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24/11/2007

Pour la vertu municipale.

Mercredi soir, je suis allé dîner chez un cousin dans le XXe arrondissement, à l'autre bout de Paris. À court de métro et trouvant le trajet un peu long pour la bicyclette, étant donné le froid vif qui régnait, j'ai pris un taxi. Le chauffeur, âgé d'une trentaine d'années, dont les parents devaient être venus d'Algérie avant sa naissance, m'expliqua qu'il venait de débuter dans la profession après avoir été livreur pour le journal "Le Monde", qu'il jugeait un patron odieux. Il se félicitait de son nouveau métier. Et, de fil en aiguille, il en vint à évoquer ceux qui, au lieu de se battre comme lui, préfèrent vivre dans l'assistanat. Il relata un reportage qu'il avait vu un peu plus tôt à la télévison, sur un chômeur qui touchait une indemnisation depuis des années sans travailler jamais. Je l'interrompis, un peu agacé :
 
- Mais ça, c'est ce que dit la télé. Et vous, est-ce que vous en connaissez, des gens qui vivent comme ça ?
 
- Oui, dans ma cité, il y en a un.
 
J'eus envie de faire remarquer qu'un sur une cité, c'était peu.
 
- Il y en a un, poursuivait-il : il est au RMI. L'APL (Aide Personnalisée au Logement) couvre son loyer à 50 Euros près... Il touche en plus des bons alimentaires, 50 Euros par semaine.
 
En somme, concluait-il, il vit très bien et ne voit pas pourquoi il devrait travailler.
 
À sept Euros de nourriture par jour, ce n'était évidemment pas un gourmand.
 
Une jeune femme que j'avais rencontrée dans un café m'avait fait lire le manuscrit de son roman, avant l'été, qui évoquait d'autres situations où les municipalités en font trop : il s'agissait de grands dadets auxquels les villes, quoiqu'ils fussent français, offraient des voyages collectifs dans leurs pays dits d'origine, dont ils ne parlaient cependant pas la langue et où leurs séjours étaient le plus souvent écourtés, tournant au vinaigre. Elle estimait, du haut de son expérience d'assistante sociale banlieusarde de vingt-cinq ans, que les communes faisaient cela pour la paix civile dans les quartiers, l'été : il fallait tout simplement éloigner les jeunes, coûte-que-coûte.
 
Elle poursuivait sur les autres moyens utilisés pour choyer ceux qui ne travaillent pas.
 
C'est ainsi que je vois se dessiner, de jour en jour, le clientélisme municipal, une des corruptions les plus cyniques et les plus pernicieuses. Encourager les gens à la dépendance plutôt qu'à l'indépendance.
 
À l'autre bout de la chaîne, la vieille affaire Chirac a réveillé le souvenir d'un temps où l'argent coulait à flots sur le personnel politique, sur les journalistes, les syndicalistes. Mais aussi, à travers les marchés publics d'Île-de-France (et d'ailleurs) sur les entrepreneurs et, à travers des commissions d'intermédiaire, sur tout le monde politique, comme l'a révélé le procès : RPR, PS, PCF, libéraux du Parti Répubiicain, sur tout le monde en somme, sauf sur les centristes de feu le CDS.
 
À Paris, les vrais scandales n'ont jamais éclaté. Il faut dire qu'ils sont loin de ne concerner que le pouvoir politique et ses partenaires économiques.
 
Il s'agit par exemple des marchés de travaux publics. Je crois avoir déjà donné quelques pistes dans ce sens.
 
Je possède des devis de travaux dans des écoles datant des années 1990. La peinture d'un préau coûtait ainsi à la ville non moins de 150000 (cent cinquante mille francs). Je me suis toujours demandé avec quoi on peignait : avec de la feuille d'or ?
 
Il s'agissait d'une pièce ordinaire, dix mètres sur six, le devis ne mentionnait aucune particularité de support qui pût justifier ce devis extravagant.
 
La Ville de Paris était réputée pour ne jamais faire jouer la garantie décennale : en cas de malfaçon, c'était la ville elle-même qui finançait les réparations, comme à l'école maternelle de la rue Gros, dans mon XVIe arrondissement.
 
Les travaux coûtaient fort cher, vraiment.
 
Voici donc les deux extrémités du lourd travers qui déshonore tant d'équipes et d'administrations municipales : clientélisme et prévarication.
 
Il faut donc que les candidats aux municipales s'engagent à lutter contre ce double fléau.
 
À Paris, comme l'a démontré le livre "le marchand de sable" sur la gestion Delanoë, on n'a constaté aucun changement notable dans ce qui constitue le symptôme, la part visible de la réalité budgétaire : les montants budgétisés n'ont pas baissé et cependant on n'a pas constaté une forte augmentation de la quantité de travaux effectués.
 
La question vient donc tout naturellement à l'esprit : les pratiques ont-elles changé ?
 
Il faudra que Bertrand Delanoë réponde à cette question.
 
S'il ne le fait pas ou s'il ne convainc pas, il est évident que l'UMP sera mal placée pour le critiquer. L'existence d'une candidature MoDem prendra alors un sens d'autant plus fort et nécessaire.
 
Il pourrait en être ainsi dans bien des villes.
 
C'est pourquoi, plus que jamais, j'en appelle à la vertu municipale. 

10:20 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, municipales, Paris, Delanoë | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Oui, clientélisme et prévarication, c'est bien celà qui gangrène tant de municipalités... car Paris, bien entendu, est loin d'être un cas isolé...

Cordialement, :-)

Hyarion, le démocrate anarcho-monarchiste.

Écrit par : Hyarion | 24/11/2007

@ Hyarion

Je donne ici l'adresse de la section grolandaise du MoDem (le GroDem) que tu as donnée voici qq jours sur ton blog :

http://generationdemocrate-groland.hautetfort.com/

Écrit par : Hervé Torchet | 24/11/2007

Les règles dans les marchés publics doivent changer.A Paris comme à Mérignac.IL faut introduire des critéres de développement durable pour des investissements Parmi eux la clause d'insertion sociale applicable aux appels d'offre passés.Tous ceux , qui ont du répondre aux délits d'abus de biens sociaux et aux prises illégales d'intérêt pour les emplois fictifs, .............ont eu le sursis. Pierre

Écrit par : ulm pierre | 26/11/2007

Les commentaires sont fermés.