21/07/2008
Représentativité, diversité, proportionnelle, mandat unique : après Versailles les vrais combats de l'avenir.
La France a l'habitude des demi-mesures. La constitution de la Ve république, dès l'origine, sacrifia à cette manie en ménageant la chèvre présidentielle et le chou parlementaire.
Cependant, il y avait une logique en 1958 : le président, face à un parlement effervescent, parfaitement ingouvernable, incarnait la permanence de l'État et arbitrait entre les factions.
Cette logique a disparu assez vite, remplacée par une logique caporaliste. Et le quinquennat a parachevé l'effacement du parlement.
C'est donc officiellement pour rééquilibrer les pouvoirs et rendre du poids au parlement que la réforme des institutions a été faite.
Autant dire tout de suite que certains instruments parlementaires ont été introduits dans le nouveau texte, qui pourraient faire croire que des efforts réels ont été faits, mais ce n'est pas le cas : donner la maîtrise de l'ordre du jour à une assemblée qui est de la même couleur politique que le président revient à donner la maîtrise à la majorité, dont on sait qu'elle est constamment sous pression du président. C'est donc illusoire. C'est à peine une demi-mesure.
Je l'ai dit et je le répète : le quinquennat impose la séparation stricte des pouvoirs et l'élection de l'Assemblée Nationale à la proportionnelle intégrale. Tout autre système ne peut aboutir qu'à concentrer de plus en plus les pouvoirs entre les mains du président de la république, avec tous les inconvénients que chacun constate.
Sur le chemin de l'aboutissement que j'ai mentionné, le minimum serait d'améliorer la représentativité du parlement, et François Bayrou a eu grandement raison de réclamer la proportionnelle, il a eu grandement raison de refuser le texte tel qu'il était proposé. Et Quitterie Delmas trouve là un premier enracinement à son combat pour le mandat unique.
Oui, une fois de plus, avec elle, il faut regretter très fort que l'on n'ait pas pris l'occasion de cette réforme pour interdire le cumul des mandats.
C'est le sens très puissant de sa belle note d'aujourd'hui sur l'avenir.
Cependant, il y avait une logique en 1958 : le président, face à un parlement effervescent, parfaitement ingouvernable, incarnait la permanence de l'État et arbitrait entre les factions.
Cette logique a disparu assez vite, remplacée par une logique caporaliste. Et le quinquennat a parachevé l'effacement du parlement.
C'est donc officiellement pour rééquilibrer les pouvoirs et rendre du poids au parlement que la réforme des institutions a été faite.
Autant dire tout de suite que certains instruments parlementaires ont été introduits dans le nouveau texte, qui pourraient faire croire que des efforts réels ont été faits, mais ce n'est pas le cas : donner la maîtrise de l'ordre du jour à une assemblée qui est de la même couleur politique que le président revient à donner la maîtrise à la majorité, dont on sait qu'elle est constamment sous pression du président. C'est donc illusoire. C'est à peine une demi-mesure.
Je l'ai dit et je le répète : le quinquennat impose la séparation stricte des pouvoirs et l'élection de l'Assemblée Nationale à la proportionnelle intégrale. Tout autre système ne peut aboutir qu'à concentrer de plus en plus les pouvoirs entre les mains du président de la république, avec tous les inconvénients que chacun constate.
Sur le chemin de l'aboutissement que j'ai mentionné, le minimum serait d'améliorer la représentativité du parlement, et François Bayrou a eu grandement raison de réclamer la proportionnelle, il a eu grandement raison de refuser le texte tel qu'il était proposé. Et Quitterie Delmas trouve là un premier enracinement à son combat pour le mandat unique.
Oui, une fois de plus, avec elle, il faut regretter très fort que l'on n'ait pas pris l'occasion de cette réforme pour interdire le cumul des mandats.
C'est le sens très puissant de sa belle note d'aujourd'hui sur l'avenir.
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Commentaires
+1
Écrit par : florent | 22/07/2008
Hervé, le combat contre le cumul continue. Il n'y pas que la voie "légale" pour y arriver. Comptons sur la mobilisation politique, surtout lorsqu'elle dépasse les clivages des partis.
Le système étant tellement injuste, l'heure du non-cumul viendra inévitablement...
