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27/05/2008

L'alternance ?

La démocratie représentative moderne est née en Angleterre, sur un mode binaire : d'un côté le pouvoir, de l'autre non pas un autre pouvoir, mais la critique du pouvoir, qui peut devenir à son tour le pouvoir, en cas d'alternance. C'est chacun son tour. Dans un permier temps, le bipartisme britannique opposa les conservateurs aux libéraux, puis cette opposition parut trop fade, les nuances trop ténues entre les deux pôles et progressivement, dans le courant du XIXe siècle, les libéraux (ou "whigs") furent remplacés par les travaillistes (le "Labour" - prononcer "lébeur"), plus à gauche, plus populistes, plus tournés vers la classe laborieuse comme leur nom l'indique, et bientôt liés au mouvement syndical.
 
Il y avait alors un vrai contraste entre des conservateurs très inégalitaires et des travaillistes très absorbés à l'édification de l'État-providence, à la protection sociale, au repos hebdomadaire, et à toutes sortes de protections et d'avantages que les travailleurs réclamaient.
 
L'alternance avait un sens, celui d'une société du tout ou rien.
 
Puis le travaillisme s'essouffla, le modèle britannique s'enfonça dans la paralysie et l'immobilité qui le menèrent au bord de la faillite lorsque le FMI s'empara du dossier, finança les déficits, mais exigea des réformes très orientées. Les travaillistes perdirent le pouvoir pour près de vingt ans, jusqu'à ce que Blair les renomme "néotravaillistes", reprenne le pouvoir et conduise une politique bien moins à gauche que celle des anciens travaillistes, bien moins égalitaire et bien moins orientée vers les faibles (et hélas les corporations).
 
Aujourd'hui, les travaillistes sont en grave difficulté, à égalité avec les Libéraux-Démocrates. S'agit-il d'un effet historique ? D'une péremption qui frappe le travaillisme, comme autrefois en avaient été victimes les libéraux ? Ou s'agit-il seulement d'un besoin d'alternance ?
 
Toujours est-il que c'est au nom d'une politique plus à gauche que l'on s'achemine vers un vote massif de droite aux prochaines législatives britanniques. C'est ainsi.
 
Et ce n'est pas le seul cas. Il suffit que l'on rejette massivement un pouvoir pour, aveuglément, se ruer dans les bras d'un autre, fût-il pire selon les propres critères qui nous y mènent.
 
C'est pourquoi, selon moi, le concept d'alternance est absolument vide et aberrant, puisqu'il repose sur le rejet et non sur le projet. 

Commentaires

Déprimant pour Toni Blair curieusement poussé par Nicolas Sarkozy et dont le parti vient d'être admis aux urgences.....

Pierre

Écrit par : ulm pierre | 27/05/2008

La démonstration est éclatante.
Mais l'esprit cartésien des français est peut-être encore davantage pénalisé que celui de nos voisins britanniques car il a malheureusement du mal à considérer que la nuance et l'ambiguïté (aux deux sens de détour et de complexité) peuvent être créatrices de neuf...

Écrit par : Mapie | 27/05/2008

Les commentaires sont fermés.