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10/05/2008

Un Napoléon pour défaire l'Allemagne, un autre pour la refaire (malgré lui).

Le 10 mai, pour une longue génération, avant mai 1968, avant mai 1981, ce fut mai 1940, le déclenchement de la campagne de France, la manoeuvre hardie dans les Ardennes, l'échec des troupes françaises en soutien de la ligne Maginot. Pourquoi ne pas reparler de l'Allemagne ?
 
Napoléon, en 1806, commit peut-être une erreur historique. Il paraît que c'est la thèse de Maurras : de la destruction de la vieille Allemagne est venu Bismarck, puis la première guerre mondiale, et enfin tout l'engrenage qui a conduit l'Europe au bout de la monstruosité suicidaire.
 
Il est rare que j'approuve Maurras, mais sur ce point, je pense globalement comme lui : en détruisant le vieux Saint-Empire hérité de Charlemagne, Napoléon a ouvert ce qui est devenu l'affaire centrale du XIXe siècle : la question allemande. Bien sûr, c'était le projet de la Révolution française, le projet républicain par excellence, la destruction de l'empire ; mais cela se faisait alors même que la république française venait de se doter d'un empereur...
 
En tout cas, la légimité séculaire d'une organisation de la poussière institutionnelle des États allemands avait disparu, il fallait la remplacer par autre chose, c'était la question allemande. 
 
Et la question allemande a hanté le XIXe siècle : petite Allemagne ou grande Allemagne ? Allemagne prussienne (petite) ? ou Allemagne autrichienne (grande) ? À cette première question, c'est l'erreur d'un autre empereur qui a répondu malgré lui : en perdant la ridicule et absurde guerre de 1870, Napoléon III a permis à la Prusse de réaliser son projet de petite (pas si petite d'ailleurs) Allemagne.
 
Mais la question allemande n'était pas réglée pour autant : la frontière rhénane n'avait pas été respectée, faute de Bismarck à son tour, et, à l'Est, tout demeurait mouvant, et puis l'unité restait fragile et imparfaite. La guerre de 1914-18 fut encore une conséquence de cette lancinante suspension de la question allemande. Et dans une certaine mesure, Hitler, l'Autrichien devenu chef de la petite Allemagne prussienne, en réalisant l'Anschluss en 1938 a pour la première fois (mais pour quelques années seulement) matérialisé le projet de la grande Allemagne autrichienne.
 
Et ensuite, il y eut deux Allemagne, l'une pour les Russes, l'autre pour les Américains et notre amie dans l'Europe.
 
Et enfin, en 1989, avec la chute du Mur, puis la réunification, la question allemande a été réglée. De 1806 à 1989, il aura fallu près de deux siècles pour cette solution. 

19:41 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire, allemagne, napoléon | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Très intéressant.

Écrit par : Jérôme | 10/05/2008

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