Écrit par : Werner | 22/07/2008
Je l'ai dit et je le répète : le quinquennat impose la séparation stricte des pouvoirs et l'élection de l'Assemblée Nationale à la proportionnelle intégrale. Tout autre système ne peut aboutir qu'à concentrer de plus en plus les pouvoirs entre les mains du président de la république, avec tous les inconvénients que chacun constate.
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+1
Écrit par : Bzhita | 22/07/2008
Bonjour,
Bravo pour le combat pour le non cumul des mandats... peut être que finalement... la pression "populaire" pourra faire ce que les appareils politiques (de tous bords) bloquent depuis tant d'années.
Sinon sur la proportionnelle intégrale... je ne suis pas sûr que ce soit une bonne solution (et il ne me semble pas que le MoDem le demande). En revanche une dose importante de proportionnelle est nécessaire à la bonne vie démocratique, à mon sens.
@+
Écrit par : nap1128 | 23/07/2008
Il faut la proportionnelle intégrale pour l'Assemblée Nationale, mais avec un seuil de représentativité (par exemple 5% des inscrits).
Écrit par : florent | 23/07/2008
A ce propos, comme tu le sais Hervé, je lance le premier référundum d'initiative populaire !
http://orangerougevert.hautetfort.com/
Écrit par : Benjamin SAUZAY | 23/07/2008
Bof, si je regarde les candidatures probables pour les sénatoriales je mis dis qu'on est loin de la pratique du non-cumul.
Si mes infos sont bonnes on aura ici un possible Sénateur-Conseiller Géneral-Président de Communauté de Comm-Maire-Président de Fédé départementale .......
Bonne soirée
Écrit par : Bzhita | 23/07/2008
"les vrais combats de l'avenir"
C'est tout de même curieux de nommer les "vrais combats" uniquement des réformes du cadre politicien, sans une seule réforme de fond concernant la vie des gens.
Assez significatif de l'évolution du Modem vers une politique uniquement formelle.
Il fut un temps où l'UDF se battait pour la construction européenne, pour le dynamisme économique, pour l'esprit d'entreprise, tout ce qui avait un impact immédiat.
A l'inverse, "représentativité, diversité, proportionnelle, mandat unique" sont uniquement des cadres permettant de faire n'importe quelle politique, la pire aussi bien.
Ah, un parlement partagé entre 70 élus FN et 70 élus de la LCR... c'est sûr avec ça on ferait de la bonne politique !! On ne serait pas bloqué du tout, pensez-vous !
Il n'y a plus de ligne politique. On ne sait plus ce que le Modem pense. On ne sait plus ce qu'il veut pour l'Europe.
On a l'impression d'un immense abandon des objectifs politiques, au profit de combats politiciens relatifs au cadre de la vie politique.
On a l'impression d'un abandon de tout au "peuple", qui décidera tout par le reférendum et la proportionnelle représentant toutes ses minorités extrêmistes.
On défend l'idée du référendum, sans se soucier qu'il conduise par exemple au blocage de la construction européenne...
Impression d'un immense brouillard "populaire" qui ne donne aucune indication sur l'évolution réelle qu'il couvrira.
Écrit par : Axel | 23/07/2008
@ Axel
Vous me permettrez de ne pas être d'accord avec vous en particulier quand vous.
Bien sur, je ne peut pas parler en nom du parti, car je ne suis qu'un adhérent de base. Mais, si Hérvé me permet de me faire de la pub, sur "Europe" et "problèmes des gens" je vous incite à visiter www.europeauquotidien.eu
Bien sur, ce n'est qu'une proposition mais vous savez bien qu'il y a du dynamisme, de l'intelligence et de l'énergie dans notre mouvement.
Au instances nationales d'utiliser ces énergies de manière productive.
Je suis d'accord avec Quitterie Delmas quand elle affirme sue les adhérents sont notre force : dans les conditions présentes on peut devenir un vrai parti populaire à vocation majoritaire.
On peut. Mais il faudra peut-être commencer à y travailler sérieusement.
Bien à vous
Claudio Pirrone
Écrit par : Bzhita | 23/07/2008
@ Claudio
Je me doute, et heureusement, qu'il y a encore au Modem des passionnés d'Europe.
Je réagissais au mot d'Hervé : "les vrais combats de l'avenir", désignant uniquement des objectifs politiciens.
(Un objectif est politicien quand il concerne l'organisation de la vie politique, les hommes politiques : "qui a le pouvoir".
