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09/03/2009

Quitterie, hadopi : "faire une grève des adhérents... pour que nos représentants relaient ce qu'on pense nous !"

Merci à Éric Mainville d'avoir signalé cette émission de RFI que vous pouvez entendre .

Quelle politique pour la génération blog ?

La politique se renouvelle sur les blogs.

Pourquoi Quitterie a-t-elle renoncé à sa position et au MoDem ?

"C'est un changement de paradigme dans ma tête et dans le monde, changer sa façon de penser". "Avant, on choisissait un parti, pour moi, ça a duré six ans, pour moi c'était très bien, comme une initiation, et puis on se rend compte des effets pervers à l'intérieur des appareils". "Le renouvellement en France ne se fait pas, à cause du cumul des mandats". "Plus on monte, moins il y a de places, plus les pratiques se dégradent , il faut jouer des coudes, et il y a des mécanismes de destruction de ce qui est autour de soi", "j'ai voulu prouver pendant six ans qu'on pouvait progresser en restant clean et éthique, en restant soi-même, parce qu'on avait un blog, on incarnait à sa façon un message, on bouleversait les hiérarchies du parti parce qu'un blog c'est pouvoir exprimer son message tous les jours parce qu'un blog c'est lu par des milliers de personnes et du coup, aucun parlementaire, par exemple, ne peut faire concurrence à ça, aucun parlementaire peut aller tracter cinq mille tracts ou trois mille tracts, donc c'était aussi bouleverser cette pyramide et montrer que c'était possible".

Son départ n'est-il pas dû au fait qu'elle aurait préféré être tête de liste en région parisenne ?

"Je pense que j'ai eu la chance de recevoir tout ce dont tous les adhérents rêvent dans un parti politique et cette investiture, cette probable investiture dans la région Centre-Massif-Central aux Européennes, c'était vraiment un très beau cadeau". "Je pense que François Bayrou, avec mon investiture, a voulu montrer qu'il commençait à appliquer son message de renouvellement, il faut rendre responsables des femmes, des jeunes, de la société civile". " Là, j'avais atteint ce que je voulais démontrer : c'est que c'était possible d'arriver à obtenir une investitutre en restant clean, sain, éthique. Il se trouve que je me suis vraiment à un moment posé la question de dire : "Est-ce que c'est vraiment ce que tu cherches ? Est-ce que tu voulais vraiment aller vers le haut ? Est-ce que tu voulais vraiment être tête de liste, porter la parole ? Est-ce que tu restes cohérente avec tes objectifs de départ ?" Et vu le contexte actuel, cette crise, ces crises, qui sont énormes, est-ce que je me sens capable d'aller  faire la politique sur les marchés, d'aller demander à des gens de voter pour moi, alors que je sais qu'on n'a pas les leviers, en tout cas moi, je les ai pas,  les leviers pour apporter des réponses concrètes ? En gros, j'ai choisi de quitter cette pyramide vers le haut"... "Aujourd'hui, je pense que la société du XXIe siècle fonctionne par réseaux, et je dois rester là où je suis aujourd'hui parce que c'est là où je connais des gens qui ont les compétences pour trouver des solutions, aujourd'hui je travaille tous les jours connectée avec des blogueurs qui créent des nouveaux médias, je travaille tous les jours connectée avec des gens qui créent des entreprises sous d'autres formes capitalistiques, sous d'autres formes de filières de production, on peut parler aujourd'hui des AMAP, du commerce équitable, on peut parler du bio, on peut parler des médias libres, on peut parler des microrevenus sur Internet, on peut parler de la culture des artistes, on peut parler de tous ces gens qui sont en train d'inventer la société du XXIe siècle, et c'est avec eux que j'ai envie de rester, et pas dans une institution, pas aux côtés de ceux qui disent : "le jour où vous nous aurez élus, on fera ça", non, aujourd'hui on n'a pas le temps, il faut faire les choses aujourd'hui, tout de suite et on a la puissance grâce à Internet de faire avancer le monde. Les politiques courent derrière tout ça".

