14/10/2011
Principes économiques, sociaux et environnementaux pour 2012.
Avant de donner mon opinion sur les questions économiques, sociales et environnementales pour 2012, il faut tout de même dire un mot sur ce qui a été le sujet de la semaine : le second tour de la primaire socialiste et le débat de mercredi soir.
On a vu, ce soir-là, que les deux "impétrants" sortaient bien des mêmes moules : l'ENA pour commencer, la mouvance idéologique de Jacques Delors pour suivre et la culture de la "deuxième gauche" pour finir, c'est-à-dire le goût de s'en remettre aux partenaires sociaux chaque fois que cela est possible, l'insertion dans la réalité de l'économie de marché. Il n'y a guère plus que l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre les deux personnages qui briguent le suffrage des socialistes pour aborder l'élection présidentielle du printemps prochain. Il y a tout de même des nuances et curieusement, il y a dans chacune des nuances qui séparent les deux concurrents une qualité essentielle qui manque à l'autre, et comme il ne peut y avoir qu'un candidat, et ensuite qu'un président, il faut que j'avoue que, en définitive, après avoir regardé ce débat, je les ai trouvés tous les deux inquiétants, pour des raisons tout à fait différentes. Bien sûr, j'ai mon candidat, j'ai annoncé que je soutiendrais Bayrou et il ne me déçoit pas, et on a le droit de considérer que je suis partial en exprimant cette inquiétude, mais je crois sincèrement qu'elle n'est pas liée à mon choix, en fait, je crois qu'elle l'est aux deux personnalités en question. Voici pourquoi.
L'inquiétant M. Hollande, l'inquiétante Mme Aubry
J'ai entendu et lu beaucoup d'observateurs dire que François Hollande avait montré de la soliditié et du lyrisme, qu'il avait été rassurant et fort. Je ne partage pas du tout cette opinion. J'ai trouvé que son menton en avant avait quelque chose de mussolinien. Qu'on m'entende bien : Hollande n'a rien de mussolinien, mais Mussolini, pour se donner de l'importance et de la contenance, se promenait menton en avant, ce qui en disait assez long sur les complexes dont il souffrait. Les caricaturistes ne s'y trompaient d'ailleurs pas, lui faisant un menton énorme. J'ai donc trouvé que Hollande, le menton en avant pour se donner de l'autorité et les sourcils froncés pour se donner de la gravité, avait quelque chose de parfaitement ridicule, de forcé, de mensonger. Et comme il faisait alterner ces séquences sombres avec des moments de sourire freshenup où il était le copié-collé de sa marionnette des Guignols, je l'ai trouvé profondément ridicule. Le pire a été quand Martine Aubry a, en quelques secondes, flingué les deux maigres propositions-phares qui étaient supposées éclairer l'austérité de son programme. Bordel, ce type est fonctionnaire, il a fait l'ENA, mais il ne comprend pas que si les redoublements coûtent cher, c'est d'abord parce qu'ils mobilisent des enseignants, et que, de ce fait, gager la création de postes dans l'Éducation Nationale sur la suppression des redoublements, c'est dire qu'on va financer des créations de postes par des suppressions de postes. C'est ridicule, c'est pathétique, et le plus pathétique est qu'il ne s'en soit pas rendu compte. Enfin, on ne lui demande pas d'être un génie de la science administrative, mais s'il n'a qu'une ou deux propositions à mettre en avant, il faut qu'elles tiennent debout, c'est le minimum. Sa façon de financer ses projets ressemble trait pour trait à ce qui fait l'ordinaire des assistants parlementaires et autres collaborateurs de groupe à l'Assemblée Nationale : quand un député fait une proposition qui crée une nouvelle dépense pour l'État, il doit impérativement la gager par une recette nouvelle de montant équivalent. Le jeu, pour l'assistant, est donc de piocher dans l'arsenal des "recettes de poche" et autres TIPP, etc, pour trouver un montant suffisant. C'est comme un jeu intellectuel. On sait bien que la proposition qu'on fait n'a aucune chance d'aboutir, on cherche donc plus ou moins au pif une ligne comptable à exploiter. Ainsi a fait le mauvais génie de Hollande : j'ai besoin de 2,5 mds, où vais-je les trouver dans le budget de l'Éducation Nationale ? Ah ça tombe bien, les redoublements coûtent 2,5 mds. À l'échelon d'un programme présidentiel, c'est d'une légèreté inquiétante. À moins que, comme le suggère L'Hérétique, le vrai projet du PS ne soit tout simplement de poursuivre la politique de suppression de postes d'enseignants.