"Représentativité, diversité, proportionnelle, mandat unique" : cela concerne uniquement le personnel politique. Il n'y a dans ces quatre combats aucun contenu politique précis.
Avec ce cadre on ne fixe aucun objectif précis concernant le futur du pays, de l'Europe et du monde.
Rien sur l'économie, l'environnement, la culture, la recherche, l'éducation...
Comme si le simple changement de personnel politique allait amener tout le reste de façon miraculeuse.
alors que l'arrivée de dizaines de députés d'extrême-droite ou d'extrême-gauche au parlement sera loin de clarifier la direction politique...)
Écrit par : Axel | 23/07/2008
@ Axel
Je ne m'exprime pas au nom du MoDem, dont les engagements au service des gens sont bien connus. Quand Bayrou vote contre la loi dite de "modernisation" (antiphrase) de l'économie, c'est clair.
Sur l'Europe, le programme tient tout entier dans la citation de Geremek faite récemment par Quitterie.
Écrit par : Hervé Torchet | 23/07/2008
Merci Axel de ta réponse. Cependant je ne suis pas tout à fait d'accord.
Comme tu as pu voir, je viens d'un autre pays, où le cumul est beaucoup moins accepté. L'effet est que les porteurs d'idées nouvelles, pas forcément bonnes j'en conviens, ont la possibilité concrète de parler et d'essayer de faire progresser les idées.
En France, c'est vraiment très compliqué. C'est compliqué déjà au modem, vous imaginez ailleurs.
Personnellement, je trouve que le cumul à outrance dé-responsabilise à la fois les partis, ou pour mieux dire les bases des partis, et à fortiori les citoyens.
Rendre effective la démocratie par le biais de l'implication de base, par l'engagement citoyen, c'est déjà porter la vision d'une société. Donc faire de la politique. De la politique démocrate.
Après, et vous avez raison de le rappeler, la démocratie (directe ou représentative) a ses défauts. Cependant, et pourtant je ne suis vraiment pas de ces bords là, je trouve choquant, en tant que démocrate que des forces qui pèsent 11% (le FN) ou même 5%(la LCR) ne siègent pas au Parlement.
Même nous, avec un suivi fort, disons autour de 16% comme parti n'avons que les miettes de représentativité.
En revanche, des partis fantoches ou marginaux (NC, PRG voire Verts et PC) sont bien représentés.
Je sais, pour le dire vulgairement ca ferait chier Le Pen à l'assemblée. Mais quand on déroge à ses principes par craintes ou par intérêt, c'est nos convictions ne valent que pour du sable.
Bien à vous
Claudio Pirrone
Écrit par : Bzhita | 23/07/2008
Je suis d'accord avec vos remarques, Claudio, mais je pense que ces réformes auront une portée positive limitée.
Comme vous le dites, d'autres pays ne pratiquent pas le cumul des mandats, et pourtant ils sont loin d'être considérés comme des modèles politiques par les militants Modem, qui placent volontiers le modèle social français au-dessus du modèle américain.
En Italie, quand on voit de quelle façon un problème d'ordures peut perdurer pendant des mois sans solution... on s'interroge sur le modèle politique...
Bref, on peut faire ces 4 réformes dont parle Hervé, elles ne mangent pas de pain et ne vont pas changer grand chose au fond des problèmes.
Je ne parlerais donc pas à leur sujet des "vrais combats de l'avenir".
Écrit par : Axel | 24/07/2008
Un adjectif me fait frémir dans ton article, Hervé. : "Intégrale" ! Nous avons vu (ou appris car j'étais trop jeune, et toi aussi, pour avoir connu la IVième République), les effets d'une proportionnelle intégrale. Et je me souviens de 1986, où Mitterrand avait tout fait pour barrer la victoire de la droite en comptant sur le Front National !
Proportionnelle, oui, mais il est nécessaire de pouvoir gouverner tout en étant contrôlé et contrecarré par une opposition (ou plutôt opinion) forte. Et une dose de proportionnelle suffirait. D'ailleurs c'était l'idée de Bayrou et du MoDem. 10% des sièges de l'Assemblée désignés à la proportionnelle aurait suffit à représenter les différentes sensibilités et à ce qu'elles puissent s'exprimer, tout en laissant un pays "gouvernable" par la majorité.