"On est aujourd'hui dans une immense période de crise où nos élites nous ont dit "Ne vous inquiétez pas, tout va bien, tout va bien, on gère, confiez-nous le pouvoir, on va se débrouiller". Cette élite c'est en même temps par exemple les pouvoirs financiers, les banquiers, les analystes économiques qui ont parlé dans tous nos médias en disant "voilà comment àa va se passer et la croissance et ne vous inquiétez pas et puis cette crise est passagère", on voit bien aujourd'hui que tout ça c'est faux, nos élus nous ont dit la même chose : "on gère, on se débrouille, on est les killers, on est le Père Noël, on est le sauveur, votez pour moi", Nicolas Sarkozy 2007. Donc tous ces gens-là ont tenu un discours qui aujourd'hui est complètement dépassé, on le sent tous, donc il y a une perte de conscience à ce niveau-là, c'est sûr, mais du coup il y a d'autres repères qui sont en train de se créer : ... avant, le PC étaient un repère dans notre inconscient collectif, c'est quasiment terminé ; le PS, avec les soubresauts qu'il est en train de vivre, c'est aussi terminé ; et là, on peut venir sur les pratiques internes des partis politiques, quand les garants de la démocratie, les représentants de la démocratie, fraudent en interne dans leurs partis, ce qui se passe dans tous les partis, quelle crédibilité leur donner ? Est-ce que c'est à ces gens-là qu'on va donner les clefs de notre démocratie ? Quel est le sens de notre démocratie ? Et tous ces nouveaux repères font que de nouvelles personnes peuvent s'exprimer. Sur Internet, des personnes de la nouvelle génération, mais c'est pas seulement en termes d'âges, c'est en termes de société civile, de compétence, de personnes qui sont en train d'innover, qui sont en train de donner d'autres points de vue, d'autres façons de faire, et qui nous entraînent vers l'avenir."

Éric Mainville a, lui aussi, participé à cette émission. Il parle des blogs de gauche. Puis la parole revient à Quitterie, taxée de naïverté :

"Je préfère être naïve et limite un peu folle plutôt que d'être cynique et de faire croire aux gens que j'ai raison et que les politiques aujourd'hui sont les personnes qui sont censées incarner la responsabilité et tout. Vu là où on en est aujourd'hui, je pense que ces gens-là sont irresponsables et que le chemin vers lequel ils ont entraînés...

- C'est fort, comme mot, intervient le journaliste : "nos politiques sont irresponsables".

"Mais écoutez, vous avez vu nos politiques dans le monde, l'état de la planète le démontre aujourd'hui, enfin, ça fait trente ans qu'on dit que la planète est en train de crever, ça fait trente ans qu'il y a des famines dans le monde, qu'il y a le Sida, qu'il y a le palud, qu'il y a tout ça, on connaissait ces enjeux-là, on n'a pas voulu les voir, donc c'était la politique de l'autruche : "ok, on va faire comme ci, on va faire comme ci", la consommation, cette société de fous qu'on a construite, eh bien très bien, je les regarde, j'ai réglé mes comptes avec les responsables, la génération de 68 qui a fait une superbelle révolution, tout ça pour en arriver là aujourd'hui, aucun souci, merci d'avoir joué avec nous, gardez ce pouvoir que vous avez tant conservé au détriment de nos forces vives, des gens qui montaient des boîtes, vous n"avez fait confiance à personne, il y a des gens qui sont venus vous voir avec de nouvelles entreprises, les banquiers n'ont pas voulu risquer, prendre des risques, les accompagner et tout ça, très bien, maintenant, moi j'ai fini de me battre avec eux, ils font ce qu'ils veulent, et puis pendant ce temps-là nous, on va pas créer des contrepouvoirs, parce que pour moi, c'est pas un contrepouvoir, c'est d'autres pouvoirs, on va regarder à côté et on va dire effectivement - et vous avez raison : je ne parle que de pouvoir économique... moi, je vous parler de nouvelles façons de parler de la culture. Aujourd'hui, grâce à Internet, on a des façons de créer ce lien culturel, de créer de l'information, de créer des entreprises, Internet a tout changé. On était dans nos partis politiques encore en 2007 à se taper les uns sur les autres sur les marchés, or aujourd'hui on se rend compte qu'on est beaucoup plus proches les uns des autres à la base des partis, chez les Verts, au MoDem, au PS, même parfois avec des gens de l'UMP, on est beaucoup plus proches en terme horizontal que de nos représentants. J'ai un exemple flagrant : c'est la Riposte Graduée et la loi Hadopi...

