30/10/2011
Quatre éloges de l'orthographe
1 Je voyais cet après-midi l'affiche du prochain opus de la série de films La Vérité si je mens. Il y a un surtitre : "Vous nous avez manqué". Si par distraction ou ignorance, on ajoute un s à ce surtitre, cela change tout : "Vous nous avez manqués". Une variante qui rappelle un dialogue très acide et célèbre :
- Vous m'avez manqué.
- De peu.
La nuance, je le rappelle, est qu'on manque quelqu'un si par exemple on lui tire dessus sans l'atteindre, tandis qu'on manque à quelqu'un si on n'est pas près de lui à un moment ou pendant une période où il voudrait qu'on soit près. Dans le premier cas, on le manque. Dans le deuxième, on lui manque.
2 Corneille a écrit "Rome, unique objet de mon ressentiment". Si maintenant, on se trompe et si l'on met un s non pas après l'e final, mais à sa place, on écrit "Roms, unique objet de mon ressentiment", et on obtient un vilain discours de Grenoble. C'est dommage.
3 Si on écrit vie politque, on pense à Bayrou, par exemple. Mais si l'on écrit vit politique, on ne pense plus qu'à DSK, forcément. Alors que Bayrou, c'est bien.
4 Si l'on écrit État d'urgence, chacun comprend bien qu'il y a urgence. Si l'on écrit État d'urgences, on sait qu'on va lire un texte sur l'hôpital (lequel est d'ailleurs en état d'urgence aussi).
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Commentaires
Pour le 1) ça me fait penser à une phrase de Houellebecq: "Il a raté sa vie de peu".
Corneille c'est un bon chanteur...
Écrit par : Eric | 01/11/2011
@ Eric
Huhuhu. Brassens a fait une chanson très drôle sur la réponse de la comédienne Marquise à un poème plutôt indélicat de Pierre Corneille.
Écrit par : Hervé Torchet | 01/11/2011
On pourrait faire de même avec la ponctuation!
Je me souviens très bien de l'exemple de mon professeur à l'époque qui pour appuyer sa démonstration avait pris le texte suivant:
L’élève dit le professeur est bête qui se décline en :
L'élève, dit le professeur, est bête.
L'élève dit: le professeur est bête.
Écrit par : Jacques Berthe | 02/11/2011
Les commentaires sont fermés.