Le cumul des mandats, je suis contre, mais avant de le réclamer il faut d'abord créer un statut de l'élu, car pour un salarié du privé, par exemple, être élu (Maire, CG, CR, député...) c'est perdre son emploi et se retrouver sans rien à la fin du mandat si l'on n'est pas réélu (sans compter des pertes de salaires lorsqu'il s'agit de mandats locaux). Cette absence de statut favorise le cumul, dans la durée et simultanément.
Maintenant je remarque une chose depuis que je milite activement. C'est l'implication des adhérents. Je me retrouve, et là je ne fais référence qu'aux aspects internes du Mouvement, à cumuler moi-même (référent de ma ville, membre du bureau départemental, même si ce n'est qu'à titre proviqoire). Pourquoi ? Parce que le nombre d'adhérents qui s'impliquent vraiment, viennent aux réunions, veulent prendre des responsabilités, il n'est pas si élevé. Alors on se retrouve malgré soi à cumuler des fonctions ! Certes la vie intérieure d'un mouvement n'est pas à comparer à la représentativité électorale. Mais quand même, il faut s'interroger. D'ailleurs nous avons des connaissances communes, qui sont absolument contre le cumul, et qui de fait en interne se retrouvent à cumuler car il n'y a pas tant de candidats que cela !
Enfin je rejoins Axel, quelque peu. Les institutions, la façon dont elles fonctionnent ou devraient fonctionner c'est important. Mais nous n'entendons pas beaucoup le MoDem sur l'Europe. D'ailleurs je crois que le problème du MoDem, c'est que depuis plus d'un an, il est toujours en construction, et pendant ce temps il ne travaille pas sur le fond. Et je suis le premier à blâmer ! Car pour le moment mon énergie est toute employée à la construction interne ! Espérons qu'après le 27 septembre nous pourrons enfin nous attacher au fond !
Écrit par : Michel Hinard | 24/07/2008
Assez d'accord avec Michel Hinard. Je mettrais une seul nuance.
L'Assemblée et le Gouvernement devraient être deux pouvoir distincts. La pratique, hélas trop répandue, de gouverner par le biais des lois, provoque le mélange des genres en rendant, selon les systèmes, l'Executif ou le Parlement otages l'un de l'autre.
Donc, en effet, une "proportionnelle intégrale" est viable uniquement si on peut garantir la gouvernabilité par d'autres moyens institutionnels. Mais je suis d'accord avec vous sur le fait que, autant débattre "haut" est agréable (et nécessaire à mon avis) autant sans voix on ne fait rien. Et les voix on les gagne sur le
terrain.
Écrit par : Bzhita | 24/07/2008
@ Michel et Claudio
Je vais faire une note pour expliquer ce qu'est la séparation stricte des pouvoirs.
Écrit par : Hervé Torchet | 24/07/2008
@ Axel
Mais si on sait ce que le MoDem pense. Viens chez moi, j'y publie souvent les analyses de nos députés et euro-députés. Par ailleurs le site du Mouvement Démocrate est aussi assez explicite, et le blog d'une de nos figures comme Corine Lepage regorge d'opinions très éclairées.
Bayrou n'a pas changé d'idées, et la plupart du temps, il se réfère au programme présidentiel de l'UDF implicitement, qui est loin d'être dépassé. Le Nouveau Centre s'y réfère aussi, mais c'est du flan, car dans la pratique, il n'en reste quasiment rien.
Écrit par : L'hérétique | 24/07/2008
10% de proportionnelle c'est une fumisterie : un parti qui obtiendrait 10% des suffrages n'aurait que 5 députés (plus éventuellement quelques-uns qui seraient passés au second tour). En clair : AUCUN effet.
Ceci dit la proportionnelle intégrale ne doit effectivement pas être mise en place de manière "sèche" : il faut un certain nombre d'autres mesures avec (seuil, statut de l'élu, etc).
Quant au spectre de la IVème, c'est un peu facile... D'une part, elle était loin d'être si bordélique qu'on le raconte (cf. articles chez Grozbulles) ; d'autre part, il suffira de mettre les partis devant leurs responsabilités : ce sera peut-être un moment difficile à passer (jusqu'à une mandature...) mais les électeurs sauront à quoi s'en tenir...
