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23/06/2011

La malédiction du rugby parisien

Voici une vingtaine d'années, la grande équipe de rugby parisienne était le Paris Université Club (PUC), dont les activités se déroulaient dans le sud de Paris. Parmi les vedettes de l'équipe première de ce club, on comptait Jean-Baptiste Lafond, titulaire très en vue dans l'équipe de France. Le PUC jouait sur un terrain de piètre qualité et il apparut que, pour tenir son rang dans l'élite, ce club, qui représentait la ville de Paris à un si haut niveau, devait être doté d'un stade digne de ce nom. C'est ainsi que fut décidée la construction de l'actuel stade Charléty, dans le XIIIe arrondissement.

Hélas, entretemps, le PUC plongea dans le classement et, au moment de son inauguration, Charléty se retrouva sans équipe résidente à la hauteur de ses possibilités. Gâchis de dizaines de millions.

À cette même époque, les dirigeants du CASG rugby, club résident du stade Jean Bouin, à l'autre bout de Paris, crurent opportun de lancer leur équipe vers les sommets. Ils n'y rencontrèrent qu'un succès mitigé et les finances de leur équipe se retrouvèrent dans le rouge, menaçant tout l'équilibre du CASG. Un chevalier blanc apparut, qui proposa d'injecter 15 millions de ses Francs d'alors pour sauver l'équipe. La contrepartie était la fusion avec l'équipe de rugby du Stade Français. Ce chevalier blanc était Max Guazzini, un très proche ami de Bertrand Delanoë, confondateur de la radio NRJ, qui a bénéficié dès l'origine de la bienveillance du Parti Socialiste.

La suite de l'histoire est bien connue, les succès se sont enchaînés, si bien que pendant des années, Guazzini a demandé la construction d'un nouveau stade Jean Bouin, plus à la mesure des ambitions et des résultats de son équipe. Le maire du XVIe, Pierre-Christian Taittinger, sut trouver les arguments pour résister à cette pression malgré la très grande proximité de Guazzini avec le maire de Paris.

Hélas, le remplacement du regretté Taittinger par Claude Goasguen a scellé le sort du stade, M. Goasguen n'ayant eu d'autre argument à opposer au maire de Paris que "Je suis de droite et vous êtes de gauche". On sait bien que le clivage droite-gauche est entièrement inefficace pour résoudre des problèmes épineux.

Et voilà, on a détruit Jean Bouin. Le précédent du PUC aurait pourtant dû servir de leçon. Car dans le même temps qu'on démolissait le vieux stade dont la tribune d'honneur était peut-être le seul vestige des Jeux Olympiques de 1924 (les derniers à s'être déroulés à Paris), l'équipe du Stade Français plongeait dans le classement.

Elle est aujourd'hui devant un gouffre financier et menacée de relégation en division inférieure. M. Guazzini a invoqué l'amitié qui l'unit aussi au président Sarkozy, on ignore si cette révélation lui a nui devant l'opinion, mais elle paraît son dernier recours. M. Guazzini est celui qui, en quinze ans, a fait exploser le rugby comme sport d'argent, et les 15 millions de Francs de l'origine (soit 2,3 millions courants théoriques) sont devenus 12 millions d'Euros, plus de cinq fois plus, symptôme des nouveaux enjeux financiers de ce spectacle sportif. Or pour 12 millions d'Euros, il est incapable de s'aligner, il est donc puni par où il a péché, si je puis dire.

Maintenant, quel avenir pour Jean Bouin ? La ville de Paris a affecté 200 millions d'Euros à la construction du nouveau stade, ce qui représente la totalité de l'augmentation des impôts des Parisiens pour cette année. On est au comble de la gabegie, voire de la démence. Que faire ? Il faut en tout cas éviter que les promoteurs, qui rôdent dans le quartier, ne s'emparent du terrain. Colony Capital pourrait-il se servir des fonds de la vente du PSG pour investir le site de Jean Bouin ? Je préfère ne pas le croire.

En somme, il faut se montrer particulièrement vigilants.

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14/06/2011

Les premières pages de mon roman numérique

Comme je l'ai annoncé voici quelques jours, je montre ici les trois premières pages de mon roman numérique (plus la couverture, ce qui fait quatre). Je rappelle que dans ce roman, on parle de smartphones, d'internet, de transparence, de vie privée, d'hommes et de femmes qui s'aiment ou qui ne s'aiment pas (c'est la vie), et de Twitter.

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09/06/2011

Gagner la bataille des lettres

Depuis quelques années, depuis l'apparition des générations internet successives, je pense beaucoup à ces jeunes qui témoignent d'une culture personnelle et collective très gourmande, très active, et qui, cependant, ne trouvent pas toujours assez les bons outils pour faire de cette culture l'instrument de liberté qu'elle a pour vocation d'être.

