19/03/2009
Vais-je arrêter l'expérience "Google Ads" ?
Depuis le début du mois, j'ai fait l'expérience de placer la pub Google sur mon blog. Idée saugrenue, me direz-vous. Peut-être.
Il y avait à cela trois raisons : la première, c'est que je suis comme tout le monde, j'ai besoin de faire rentrer des liquidités. La deuxième, c'est que plus on attire de pub sur Internet, plus on accélère le mouvement de transfert du lectorat des médias périmés vers Internet. La troisième, c'est qu'il n'est question partout que de recherche d'un modèle économique de la gratuité sur Internet, et que l'expérience me permettait de contribuer aux débats sur ce sujet, en connaissance de cause.
Côté argent, autant le dire tout de suite, c'est plus que décevant : 1,46 Euro comptabilisé en deux ou trois semaines, c'est quasi-négligeable, compte tenu du fait que l'espace occupé par la pub sur mon blog le serait mieux par des info plus intéressantes pour ma ligne éditoriale. C'est d'autant plus étonnant que j'ai entendu, au cours du Salon du Livre, prononcer le chiffre de 1 milliard d'Euros pour évaluer le montant global de la pub sur Internet (je pense que c'est en France), dont 70 % contrôlés par Google. Étant donné le peu d'intérêt de nombre de pub que j'ai vues passer, j'en reste perplexe. Et je dois dire que je reste perplexe aussi du mode de comptabilisation : au clic sur la pub, et seulement au clic, ce qui me paraît injuste, compte tenu, là encore, de la visibilité donnée par mon blog et les autres à Google, visibilité qui contribue à renforcer l'image de position dominante de Google. M. Jannet, responsable des plateformes du "Monde" sur Internet, expliquait qu'une grande partie du revenu de sa société provenait non pas d'une pub "au clic", mais d'une pub de démarche traditionnelle : Gallimard trouve estimable d'associer son image à celle de la plateforme numérique du "Monde" et paie donc un espace visuel pour cela. Autrement dit, ce type de fonctionnement classique est possible sur Internet, mais n'est encore pratiqué qu'à l'état marginal. Faut-il donc créer de nouvelles régies publicitaires qui bousculent le modèle Google ? est-ce là la façon de trouver enfin ce fameux "modèle économique" et serpent de mer d'Internet ?
Pour le transfert du lectorat, j'y ai visiblement peu contribué, en tout cas par mon apport au chiffre d'affaires de la pub.
Enfin, il y a deux autres raisons, plus profondes encore, pour lesquelles j'envisage sérieusement d'interrompre cette expérience.
La première, c'est le "flicage" de l'internaute. Jusqu'ici, Google annonçait vouloir calibrer ses pub en fonction du contenu de mon blog. De fait, quand j'ai parlé du Salon du Livre, j'ai vu apparaître de sympathiques pub liées au livre. Un peu auparavant, j'avais traité de la question du Proche-Orient, ce qui avait amené une vaste pub pour "rencontrer des femmes musulmanes" (sic, et c'est de loin la pub qui m'a été la plus rentable : un seul clic là a fait plus de 40 centimes..., mais le communautarisme m'a dérangé). Et dès que je parle de Quitterie, tout clignote pour des voyages interminables et féériques à Venise, ce qui prouve que Google n'est pas si mal conçu que ça. Or cette façon de procéder, qui n'était pas bête, ne suffit pas à Google, vu qu'elle donne des résultats très faibles. On m'a donc fait savoir que, dorénavant, on allait programmer sur mon blog des pub qui tiendraient compte du comportement antérieur des internautes qui passent chez moi. Cette façon est déjà choquante chez Facebook, mais n'y concerne que les info internes du mdia social. Avec Google, il s'agit d'un flicage universel à usage commercial, c'est Big Brother à l'état brut. Et c'est contre quoi on a créé la CNIL en 1978, soit dit en passant. Que fait donc la CNIL ? Pourquoi n'introduit-elle pas des actions contre Google ? Pourquoi n'informe-t-elle pas au moins les internautes ? En tout cas, me rendre complice de ce forfait ne me paraît guère acceptable.
La deuxième raison, c'est que, de nouveau, j'envisage de faire une pause dans la tenue de ce blog. Pourquoi ? Eh bien, tout simplement, parce que je n'ai pas grand chose à dire. Les affaires du MoDem, maintenant que Quitterie n'y est plus, ne me passionnent plus guère, l'actualité générale ne mérite même plus que je pisse sur le gouvernement, "que je pisse comme je pleure" (chantait Brel), et la raison principale pour laquelle je me suis pris au jeu de ce blog, c'était le soutien de l'action de Quitterie. Or le mode d'action choisi aujourd'hui par Quitterie (qui est son droit le plus entier et parfaitement légitime) n'est pas compatible avec la notion d'un soutien adressé à elle en particulier. Donc que dire ?
19:43 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : médias, google, google adsense | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Quelle femme politique écrivait, le 26 avril 2007 :
"...Mon souhait serait qu’à l’Assemblée Nationale en 2007, il y ait à la fois un débat idéologique qui ne tienne pas compte des clivages traditionnels ainsi qu’un affrontement générationnel qui comprenne la France d’aujourd’hui ainsi que la France de demain..."