Écrit par : florent | 24/07/2008
Sur la IVe république : c'était un régime d'assemblée et de confusion des pouvoirs au profit du législatif. La Ve est un régime de confusion des pouvoirs au profit de l'exécutif. L'idée est donc dans la séparation des pouvoirs qui rend à la fois possible et nécessaire la proportionnelle intégrale, puisque l'exécutif (le président) n'a pas besoin d'une majorité fixe pour gouverner, mais qu'en revanche on a besoin d'organes réellement délibérants dont pluralistes, donc proportionnels.
Écrit par : Hervé Torchet | 24/07/2008
@ L'Hérétique
tu as raison, et tu sais que je me reconnais en tes analyses, comme en celles de Christelle Carcone, etc.
Mais actuellement tu ne peux nier que c'est "l'autre courant" du Modem qui a le plus d'écho sur le Net et dans les médias, notamment en raison du poids de Quitterie.
Il y a deux courants au Modem :
- l'un qui s'inscrit dans la continuité de l'UDF :
engagement européen, intérêt pour les questions économiques, approche libérale & pragmatique.
- l'autre qui s'inscrit dans la posture anti-système, et se rapproche de plus en plus de l'alter-mondialisme révolutionnaire : "tous pourris, le système est à changer de fond en comble, les élites trompent le peuple..."
La question institutionnelle prend alors le pas sur tous les autres sujets : "il faut redonner le pouvoir au peuple, et tout ira mieux : référendums citoyens, etc".
Ces deux courants ne sont pas étanches, les militants se reconnaissent souvent dans les deux, mais plus ou moins, et la différence se fait dans la focalisation du discours, qui met en avant, comme prioritaire, un aspect ou l'autre.
Bayrou en développant un discours anti-système pendant la campagne présidentielle a amorcé ce deuxième courant. Ce deuxième courant a ensuite été renforcé, autour de Quitterie, par certaines personnes de son entourage (réseau freemen bovétiste, par exemple).
Outre que ce 2e courant ne correspond pas à mes idées, il me paraît une impasse : très propre à susciter une "aura" dont Bayrou a profité dans un premier temps, il reste minoritaire: on ne peut pas arriver aux responsabilités en luttant contre le système dans son ensemble, on est flingué en route, et en définitive les électeurs ne votent pas majoritairement pour un discours extrême. C'est un chemin à la Bové, à la Le Pen, à la Besancenot.
Pour le moment, c'est le 2e courant qui est en train de l'emporter, chez les jeunes militants: ce sont les plus audibles et les plus bruyants, l'écho médiatique de Quitterie aidant.
Je ne vois pas ce courant susceptible de porter Bayrou à la présidence en 2012. Il est trop adolescent dans son esprit utopiste tout azimut.
Écrit par : Axel | 24/07/2008
(Il faut bien voir que l'UDF a toujours été un pragmatisme. C'était le courant le plus pragmatique de la vie politique française, avec le moins de démagogie, et le moins d'utopisme au mauvais sens du mot.
A l'inverse le Modem est en train de devenir le courant le plus utopiste, s'attaquant au système mondial des élites dans son ensemble.
C'est très bien d'évoluer, mais un tel renversement complet de la perspective et de la stratégie pose pas mal de problèmes : crédibilité, maturité, espace politique pour un tel discours...)
Écrit par : Axel | 24/07/2008
Axel n'a pas complètement tort. Mais qu'il garde aussi à l'esprit que le discours n'est pas forcément représentatif de la totalité de la pensée des protagonistes (ce n'est que la partie émergée de l'iceberg).
Écrit par : florent | 24/07/2008
"le discours n'est pas forcément représentatif de la totalité de la pensée des protagonistes"
Exact. C'est pour cela que je parlais de "focalisation", en précisant que les deux courants n'étaient pas étanches.
Ce ne sont pas deux mondes complètement étrangers l'un à l'autre. Dans un cas, le discours se focalise davantage sur un aspect, dans l'autre cas sur un autre.
Il reste qu'en politique, la focalisation du discours a une grande importance.
Sarkozy a été élu sur un équilibre entre des propositions très concrètes, un discours du changement, un réseautage pour rallier des élites, un travail interne pour rassembler son camp sur la base la plus large possible. C'est toujours ce qui marche.
Mitterrand en 1981, c'était la même chose : une idée du changement, mais beaucoup de propositions concrètes, un intense réseautage pour rallier les élites et les rassurer, un travail poussé de rassemblement de son camp sur la base la plus large : l'union de la gauche.
