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29/06/2012

François Bayrou, sans varier

À la veille du conseil national du Mouvement Démocrate qui doit tirer les enseignements de la récente élection présidentielle, et bien que je sois moi-même dans le souhait de me consacrer à mes travaux littéraires et historiques, il me semble utile d'expliquer pourquoi le MoDem aura à mon avis raison de prolonger la ligne politique tracée par François Bayrou et pourquoi celui-ci me paraît le mieux à même de diriger ce mouvement dans la période de deux ans qui conduira notre pays jusqu'aux élections européennes, qui seront décisives pour la pérennité du parti créé en 2007.

Une grande tristesse mais une satisfaction prudente

Trois députés ont été élus sur la ligne de François Bayrou lors des récentes élections législatives : Philippe Folliot (Alliance Centriste) dans le Tarn, Jean Lassalle dans les Pyrénées-Atlantiques et Thierry Robert à La Réunion. Le premier s'est inscrit au groupe de centre droit de Jean-Louis Borloo, le deuxième reste non inscrit comme sous la mandature précédente, le dernier s'est apparenté au groupe du Parti Radical de Gauche (PRG) dont il permet la constitution.

Bien sûr, nous regrettons vivement la défaite de François Bayrou, qui a été le bouc émissaire de la défaite générale de la droite. Les récents propos de Mme Bachelot sur lui sont d'ailleurs une véritable insulte et elle ferait bien de s'adresser à son chirurgien esthétique : il lui a tellement tiré la peau qu'il a fini par lui faire croire qu'elle avait un cerveau, alors que ce n'est que de la vieille peau matelassée. Mme Bachelot, qui ne doit sa carrière politique qu'à l'héritage qu'elle a trouvé dans sa corbeille de baptême et qu'aux laboratoires qu'elle a engraissés à coups de milliards des Euros du contribuable, n'a rien trouvé de mieux que d'insulter un homme à terre, qui n'a jamais rien dû d'autre qu'à ses électeurs et à lui-même, l'Histoire s'en souviendra.

Mais si nous sommes tristes de cet échec personnel dû à la fois à l'égoïsme du Parti Socialiste qui ne mérite que le mépris et aux manigances de réseaux souterrains comme le MIL, nous sommes heureux que, à l'échelle nationale et dans les assemblées parlementaires, les idées de Bayrou parviennent enfin à déverrouiller les camps, qu'il puisse se faire que des élus de notre famille politique puissent travailler dans des cadres divers. C'est un début de victoire morale.

Il n'y a pas d'alternative stratégique

Certains cadres du Mouvement Démocrate croient que, désormais, le PS leur doit l'alliance. Ils me font penser à ces hommes qui, ayant invité une femme à dîner, se disent : "maintenant, elle me doit quelque chose" (suivez mon regard). Non, le PS ne  doit rien au MoDem. Aujourd'hui, même s'il lui devait quelque chose, il lui pisserait dessus comme il pisse sur ses électeurs chaque matin sur un sujet ou un autre.

De ce fait, ceux qui croient à la fin de la stratégie d'Épinay et au retour de celle des années 1960 se fourrent le doigt dans l'œil jusqu'au coccyx. Petit rappel historique : cette stratégie antérieure a été incarnée par exemple par Gaston Defferre et Jean-Claude Gaudin, actuel maire de Marseille, issu de la droite dure, le CNI, a été élu pour la première fois conseiller municipal de Marseille sur les listes de Defferre en 1965 comme le rappelle sa fiche Wikipedia. Il s'agirait donc de faire cela. Mais où voit-on que le PS bouge un orteil ? et pourquoi le ferait-il, alors qu'il a la majorité à lui seul ? Illusion.

Si aujourd'hui ou dans un avenir proche, le Mouvement Démocrate ralliait le Parti Socialiste, on ne voit pas ce qu'il aurait à vendre à celui-ci et on ne voit pas bien l'intérêt d'aller mendier à gauche après avoir si longtemps joué les utilités à droite. Quel piètre résultat de tant d'années d'efforts et de sacrifices consentis.

