07/05/2008
Trichet a raison.
L'inflation est le premier danger des économies européennes à l'heure actuelle. C'est triste à dire, mais en période d'inflation, il ne sert à rien d'augmenter massivement les salaires ni d'ailleurs les autres revenus collectifs : ça ne fait que souffler sur la braise de l'inflation, l'argent qu'on donne est aussitôt cramé. Il faut au contraire contrôler les revenus et éviter leur dérapage, de façon à juguler le mécanisme inflationniste puis, une fois que celui-ci est enrayé, faire le bilan et corriger avec des hausses ciblées.
Chacun s'accorde à donner à l'inflation, ces jours-ci, une cause complexe : il y a d'abord l'inflation à l'intérieur même des puissances émergentes, bien plus forte encore que dans les pays déjà développés, en particulier en Chine. Là, cette inflation est purement et simplement un signe de surchauffe et de fin de cycle. Il y a ensuite une inflation plus "naturelle", due à la raréfaction de certaines matières premières, qui fait monter leur prix, avec la circonstance aggravante des effets de change. Il y a enfin l'inflation que les économistes dénoncent en ce moment : purement spéculative. On boursicote sur le cours des matières premières, qui montent d'une façon tout à fait artificielle. Résultat : la famine, le désordre des marchés, le drame humain.
Puisqu'une part non négligeable de l'inflation actuelle est d'origine artificielle et donc provisoire, appelée à être compensée par des tassements dans la période suivante, ne pas encourager l'inflation signifie modérer les hausses de salaires dans la période inflationniste et les encourager dans la période d'atterrissage des prix. C'est un peu l'idée de la TIPP flottante, d'ailleurs. Et si l'on ne peut que se réjouir qu'elle n'ait pas été rétablie, puisqu'elle avait l'inconvénient d'inciter les gens à consommer des énergies fossiles, on pourrait en revanche se demander s'il ne serait pas une bonne idée de l'expérimenter dans d'autres secteurs économiques.
Car il n'est pas normal que l'État fasse des périodes d'inflation des aubaines fiscales.
Les derniers chiffres publiés hier sont clairs : sur les douze derniers mois, l'ensemble des recettes de l'État progresse d'environ 3%, mais celles de la TVA augmentent, elles, de 8,5%. Ce différentiel, c'est très clair, est directement pris dans la poche des Français, c'est du pouvoir d'achat en moins.
Et cette ponction est d'autant plus effrayante que les dépenses de l'État continuent à monter (2,5% environ). Autrement dit, ce n'est que parce qu'on reprend par la TVA les cadeaux politiques (paquet fiscal, heures supplémentaires, etc) que le budget ne sombre pas tout à fait.
Alors, que se passera-t-il si l'inflation fait baisser la consommation, et si donc les rentrées fiscales indirectes ne montent plus ? L'État, n'ayant pas entrepris de réduire ses frais généraux, verra ses finances continuer à plonger. Et s'il se met à augmenter les revenus à sa disposition dans le seul but de masquer ses mauvais comportements, il ne fera que comme un drogué qui augmente les doses, vers l'overdose, non pas vers une solution.
Par conséquent, remercions l'Euro malgré ses défauts et la BCE malgré son conservatisme : en vérité, ce sont les faibles qui sont protégés par leur rigidité.
Et dépêchons-nous de remettre le train de l'État sur ses vrais rails pour qu'il s'occupe de ses vraies missions au service des faibles de France et d'ailleurs.
15:39 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : économie, europe, euro, trichet, bce, inflation | | del.icio.us | | Digg | Facebook