, les manuscrits refusés l'envahissent comme une muraille de Chine.

Mon auteur Grasset préféré, on le sait, est Anne Goscinny. J'en parlerai dès demain.

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