Dans le cas de Hollande, ce qui est agaçant est que, par ailleurs, il a le courage remarquable, mais du bout des lèvres, de soutenir deux axes très importants : le désendettement de l'État prioritaire sur toute autre considération, et la diminution des effectifs globaux de la fonction publique, alors que Martine Aubry ne veut pas "casser la croissance" en garottant le budget et que, sur le nombre des fonctionnaires, je n'ai rien entendu d'elle pour le moment.
Martine Aubry a pourtant des qualités rassurantes, on la sent très lucide sur les gens (ça doit lui poser des problèmes relationnels), elle est très à l'aise dans les arcanes de la machinerie administrative et c'est très certainement une bonne technicienne. On n'oublie d'ailleurs pas que, si elle est au PS depuis plus de trente ans, elle a débuté au cabinet de Robert Boulin sous la présidence Pompidou. Mais si elle n'est pas écrasée par les chaînes intellectuelles de l'idéologie socialiste, elle l'est par une autre idéologie, beaucoup plus forte, celle que lui a donnée sa formation : l'ENA. Il faut le dire et le répéter, la gauche d'aujourd'hui, ce n'est plus le programme commun, mais le problème commun, qui est qu'Aubry et Hollande appartiennent à la génération d'énarques qui nous a conduits là où nous en sommes. Ces gens n'ont aucune idée de ce qu'est l'économie d'un pays, ce tissu vivant et capricieux qui ne se mène ni à la férule ni à coups de statistiques. Pour ces gens, la science de l'économie se résume à "quand j'actionne tel levier, cela a tel effet macroéconomique". Tant pour cent d'un côté, tant pour cent de l'autre. Et de tant pour cent en tant pour cent, depuis trente ans, nous plongeons toujours sur le même toboggan savonné par les mêmes énarques, qu'ils soient de gauche ou de droite. On ne peut pas leur en vouloir : leur métier est (ou devrait être) d'être fonctionnaires, de diriger des services administratifs, c'est parce qu'ils désertent leurs postes dans les administrations qu'ils se retrouvent aux commandes du pouvoir politique, très au-dessus de ce que recommanderait le principe de Peter.
Donc ce qui rend Martine Aubry inquiétante, aussi inquiétante que Hollande, c'est l'air de compétence verbeuse qu'elle se donne, qui n'est que le masque cent fois vu, cent fois tombé, mais cent fois remis, de l'incompétence profonde de sa catégorie de dirigeants qu'on devrait traduire devant la cour martiale parce qu'ils ont déserté leur poste pour s'aventurer là où l'on n'avait pas besoin d'eux. L'assurance jargonneuse de Mme Aubry n'a qu'un autre nom : l'impuissance, l'impuissance de l'État, constatée depuis trente ans, l'impuissance sans cesse renouvelée, mais sans cesse sûre d'elle-même, dont le symptôme, chez Mme Aubry, est que, sous prétexte qu'il ne faut pas casser la croissance, il est urgent d'attendre pour désendetter l'État, cependant qu'on pourrait bien se faire une petite relance par l'investissement, comme si cette relance n'avait pas déjà été essayée, et comme si elle n'avait pas déjà échoué plusieurs fois. Incorrigible. Inquiétante.