L'apparition d'internet, puis du livre numérique, puis du multimédia, combiné avec la culture des jeux vidéo, le tourbillon des images, des mots, des sons, tout cela est fascinant, et j'ai lu voici quelques jours une interview de l'anthropologue Yves Coppens relatant une expérience qu'il avait faite avec l'un de ses petits-fils, sous forme de zones du cerveau qui s'illuminent sous les scanners selon leur perception des info. Coppens voyait sous ses yeux que les zones du cerveau qui réagissaient aux mêms stimulations n'étaient pas les mêmes chez lui que chez son petit-fils, et que la rapidité de traitement des info devenait fulgurance chez le plus jeune, très au-delà de la différence ordinaire qui sépare deux générations, un cerveau âgé d'un cerveau de jeune ado.

Cette accélération ne peut pas ne pas avoir de conséquence sur notre façon d'écrire la littérature. Au cinéma, l'évolution se mesure à l'envergure des ellipses. C'est-à-dire que, voici cinquante ans, le spectateur ne comprenait pas si on ne voyait pas un personnage descendre de sa voiture, ouvrir sa porte et entrer chez lui. Progressivement, la rapidité de compréhension a permis d'ôter des phases : la sortie de la voiture se résume à l'ouverture de la portière, l'entrée chez soi à une porte qui claque en une fraction de seconde. Avec les nouvelles générations, on le voit très bien dans les dessins animés 3D, il faut aller à toute berzingue.

Certains passages de Flaubert sont devenus difficilement lisibles, parce que trop lents. À l'inverse, Stendhal, qui allait un peu vite pour son époque, devient plus moderne, ou résiste bien. Victor Hugo, lui, combine la lenteur du phrasé et la fulgurance du sens, ce qui lui permet de résister d'une autre manière.

J'évoque Stendhal et Victor Hugo parce que la génération de 1830, dont Hugo a été le porte-drapeau et à laquelle Stendhal s'est aggloméré via Mérimée, est la dernière à avoir dû gagner la grande bataille des lettres, la bataille pour dire la vérité. Cette bataille, ceux qui aiment la littérature la connaissent (un peu trop parfois), c'est la bataille d'Hernani, une bataille de forme sans doute mais, comme disait paraît-il Hugo, la forme, c'est le fond qui affleure.

La littérature, avant Hugo (il y a dans les Contemplations trois très beaux poèmes sur ce sujet), c'était un académisme au service d'une insignifiance. En libérant la poésie, la littérature, du carcan de la forme, la génération de 1830 a rouvert le droit de dire la vérité, qui était enfermé dans les oubliettes et l'enfer de la littérature depuis un temps déjà assez long.

Aujourd'hui, ce combat est de nouveau à gagner. La littérature, les lettres, sont enfermées dans des académismes et dans des préjugés. Quand on songe que le plus prestigieux éditeur parisien, dont le comité de lecture fut longtemps le pré-carré des auteurs, est aujourd'hui progressivement colonisé par les financiers, on a tout compris, on sait tout ce qui se passe, et l'assujettissment des lettres à l'argent, quand il faudrait qu'elles soient consacrées à ce qu'Hugo nommait la pensée.

J'ai écrit dans un précédent article à quel point comptait le travail des écrivains, des philosophes, des historiens, pour révéler ce qui est caché ou oublié dans nos conscience et insconscient collectifs, à quel point ce travail de révélation produisait de la liberté. Le carcan dont souffrent nos lettres nous est donc, j'en suis convaincu, préjudiciable et est l'une des principales explications du malaise de notre Société.

Parmi les instruments nouveaux qu'internet apporte, la livre numérique est celui qui, sans doute, permettra de déverrouiller les carcans avec le plus d'efficacité. J'ai donc décidé de prendre ma plume, heu, non pas du tout, de prendre le clavier de mon Macbook, pour produire un petit roman léger, vif, rapide, rieur, qui puisse contribuer à l'économie du livre numérique, d'une part et, peut-être, à la recherche des moyens nouveaux de la vérité.

Je donnerai donc ici même dans peu de jours les premières pages de ce court texte, et si ce roman très dialogué, très lapîdaire, très moqueur, peut contribuer à des révélations, il ne sera pas tout à fait inutile, ce qui comblera son très modeste auteur.

On y parlera de smartphones, d'internet, de banquiers, de transparence, de vie privée, de "pipoles", et puis d'hommes et de femmes qui s'aiment ou ne s'aiment pas, c'est la vie.

Il restera ensuite à voir comment mettre au mieux ce texte à la disposition de ceux qui voudront le lire. Je souhaite une formule entièrement numérique, et un prix qui soit de 2 ou 3 Euros, pas plus, de façon à ce que ceux qui passeront une heure ou deux dessus n'en soient pas complexés. Bien entendu, la formule sera sans DRM ni fioritures antédiluviennes de cette espèce.

Je signale au passage que, même si nous sommes tous conscients du progrès constitué par le livre numérique, l'un des porte-drapeaux de la culture de l'internet libre, Richard Stallman, vient d'alerter l'opinion sur certains risques dont nous prémunirait le maintien du support papier. Je crois personnellement depuis le début à la coexistence des deux supports, me voici conforté par le pape ou presque.

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