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07/02/2007

Le bien public.

Le règne de Louis XV a duré trop longtemps.

Les dernières années sont calamiteuses : perte de toutes les colonies continentales asiatiques et américaines en 1763, révolte des parlements l'année suivante, puis suspension desdits parlements... La France s'enfonce dans l'obscurité comme le roi dans la vieillesse.

Louis XVI veut trancher, c'est la rupture, il faut tout changer. Il ne va pas être déçu : tout va tomber, jusqu'à sa tête. Pour trancher, ça va trancher.

On commence par rétablir les parlements puis, comme il faut prendre sa revanche, on s'attaque à l'Angleterre à travers la guerre d'Indépendance américaine. C'est l'une des deux fois de l'Histoire où la France possède la première flotte militaire du monde. L'autre, c'est en 1939.

En cinq ans, les Anglais perdent le contact avec leurs colonies américaines. C'est la victoire. Pour les Américains, surtout.

Car l'État français sort du conflit tout ruiné. Comme toujours, la guerre n'a produit que de la misère.

Or un incident climatique grave dérange les récoltes suivantes. Le grain manque. À court de liquidités, la puissance publique ne peut intervenir sur le marché des blés, dont les cours s'envolent. Il s'ensuit une spirale d'inflation, de misère et de crise de liquidités.

De là est née la révolution.

Pour renflouer l'État, autant que pour des raisons idéologiques d'ailleurs recevables, on nationalise les biens du clergé. On pourrait croire que le Trésor public va s'en trouver plein. Pas du tout ! Les troubles civils nécessitent de coûteuses opérations de maintien de l'ordre et l'inventaire des biens, long et fastidieux, occasionne lui aussi d'abord des dépenses.

Enfin, quand on peut vendre, comme il n'y a déjà pas assez d'argent dans l'économie et comme on a déjà commencé à en placer à l'étranger par sécurité, la mise sur le marché des biens de l'Église assèche les dernières liquidités disponibles, la spirale d'inflation et de misère se change en tourbillon, en tornade, en ouragan.

On connaît la suite. Les transformations irréversibles, heureusement, mais aussi la guerre, inévitable.

Or nous y voici. Voici le stade où l'État chancelant ne peut plus faire face. Voici le stade où tout l'argent pris aux riches et aux moins riches ne parvient plus à parer à la plus élémentaire pauvreté. Le stade où tout ne sert plus qu'à l'immobilité.

C'est pourquoi chacun, en conscience, doit se demander s'il faut alourdir encore la barque de l'État : elle pourrait finir par couler.

Et ce seront forcément les pauvres qui trinqueront les premiers. C'est vraiment une question de conscience.

Pourquoi je dis ça, ici, au milieu de mes exposés littéraires ?

À cause de Lamartine, de nouveau, le fondateur du Bien Public. C'est lui, l'homme de la révolution de 1848. Lui le témoin des ateliers nationaux, des désordres budgétaires les plus absurdes, lui qui, enfin sorti (croit-il) de sa gangue d'intellectuel, dirige le pays durant plusieurs mois.

Hélas, il a outrepassé ses limites. Il ne comprend rien à la gestion. C'est bien, de savoir faire de beaux discours. Encore faut-il ne pas perdre le sens des réalités.

Et ses erreurs, toutes ses bonnes intentions, toute sa barque de l'État qu'il croit pouvoir charger, tout cela n'aboutit qu'à la victoire des ennemis de tous les principes qu'il a cru défendre : Cavaignac, puis Napoléon III, c'est-à-dire la réaction puis la tyrannie. Beau résultat pour l'homme du Bien Public.

Lamartine, abattu, puis ruiné, meurt seul, vingt longues années plus tard, un an avant la chute du Second Empire. Il n'aura pas vu le rétablissement de la République.

Y a-t-il de l'écho ? À chacun son idée. Libre.

18:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, liberté, conscience | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook