Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/03/2008

"L'heure d'été" : requiescat in musée.

Voici près d'une vingtaine d'années, Louis Malle a donné un très beau film, émouvant et amusant, "Milou en mai". Il s'agissait de la mort d'une matriarche (Paulette Dubost), issue de la bourgeoisie de province, grande maison, une vigne, une rivière où l'on pêche les écrevisses, et plusieurs enfants et petits-enfants. Une maison d'ailleurs dégarnie de ses objets de valeurs par les nécessités de l'époque.
 
L'action se plaçait au mois de mai 1968. On y voyait l'évolution de la bourgeoisie terrienne : la matriarche avait deux fils (Michel Piccoli et Michel Duchaussoy) et une fille décédée et représentée par sa propre fille (Dominique Blanc). Son fils aîné vivait avec elle, mais sa propre fille résidait dans une grande ville (Bordeaux je crois), et la petite-fille, comme l'autre fils, vivaient à Paris.
 
Quarante ans après 1968, Olivier Assayas révèle un autre genre de bourgeoisie et la dispersion géographique de 2008 : la matriarche, ici encore, a deux fils (Charles Berling et Jérémie Rénier) et une fille (Juliette Binoche ... en blonde !), sa maison n'est plus dans la campagne, mais dans les Yvelines, presque un Chatou patrie des peintres (Valmondois). Et l'on doit se partager ses biens et vendre sa maison, parce qu'un des fils est éloigné pour toujours par sa carrière en Chine et l'entraînement de ses propres enfants vers les États-Unis, l'Amérique où vit aussi la fille va s'y marier.
 
C'est le même mouvement qui se poursuit, la même évolution devenue mondialisation.
 
"L'heure d'été" a donc une part d'écho de "Milou en mai". Mais un écho sombre, un film douloureux alors que "Milou en mai" est empli de l'impertinence joyeuse des années 1960. Reflet d'époque.
 
Il y a plus : la maison de Valmondois est celle d'un grand peintre, Paul Berthier. Et elle contient des meubles rarissimes. De quoi nourrir une réflexion passionnée sur l'art moderne qui devient le vrai sujet du film, comme si la matriarche morte était la France qu'à sa naissance, voici cinq siècles, la Pléiade avait surnommée "mère des arts". 
 
 

15:34 | Lien permanent | Tags : cinéma, arts, assayas, l'heure d'été, berling, binoche | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook