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10/05/2008

Voici pourquoi je n'aime pas la politique.

Après plus de vingt ans de militantisme, où j'avais donné l'essentiel de mon temps à une structure qui ne m'avait pas rendu grand chose, j'avais fini par m'éloigner de tout ça, continuant seulement à soutenir Bayrou d'une façon diffuse, votant pour lui lors des assemblées internes, mais très sceptique sur sa gestion des ressources humaines de son mouvement, l'UDF (ou la Nouvelle UDF). Je ne voyais personne de meilleur que lui, borgne parmi les aveugles, et auprès de lui travaillaient des vieux copains à moi que je soutenais au fond.
 
Un jour est apparu Quitterie Delmas et j'ai repris goût à tout ça. Sa fraîcheur, sa conviction que l'on pouvait changer les pratiques politiques, son énergie, sa faculté de fédérer des profils très divers, tout cela m'a rendu à l'activité politique.
 
Hélas, aujourd'hui, tous nos espoirs sont à l'épreuve des faits.
 
Nous voulons changer le mode de fonctionnement des appareils politiques. Et nous savons que personne mieux que Bayrou ne peut imposer ce changement à la société française, s'il le veut vraiment.
 
Pour le faire, Bayrou construit son mouvement et, en chemin, il use d'autorité. C'est sa conviction de père de famille, celle qui lui a fait, un jour, donner une taloche à un mioche qui lui faisait les poches. Mais moi, l'autorité, je déteste ça. Je n'aime ni l'exercer (ça m'est arrivé) ni la subir.
 
L'idée qu'il faille un patron pour faire vivre une équipe, Bayrou la défend, il a certainement raison. Mais ce n'est pas pour moi.
 
Et le pire, dans tout ça, est qu'il ne cesse de mettre Marielle de Sarnez en avant alors que, en matière de gestion humaine, elle est ce que j'ai rencontré de pire. Il paraît qu'elle endosse maintenant les oripeaux du réseau collaboratif. Elle est tombée sur la tête ou c'est une farce. J'opte pour la seconde hypothèse.
 
Ce qui fait que l'esprit général du règlement intérieur voulu par Bayrou me paraît acceptable, c'est d'abord qu'il développe une stratégie de pacification. Il estime que pour beaucoup de nouveaux adhérents, l'entrée dans une équipe dirigeante de département, sur un mode proportionnel, sera l'occasion d'y faire entrer avec eux l'esprit des nouvelles générations, celui de la nouvelle France.
 
Il souhaite que l'option B de la formule qu'il propose pour l'exécutif soit adoptée, parce qu'elle permet d'agglomérer les énergies nouvelles et anciennes et que, avec réalisme, elle fait que, si les anciennes équipes savent confisquer la majorité d'une AG, au moins ce procédé ne leur permet pas de verrouiller totalement les situations. C'est d'une ambition modeste, mais au fond, pas inadéquat.
 
Compte tenu des observations que j'ai faites sur le caractère fictif de la collégialité organisée par ce texte, il est même ouvert sur le nombre de membres de la présidence, le chiffre 6 permettrait la parité et une collégialité plus authentique. Il me semble qu'ouvrir la possibilité aux fédérations de se doter de présidences tournantes ne serait pas si mauvaise, selon le reste de ma proposition.
 
J'espère aussi qu'on fera un effort pour que soient retransmises et filmées en direct les réunions du Conseil National.
 
L'autre raison qui fait que ce RI est tolérable, c'est que l'expérience a démontré depuis longtemps que les meilleurs textes sont les plus courts et les plus synthétiques. Moins on en dit, mieux ça fonctionne. L'excès de formalisme est toujours un handicap.
 
C'est d'ailleurs le principal reproche que j'adresse à la version qui se veut concurrente de celle de Bayrou : trop de fatras, trop de détails sans importance qui font que l'on ne parle pas assez des gens et trop de nous-mêmes. En revanche, la transparence comptable qu'elle demande me paraît une bonne idée, je le répète, et s'il fallait faire la synthèse, il me semble que ce serait là un bon moyen de la faire.
 
On aurait pu admettre un règlement intérieur qui se contente de principes : toutes les élections internes sont à la proportionnelle intégrale à la plus forte moyenne ; les présidents sont toujours désignés au suffrage direct par les adhérents de l'échelon concerné, etc. Il va plus loin. Il en dit déjà beaucoup.
 
