05/10/2010
Marina Silva, candidate "verte" anti-IVG et créationniste.
Étant donné ma récente approbation des positions du pape Benoît XVI sur la question des Tziganes, je suppose qu'on ne sera pas tenté de considérer que l'opinion que je vais exprimer dans cette note est de nature anti-religieuse. Je ne suis pas contre le principe de la religion, chacun pense ce qu'il veut, je suis d'ailleurs baptisé bien que non croyant. En revanche, si la religion inspire à des politiques des positions particulièrement obscurantistes, je crois que tout un chacun a le devoir de s'en insurger et, étant donné le silence de la blogosphère sur certains aspects de la récente élection présidentielle brésilienne, il me semble qu'il faut s'exprimer.
STOP.
Lorsque le pape s'en prend à l'avortement, je trouve sa position logique, lorsqu'il invite les catholiques à ne pas en pratiquer et à s'employer à concourir à des solutions alternatives pour des femmes en détresse, cela ne me choque pas en soi, l'inverse serait très choquant. Lorsqu'aux États-Unis des attentats sont commis contre des médecins qui pratiquent l'avortement, je trouve cela beaucoup plus choquant que la positon d'une église quelle qu'elle soit, d'autant que les auteurs des attentats obéissent à toutes sortes d'églises, notamment protestantes.
La violence me révolte, mais le débat sur le principe de l'avortement me paraît recevable. Personnellement, ce qui fait que je crois que les églises chrétiennes se trompent lorsqu'elles blâment la légalisation de l'avortement, c'est une anecdote dans laquelle le Christ critique un médecin lorsque celui-ci refuse de soulager un malade parce que travailler le jour du Shabbat est un péché. Le Christ estime dans cette ancedote que le devoir de soigner est plus fort que le précepte du repos du Shabbat. En somme, il prône l'esprit plutôt que la lettre du texte religieux. Au nom de ce même principe, la légalisation de l'avortement devrait être autorisée, puisqu'elle sauve à la fois la vie de nombreuses jeunes femmes et l'âme d'autant de "faiseuses d'anges". Je pourrais ajouter que la société humaine, qui est du domaine de César et non de celui de Dieu, a le droit de placer la liberté et l'émancipation de la Femme comme un principe supérieur, mais cela m'éloignerait de mon propos. Disons que je trouve le débat sur la légalisation de l'avortement recevable, parce qu'il engage les principes éthiques et humains les plus fondamentaux, et qu'il me paraît acceptable qu'une personnalité politique se dise opposé au principe de l'avortement légal, quoique je trouve personnellement dérangeant qu'il dise fonder cette position sur des convictions religieuses. Disons que tout cela est recevable et acceptable à la rigueur, à la limite.
Mais alors, que cette personnalité politique ne vienne pas me dire qu'elle est progressiste. Car au fond, la combinaison de principes sociaux ou environnementaux créatifs et d'idées sociétales régressives est exactement celle de Christine Boutin.
Oui, il faut le dire, quel que soit l'engagement de Mme Silva pour l'Amazonie, elle est d'abord et avant tout une Christine Boutin brésilienne. Or ce sont les mêmes qui poussaient des cris d'orfraie contre Christine Boutin qui, aujourd'hui, encensent Mme Silva.
Mais il y a pire.
Mme Boutin, quels que soient ses défauts, admet l'autorité de la science, son utilité, sa pertinence, même si elle n'en approuve pas toutes les conclusions. Qui plus est, depuis la réhabilitation de Galilée par l'Église catholique, elle admet que la création du monde, si elle a eu lieu, n'est pas littéralement telle que la bible la décrit, qu'il y a en somme une dimension métaphorique dans le récit de la Genèse.
Mme Silva, elle, n'admet rien du tout. Elle prône la doctrine créationniste, qui veut une lecture littérale des textes religieux. À l'inverse du Christ, et comme ses amis évangélistes (les mêmes que ceux de George W. Bush et Sarah Palin), elle veut donc la lettre des textes religieux avant leur esprit.
On est là en présence de l'obscurantisme le plus effroyable.
Et là, je dis STOP.
Et quand j'entends les Verts français applaudir le succès de Mme Silva, je suis pris de frissons. Déjà, Mme Badinter soupçonnait Mlle Duflot de vouloir renvoyer la femme au foyer par son obligation morale de l'allaitement des nourrissons, voici que survient une nouvelle suspicion que se cache sous le progressisme affiché des écologistes des principes profondément réactionnaires.
J'attends qu'ils clarifient leur position sur ces points.
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Commentaires
Très intéressant, à suivre : leurs réponses. Merci Hervé. Je partage.
Écrit par : luciolebrune | 06/10/2010
La vache...Merci pour l'information qui gagne à être connue, en effet. Je la twitte et je réfléchis à une manière de l'amener sur mon blogue.
Écrit par : l'hérétique | 06/10/2010
Très intéressant.
Mais Christine Boutin (je précise que je vote plutôt à gauche) est loin d'être aussi réactionnaire et obscurantiste que cette madame Silva : elle a sur les questions sociales des positions de gauche. Elle s'est indignée des mesures anti-Rhoms.
Rien à voir avec Sarah Palin et consorts...
Écrit par : Rosa | 10/10/2010
@ Rosa
L'objet de mon article n'est pas de critiquer Mme Boutin.
Écrit par : Hervé Torchet | 10/10/2010
tout ceci n'est que la conséquence normale d'une époque sans idées politiques et sans réel idéaux ... chassez le naturel, il revient au galop ...
Écrit par : Mirabelle | 16/10/2010
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