Il faudra que le Modem parvienne à une synthèse entre l'idée de changement, des propositions concrètes, et un réseautage au sein des élites, car on ne peut pas arriver au pouvoir sans les élites.
Même en 1789, la Révolution s'est faite avec les élites : toute une partie de la noblesse & de la bourgeoisie, qui a fait corps avec le peuple contre le pouvoir royal, pour des raisons diverses : intérêts particuliers de notables contre l'absolutisme royal; idéaux voltairiens, etc.
La Révolution ne s'est pas faite contre les élites et sans elles.
Bayrou rallie une partie des élites (cadres et intellectuels), mais attaque frontalement les élites financières et médiatiques, ce qui a tendance à lever des tueurs contre lui ;
il manque de propositions concrètes parlant au grand public ; il n'a pas fait le long travail de Sarkozy avec les conventions mensuelles de l'UMP, abordant tous les sujets pendant deux ans.
Reste un problème pour le Modem : il n'est pas parvenu, pour le moment, à créer un large camp des "démocrates". Cette dynamique reste bloquée par l'attachement des gens de gauche au parti socialiste.
Le PS se divise, mais il reste un parti fort, avec une identité puissante rassemblant la gauche.
Le Modem ne parvient pas encore à créer une identité de rassemblement pour les démocrates.
Et je ne pense pas que les enjeux institutionnels soient de nature à créer cette identité. Les questions institutionnelles ne parlent pas du tout au public.
Écrit par : Axel | 24/07/2008
@ Axel
L'UDF d'avant Bayrou n'était pas un parti pragmatique, ce n'était pas un parti du tout, seulement un syndicat d'élus, le néant de la politique, juste une raison sociale pour notables de province. Bayrou en a fait un fer de lance programmatique, mais ce n'était déjà plus qu'un fantôme. Ceux qui rêvent de relancer la vieille UDF se trompent, car ils ne pourront le faire dans le cadre fixé par Sarkozy (encore moins contre celui-ci), et de toutes façons, elle n'apporterait rien comme idées neuves au pays. Ceux qui apportent des idées neuves, ce sont ceux de la nouvelle génération, avec leur nouveau regard, et c'est donc Quitterie.
Écrit par : Hervé Torchet | 24/07/2008
+1!
(mais je n'oppose pas ancienne et nouvelle génération, leurs rôles sont complémentaires, utiles et nécessaires)
Écrit par : florent | 24/07/2008
Ce que tu dis est un peu vrai, mais l'UDF c'était aussi Barre, Giscard... pas seulement les petits notables de province.
Barre et Giscard ont joué un grand rôle sur plusieurs plans : économie, europe... Il y avait là de vraies politiques.
L'UDF pesait autant que le RPR, et aurait pu l'emporter: la vision de l'UDF était plus moderne, plus adaptée à l'Europe et à un monde où l'économie joue un rôle croissant.
Il a manqué à l'UDF un leader capable de l'emporter contre le tueur Chirac. Bayrou était trop jeune, les autres pas à la hauteur.
Un président UDF à la place des deux périodes Chirac, cela aurait changé pas mal de choses.
Chirac n'a pratiquement rien fait, en dehors de quelques postures diplomatiques, et il a lancé la France dans l'aventure désastreuse du référendum européen.
Ensuite, face à Sarkozy, l'UDF était devenue trop petite, depuis la création de l'UMP.
---
J'ai fait partie, pendant la campagne présidentielle, de ceux qui ont poussé Bayrou à s'émanciper de l'UDF, avec Crouzet, Revelli, etc.
Pour la raison que tu dis : l'UDF faisait trop "parti de notables".
Mais c'est allé trop loin : le Modem n'a pas seulement mis à bas le parti de notables, il a aussi mis à bas une grande partie de l'identité politique de l'UDF : européisme et libéralisme, qui sont passés au second plan, pour devenir un mouvement flou où la "démocratie citoyenne" devient l'objectif majeur.
En fait la création du Modem a été déséquilibrée par l'ouverture de Sarkozy et la création du NC.
Son espace politique est devenu trop étroit.
Sarkozy a bien joué, car il a perçu en Bayrou un leader d'envergure, à abattre par tous les moyens.