Bayrou dit que le Mouvement Démocrate n'est pas une république, c'est un commando. C'est placer toute la structure sous le principe de l'autorité. 
 
Voilà. Je suis heureux, au fond, de ne plus faire de politique que pour soutenir Quitterie Delmas. 

13:10 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : politique, modem, quitterie delmas, bayrou, sarnez | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Le terme de commando, auquel je pensais sous la douche ce matin, me gêne beaucoup.

D'abord l'image est militaire et surtout martiale.
Un commando ça attaque.
Ensuite ça a un objectif.
En général, le commando en politique c'est pour le coup d'état, la prise de pouvoir.
Et, bien sur, cela a un chef.
Une fois qu'il a fini sa mission, il rentre à la maison, se douche, se couche, s'il n'est pas M.I.A.
Ca n'a rien de démocrate, un commando...

Alors je comprends que c'est une image mais elle était, je pense, maladroite.

Je partage ton point de vue sur l'aspect collégial des présidences, les raisons pour lesquelles ils poussent ça, les avantages de la formule.

Écrit par : KaG | 10/05/2008

Le but d'un parti politique est de prendre le pouvoir.
En soit, ce n'est pas idiot. Mais c'est horriblement traditionnel... Je crois qu'il faut autre chose pour le XXIe siècle.

Écrit par : Antonin MOULART | 10/05/2008

A Hervé : très intéressant, merci. D'accord avec toi : trop de verbiage nuit à l'application d'un texte (c'est le juriste qui parle).

A Antonin : T'es gentil avec les gens (quand tu le veux bien) mais ce que tu dis là est d'une telle mièvrerie. Le MoDem ce n'est pas un club de post-ados de fac de lettres qui jouent du didgeridoo... Dès fois j'ai l'impression d'être chez les verts ou chez Bové. "Un MoDem vert", voilà qch qui me donne envie d'écrire.

Écrit par : Le Petit Grognard | 10/05/2008

Le terme "Commando" auquel fait référence FB nous a surpris... mais FB l'a employé dans un contexte très précis : Un commando de résistants. Or, les réseaux qui se sont mis en place progressivement pendant la résistance se sont fondés sur une nécessité d'action. Il ne s'agissait nullement d'un coup d'Etat . Il fallait juste agir rapidement.

A toute période ses nécessités organisationnelles. Si la vie politique extérieure au MoDem et les acteurs n'étaient pas ce qu'ils sont, on pourrait se passer de ce vocable. Mais il y a précisemment urgence et danger pour toute la société française. Il faut donc faire au mieux ; comme pendant l'occupation! Cela ne doit pas nous faire abdiquer quant à nos impératifs démocratiques mais les adapter à la période que nous traversons et qui ne va pas s'arranger si on en croit les bruits de couloirs.

Écrit par : Alcibiade | 10/05/2008

Pour Alcibiade: C'est bien de tout savoir..mais ce serait mieux de partager! par exemple expliquer les sous entendus:" les bruits de couloir" Quels sont ils? On en est friands de ce genre de révélations en ce moment...ça peut aider! :o))

Écrit par : titia54 | 10/05/2008

@ titia54 : C'est vrai que la formule emloyée "bruits de couloir" est malheureuse. Désolés. Nous ne pensions pas développer ici les infos mais il semble bien qu'une énorme reprise en main se dessine dans le cercle Elyséen. Nous aurons l'occasion de développer dans les prochains jours sur notre blog mais ON nous prépare de nouvelles offensives auprès desquellles la note Paillé n'est qu'une douce chiquenaude. Juste quelques éléments (parce que l'explication en détails demandera un billet parfaitement sourcé) : Les dernières nominations ministérielles, la réorganisation de la majorité, certains conclaves récents et la suractivité de certains appareitchiks ne laissent rien au hasard. Suivez MM. Marleix, Lefebvre et Jegou ces jours-ci!

Écrit par : Alcibiade | 10/05/2008

Ces magouilles élyséennes sont une autre raison pour moi, encore plus forte, de détester la politique.

Écrit par : Hervé Torchet | 10/05/2008

@LPG,
Et "un MoDem vert kaki", ça t'inspire ?

@Alcibiade,
On flirte avec le point godwin là...
C'est quoi la "nécessité d'action" du MoDem ? Porter F.Bayrou à l'Elysée ?

@Hervé,
Je suis bien content de lire ce point de vue sur le RI proposé par "Construire en Mouvement". Il le faut bien évidemment plus concis et surtout avec plus de latitude laissées aux départements.

