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13/02/2009

Et si nous étions les journalistes de demain ?

Comme promis, voici mes réflexions à propos de la note d'Éric Mainville d'hier : il soulignait la vulnérabilité croissante qu'éprouvent les journalistes devant des méthodes et des moyens de communication des "grands" acteurs politiques et économiques, ce qui renvoyait d'ailleurs à la note de Quitterie sur l'instrumentalisation des médias lors d'opérations de police ou de justice.

Éric, d'une façon quasi-provocante (ce qui ne lui ressemble guère), s'interrogeait : et si les journalistes disparaissaient ? La presse traditionnelle est dans une santé très fragile partout, les gratuits français, qui pouvaient la régénérer, sont des gouffres, les payants ont vu leur tirage baisser en 2008, parfois très fortement, et même aux États-Unis, longtemps pays de cocagne de la presse rentable, les affaires ne sont plus ce qu'elles étaient, loin de là. Il faut dire, ai-je envie de commenter, que cette presse, longtemps modèle d'indépendance et de fiabilité, a reçu un coup très grave, une véritable torpille dans sa crédibilité, à l'époque de la guerre d'Irak en 2003, ce qui renvoie d'ailleurs à ce qui était dit plus haut sur la vulnérabilité des moyens de presse.

Pour prendre un exemple tout proche, on disait L'Express en difficulté financière lorsqu'on a vu y apparaître ces jours derniers un traitement quasi-figaresque de l'actualité sarkozyste, qui donne à penser qu'une forme de subvention fraîche est venue ragaillardir les caisses de l'hebdomadaire.

Quoi qu'il en soit, éliminons ces journalistes friables et dépourvus de gilets pare-balle, que restera-t-il ? D'un côté la propagande, de l'autre la force critique des citoyens, et cette force critique, ce sont nos blogs...

Voilà, au milieu d'un scénario catastrophe, nous pourrions devenir la presse et les médias d'info critique et investigatrice de demain.

Oh, je vois d'ici Éric lever les bras au ciel et mon lecteur sourire avec condescendance devant son ordinateur. Pfff. Fi donc !

Soit.

Mais même si la (très relative) catastrophe est évitée, il faut que nous soyons conscients que nos blogs sont des médias à part entière, que leur impact global peut valoir celui d'un grand média actuel, que si nous savons demeurer dans l'excellence, nous pouvons être appelés à jouer ce rôle qui, de toutes façons, semble devoir devenir crucial.

Et c'est l'occasion de rappeler quelques éléments de déontologie, notamment (mais pas seulement) à l'attention de blogueurs de la modémosphère qui me lisent : c'est un peu atterrant de consulter la widget, un lendemain de conférence nationale, et de retrouver des titres plus dignes de la propagande que de médias. Pendant la campagne présidentielle, nous avons veillé, avec Quitterie, à respecter les principes d'une minimale objectivité, à ne pas nous contenter d'un point de vue, mais à toujours rappeler qu'il en existe d'autres, à les citer, à ouvrir des liens : Internet est un lieu de partage, pas d'endoctrinement. Un blogueur colleur d'affiches n'est utile à personne.

Donc 1 objectivité minimale : un blogueur, même encarté, est d'abord un témoin, comme un journaliste. Ce qui compte, ce n'est pas qu'il relaie une pravda quelconque, mais qu'il donne son opinion ou qu'il relate des faits dont il a été témoin ou pour lesquels il a des sources fiables.

2 un blogueur sera d'autant plus lu que son blog aura de la personnalité, voire une spécialité. Crise dans les médias est un blog d'analyse de la presse écrite, on y vient pour le regard de son auteur sur cette presse. D'autres blogs auront un contenu techno, même en politique, d'autres seront utiles à la connaissance par des gens éloignées de ce qui se passe dans une région, dans un coin d'Auvergne ou d'Andalousie. Un blog qui débite des communiqués de presse et des articles de journaux n'est pas un blog, ou ne devrait pas en être un.

3 qu'il ait ou non une spécialité, un blog, comme n'importe quel média, doit avoir une ligne éditoriale, comme un fil conducteur. De cette façon, le lecteur s'y retrouve et, de mon point de vue, il prend assez vite l'habitude d'évaluer ce qui, dans le contenu du blog, relève de la subjectivité, et ce qui peut être considéré comme factuel.

4 plus un blog fournit d'info, plus il est utile et lu. Un texte qui commente en organisant mal l'exposé des faits aura du mal à faire percuter son commentaire. Et personnellement, je préfère lire les blogs qui donnent beaucoup d'info plutôt que beaucoup de commentaires, même s'il arrive souvent qu'au détour d'un commentaire, une remarque me fasse prendre conscience d'un détail qui ne m'avait pas frappé jusque-là.

5 l'organisation en réseau est permise, cette toile de blogs, une sorte de toile dans la toile, peut faire des blogs pris globalement un média à part entière, capable de contrecarrer les tentatives de falsification ou d'endoctrinement qui deviennent sans cesse plus courantes.

Et donc soyons prêts au scénario de toutes les catastrophes : et si nous étions les (seuls) journalistes de demain ? Une prise de responsabilité qui suppose une prise de conscience.

12/02/2009

Et si les journalistes disparaissaient ?

Je signale une très intéressante note d'Éric Mainville à propos d'une interview de Télérame, ici. Le temps d'y réfléchir et je donnerai mes idées sur la question.