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02/02/2008

Laïc.

La France, république laïque, "ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte". Telle est la position d'équilibre sur laquelle notre pays s'est fixé depuis plus d'un siècle et qui a été ratifiée à une très large majorité par le peuple français, par référendum, avec la constitution de la Ve république.

On doit comprendre qu'il ne s'agit pas là d'une position de principe antireligieuse, mais d'une neutralité fondamentale. La chose publique et le fait religieux sont étrangers l'un à l'autre.

Ainsi était-il alors mis fin au régime concordataire qui, durant le siècle précédent, avait régi les relations des Églises et de l'État. Selon ce précédent dispositif, les clergés des différentes confessions étaient rémunérés par l'État mais, de ce fait, soumis à approbation des autorités politiques. Ils étaient en quelque sorte fonctionnarisés. La loi de 1905 est une privatisation des religions.

L'Église catholique se rallia à ce compromis qui lui rendait sa liberté d'organisation (désormais le clergé et lui seul préside aux désignations des desservants) tout en lui garantissant l'usage de lieux de culte dont l'entretien ne lui incombait pas.

Seul, depuis lors, le régime de Vichy a tenté de remettre en cause le compromis historique. Seul, jusqu'à l'arrivée de Nicolas Sarkozy, petit-fils de Pétain de ce point de vue-là.

En vérité, le débat sur la laïcité et son avenir au XXIe siècle a commencé avec les travaux de la commission Giscard d'Estaing pour l'élaboration d'un nouveau traité européen, que nous rêvions de voir s'élever jusqu'à l'ambition constitutionnelle. La France de Chirac, fidèle à elle-même de ce point de vue-là, fit obstacle à l'inscription des racines chrétiennes de l'Europe dans le texte. Les rédacteurs du traité de LIsbonne ont enfoncé un coin dans ce succès en réintroduisant non pas les racines chrétiennes, mais les racines religieuses, qui n'ont rien à faire dans une constitution.

Et il y avait plusieurs dispositions du traité rejeté en 2005 qui entretenaient de terribles ambiguïtés en matière de statut des religions. Parmi elles, certaines ont été levées dans le sens défavorable à la laïcité.

J'ai voté oui au traité de 2005, pour faire progresser l'Europe, pour que l'élan ne se brise pas, mais avec l'anxiété de ces doutes. Aujourd'hui, le doute n'existe plus, on entraîne la construction européenne sur un terrain dangereux. 

Pour toutes ces raisons, alors qu'on lance un appel à venir défendre la laïcité lundi à Versailles, j'irai. 

Commentaires

Il faudrait faire la différence entre la France et l'Europe... l'Europe n'a pas l'histoire de la France ou de la Turquie, qui justifie la laïcité. Elle n'a pas non plus celui de la Pologne ou de Malte, qui justifie le poids important de l'Église catholique. L'Europe est un projet commun qui doit concilier les différentes traditions, laïque comme catholique. Il me semble que le traité ne remet en cause ni la laïcité franco-turque, ni la religion d'État italienne, irlandaise ou maltaise.

Écrit par : KPM | 05/02/2008

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