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12/03/2008

Quitterie Delmas, Bayrou, les succès et les chantiers du MoDem.

1. Le MoDem s'affirme comme pôle de résistance à la confiscation de la cité par les appareils dominants.
 
Le principal acquis du Mouvement Démocrate, à l'occasion de cette élection, c'est d'avoir mis en exergue une réalité profonde : les petits partis, quels qu'ils soient, sont très prompts à défendre leur os. Ils sont les meilleurs chiens de garde du duopole au lieu d'en être les ferments critiques. À cet égard, l'attitude des Verts parisiens confine à la caricature, sans parler des communistes cambrés sur leurs clanismes municipaux.
 
Tout à l'inverse, en refusant de se plier aux oukazes des grands et en réfutant l'injonction de la bipolarisation, le MoDem s'est posé en ferment du désordre, comme on l'a bien et heureusement constaté.
 
Mais il est évident que cette force aurait été bien plus grande si l'ambition l'avait été aussi. L'échec de la première stratégie de front républicain, récupérée par les appareils à leur profit, est significative de la nécessité d'un changement de méthode.
 
Désormais, il y a deux bastilles à prendre et le mot d'ordre est "pas de quartier".
 
2. Le MoDem dispose désormais d'un fort réseau d'élus locaux, dont beaucoup ne doivent leur élection qu'à eux-mêmes.
 
C'était le voeu de Bayrou : faire lever une vaste récolte, semer une nouvelle génération d'élus locaux. Cet objectif a été atteint, non sans dégâts qu'il faudra réparer assez vite.
 
Ces élus sont parfois dans des pactes majoritaires. Il faut (et notre devoir sera de le leur rappeler) que quelle que soit la couleur de l'équipe avec laquelle ils servent leur ville, ils n'oublient pas que leur tâche est de servir le plus faible : le commerçant contre la grande surface, le piéton contre la voiture, la caissière contre le patron de supermarché, etc.
 
Ils doivent aussi se battre pour améliorer la gouvernance de leur ville, en s'inspirant des chartes éthiques qui ont fleuri ici ou là durant la campagne. Le mot d'ordre est "transparence", disponibilité de l'info, ouverture des comptes, accessibilité des élus et des administrations. Rappeler et se rappeler que les pouvoirs publics sont au service du public. Cela peut être fait sans esprit de punition à l'encontre des fonctionnaires, même s'ils le méritent, mais cela ne peut être fait sans pugnacité.
 
3. Les idées du MoDem sont désormais un désert.
 
Si quelqu'un est capable de dire le premier mot d'un projet collectif défendu par le MoDem, qu'il le dise. La stratégie a primé sur le fond et elle a balayé l'acquis de la campagne présidentielle. Il y a tout à refaire.
 
Il est évident que Marielle de Sarnez s'est trompée de campagne à Paris et qu'elle a emporté son équipe dirigeante du MoDem avec elle. C'est à ce niveau-là que des changements doivent intervenir, dont l'instrument sera la conquête du mouvement départemental (qu'on ne se vexe pas si j'écris fédé pour faire court) par l'équipe de Quitterie Delmas.
 
L'erreur de MdS se place à trois niveaux : le premier est à la fois stratégique et tactique. Bayrou a fait toute sa campagne présidentielle sur l'idée de la conquête et de la liberté : "pas bien haut peut-être, mais tout seul". Un ressort de fierté et donc d'ambition individuelle et collective qui a séduit l'électorat, en particulier l'électorat parisien, qui se souvient qu'on a longtemps qualifié les Parisiens de frondeurs. Les deux candidats les plus frondeurs, aux municipales courantes, ont été (et sont) Philippe Meyer et Véronique Delvolvé-B ; or ce sont ceux des candidats parisiens qui ont fait les meilleurs scores et de loin. Donc erreur tactique et stratégique de ne pas avoir suivi leur trace, erreur en lien avec une erreur philosophique : Bayrou a fait sa campagne présidentielle en expliquant que c'est parce qu'on est fort et indépendant qu'on peut ensuite négocier. On ne va pas à l'élection comme le veau à l'abattoir : on y va pour conquérir. Or la stratégie de l'alliance sous-jacente était celle des législatives déjà, avec le résultat que l'on avait vu déjà en juin et qui aurait dû nous avertir, en tout cas avertir nos dirigeants. On ne bâtit pas un succès sur une stratégie inquiète.
 
Le deuxième niveau d'erreur est la gestion calamiteuse du réseau militant, j'y reviendrai.
 
Le troisième niveau est d'avoir laisser confisquer l'accès direct à Bayrou. 
 
Puisque l'erreur a été à son terme, il faut donc la purger et reconstruire, reconstruire les idées autour de ce qui a fait que les gens ont cru en Bayrou. Et alors, par milliers, ils reviendront.
 
 
 
Pour l'heure, le premier objectif de Bayrou est évidemment de gagner la mairie de Pau.
 
