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25/05/2008

Gauches en kaléidoscope.

Delanoë peut se proclamer libéral autant qu'il le veut : chacun sait qu'en politique, on s'exprime toujours par antiphrase. Ca me rappelle un échange célèbre entre un corsaire anglais et Surcouf, vers 1800. L'Anglais, très désapprobateur, dit "Vous autres, (corsaires) Français, vous combattez pour l'argent ; nous autres, pour l'honneur", à quoi Surcouf répondit : "On se bat toujours pour ce qu'on n'a pas".
 
En fait, tout le monde se fiche de ce que Delanoë est, ou du moins tout le monde devrait s'en foutre : en politique, peu importe ce qu'on est car ce qui compte est ce qu'on fait. Le glissement sémantique opéré par Delanoë vers une politique de ce qu'on est plutôt que de ce qu'on fait traduit en réalité le fond de sa politique municipale : le communautarisme. On ne fait pas d'une communauté, on en est. C'est bien ce qui fait de Delanoë un homme politique aux confins extrêmes de l'esprit républicain, tout près de la chute.
 
Et pourtant, par ses choix stratégiques fondamentaux, Delanoë est un homme de la vieille gauche, de la gauche de grand-papa, comme aurait dit de Gaulle. Une gauche sans substance, sans horizon, mais toujours prête à recueillir les fruits du mécontentement populaire.
 
Rien n'y fait : Delanoë est soutenu par Jospin qui fut l'un des plus atlantistes de tous les socialistes, il joue tous les communautarismes, et pourtant sa ligne politique est celle de la vieille gauche. N'est-il pas le plus autentique héritier de la SFIO ?
 
Face à lui, dans son créneau, il n'a que Fabius. Atlantiste aussi, étiqueté de la sulfureuse trilatérale, ayant passé une année à écumer les milieux universitaires américains, Fabius est celui qui colle le plus à la stratégie pavlovienne du PS post-Épinay. Il s'enracine dans la période mitterrandienne et, par le fait historique, incarne une facette de Mitterrand comme d'autres ont incarné l'Ancien Régime après 1815.
 
Pour Delanoë comme pour Fabius, toute initiative doctrinale est de l'ordre de la posture, comme l'a très justement noté Quitterie Delmas dans l'émission "N'ayons pas peur des mots" sur I-Télé jeudi soir. En fait, le seul objectif est de prendre le contrôle du parti qui incarne la légitimité de gauche, l'alternative naturelle à la droite, l'exutoire spontané du mécontentement, et ensuite, on gère.
 
Tout le reste est sans importance.
 
En alternative au tandem de la vieille gauche, Ségolène Royal se retrouve dans une situation inconfortable. Plusieurs de ses soutiens l'ont abandonnée, son demi-succès de la présidentielle s'éloigne, elle a bâti des réseaux nombreux et influents pour sa candidature à la présidentielle, mais il lui faut emporter le PS et le soutien de plusieurs fédérations cruciales pourrait n'y pas suffire. Comme le disait François Hollande, aucun candidat au premier secrétariat n'est en mesure de gagner seul : il y faudra une coalition.
 
C'est ce qui revigore Strauss-Kahn du fond de son exil nord-américain et quelques seconds couteaux qui guettent l'occasion de s'emparer d'un poste qui leur ouvrirait l'espoir de Matignon : paillettes du kaléidoscope deviennent alors Moscovici, Aubry, et même Lang.
 
Les six mois qui viennent seront, entre tous ces gens, un vaste concours de lancer de boue, un concours d'ignominie, qui a déjà commencé et qui ne fera qu'empirer. Vous verrez : dans quelques mois, on trouvera qu'au fond, Hillary Clinton est un personnage de bluette. 

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Commentaires

Effectivement, Delanoë incarne la gauche de grand papa avec, à ma connaissance, une pratique de Staline au Conseil de Paris.

