08/02/2007
Libres, les banlieues ?
Les trois quarts des gens, en France, vivent dans une banlieue.
Or quels sont les grands écrivains de la banlieue ? Il y a eu, hélas, Céline, mais depuis ?
Les écrivains de la ville sont en général les plus difficiles, comme si leur sujet les forçait à écrire au marteau-piqueur. Il leur manque ce qui fait qu’on ne peut pas opposer entièrement nature à culture : la part organique de l’humanité de l’artifice urbain.
Zola a eu son « Ventre de Paris ». On ne s’amuse guère à le lire, mais il a permis de comprendre des réalités surprenantes. On pense par exemple aux poulets élevés en batterie dans les caves, qui ressemblent trait pour trait à ceux de notre époque. Aujourd’hui, ils sont la norme ; alors, seulement l’exception : par cette pratique, les éleveurs contournaient l’ « octroi », une taxe perçue à l’entrée des fortifications qui fermaient Paris (d’où l’expression intra-muros, d’ailleurs) : ils y gagnaient un peu de marge.
Dans ce roman comme dans plusieurs de Zola, la ville est le vrai sujet.
La banlieue, elle, est alors encore bucolique ou faubourienne. Les faubouriens ont eu leur littérature, pas les banlieusards. Pourquoi ? Mystère.
Le mouvement s'amorce à peine, comme s'il se cachait, et les bons écrivains tardent à venir au grand jour. Et ils ne cherchent pas encore à fouiller dans les profondeurs de la banlieue, pas assez dans les tripes.
Avons-nous désormais peur de la réalité ? Ne sommes-nous plus assez libres ?
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