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10/03/2009

Hadopi : les erreurs et les mensonges du projet.

Si l'on examine le détail du sondage selon lequel 37 % des internautes français se disent pirates, on voit que 13 % des internautes disent télécharger au moins un film dans l'année. Il faudra que l'on m'explique comment ce chiffre est compatible avec les 500000 téléchargements quotidiens de films annoncés par l'étude qui justifie la création du dispositif Hadopi, soit plus de 180 millions par an. Si l'on admet qu'il y a 25 millions d'abonnés à l'Internet en France, 13 % font environ 3 millions de pirates. Chaque pirate téléchargerait donc assidûment 60 films par an, plus d'un par semaine. C'est ridicule.

Notons que, dans le même temps, le nombre de places de cinéma vendues n'a pas fléchi.

EDIT : voir d'ailleurs la position de Jacques Attali.

Par ailleurs, le chiffre de 37 % pourrait faire réfléchir : ce sont plus de 9 millions de pirates. À ce niveau-là, c'est un phénomène de société et quand il faut punir plus du tiers de la population, on doit sérieusement se poser des questions de légitimité du châtiment et d'ailleurs de la réaction de la populaton considérée.

Mais surtout, la difficulté pour les créateurs de notre époque, c'est de créer du désir. Acheter, c'est succomber à une pulsion de désir, or nous sommes tellement saturés d'images et de musique, que notre désir s'émousse. Le piratage agit comme un aiguillon du désir, comme un piment. Le piratage est un accélérateur du bouche à oreille, un turbo sur la vie économique des oeuvres, le téléchargement illégal est un formidable outil de buzz et certains artistes, voire certaines maisons de production, ne s'y sont pas trompés...

Et même pour ce qui se vend déjà bien, le piratage est un accélérateur de buzz, un moteur d'emballement des ventes. Ce n'est pas un hasard si le dernier Harry Potter était sur Internet le jour même de sa sortie en librairie, comme les Ch'tis ont été un record de piratage alors même qu'ils étaient aussi un record de vente.

Face à ces réalités, le projet Hadopi semble dirigé contre un intervenant en particulier (Free) et draguer avec des visions clientélistes dans des milieux économiques et artistiques qui n'ont rien compris à la révolution copernicienne qu'Internet fait dans notre société. Il ne rapportera rien à l'industrie de la culture, coûtera cher au contribuable qui n'a pas besoin de ça, ôtera des occasions de joie à des gamins qui n'ont pas les moyens de se payer CD et DVD (et de ce fait enfoncera notre pays dans sa déprime), et marquera une étape dans la volonté de notre superstructure politique de mettre Internet au pas.

Je regrette que, parmi les politiques, ceux qui se sont si fort mobilisés contre DADVSI démontrent par leur silence actuel qu'ils ne se manifestaient pas alors pour la liberté mais par pur souci tactique pour préparer leur satanée élection présidentielle.

Il faudra bien un jour supprimer l'Élysée.

10:54 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : culture, hadopi | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Appelle-t-on encore piratage un phénomène de société qui touche le 1/3 d'une population ? Il faudrait trouver un néologisme qui recouvre cette réalité. Car pour moi qui suis un fan de la culture pirate, cela n'a rien à voir.

C'est encore un raccourci média qui se veut explicite mais qui à mon avis est contre productif. En effet, l'esprit latin et spécifiquement français, aime les petites subversions, les micro infractions juste avant de franchire la limite. Un soupçon de rébellion mais pas trop. Or qu'est-ce que le téléchargement d'oeuvres protégées si ce n'est un micro acte de rébellion, simple et accessible à tous ?

Écrit par : CedricA | 10/03/2009

Les chercheurs sont dans la rue,
Les personnels soignants sont dans la rue,
Les salariés du secteur de l'automobile sont da la rue
et vous ?
Derrière vos claviers comme d'hab !

Écrit par : jean-pierre bozzonne | 10/03/2009

Les commentaires sont fermés.