Notre redressement gît en nous-mêmes

Sans vouloir faire du bayrouisme effréné, je dois ajouter que si le MoDem veut s'en sortir, il ne doit donc pas compter sur d'autres que sur lui-même et chaque adhérent ne doit compter sur personne d'autre que sur lui-même. C'est l'unité du mouvement qui peut produire son retour en hausse. Et il faut commencer par cesser de penser que des erreurs stratégiques ou tactiques sont la cause de l'échec de l'élection présidentielle. Je veux rappeler que lorsque François Bayrou a interrogé le conseil national, à la veille de se prononcer lui-même sur le second tour de la présidentielle, il a entendu une forte majorité se prononcer pour Hollande.

Non, il ne s'agit pas d'une question tactique, ni stratégique. L'effondrement des candidatures du MoDem aux législatives est résulté de la question que les électeurs se sont posées sur la viabilité de ce mouvement alors qu'il apparaissait que Bayrou risquait fort de perdre sa propre circonscription. Il est résulté aussi du calendrier absurde qui a placé les législatives un mois après la présidentielle, j'ai dénoncé cette idée stupide dès l'origine, en 1997, parce que je savais qu'elle achèverait de réduire le parlement à néant. Preuve en est faite.

Donc s'il ne s'agit ni de tactique ni de stratégie, mais du choix souverain des électeurs qui, au fond, ont préféré le confort du vote Hollande puis du vote PS, le MoDem doit fonder sa réflexion pour l'avenir sur cette idée. Il doit répondre à une question simple, que Bayrou avait très bien posée en 2007 et qui a été un peu estompée par le poids de la crise économique et financière à venir en 2012 : à quoi sert de voter MoDem ? En quoi ce vote est-il une arme ? Contre quoi ? Contre qui ? Pour quoi ? pour qui ? Et si le MoDem a une approche stratégique, qu'il se rappelle que plus d'un électeur sur trois ne se reconnaît pas dans le débat droite-gauche. Il me semble que la mission du MoDem consiste donc à mobiliser cet électorat sur ses candidats. Jean-François Kahn a probablement raison de ce point de vue-là : sortir de la problématique du centre pour se porter dans l'anticipation et dans la transcendance. Enfin, détail, clin d'œil, la campagne de Bayrou en 2007 avait intelligemment développé le concept de sexy centriste, la famille Le Pen (elles ne sont pas de mon goût, mais...) a su récupérer ce créneau, il faudra faire un effort. Et puis, de grâce, travailler le réseau, s'appuyer sur les adhérents, leur faire confiance, les connaître, les motiver.


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Commentaires

Tiens, je note que nous avons le même genre de réflexion sur le fait que le MoDem est illisible pour les électeurs, tout en étant pertinent (du moins je le crois). Par tu ne semble pas avoir plus que moi de solution. Ce partis va rentrer dans des jours perturbés...

Écrit par : CedricA | 29/06/2012

@ Cedric

La solution est collective, la plupart des gens se posent de mauvaises questions et s'enferment dans un faux débat, qui est la question stratégique. Les Verts ont résolu cette question en se sabordant pour avoir des élus. Résultat : l'écologie a été totalement absente de la campagne présidentielle, et comme le PS a à lui seul la majorité absolue, elle l'est de la politique gouvernementale. Je pourrais tenir le même raisonnement avec le Nouveau Centre, sauf que la stratégie d'indépendance de Bayrou a permis d'imposer certains thèmes communs entre celui-ci et le MoDem au cœur de la campagne et d'amener Hollande à promettre de ne pas faire déraper les finances publiques, et c'est cette promesse qui l'a fait élire. La stratégie d'indépendance nous a permis d'emporter la bataille des idées. Ce qu'il faut maintenant, c'est augmenter le bagage du MoDem avec des éléments supplémentaire pour pérenniser sa structure. Il s'agit principalement de trouver des concepts opérationnels, ce qui suppose une période de réflexion intense. Il faut aussi, malgré le manque d'argent, renforcer le réseau.

Écrit par : Hervé Torchet | 30/06/2012

Je partage assez. Comment parler aux abstentionnistes ? Etre transgressif ?

