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20/05/2015

Collège : Manuel Valls perd ses nerfs.

Comme pris de panique, le premier ministre a publié dans la nuit le décret décidant la réforme des collèges à partir de la rentrée 2016. Au soir d'une journée de grève et de défilés où les professeurs se montraient circonspects devant une réforme, une de plus, dont les effets s'annonçaient au moins ambigus, au pire néfastes, le premier ministre a jeté aux orties les promesses faites par sa ministre de l'Éducation Nationale, Mme Vallaud-Belkacem, qui avait annoncé que les professeurs seraient consultés sur la réforme.

Fi donc de la consultation. Voici les professeurs réduits à l'intelligence mesurée des soldats. Leur première vertu devient l'obéissance. Caporalisme. Antichambre possible du fascisme. C'est oublier que, contrairement au soldat, le premier rôle du professeur est de transmettre de l'intelligence. Il le fait d'autant mieux qu'elle irrigue toute la chaîne administrative d'éducation. Or l'intelligence est l'inverse de l'autorité. Elle a besoin de liberté.

Liberté pour les chefs d'établissements dans l'avenir. Peut-être. Cela résoudra-t-il tout ? Cela a-t-il amélioré la moyenne de nos universités ? Non. Cela améliorera-t-il la moyenne de nos collèges ? Non. Cela fera des bons chefs d'établissement des chefs de bons établissements, et donc, au lieu de l'égalité annoncée, cela créera de l'inégalité et, en fin de compte, on aura déplacé l'inégalité sans la réduire. Car par ailleurs, on aura ôté aux chefs d'établissements plusieurs instruments nécessaires aux objectifs qu'on leur fixe.

Pourquoi un tel geste d'autoritarisme ? L'autoritarisme est toujours un signe de faiblesse. Le fort n'a pas besoin d'user de son autorité : elle s'impose d'elle-même. Manuel Valls a dit comme le roi : "Nous voulons", mais ce roi est nu. Trouvant trop compliquée cette négociation avec les partenaires sociaux (que son gouvernement affiche de promouvoir par ailleurs), il a balayé le plateau de l'échiquier comme un vulgaire Fouché aux prises avec l'intelligence perfide d'un Talleyrand, oubliant que celui des deux qui gagne, à la fin, c'est Talleyrand. Comme l'a, paraît-il, dit Bonaparte, relayé par Camus, "il n'y a que deux forces au monde, le sabre et l'esprit ; à la longue, l'esprit l'emportera toujours sur le sabre". En voulant imposer le sabre à l'esprit, Valls a lui-même scellé son futur dans un sens qui ne lui plaira pas.

Par moments, ce petit homme a le regard fixe d'un fou enfermé dans une cage. Par moments, on devine qu'il a des rages terribles, de ces colères blanches qui marquent le débordement de caractère des vrais faibles aux prises avec la complexité de réalités qui les dépassent. Il y a de l'épileptique, chez Valls, et du Caligula. Demain, il nommera son cheval sénateur.

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Il aime les États-Unis, il aime Israël, tout cela est bien et nous ne pouvons dire que "tant mieux". Mais il devrait d'abord, et avant tout, aimer la France, l'aimer plus que lui-même, peut-être plus que tout, car sa mission politique de conduire le vaisseau des administrations publiques dans l'océan turbulent de l'époque, jusqu'au milieu du typhon, puis jusqu'au-delà, nécessite non pas la foi dans lui-même, ni la foi dans une puissance étrangère, mais la foi dans le peuple, dans les créateurs, dans les entrepreneurs, dans les inventeurs, et dans les fonctionnaires, dans son bateau, dans cette lourde machine si difficile à manœuvrer, mais si forte si on sait lui parler, et si capable de métamorphoser l'invention en prouesse historique.

Au contraire, nous avons l'impression que sa passion des pouvoirs étrangers, son zèle à les servir avant tout, pousse inconsciemment M. Valls à démolir ce qui marche en France, comme il l'a déjà fait. C'est cela, cette impression, qui ne le quittera plus et qui lui collera à la peau. Désormais, c'est "Valls le casseur". Il dit "nous avons engagé la refondation de l'école". Il a seulement ouvert la fosse commune sans avoir l'excuse de devoir y gagner son pain comme le pauvre fossoyeur de Brassens.

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