Écrit par : Oaz | 10/05/2008

@ Oaz : Ca peut en effet y ressembler (au point Godwin) . Au fond, on aimerait mieux que cela soit le cas... Quant à la "nécessité d'action" c'est de très vite permettre à ceux qui ont envie d'animer des réunions, de proposer des expérimentations, de lancer des initiatives (adhésion, débats publics, échanges associatifs, presse,...) pour :

- stopper l'hémoragie de ceux qui localement se sentent délaissés, oubliés par leurs fédés.
- faire cesser la capagne d'intox : "le MoDem ne fait rien, ne dit rien dans ce département... donc le MoDem est mort"

Porter X, Y ou Bayrou au pouvoir n'est pas encore d'actualité. L'important est de rendre l'outils plus efficace qu'il n'est. Parce que, croyez nous, en matière d'efficacité, la campagne présidentielle n'est rien au regard de ce qui semble se tramer! Et si Godwin il y avait ici, nous ne serions pas en train de tenter de faire comprendre que nous avons les moyens humains de résister mieux que les autres!

Écrit par : Alcibiade | 10/05/2008

@ Antonin et OAz

L'appareil du MoDem a une vocation politique, donc il est tourné vers la conquête du pouvoir, c'est regrettable, mais inévitable. Les seuls a pouvoir dépasser ce stade, ce sont les adhérents et les sympathisants, ceux qui forment la (réelle) sociologie du MoDem. Et c'est là que la capacité pour les gens d'agir sans leurs instances est cruciale. C'est à mon avis un sujet à creuser. C'est par une action de terrain, dans la société civile, sans les instances (voire contre elles parfois) que l'impact des Démocrates sur la société pourra se développer. Or si la candidature hors investiture est désormais interdite, l'initiative d'animation, elle, ne l'est pas. Mais attention : ça ne doit pas être fait dans un esprit d'enjeu de pouvoir interne, sinon tout le monde échouera.

@ OAz

Améliorer la société française suppose d'y prendre une large part de responsabilité politique. Bayrou a fait l'analyse qu'il fallait conquérir l'Élysée. Cet objectif n'est certainement pas suffisant, mais il est sans doute nécessaire.

Écrit par : Hervé Torchet | 10/05/2008

@Hervé,
Tu touches là les points qui font que je me sens, quelque part, en marge du MoDem - et ce depuis les premiers instants voilà plus d'un an.

Je ne crois pas à l'exercice du pouvoir qui change la manière dont ce pouvoir est exercé. Le changement ne peut venir que d'une approche différente. Il y a 27 ans, j'en avais 10 et j'ai vécu le 10 mai dans une ambiance "changer la vie" comme le disait le "tube" de l'époque. Alors le changement par l'exercice du pouvoir, je n'y crois plus depuis très longtemps.

Améliorer la société, oui mais la conquête de l'Elysée n'est qu'une option. Beaucoup voient cela comme le passage obligé. Malheureusement certains voient même cela comme un aboutissement.
C'est pour ça que je n'adhère pas du tout à la métaphore du commando. Je ne donne du sens à l'engagement politique que dans la durée. Je n'ai quasiment aucune proposition concrètes pour faire avancer "autrement" mais je suis certain d'une chose : cela passe par un changement de paradigme et Internet, à travers la manière dont il a changé la société et surtout les relations entre les gens depuis une dizaine d'années, y tient inévitablement une place importante.

L'utopie, c'est de croire que les mêmes recettes vont donner un plat différent.

Écrit par : Oaz | 11/05/2008

@ OAz

Je pense au contraire que tu es très représentatif de ce qu'est réellement le MoDem hors de l'appareil. Tout l'enjeu, pour Bayrou, va être d'améliorer l'articulation entre l'esprit de l'appareil et celui de son électorat. Pour le moment, il forge un outil à sa main.

L'échec du changement de méthode de gestion de l'État voulu par Sarkozy est là pour démontrer que rien n'est facile dans ce domaine et que la mutation des méthodes est encore bien plus difficile que celle des contenus.

Internet va certainement continuer à subvertir les comportements et c'est de là, à mon avis, que viendront les vrais changements. L'appareil et ses logiques d'appareil vont devoir composer avec la logique mouvante et protéiforme d'Internet. Et la circulation de l'information est essentielle, pourvu qu'elle reste de bonne foi.

Écrit par : Hervé Torchet | 11/05/2008

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