---
Je ne crois pas du tout à l'avenir de ces débats sur la démocratie citoyenne : ça n'aide pas à résoudre les problèmes, et au bout du compte les citoyens vont voter pour celui qui promet des solutions, pas pour celui qui veut tout mettre en délibération citoyenne permanente.
C'était une composante à ajouter à l'UDF pour la moderniser. Ce n'était pas destiné à prendre toute la place. Le Modem ne fait pas sérieux, c'est trop contestataire tout azimut, et sans identité reconnaissable.
Bayrou reste un grand bonhomme, mais avec un parti aussi immature, 2012 se jouera entre Sarko et Delanoë (en l'état actuel des forces, qui peuvent changer).
Bayrou continuera de jouer le 3e homme, très respecté des Français, mais sans machine de guerre pour l'emporter.
Écrit par : Axel | 24/07/2008
"ils ne pourront le faire dans le cadre fixé par Sarkozy (encore moins contre celui-ci), et de toutes façons, elle n'apporterait rien comme idées neuves au pays."
Tu as raison sur l'extraordinaire difficulté posée par l'ouverture au centre de Sarkozy : elle réduit l'espace d'existence de l'UDF.
Mais pour autant, un grand parti ne peut se construire en se retirant de tout l'espace occupé par l'adversaire, d'autant que le Modem a face à lui les deux grands espaces de l'UMP et du PS.
Il va bien falloir que Bayrou réinvestisse une partie de l'espace que Sarko lui a pris : le centre-droit.
Il ne pourra aller nulle part sans le centre-droit.
Les idées neuves, c'est un plus. On ne fait pas de la politique avec seulement des idées neuves, sans s'appuyer sur beaucoup de forces traditionnelles, qui font le fond du pays.
Écrit par : Axel | 24/07/2008
@ Axel
Sarkozy n'est plus un problème : il est déjà mort, l'espace politique qu'il feint d'occuper n'est qu'un simulacre. Le vrai espace est ailleurs, comme le démontreront les électeurs, il est là où se trouvent Bayrou et Quitterie.
Écrit par : Hervé Torchet | 24/07/2008
"il est là où se trouvent Bayrou et Quitterie."
Sacré Hervé !
enfin, si c'est pour passer du culte de Sarkozy au culte de Quitterie, non merci.
Vous avez réussi depuis quelques mois à me faire complètement prendre en grippe cette Quitterie que je trouvais sympathique au début.
Le culte de la personnalité est pour moi l'horreur politique absolue, je déteste l'idolâtrie en politique, et elle est dangereuse.
Il y a le cinéma pour aduler les belles actrices ou les acteurs charismatiques, ce n'est pas le terrain de la politique.
Quand on en vient à citer plus souvent un nom qu'un programme, c'est le pire de la politique.
Écrit par : Axel | 24/07/2008
Eh bien, même si un peu en filigrane, ce débat est très intéressant.
A mon avis la réalité des choses se passe un peu "entre les deux". Je m'en explique.
Dire que l'UDF était un "syndicat de notables" est un peu réducteur. Mais Barre n'est plus, Giscard et Weil ont pris d'autres chemins. Aujourd'hui la stratégie de la majorité est limpide : création d'un mini parti pour l'Assemblée (NC), où l'élection se fait (quand même) par rapport aux voix des citoyens, noyautage des listes sénatoriales du modem pour éviter que nous puissons constituer une vraie force (les grands électeurs étant un peu moins manipulables que l'électorat en général).
De l'autre côté, bien que cela porte avec soi le germe de la dérive, il faut admettre que la politique s'est personnalisée de plus en plus : il y a 30 ans on aurait dit "ce parti, c'est quoi?". Aujourd'hui c'est "ce parti, c'est qui?".
A mon avis, tout ce débat tourne autour de la nature que l'on veut donner à notre parti.
Personnellement, je pense que nous n'avons de sens que si on compte devenir un parti populaire à vocation majoritaire.
Dans une vie précédente (bof ça fait vieux mais bon) j'ai participé à un parcours de ce type (sur mon site il y a mon profil www.europeauquotidien.eu ou skeptikos.hautetort.com) et j'ai appris qu'il faut trois choses:
- un leader charismatique
- un message ancré dans le quotidien des électeurs (oui on peu être "populaires" sans être "populistes")
- un maillage d'activistes et, successivement, d'élus de base, notamment au niveau des communes.
