Vignerons indépendants : un regard bio.

Voici une trentaine d'années, des viticulteurs, lassés d'être soumis au pouvoir de la filière de distribution (négociants en particulier), décidèrent de se regrouper et de créer un salon où les Parisiens (entre autres) pourraient venir les rencontrer et acheter leurs vins à des prix bénéficiant à la fois aux clients et aux récoltants.

Je suis allé très régulièrement à ce salon depuis 1983. Au début, il se déroulait dans le XIIIe arrondissement, quai d'Austerlitz, dans d'anciens entrepôts (qui viennent d'être rénovés). Ensuite, ce fut à l'espace Champerret, porte Champerret, et enfin depuis déjà assez longtemps au parc des Expositions de la porte de Versailles.

Les premières éditions étaient dénommées "Salon des caves particulières", mais ce nom a dû paraître abstrait, et il a été remplacé par "Salon des vins et des vignerons indépendants".

On y trouve grands et petits vins, à tous les prix, et on peut déguster sans la moindre modération (les puristes sont supposés cracher le vin et non pas l'avaler). C'est l'occasion de se promener, de choisir un terroir et de le découvrir à travers plusieurs producteurs et dans différentes catégories, du vin de table au grand cru. Une expérience vraiment intéressante. Euh ... bon, si on se laisse aller, c'est vite douloureux pour le portemonnaie.

En hommage à Quitterie Delmas, j'ai choisi d'axer ma promenade annuelle sur le vin bio.

Hélas, il y a des centaines de vignerons dans ce salon, mais je n'ai pas vu plus d'une dizaine de producteurs étiquetés "Agriculture biologique". Presque tous le font par conviction. Un seulement a choisi cette filière par réorientation commerciale.

L'un d'eux a bien voulu expliquer à ma caméra en quoi consiste le label "Agriculture biologique" pour le vin. On voit qu'il s'agit avant tout de la qualité du raisin, ce qu'on peut comprendre.

J'ai été très gentiment reçu par les propriétaires-exploitants du domaine de Sauvète, qui produisent du vin de Touraine et se sont montrés curieux de mon blog, présentant leur propre site Internet.

Un autre a été très disert, mais a refusé de parler devant la caméra. C'est le docteur Allien, qui produit l'unique sauternes bio. Il est médecin et a hérité le château Dudon (un sauternes gouleyant, croyez-moi) de ses pères qui l'ont détenu pendant plus d'un siècle et demi. Le fait qu'il soit médecin l'a rendu sensible a certaines informations et quand il a vu passer des études qui montraient que le taux de cancers du cerveau était bien plus important chez les ouvriers viticoles en raison de certains produits chimiques utilisés dans cette culture, il a décidé de passer au bio. Il lui a fallu plusieurs années pour nettoyer complètement ses vignes. Aujourd'hui, il constate que les industriels produisent une substance active contre le mildiou (un champignon qui attaque la vigne), qui ne porte plus la croix rouge ni la mention "produit dangereux" contrairement à tous les produits antérieurs, il se demande pourquoi les pouvoirs publics ne jouent pas leur rôle en détaxant ce produit de façon à ce qu'il ne soit pas plus onéreux pour le vigneron, ce qui permettrait d'éliminer les produits dangereux.

Voilà, pour le reste, je vous laisse déguster la vidéo.

On m'a expliqué qu'il n'existe qu'un seul salon public entièrement dédié au vin bio en France, qui se tient en Alsace chaque année. Il existe aussi un salon réservé aux clients professionnels, à Perpignan, à l'autre bout de la France...

Je porte un toast bio à Quitterie.

 

Histoire de poulet bio.

On vient de trouver des traces de mélamine, substance dangereuse, dans du soja bio en provence de Chine, destiné à un élevage de poulets bio.

Je suis assez néophyte en matière d'aliments bio, mais dois-je dire que je trouve assez singulier que, pour un élevage bio, on fasse traverser la moitié de la planète (avec ce que cela suppose de pollution énergétique) pour nourrir des poulets étiquetés bio ?

N'y a-t-il pas un défaut quelque part ?