Écrit par : atlantic | 30/06/2012

@ Atlantic

Peut-être transgressif, en tt cas, il faut se porter "en avant" comme dit JFK. Il faut accepter de sortir de certains conforts et de certaines sagesses, notamment aux régionales où nous avons eu du mal la fois précédente. Il va falloir parler plus fort et s'adresser aux gens qui ne votent pas et qui sont de plus en plus nbx. À la présidentielle, le total du bloc de droite atteint 26%, celui du bloc de gche (y compris les Verts) 30%, soit 56%. Aux législatives, dix points de plus. La différence se fait sur les gens qui ne vont pas voter et qui n'iront pas voter pour les "gros" candidats quoi qu'il arrive.

Écrit par : Hervé Torchet | 30/06/2012

Tout à fait d'accord avec l'essentiel de ce billet (quoique l'attaque contre Mme Bachelot aurait gagné à porter sur le fond, plutôt que son son état de forme, à mon humble avis).

En tant que parti, nous sommes ratatinés (et je ne vois pas ce que François Bayrou gagnerait à en rester Président, au sens opérationnel du terme) ; en tant que famille de pensée démocrate, nous restons naïvement ;-) convaincus d'avoir les clés de la sortie de crise, en France comme en Europe. L'électorat ne nous a pas confiés le soin de faire face au tsunami de la dette : que le PS s'en débrouille. Tôt ou tard il faudra que le pays passe à l'étape d'après, celle de la reconstruction.

Et comme presque personne ne nous y attend, je crois en effet que le parti "ne doit donc pas compter sur d'autres que sur lui-même et chaque adhérent ne doit compter sur personne d'autre que sur lui-même".

Écrit par : FrédéricLN | 30/06/2012

Tout d'abord, je trouve moi aussi que la "sortie" sur Mme BACHELOT est inutile...
Ensuite, je crois que le Modem ne doit plus se présenter comme "Centre", mais comme une nouvelle identité, la représentation d'un nouvel état d'esprit : celui qu'ont la majorité des électeurs et des français, qui doit conduire à une société équilibrée et respectueuse. Cela se construit sur du long terme, le PS a "gagné" parce qu'il a harcelé par des voies (et des voix) contestables polémiques et de mauvaise foi acharnée pendant cinq ans ! Les esprits des électeurs étaient complètement pollués par ces vindictes, et il fallait du courage et une bonne dose de prise sur soi pour soutenir F. Bayrou. La peur de l'inconnu a été plus forte.
Il faut donc montrer combien cette nouvelle voie est porteuse de bénéfices et de bienfaits, tant pour la France que pour ses habitants. Ce sont donc des constats, des analyses, des propositions... mais aussi la démonstration du mieux que cela apportera. C'est là ce qui a manqué, pour que les électeurs soient rassurés.
Par ailleurs, l'écologie est la grande absente. Le Modem doit se saisir de ce sujet, avec là encore constats, exemples, résultats... parce que l'écologie n'est pas "de gauche", c'est un état d'esprit, c'est une aspiration profonde, c'est la Vie. Et de nombreux électeurs qui ont cette fibre n'ont personne à qui confier l'Avenir. Jany HARPE.

Écrit par : Jany Harpe | 30/06/2012

"Non, il ne s'agit pas d'une question tactique, ni stratégique. L'effondrement des candidatures du MoDem aux législatives est résulté de la question que les électeurs se sont posées sur la viabilité de ce mouvement alors qu'il apparaissait que Bayrou risquait fort de perdre sa propre circonscription."
Pas vraiment d'accord, il faut une implantation locale forte, etre connu et reconnu dans sa circonscription, de plus savoir choisir son suppléant en fonction du terrain et de ses réseaux et pas obligatoirement toujours en fonction de "ses rèves".
Le conseil national d'avant le deuxième tour, et l'orientation qui en est ressortie a révélé quoi exactement? Que ce dit conseil ne connait pas son électorat! Alors, ne suis guère optimiste en ce qui concerne ce que vous nommez "concepts opérationnels".
Ensuite, notre "cap burut" préféré aurait du suivre certains conseils quand au profil requis pour les postes de médiateur: des indépendants (rh) sans "cape" avec présence à certaines réunions du Burex, et surtout candidats à rien du tout que ce soit en interne ou externe; peut-etre y aurait-il eu moins d'hémorragies!
Pour le reste, Francois Bayrou a toujours dit qu'il avait besoin d'automoteurs, effectivement.
Sinon, la question de la viabilité s'est effectivement posée via "le vote utile" et la "pub" faite à MarineL tous bords confondus.