Cela étant, ils ont des points communs, ils croient à la clause de réciprocité, bonne idée, et leurs programmes sont identiques sur bien des aspects. Il ne leur reste plus qu'à abandonner le prgramme voté par le PS et ils seront fréquentables. Ce sont des gens respectables et, de même qu'avec des gens de l'UMP, il serait possible de travailler avec eux. Seulement, en aucun cas je ne leur laisserais la bride sur le cou.
L'urgence budgétaire
On a le droit de penser qu'il vaut mieux faire la révolution, que si cent millions de personnes envahissaient Wall Street et s'y emparaient des rouages financiers, tout irait mieux, qu'on pourrait traduire les financiers en justice et instaurer un monde plus juste, plus démocratique et plus humain. Qui a lu mon modeste roman numérique sait le peu d'estime que m'inspire le système financier mondial. On a aussi le droit, comme Arnaud Montebourg, d'imaginer que l'on puisse mettre les banques "sous tutelle" alors qu'il suffirait de séparer les métiers de banque de dépôt et de fonds d'investissement. On a enfin le droit d'analyser les choses de façon plus subtile.
Dans les dérapages actuels de l'économie mondiale, les banques et les États sont tout aussi fautifs les uns que les autres, chacun faisant pression sur l'autre à son tour, dans une spirale tragique. Pour enrayer cette spirale, le plus simple est d'en supprimer le moteur premier : la croissance de l'endettement des États. Pour le faire, étant donné l'urgence constatée, il ne faut pas perdre une seconde. Bayrou l'a très bien formulé : il faut faire en sorte que, le plus tôt possible, la dette de l'État cesse de croître. À fièvre de cheval, remède de cheval. Cela signifie qu'il faut prévoir une augmentation massive des impôts, et qu'il faut la prévoir supérieure à ce dont on a besoin a priori, car il est vrai que, comme le soulignait Mme Aubry, l'augmentation du taux va diminuer le rendement de l'impôt en valeur absolue, en provoquant une contraction de l'activité.
Une fois que l'État sera en mesure d'échapper à la pression des banques, il lui reviendra d'enrayer la financiarisation de l'économie. Les structures financières mondiales sont un Moloch qui titriserait père et mère pour fournir du combustible à la grande chaudière qui, de Londres à New-York, brûle jour et nuit sous le vocable des marchés financiers insatiables.
Une fois ralentie la machine de l'endettement, il sera possible de réveiller les filières de production dont Bayrou parle dans son livre : appareils ménagers, parasols, bien peu technologiques mais fort utiles dont on ne produit plus qu'une demi-poignée à peine, alors qu'ils pourraient fournir de nombreux emplois. On voit là que les mesures macroéconomiques, les tant pour cent par-ci et les tant pour cent par-là, n'ont aucune utilité.
Pour le désendettement, je pense qu'il serait raisonnable d'envisager de ne pas augmenter le montant total des dépenses publiques en Euros courants pendant plusieurs années. Par le jeu de l'inflation, il suffirait de ne rien augmenter pendant cinq ans pour obtenir une économie globale d'environ 10 %, qui suffirait pour ramener les budgets publics à l'équilibre. De ce fait, au bout de cinq ans, la combinaison de la recréation des nouvelles filières de production et du retour des finances publiques à l'excédent comptable permettrait d'enclencher une spirale de désendettement et de croissance durable.
Il y a à cela une condition.
Réduire notre consommation d'énergie et de matières premières
Nous n'avons pas compris ce qui s'est passé en 1973 avec la crise pétrolière : notre modèle d'expansion, jusqu'à cette époque (et depuis la révolution industrielle), reposait sur des matières premières et de l'énergie abondantes et bon marché. Après la crise de 1973, nous savons que nous n'aurons plus jamais d'énergie abondante ni de matières premières bon marché. Or au lieu d'en tirer la conséquence logique, qui était de réduire la quantité d'énergie et de matières premières utilisée pour la production, on s'obstine depuis trente ans à réduire le troisième facteur économique de la production : la part des salaires. Comme si le but de la prodcution économique était la création d'argent, alors qu'il est de nourrir notre population, de lui fournir du travail et de contribuer au progrès de l'espèce humaine.