Et un peu de discipline.
Écrit par : Bzhita | 25/07/2008
@Axel
Je suis d'accord avec vous... Pour avoir rencontré Quitterie lors de l'un de ses cafés démocrates, je la trouve intéressante, énergique, positive. Aujourd'hui, à cause de la passion (malsaine) que lui voue Hervé, elle perd au fil des jours sa crédibilité. Ce blog aurait pu être en d'autres temps celui d'un admirateur pour une certaine Evita... Ce n'est que mon point de vue. J'aimerais avoir celui de Quitterie. Comment gérer un admirateur qui prend ses vacances avec non pas une poupée gonflable, mais un poster!!!
Esther
Écrit par : Esther Ruben | 25/07/2008
Je ne comprends pas en quoi le fait que certaines personnes communiquent beaucoup sur, voire idolâtrent, une personne X, influerait en quoi que ce soit sur la qualité des idées et des actions de cette personne X (ni même sur sa crédibilité). A ce compte-là, puisqu'il existe des sarkolâtres, des ségolâtres, des bayroulâtres, etc pour toute la classe politique française, envoyez tout le monde aux orties et votre carte d'électeur avec, vous ne trouverez personne qui vous convienne... Ce raisonnement est totalement absurde.
Écrit par : florent | 25/07/2008
C'est pas aussi simple, florent.
Le développement d'un cercle d'admirateurs autour d'une personnalité politique a tendance à influer directement sur cette personne, qui s'isole dans l'idée de soi, transforme sa personne en une "marque", ne prend plus en compte les critiques de son discours puisqu'elle se repose sur ce cercle d'admirateurs qui la confortent dans tout ce qu'elle fait.
On est dans un processus de de-réalisation qui mène directement aux maux de la politique : l'égocentrisme des leaders et leur sentiment d'être infaillible.
Vous parlez de Ségolène Royal. Quitterie me fait un peu penser à elle; elle se repose un peu trop souvent, je trouve, à la fois sur son statut de femme, et sur un cercle d'admirateurs qui la dé-réalise.
Comme Ségolène elle est capable de sortir des énormités politiques, des trucs tout à fait irréalisables mais qui lui semblent partir d'un bon sentiment.
Sa proposition de faire élire par la population tous les responsables des médias me fait penser au propos de Ségolène voulant qu'on raccompagne chez elles les femmes policiers (lors du débat face à Sarko) : on sort une phrase qui semble moralement juste, qui est un cri du coeur, mais politiquement c'est irréalisable, on est complètement sorti du monde réel, on ne réfléchit plus aux conditions de réalisation d'une proposition, du moment que la proposition parait "jolie".
Bref, on est dans la posture morale, on parle comme Jésus au milieu de ses disciples, et on n'est pas du tout dans une attitude de leader gestionnaire de la réalité, étudiant les dossiers, collant au réel.
Et Quitterie ne répond jamais sur ces points. On a l'impression qu'elle survole tout ça de haut sans s'intéresser aux détails. Elle sort des phrases jolies et puis voilà, elle ne s'intéresse pas au détail de la réalisation, elle s'en fout, ça l'ennuie.
Ce n'est pas ma conception du renouveau de la politique, que de porter aux nues une icône dé-réalisée qui sort des jolies phrases avec un grand sourire en guise de dossier.
Ses débats TV face à des leaders du NC étaient constamment dans la posture morale, sans jamais entrer dans le détail des dossiers et les conditions de leurs réalisations.
J'ai l'impression d'une infantilisation de la vie politique, alors que l'UDF était un parti super balèze niveau intellectuel. Je me souviens du forum de l'UDF qui était sans aucun doute le plus solide forum de tous les partis, avec des gens capables de répondre sur tous les sujets, avec une connaissance de l'histoire, de l'économie, de la politique internationale.
Mais maintenant qu'est-ce qu'on a devant les médias ? Une icône qui sourit et qui fait de jolies phrases morales.
Désolé mais c'est un peu léger. Quitterie n'a ni formation historique, ni formation à la politique internationale, ni formation économique (une formation commerciale ce n'est pas vraiment de l'économie politique)...
Et tout cela c'est nécessaire, précisément pour débattre et ne pas sortir des phrases énormes à la Ségolène.
Bayrou c'est une autre pointure !
Écrit par : Axel | 25/07/2008
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