Sarkozy - Bayrou : valeurs contre valeurs

Il semble que M. Sarkozy ait perdu tout espoir d'être élu et qu'il tente de sauvegarder coûte que coûte sa place au second tour. Comme un joueur qui tente un banco à découvert, le front moite, en tirant sur son col et sur sa cravate, il se dit qu'une fois là, au second tour, on ne sait jamais...

Alors, coup de barre à droite. On rappelle Emmanuelle Mignon, on s'appuie sur Patrick Buisson fraîchement décoré par le pape, et on fait péter la bouteille de racisme, on fait péter a roteuse. Et allez. Allons-y, les immigrés sont responsables du chômage, mais on en réduit le nombre, il y a moins d'imigrés, on est parvenu à faire baisser l'immigration (sans faire baisser le chômage, soitr dit en pasant, mais qu'importe ?), on ne parle plus de l'immigration clandestine et illégale, non, on s'en prend même à l'immigration légale. Le mal, c'est l'étranger, l'autre. Moi, je suis bien, toi, tu es mal. Les demandeurs d'asile sont des parasites, on va réduire leurs allocations s'ils ne sont pas sages.

Avec ça peut-être, avec ce tissu d'ignominies, on espère sauver le premier tour. Quelle folie ! Quelle honte, et quelle folie. Quel déshonneur pour la France.

Amis de droite, lisez cela, lisez-le de la première à la dernière ligne, et dites-moi si vous, qui n'avez jamais voté pour le Front National, vous êtes prêts à le faire maintenant.

Mais non, bien sûr. Bien sûr que non. Jamais. Au pic des études d'opinion, 31 % des gens pourraient voter pour le Front National. Il y a donc un débat de premier tour entre M. Sarkozy et Mme Le Pen pour savoir lequel des deux aura le plus de ces 31 %. Cela doit avoir pour effet d'exclure M. Sarkozy du second tour, automatiquement.

Car enfin, voter à droite, ce n'est pas voter pour le pilori, ce n'est pas voter pour la haine, il y a, c'est vrai, des régions où l'on a vu des reports de voix de la droite sur le Front, mais peu nombreuses, rares, heureusement rarissimes. de ce fait, Mme Le Pen, si elle parvenait au second tour, n'aurait pas plus de chance d'être élue que M. Sarkozy n'en a avec ses 42-58 de moyenne dans les sondages...

Être de droite, ce n'est pas cela

Non, être de droite, ce sont des valeurs positives, de liberté du commerce et de l'industrie, de conservatisme sociétal, des valeurs prudentielles, être de droite, c'est voter pour la légitimité de l'argent gagné, pour le confort moral, pour la mise en valeur du patrimoine, et c'est surtout, surtout, empêcher la gauche honnie, la gauche folle et partageuse, de prendre le pouvoir. Être de droite, aujourd'hui, c'est vouloir empêcher M. Hollande de prendre ses quartiers à l'Élysée et d'y installer M. Mélenchon sous les combles. C'est cela, être de droite, surtout vu le programme effrayant dudit candidat Hollande.

A fortiori, voter au centre droit. Ici, je dois lancer un appel à mes amis du centre droit qui sont passés à l'UMP, je leur dis "ouvrez les yeux". Ce ne sont pas nos valeurs, mais celles que nous avons toujours combattues, celles que nous avons toujours rejetées. Vous étiez dans l'UMP pour l'efficacité politique du second tour, sortez-en. C'est fini. L'UMP n'est plus qu'un bateau qui coule, avec le capitaine qui creuse le fond de la cale à la hache, hargneusement. Il n'est pas possible de cautionner la stigmatisation de l'étranger comme le fait le candidat de l'UMP, ce serait une honte, un malheur. Éloignez-vous de là.

Alors, pour les gens de droite, pour les gens du centre droit, que faire ?

C'est ici que, je crois, il faut oublier les rancœurs, passer l'éponge, effacer les ardoises, et choisir entre les opposants un nouveau champion. Il y a déjà plusieurs semaines que la presse en parle, d'ailleurs. Et François Bayrou a fait de nombreux efforts, dans son programme économique, pour prouver sa bonne volonté à la droite orpheline, a fortiori au centre droit. Oui c'est l'heure de la grande réconciliation du centre et de la droite, avec un double compromis, pour la droite accepter le canidat du centre, pour le centre accepter certains éléments programmatiques de la droite, à l'exception, bien entendu, des valeurs honteuses de la xénophobie d'État défendues depuis cinq ans par l'actuel président de la République. Et François Bayrou, lui, peut battre M. Hollande et gagner le second tour.

Désormais, être de droite, c'est aussi voter Bayrou

Ou du moins, cela doit l'être. Car la bataille s'annonce rude. Le président sortant n'est pas un petit concurrent, il a du savoir-faire. L'essentiel est en jeu : entre M. Sarkozy et M. Bayrou, c'est valeurs contre valeurs. Et puis, avec François Bayrou, on pourra battre M. Hollande. Pour le rétablissement de la France, de son économie, de sa production, et donc de l'avenir de nos enfants.