Écrit par : Martine | 30/06/2012

@ FLN

Coup bas pour coup bas...

@ Jany H

Il n'est armes que de concepts.

@ Martine

Le FN a obtenu de très bons résultats avec des candidats fantômes. C'est la dynamique nationale qui compte, sauf exceptions.

Écrit par : Hervé Torchet | 30/06/2012

@Hervé,
Pas convaincue, avec environ 18% lors des présidentielles, combien de sièges et dans quelle configuration, en ce qui concerne la benjamine et M.Bompart?
Vous m'autoriserez à douter de l'importance de la dynamique nationale dans certains cas de figure. ;)
En ce qui concerne les concepts, suis en grève longue durée et pour les idées et pour le reste^^^, cela ne vous aura pas échappé j'imagine.
Dslée.

Écrit par : Martine | 30/06/2012

Très bon article. Mais dès lors que la pusillanimité fait partie intégrante des pratiques, sinon de l'identité même, des centristes (sauf exception), n'est-il pas utopique de compter sur un dépassement d'icelle ?

Écrit par : florent | 14/07/2012

@ florent

^^
Mais il n'y a pas de fatalité et s'il y a un sort, rien n'empêche de le conjurer.

Écrit par : Hervé Torchet | 14/07/2012

"... si le MoDem veut s'en sortir, il ne doit donc pas compter sur d'autres que sur lui-même et chaque adhérent ne doit compter sur personne d'autre que sur lui-même."

Comme toi, Hervé, et comme Frédéric, je suis persuadée que chacun doit agir d'abord chez lui, montrer sa détermination et en quelque sorte faire progresser la démocratie par la base.

L'honnêteté en politique ne se distribue pas sur "ordre" de la hiérarchie mais n'est que comportements individuels courageux regroupés en "Mouvement", celui du MoDem par exemple.

Il nous faut donc chercher partout, à droite comme à gauche, les exceptions dont parle Florent... ;-)

Écrit par : Françoise Boulanger | 15/07/2012

@Francoise,
Tu perds ton temps, je t'ai croisée autrefois de facon très altruiste, n'est-ce pas la vérité?
Pour ton projet personnel, le mieux et ne suis pas la seule à te l'avoir dit et redit, est d' éviter les mélanges de style, ce que tu refuses absolument de prendre en compte depuis environ trois/quatre années...Ainsi va la vie^^^, bonne chance! :o)))

Écrit par : Martine | 21/07/2012

Hervé, je reviens sur les propos indignes de Bachelot, en te mettant ici le lien d'un article de Marianne2
http://www.marianne2.fr/Bayrou-le-bouc-emissaire-de-Bachelot_a219899.html

Cette phrase de conclusion de la journaliste me parait bien s'appliquer à son cas : "En somme, Bachelot aura ménagé Sarkozy tant qu'il paraissait fort et tapé sur Bayrou dès qu'il est apparu faible. Une morale finalement assez commune en politique."

En réalité je n'avais pas du tout lu ce qu'elle a osé écrire ! Ni vu son passage sur Canal +...
http://www.wat.tv/video/roselyne-bachelot-sur-francois-54e43_37ksb_.html

Comment ai-je pu rater ça ?!! Je comprends mieux maintenant ton indignation et les propos virulents qu'à ton tour tu lui as destinés. Effectivement la peau d'un tamtam il fallait oser... Nous serions presque tentés à notre tour de scander quelques tapes de rappel sur son popotin à elle, histoire de lui faire sentir le rouge de la honte.

Parce que se prétendre tout d'un coup "loyale" avec Lionel Jospin pour une moralisation de la politique, n'est-ce pas plus que de l'opportunisme ?!! N'est-ce pas ici une véritable trahison ?! Le MoDem doit réagir. Si personne ne soutient plus François Bayrou face à un tel comportement, oui la France est à vomir.

Écrit par : Françoise Boulanger | 29/07/2012

Billet très intéressant

Écrit par : Laura | 14/08/2012

Tu es tagué Hervé!!! Voir mon blog.

Écrit par : JF le démocrate | 22/08/2012

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