Il faut donc faire plaisir aux écolos sur ce point particulier. Notons bien qu'il ne s'agit ni de décroissance ni de rien de tel, mais tout simplement de revitaliser un mode de vie en société qui a prouvé qu'il pouvait satisfaire les besoins matériels essentiels des êtres humains que nous appelons nos concitoyens. Utiliser moins d'énergie et de matières premières pour produire la même valeur marchande permettra de rétablir les salaires à un niveau décent.
Cela signifie que dans notre projet de création de milliers de PME, il faut inclure que chaque nouvelle unité de production doit être au moins autosuffisante en matière énergétique, et que les processus de production doivent inclure le critère de l'économie drastique de matières premières. L'idéal que chaque unité soit non seulement autosuffisante mais productrice nette d'énergie serait séduisant.
Au passage, je trouve aberrant que l'on jette à la poubelle (si j'ai bien lu ce qu'on écrit sur ce sujet) environ la moitié de la nourriture que l'on produit en France. L'adéquation des réseaux de production à la consommation me paraît être une nécessité vitale pour la diminution globale de conso d'énergie et de matières premières, il semble donc que les organismes comme le CREDOC devraient se voir confier des missions très pointues dans ce sens, afin que la production soit très réactive à la consommation finale, ce qui éviterait le gâchis (ce qu'on appelait le Gaspi du temps du regretté Barrre et de son président VGE).
L'urgence sociale
Les mesures d'économie budgétaire ne vont pas peser seulement sur la conjoncture, elles vont rejaillir sur la vie de nombreuses personnes déjà très fragiles, les centaines de milliers qui manquent de logements, les centaines de milliers qui vivent sous le seuil de pauvreté, et a fortiori ceux qui vivent dans ce qu'on nomme la très grande pauvreté. Il ne peut pas être question d'abandonner ces gens à l'aggravation de la conjoncture. Augmenter le taux de TVA de deux points, cela peut être un drame pour des familles qui vivent déjà de presque rien. Il ne faudra donc pas prendre cette mesure sans convoquer les ONG compétentes, SAMU social, Abbé Pierre, Secours Populaire et Catholique, Restos du Cœur, etc, de façon à faire remonter au plus vite les besoins du terrain et, par contrecoup, à ce que soient prises les mesures d'accompagnement qui permettent d'épargner d'alourdir le fardeau de ceux qui n'ont déjà rien. Ce ne sera pas coûteux, mais indispensable.
Peut-être faudra-t-il reprendre le projet des 70000 logements hypersociaux proposés par Bayrou en 2007. Peut-être faudra-t-il aussi engager des projets de très grande échelle, comme cela fut fait dans les années 1950, non pas pour créer de nouvelles "villes nouvelles" (nous devons désormais protéger mieux nos étendues de terre agricole), mais pour développer de nouveaux quartiers beaucoup plus denses dans les agglomérations déjà existantes (avec tous les problèmes, notamment de transport) que cela pose.
Enfin, je signale que je serai attentif aux propositions qui émaneront de mon candidat comme des autres, concernant le droit du travail et la place des salariés dans l'entreprise (on sait que j'ai un faiblesse pas coupable du tout pour le modèle coopératif et mutualiste), je n'ai pas lu grand chose de précis sur ces points jusqu'ici.
Voilà : équilibre budgétaire, création et recréation de filières d'industries de main d'œuvre, économies d'énergie et de matières premières par des modèles sobres, bouclier social pour les plus fragiles, programmes de logements pour tous, je crois que c'est assez pour les dix ans qui viennent, n'est-ce pas ?