Devait-il se lancer dans cette aventure ? Sans doute pas. Ce qui a manqué à nos candidats dans les plus grandes villes (hors Paris) c'est sans doute le meeting monstre autour de Bayrou, qu'il n'a pas pu tenir, tout empêtré qu'il était dans sa bonne ville de Pau. (C'est sympa, d'ailleurs, Pau).
 
C'est pourquoi, s'il perd, nous savons qu'il y aura au moins un avantage dans cette situation affligeante : il sera plus disponible pour s'occuper de la construction du mouvement, où l'on a grand besoin de lui.
 
 
 
Enfin, il me faut conclure pour réaffirmer que, pour prendre la fédé de Paris et, de là, réformer l'organisation centrale du MoDem, un seul nom s'impose à mon esprit : celui de Quitterie Delmas.

Commentaires

il est certain qu'à Paris, tout est à reconstruire... Quitterie doit diriger ce chantier et s'entourer de TOUTES les sensibilités internes au Modem à Paris. Elle en a la volonté et les moyens. Ce sera un combat nécessaire mais de haute lutte car, à l'évidence, MDS ne cèdera pas si facilement malgré notre défaite patente.

Écrit par : bertin | 13/03/2008

Merci, ton billet est une longue réponse en soi à mon commentaire d'hier. (Je ne comprend pas pourquoi effectivement il est allé à Pau, avec un chantier aussi important sur le dos que le Modem, c'est peut-être un cumul de mandat de trop et j'aime beaucoup la posture de Philippe Meyer, j'aime bien tout court Philippe Meyer;-))))

C'est sûr ce soir je viens au café démocrate.

Écrit par : nef | 13/03/2008

Hervé, n'aurait-il pas été préférable d'attendre le résultat du second tour pour écrire une telle note ? C'est une question.

Écrit par : Christophe Ginisty | 13/03/2008

@ Christophe G

Mes lecteurs n'habitent qu'assez peu de XIVe.

Écrit par : Hervé Torchet | 13/03/2008

Oh, tu sais, on a parfois des lecteurs dans des endroits insoupçonnés.

Certes, mais si j'ai bien lu, tu appelles à une reconstruction nationale et non pas à la modification de la section Paris 14.

Encore une fois, ma question est réelle et non polémique. Je me demande s'il est judicieux de soulever ce point avant la fin des élections.

Écrit par : Christophe Ginisty | 13/03/2008

Il est évident que ce n'est pas judicieux. Le problème, c'est qu'Hervé, il n'en est pas à la première connerie de ce genre sur son blog.
S'il y a bien dans la blobosphère quelqu'un qui a passé son temps à médire de Marielle, c'est bien lui.
J'attends avec une certaine impatience la fin des municipales pour publier un billet que j'ai déjà rédigé sur la blogosphère la plus conne du monde...

Écrit par : L'Hérétique | 13/03/2008

Je signale que je dis grand bien de nos candidats parisiens encore en lice et de leur stratégie. Donc oui, c'était le bon moment.

Je conteste la stratégie de Marielle, je suppose que ses électeurs aussi, puisqu'elle a perdu beaucoup de points depuis juin, et je crois que c'est l'aider à progresser entre les deux tours que de dire la vérité en espérant qu'elle lui parvienne. En politique, il n'y a pas grand chose de pire que l'autosuggestion, la méthode Coué et le pieux mensonge.

Écrit par : Hervé Torchet | 14/03/2008

Hervé dans l'ensemble je trouve que ces élections ont été calamiteuses...
Et pour Bayrou je ne suis pas certain qu'il sorte renforcer de ce scrutin

Écrit par : marc vasseur | 14/03/2008

@ Hervé

Tu sais très bien que ce que tu balances AVANT la fin des municipales lui porte tort. Moi aussi, j'ai des choses à dire, sur notre stratégie, mais je ne parlerai qu'APRES.
Il y a un minimum de solidarité à respecter quand on milite au sein d'un même mouvement.
C'est là où je me suis rendu compte que nombre de modemistes de la Toile étaient en réalité des hyper-individualistes, parfois au service de leurs seuls intérêts, d'ailleurs.
Bayrou ou Marielle, ils ont besoin qu'on les aide, pas qu'on les descende en flammes en permanence.

Écrit par : L'Hérétique | 14/03/2008

haro sur marielle de sarnez car elle n'a pas réussi à reproduire le score de bayrou à paris!
mais entre la présidentielle et les municipales à paris il y a eu une grande différence:
-nombre d'électeurs parisiens de gauche et même du ps ont voté bayrou car ils ne voulaient pas de royal
comme candidate.
-cette fois c'est delanoé que ces électeurs provisoires de bayrou ont soutenu.
comment comparer 1 candidat(à la présidentielle) et 20 candidats(pour paris)...

Écrit par : fischer | 14/03/2008

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