D'après les echos que j'ai pu avoir, depuis sa réelection, Delanoë s'isole même de ses amis et gère la ville seul, avec une pratique quelque peu despotique.

Venir après se qualifier de libéral à de quoi faire sourire.

Quant au grand retour de DSK, je serai quand même trés étonné que Sarkozy l'ait expédié outre atlantique sans garantie pour 2012, le Président de la République n'est pas tombé de la dernière pluie.

C'est vrai que les six prochains mois seront intéressant à observer au PS.

Écrit par : Guillaume A | 25/05/2008

Le PS en un mot c'est n'importe quoi....
En deux : perte temps...
Je ne veut pas voir la gauche de 2008 au second tour qu'importe l'élection vu leur déconnexion d'avant guerre avec la réalité.
Si la droite change pas et le centre change pas non plus on est pas comme le coq français par hasard....
On a besoin de nouveaux partis, nouvelles idées, nouveaux clivages: on stagne, les réformes sont nulles ou arrêtés par des grèves dus à des minorités anarchistes et compétents qu'en mouvements de foules....
La situation doit changer, faut retourner sur la base des valeurs et non rester sur l'économie à chaque fois.
Le travail et l'économie enfin les décisions sont prises par croyance et non par logique ou raison: parlons plus des valeurs pronés par les hommes politiques tels l'honnêteté, la compassion: la vraie, pas celle du bourgeois honteux de gauche à la royale, jospin etc...
bonne journée,
le gars un peu bourrin sur les bords

Écrit par : phil | 25/05/2008

Le kaléidoscope est incomplet: il manque Mélonchon &Co .Je pense que la cohabition entre ces derniers et l'aile droite du PS ne pourra pas tenir. Le PS, à mon avis,va exploser et Besancenot va prendre la place laissée vacante par le PC et le FN.
Le positionnement de Delanoë ne va-il pas réduire l'espace politique du MoDem?

Écrit par : pixel | 25/05/2008

@ pixel

Comme je l'explique, Delanoë n'est pas assez républicain pour gêner quiconque. Le reste est affaire de programme concret, pas de posture politicienne.

Écrit par : Hervé Torchet | 25/05/2008

Je trouve ici des réflexions très pertinentes sur le PS.
Le parti à la rose vient d'entrer en zone de turbulences. Cela risque de dézinguer sec.
Quand on se rappelle qu'il n'y a pas un an, le mot "social démocratie" sonnait encore pour certains socialistes comme une hérésie, que dis-je, comme une apostasie !
Ceci dit, j'ai noté quelques idées intéressantes dans les morceaux choisis du livre de BD parus dans le Nouvel Obs.
@mitiés

Écrit par : Thierry P. | 25/05/2008

Monsieur Collomb venez régler ce litige absurde de la définition du mot libéral entre deux antagonistes.
En un mot Monsieur Collomb faite acte de contribution sans mauvais jeu de mots et présentez vous pour être sacré à Reims....Un sacre ...." royal"...

Pierre

Écrit par : ulm pierre | 26/05/2008

Je crois que le MODEM dans sa pataugeoire est mal placé pour critiquer le PS.
A Lyon les anciens collaborateurs d'Anne-Marie Comparini sont chez Collomb.
Et grâce à qui ?
à monsieur Mercier.

Écrit par : Rosa | 26/05/2008

@ Rosa

Gerard Collomb a trouvé enfin l'espace entre le libéral à la noix du Maire de Paris et la democratie participative à la noix de Ségoléne et présentera sa contribution en Juillet avec le jeune Feltesse de Bordeaux et Marseille.

Un axe Lyon ,Bordeaux,Marseille, c'est fort Gerard .Fais tomber les coquins Ps de Paris.La montée du Maire de Lyon sur la scene internationale impose une articulation fine des compétences,une articulation fine des politiques publiques et des acteurs.

Pierre

Écrit par : ulm pierre | 27/05/2008

Les commentaires sont fermés.