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10/02/2012

Les mafieux, l'UMP et le PS

L'automne dernier a été secoué par les "affaires" qui éclaboussaient chacun des deux camps à son tour. Curieusement, au stade actuel de la campagne, les "affaires" semblent retombées au point mort, ou presque, la double mise en examen d'Éric Woerth constituant l'actualité la plus récente dans ce domaine, à peine un événement, dont l'avenir est incertain, puisque si François Hollande est élu, il a décidé de supprimer la cour de Justice de la République, ce qui aurait pour effet probable de supprimer aussi toutes les affaires pour lesquelles elle est compétente, ou au moins d'ouvrir une période d'incertitude juridique salutaire pour les accusés. On peut s'étonner de la subite clémence du candidat Hollande à l'égard de ses opposants théoriques mais depuis la poignée de main chaleureuse de mercredi, au dîner du CRIF, l'axe Sarkozy-Hollande se précise, avec son cortège de coups d'éponge judiciaires et autres. D'ailleurs, Hollande n'a-t-il pas promis une "république irréprochable", comme Sarkozy en 2007, record du monde de l'antiphrase ?

Alors voyons.

À gauche

À gauche, le mafieux type se nomme Guérini et il marche par deux. Déjà, du temps de Gaston Defferre (maire de Marseille pendant quarante ans), Marseille connaissait le règne d'un Guérini : Mémé Guérini, un parrain à l'ancienne. Aujourd'hui, les frères Guérini, rois de l'ordure si l'on en croit la presse. Avec eux un sénateur, Bernard Granié, dont la cour d'appel a confirmé en sptembre dernier la condamnation à deux ans de prison ferme (rares en politique) et cinq ans d'inéligibilité. Lui aussi, pour des ordures. Il est rare que l'activité s'identifie à ce point avec ses acteurs.

Les Guérini sont corses. Corse également, le directeur des renseignements intérieurs, Bernard Squarcini, l'un des proches de Sarkozy. Le "Canard" relatait, voici deux ou trois ans, les propos de Guérini qui affirmait avoir recruté deux enfants dudit Squarcini dans les services de son département. Comme le monde est petit...

Corse aussi François Pupponi, le remplaçant de Dominique Strauss-Kahn, non pas au Sofitel (pas de veine) mais à la mairie de Sarcelles et à l'Assemblée Nationale. On lit ici ou là les liens entre lui, certains des employés de sa mairie et le cercle de jeux Concorde sur lequel les policiers qui traquent le grand banditisme gardent un œil très collant. Il faut dire que les réseaux de DSK, en France et dans le Nord en particulier, ont de quoi faire frissonner, avec son cortège de policiers proxénètes, d'élus complaisants et autres. Là d'ailleurs on retrouve le sénateur Jean-Pierre Kucheida dont les exploits ont commencé à emplir les colonnes des journaux en attendant les boxes des prétoires. Or M. Kucheida est un ardent soutien de M. Hollande. Coïncidence ? peut-être.

Plus sournois sont ceux qui se contentent de bureaux d'études à l'ancienne, comme au temps de l'affaire Urba-Gracco. Faut-il rappeler que si Éric Woerth passe par une case condamnation pénale, il ne sera pas le premier trésorier de parti politique à le faire, puisque le socialiste Henri Emmanuelli a subi le même sort ? On est par exemple étonné que, dans l'affaire du réaménagement des Halles de Paris, l'imprévision ait conduit l'opérateur Vinci à renoncer à l'édifice sur lequel a été fondée l'enquête publique (on croit rêver) et, de ce fait, la Ville de Paris à commander pour 40 millions d'Euros de nouvelles réflexion à ... un bureau d'études.

Vinci qui, faut-il le rappeler, est aussi le joyeux bénéficiaire de la scandaleuse privatisation des autoroutes, ainsi que du premier grand aéroport d'exploitation entièrement privée, le futur (et honteux) Notre-Dame-des-Landes, gros dévoreur de terres agricoles et d'argent public à fin d'enrichissement privé. Rappelons que Notre-Dame-des-Landes est soutenu par un département présidé par le PS.

À droite

Le pouvoir sarkozyste a développé une véritable éthique de l'illégalité et a combattu aussi souvent et aussi durement que possible les juges et l'institutition judiciaire. On apprend d'ailleurs que la Cour des Comptes, très inspirée ces temps-ci, lui reproche de maintenir dans la gêne financière la cellule Tracfin. On sait les activités du juge Trévidic, qui se plaint par ailleurs des pressions constantes de sa hiérarchie contre son travail. De tout cela, il résulte que c'est le pouvoir sarkozyste en son entier que l'on peut être tenté de qualifier de mafieux.

Notons les déshonorés du Sarkoland, il n'y en a pas un pour racheter l'autre, les pratiques peu démocratiques de la maire de Puteaux mettent à l'épreuve la résistance de notre ami Grébert. Les Balkany se sont résignés à la discrétion à Levallois-Perret, mais d'autres un peu moins. La liste des élus condamnés par la justice est impressionnante. Évidemment, on ne peut pas traiter Alain Juppé de mafieux, non plus d'ailleurs que d'autres noms de cette liste. À vrai dire, elle mélange un peu les torchons et les serviettes, ce n'est pas de bonne méthode. Alain Agostini, condamné pour proxénétisme (tout de même) n'était que conseiller municipal d'opposition. Alain Carignon était certes député et/ou ministre à l"époque des faits qui l'ont mené en prison, mais il ne l'est plus. Alain Ferrand a un parcours plus complexe que la liste ne le suggère. Donc la liste que j'ai mise en lien est plutôt contreproductive à mon avis, bien qu'on y trouve de vrais députés condamnés pour de vrais faits comme Denis Jacquat ou, plus encore, Jacques Masdeu-Arus. Dommage, cet effet de masse raté, puisque, comme je l'ai souligné dès le début de ce paragraphe, le pouvoir sarkozyste en lui-même et au sommet a développé une véritable culture de brimade contre l'institution judiciaire et a couvert de bien étranges agissements.

Cependant, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, n'enfermons pas plus la totalité des élus tant de droite que de gauche dans la cage des vertus perdues. Il y a de nombreux parlementaires qui font leur travail en conscience. Seulement, on le voit, tous les cinq ans, on nous promet une république de plus en plus irréprochable, alors que, de cinq ans en cinq ans, elle l'est de moins en moins, gauche comme droite.

Évidemment, et heureusement, il y a une vraie solution : Bayrou.

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Commentaires

Pourquoi vous insistez autant sur le mot corse pour parler de mafieux ?

Écrit par : Eghir | 11/02/2012

@ Eghir

Parce qu'une partie d'entre eux forme un même réseau, et que d'autres corses participent apparemment à des réseaux avec eux sur ce genre d'affinités. Mais je vous rassure, je connais des tas de Corses qui n'ont rien avoir avec ça, je ne généralise pas, cela n'aurait pas de sens.

Écrit par : Hervé Torchet | 11/02/2012

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