22/10/2012
Lettre ouverte à Arnaud Montebourg
Cher Arnaud Montebourg,
Degemer Mad à Quimper et merci d'être le troisième, après l'équipe de France de football et François Bayrou, à souligner la qualité de la production cronouaillaise. Il faut pourtant que je vous dise quelque chose.
Je suis un petit entrepreneur, je vends des livres, des livres rares, d'un peu meilleure qualité matérielle et donc d'un prix légèrement plus élevé, que la moyenne. Mon activité est extrêmement sensible à la conjoncture. Quand l'argent circule, je vends bien, quand il circule mal, je vends peu, et quand il ne circule pas du tout, je ne vends pas du tout. Or c'est ce qui se passe en ce moment : je ne vends pas du tout.
Et je connais des artistes dont le chiffre d'affaires est aussi plat que possible, et d'autres, bref, cela ne va pas.
Il est évident que la hausse constante des impôts dessèche les vaisseaux sanguins de l'économie. Elle est un fil rouge commun à tous les pouvoirs depuis des décennies, il n'y a pas moyen que l'État soit plus économe. On n'arrête pas de leur dire de baisser les dépenses et eux, ils n'arrêtent pas d'augmenter les impôts, entends-je partout.
Comprenez-moi bien, cher Arnaud Montebourg, je n'ai rien contre les impôts, je les trouve légitimes, je ne supporte pas les fraudeurs. Mais si l'on veut que l'économie tourne, ce n'est ni Wall Street, ni la City, ni les îles Caïman, qu'il faut rassurer, mais bien au contraire l'argent qui dort dans nos lessiveuses, ici, chez nous.
Et donc, cher Monsieur le Ministre, j'ai une proposition à vous faire, qui ne coûterait rien, pas un centime, à l'État, et qui pourrait permettre de contribuer à rétablir les comptes de l'État sans coûter non plus un centime de plus au contribuable.
Pourquoi ne pas reprendre l'idée de François Bayrou d'un label facultatif, basé sur le volontariat, indiquant un pourcentage du "produit en France" de chaque produit vendu en France qui le souhaite. De cette façon, le consommateur qui le peut et qui le souhaite pourrait, par sa consommation, contribuer à rétablir l'équilibre des comptes publics en alimentant indirectement les caisses de l'État, ce qui soulagerait l'impôt. Tout le monde y serait gagnant.
On le fait ?
Merci d'avance.
Veuillez croire, cher Arnaud Montebourg, à ma haute considération.
Hervé Torchet
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Commentaires
Justement, il y a quelques jours j'étais présente à la CCI de Mont de Marsan lors de la semaine des entrepreneurs. Une des tables-rondes a consisté à valoriser la fabrication française. Avec notamment la présentation du Label "Origine France Garantie".
J'ai posé une question aux personnes de l'AFAQ (organisme de certification) chargées de délivrer ce label. Leur rappelant "une proposition faite pendant la présidentielle de faire un étiquetage des quantités fabriquées en France", je leur ai demandé si leur organisme ne pourrait pas la mettre en place. Ils m'ont rétorqué que c'était beaucoup trop difficile. Pour eux impossible à cause de la fluctuation des lieux de fabrication pour chaque entreprise.
D'ailleurs le coût de cette acquisition "Origine France Garantie" est fort élevé, alors que l'obligation de prouver la fabrication en France n'est que de... 55%, sauf erreur ; bien loin du 100% que l’on "pense" acheter ! Il existe malgré tout des entreprises qui atteignent ce pourcentage. Par exemple Artiga dans les Landes qui a pu exporter ses sacs marin bleu-blanc-rouge lors du dernier G20. 5500 sacs dispersés aux quatre coins du monde, dont Mme Obama peut-être. http://www.sudouest.fr/2011/11/03/barack-obama-av-ec-un-sac-landais-543785-3431.php
De plus l'animateur des débats m'ayant reconnue a immédiatement fait référence à François Bayrou ("oui on sait bien de qui vous parlez...") : C'est donc la preuve que d'une part cette proposition d'étiquetage du pourcentage des productions locales ou pas est bien attribuée à François Bayrou (et Robert Rochefort je pense). Et que d'autre part les entrepreneurs actuels -de gauche ou de droite- n'ont pas forcément l'envie de faire cet effort d'amélioration continue. Visiblement l'entreprise veut se démarquer de la politique. Et inversement. Il faut absolument que les deux domaines se rejoignent en toute transparence au lieu de se combattre.
Personnellement si j'arrive à être élue un jour proche, ce sera un de mes combats les plus énergiques. C'est tellement évident !
Écrit par : Françoise Boulanger | 22/10/2012
La réponse qui t'a été faite est une ânerie et un tissu de mauvaise volonté. Les producteurs savent ce qu'ils produisent. Mon propos est juste de dire à Montebourg : ''Puisque vous vous appropriez un symbole choisi par Bayrou, allez au bout de la logique, ne faites pas semblant''.
Écrit par : Hervé Torchet | 22/10/2012
Bien sûr que les producteurs savent ce qu'ils fabriquent ! C'est pour le contrôle de chaque produit que ce sera infernal en effet. La lutte contre la fraude sera très dure. Même basé sur le volontariat ce sera fastidieux à mettre en place. Mais tu as raison c'est faisable.
Par contre, si ça devenait obligatoire pour tous, les organismes de certification vont perdre une partie de leurs revenus, étant donné que ce ne sera plus un argument de vente...
Écrit par : Françoise Boulanger | 22/10/2012
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