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Commentaires
Très admirative comme à chaque fois, cher Hervé, de ton analyse très argumentée !
Il y aurait plein de choses à commenter mais je ne relèverai que ceci pour le moment, tant cela me semble évident :
"...c'est parce qu'ils désertent leurs postes dans les administrations qu'ils se retrouvent aux commandes du pouvoir politique, très au-dessus de ce que recommanderait le principe de Peter."
(Depuis le temps que je veux faire un billet sur le sujet, je vais finir par m'y obliger en me coupant carrément de toute l'actualité pour chercher plutôt des exemples passés. Tiens, d'ailleurs, je me fais cette réflexion que c'est certainement ta qualité d'historien qui te donne ce regard si lucide !)
Je suis de plus en plus persuadée que nous avons surtout besoin de dirigeants connaissant la vie réelle, c.à.d. de ceux qui ont expérimenté les vraies difficultés de terrain.
Écrit par : Françoise Boulanger | 15/10/2011
@ Françoise
J'ai essayé de laisser un commentaire sur ton blog, mais apparemment, ça n'a pas marché.
Écrit par : Hervé Torchet | 15/10/2011
Oui je viens de tester moi-même, tu as raison, Hervé. J'espère que cela ne date pas de longtemps. Ce qui explique que le copain de droite qui m'avait annoncé un commentaire n'a sans doute pas pu lui non plus.
J'ai été obligée de valider les deux premiers puis le troisième s'est publié correctement ensuite. Je me demande si ce n'est pas parce que j'ai changé de présentation ou parce que j'étais en train de reprendre certains billets pour y intégrer des photos ?
Désolée pour le problème et merci de me l'avoir dit en tout cas.
J'attends donc ta visite avec plaisir.
Écrit par : Françoise Boulanger | 15/10/2011
@ Françoise
Non, mon commentaire n'est pas passé cette fois non plus.
Écrit par : Hervé Torchet | 15/10/2011
Fine analyse, il n'y a pas grand chose à ajouter...
Écrit par : l'hérétique | 15/10/2011
Article très intéressant.
Une mesure promise en 2007, plus ou moins abandonnée et cependant nécessaire pour notre avenir, notamment en terme d'économies et de création d'emplois: l'accès au numérique. C'est un sujet assez précis, mais qui est une des conditions nécessaires au développement futur de notre pays. Il me semble que F. Bayrou allait également dans ce sens en 2007. Je ne l'ai pas vu mentionné dans le programme du PS, mais je n'ai probablement pas assez cherché!
Écrit par : Jean | 16/10/2011
Absolument d'accord sur tout.
Je mettrai un bémol sur le "mutualisme".
Sur ce sujet, il y a surtout un très fort travail de responsabilisation des travailleurs, afin qu'il n'ait pas peur de s'auto-gérer.
J'ai essayé à plusieurs reprises de relancer des boîtes mourantes (pour de mauvaises raisons) par ce biais, et j'ai été extrêmement étonné de la peur des employés vis-à-vis de cette solution de s'approprier leur outil de travail.
Un peu comme si le principal blocage était en eux, avant de se trouver dans les banques, les administrations diverses et variées et autres tribunaux de commerce.
Un énorme travail de fond doit être réalisé en ce sens. C'est une des grosses forces de l'Allemagne sur nous, par ailleurs.
Écrit par : Fabrice_BLR | 16/10/2011
Un billet merveilleux. Il faut tout l'affection dont l'auteur est capable envers ses propres concurrents, pour arriver à tant de justesse. Un entrepreneur à l'Elysée !
Écrit par : FrédéricLN | 02/11/2011
@ FLN
De quels concurrents parles-tu ?
Écrit par : Hervé Torchet | 02/11/2011
Nos concurrents socialistes, simplement.
Écrit par : FrédéricLN | 02/11/2011
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