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24/12/2015

Déchéance de moralité

Le président Hollande avait annoncé au Congrès, assemblé pour l'occasion au château de Versailles, qu'il souhaitait inscrire le principe de l'état d'urgence dans la Constitution. Il s'agissait de compléter le dispositif des pouvoirs exceptionnels constitué par l'article 16 et par la transmission des pouvoirs constitués à l'autorité militaire. Étant donné qu'il n'existait en réalité aucun péril imminent contre l'État, l'opportunisme de François Hollande le conduisait à reprendre peu ou prou une proposition du comité Balladur assemblé par son prédécesseur le président Sarkozy, qu'il plaquait sur une situation à laquelle elle ne correspondait pourtant pas, et d'en faire proclamation. Tout ceci sentait la combinazione à plein nez et le calcul tactique pervers de bas étage. Sur le fond, la loi de 1955, qui avait créé l'état d'urgence, suffisait grandement. Mais puisqu'il y avait crise, il fallait faire quelque chose, fût-ce un moulinet de bras, et, tant qu'à faire, autant que ce moulinet de bras se transforme en volée de gifles contre ses éventuels adversaires de la prochaine présidentielle. Voici donc l'affaire résumée. Un texte inutile et redondant, étendant l'impuissance de la loi jusqu'à la sphère constitutionnelle. Il n'y a pas de raison de se vautrer petitement quand on peut le faire colossalement.

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Tout ceci prêterait à agacement et à sourire acerbe si, dans le même discours, le président de ce que l'on ose à peine encore nommer la république n'avait introduit l'idée d'infliger la déchéance de nationalité aux personnes condamnées pour terrorisme qui jouiraient d'une binationalité. Cette proposition, avancée en son temps par l'ex-président Sarkozy, avait alors suscité le tollé général, en particulier celui de l'actuel président, de son premier ministre et de sa garde des sceaux qui, tous trois, associés dans le forfait et dans la forfaiture, s'apprêtent cependant à la soutenir devant le parlement.

Une semaine à peine après que le candidat Bartolone a fait état de la prétendue "race blanche", voici toute la preuve de la déchéance morale d'une gauche qui, désormais, n'a plus rien à envier à celle qui, en 1940, vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Pourquoi se gêner ? Pousser le Front National lui a permis de conserver plus de régions que prévu aux dernières élections régionales.

La tactique du PS est donc claire comme de l'eau de roche : souffler sur la braise, jeter de l'huile sur le feu, installer les thèses de l'extrême droite au centre de tous les débats politiques pour se poser en recours.

Or la gauche devrait désormais prendre garde : si elle veut vraiment une victoire du Front National, elle l'aura. Mais ensuite, il lui faudra rendre des comptes au tribunal de l'Histoire.

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