"...Selon moi, nous sommes à la première étape de la réappropriation du débat public par les jeunes ce qui devrait naturellement aboutir à un engagement et une implication plus importants et donc, à terme, un renouvellement de la classe politique en faveur des jeunes. La République doit faire confiance à la jeunesse."
Curieux une jeune maman qui parle tant d'affrontement générationnel. Si la vie politique ne peut pas accomplir mon rêve, alors j'arrête, je me recentre sur mon pré carré. Paradoxe, je laisse en chemin les jeunes qui comptaient sur moi, et que je portais aux nues, et les plus anciens, qui savent que c'est le rôle de la jeunesse de reprendre le flambeau, et qui l'auraient laissé un jour. Ce faisant, peut-être, je passe à l'âge adulte et je deviens ce que je suis...
Écrit par : Pierre-Yves | 19/03/2009
Eh oui... Quitterie c'est fini. Adieu Hervé.
Écrit par : broke | 19/03/2009
@ PY
Ce n'est pas ça : Quitterie est dans la logique d'action du secteur des ONG, des associations et de la société civile, elle ne renonce en rien à ce qui a fait ses combats, mais elle ne prend aucune initiative personnelle. C'est son droit, mais mon action en devient vide.
Écrit par : Hervé Torchet | 19/03/2009
@ broke
N'allez pas trop vite en besogne.
Écrit par : Hervé Torchet | 19/03/2009
Voilà donc ton fantasme : aller à Venise avec Quitterie ! En effet Google a du nez !
Nooon, reste avec nous ! Tu auras toujours des coups de gueule ! C'est toujours intéressant d'échanger des points de vue même si on peut ressentir de la lassitude...
A bientôt !
Écrit par : Jérôme Helbert | 19/03/2009
Bonne continuation!
Peut-être une métamorphose de ce moyen d'expression... ce serait préférable qu'un arrêt dû au dépit!
Écrit par : Eric | 19/03/2009
Bof, rien ne vaut Quitterie.
Écrit par : Hervé Torchet | 20/03/2009
Pour le modèle économique, je crois plus à un système d'abonnement à une sélection de blogs.
Un peu comme le blog des Femmes Engagées mais peut-être avec un contenu un peu plus sexy.
Et puis c'est un truc que l'on fait pratiquement jamais, mais je te remercie pour tout le boulot que tu fais sur ton blog, que ce soit pour les infos que tu donnes ou pour tes analyses qui apportent toujours un regard différent.
Écrit par : Spaulding | 20/03/2009
@ Spaulding
C'est gentil ce que tu dis, mais je n'ai pas de grand mérite, étant inspiré par Quitterie.
Écrit par : Hervé Torchet | 20/03/2009
C'est un problème de trafic : il faut 100 000 visiteurs uniques par mois au moins pour pouvoir espérer tirer vraiment profit de la pub.
Écrit par : L'hérétique | 20/03/2009
@ l'Hérétique
Sans rouvrir le débat sur la définition du visiteur unique, mettons que j'en aie 8000 (ce doit être la moyenne), multiplié par 12 x 2 = 1,46 x 12 x 2 = 35,04 Euros, c'est un revenu mensuel qu'on peut qualifier de modeste. Ou alors mes visiteurs sont particulièrement rétifs à la pub. Cela étant, le problème du "flicage" des internautes est entière.
Écrit par : Hervé Torchet | 20/03/2009
"Faut-il donc créer de nouvelles régies publicitaires qui bousculent le modèle Google ? est-ce là la façon de trouver enfin ce fameux "modèle économique" et serpent de mer d'Internet ?"
Et bien voilà une excellente question à poser .... à Quitterie.
Qui travaille dans une agence de pub ayant un pôle, une régie consacrée aux blogs.
Que propose Quitterie avec son agence, pour aider les blogs à vivre de leurs écrits ?
Voilà qui serait beaucoup plus intéressant, que de connaître ses grandes idées sur la Révolution.
Maintenant il est sûr que vous allez découvrir que pour vivre de la pub il faut une grosse audience, et c'est bien pourquoi les artistes ne peuvent pas en vivre aussi facilement, d'où leur attachement au modèle traditionnel de la rémunération des artistes : les droits d'auteurs, n'en déplaise aux "pirates".
Vivre de la pub cela force à créer des sujets idiots, car on découvre vite que c'est l'idiotie qui attire le peuple, quelques efforts qu'on fasse.
Écrit par : X | 21/03/2009
Je vois ciblage sémantique...
Je vois web3.0
Je vois parking2
Je vois l'abandon des journalistes et de la presse
Je vois les derniers choix faits par certains publicitaires sur le web et leurs soucis à voir les blogueurs se fédérer
Je vois blogbang qui rapporte le plus aux bloggers
Je vois bataille google, microsoft
Je vois...trop clair certainement
Écrit par : Martine | 21/03/2009
Et votre Webzine ? Au point mort ? Abandonné ?
Écrit par : broke | 23/03/2009
@ broke
Il faut que je le modifie avant de m'y remettre. Ce ne sera de toutes façons pas avant la parution de mon nouveau livre.
Écrit par : Hervé Torchet | 23/03/2009
Bien, mais il faudra penser à nous refaire ce vilain habillage : ces icônes et ce jaune, ce n'est pas possible.
Un troll qui vous veut du bien.
Écrit par : broke | 23/03/2009
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