(Explication du journaliste). Puis Quitterie reprend :

"Ce qui est symbolique dans cette loi, c'est que les politiques ou les majors sont en train d'essayer de rattraper le temps, ils sont déjà dépassés, c'est fini : ils veulent imposer une loi qui, ils le savent déjà, est déjà contournable, complètement dépassée, c'est déjà terminé, et il se trouve qu'à la base des partis politiques, des partis de l'opposition en tout cas, les adhérents sont fondamentalement contre, il se trouve qu'au parlement européen, sur l'amendement 138 Bono, les parlementaires français, la plupart de ceux de l'opposition, ont voté contre la Riposte Graduée. Il se trouve qu'au Sénat français, 100% de nos sénateurs français ont voté pour la Riposte Graduée ! Où sont nos représentants ? Moi, je me sens pas représentée par ces gens-là et je pense qu'il serait temps de dire "voilà, si on n'a pas nos représentants, pourquoi est-ce qu'on les supporte ?" Est-ce qu'on ne peut pas faire une grève des adhérents par exemple, parti par parti, en disant "mettez-vous d'accord, relayez ce qu'on pense nous !""

Éric Parody est là, lui aussi, mais plus nuancé sur la future Hadopi. Il évoque les nouveaux distributeurs qui sont en train de construire le pouvoir économique sur Internet. Il n'y a rien en face de la Hadopi, la licence globale, actuellement personne ne sait comment la redistribuer etc. Et il y a des lois qui protègent les nouveaux distributeurs qui rigolent de ce qui se passe ; donc on pénalise les artistes et les utilisateurs, cependant que ces gens-là en profitent.

On aimerait bien connaître l'opinion des blogueurs invités sur ce sujet, mais le présentateur ne rend pas, hélas, la parole à Quitterie.

13/02/2009

Et si nous étions les journalistes de demain ?

Comme promis, voici mes réflexions à propos de la note d'Éric Mainville d'hier : il soulignait la vulnérabilité croissante qu'éprouvent les journalistes devant des méthodes et des moyens de communication des "grands" acteurs politiques et économiques, ce qui renvoyait d'ailleurs à la note de Quitterie sur l'instrumentalisation des médias lors d'opérations de police ou de justice.

Éric, d'une façon quasi-provocante (ce qui ne lui ressemble guère), s'interrogeait : et si les journalistes disparaissaient ? La presse traditionnelle est dans une santé très fragile partout, les gratuits français, qui pouvaient la régénérer, sont des gouffres, les payants ont vu leur tirage baisser en 2008, parfois très fortement, et même aux États-Unis, longtemps pays de cocagne de la presse rentable, les affaires ne sont plus ce qu'elles étaient, loin de là. Il faut dire, ai-je envie de commenter, que cette presse, longtemps modèle d'indépendance et de fiabilité, a reçu un coup très grave, une véritable torpille dans sa crédibilité, à l'époque de la guerre d'Irak en 2003, ce qui renvoie d'ailleurs à ce qui était dit plus haut sur la vulnérabilité des moyens de presse.

Pour prendre un exemple tout proche, on disait L'Express en difficulté financière lorsqu'on a vu y apparaître ces jours derniers un traitement quasi-figaresque de l'actualité sarkozyste, qui donne à penser qu'une forme de subvention fraîche est venue ragaillardir les caisses de l'hebdomadaire.

Quoi qu'il en soit, éliminons ces journalistes friables et dépourvus de gilets pare-balle, que restera-t-il ? D'un côté la propagande, de l'autre la force critique des citoyens, et cette force critique, ce sont nos blogs...

Voilà, au milieu d'un scénario catastrophe, nous pourrions devenir la presse et les médias d'info critique et investigatrice de demain.

Oh, je vois d'ici Éric lever les bras au ciel et mon lecteur sourire avec condescendance devant son ordinateur. Pfff. Fi donc !

Soit.

Mais même si la (très relative) catastrophe est évitée, il faut que nous soyons conscients que nos blogs sont des médias à part entière, que leur impact global peut valoir celui d'un grand média actuel, que si nous savons demeurer dans l'excellence, nous pouvons être appelés à jouer ce rôle qui, de toutes façons, semble devoir devenir crucial.

Et c'est l'occasion de rappeler quelques éléments de déontologie, notamment (mais pas seulement) à l'attention de blogueurs de la modémosphère qui me lisent : c'est un peu atterrant de consulter la widget, un lendemain de conférence nationale, et de retrouver des titres plus dignes de la propagande que de médias. Pendant la campagne présidentielle, nous avons veillé, avec Quitterie, à respecter les principes d'une minimale objectivité, à ne pas nous contenter d'un point de vue, mais à toujours rappeler qu'il en existe d'autres, à les citer, à ouvrir des liens : Internet est un lieu de partage, pas d'endoctrinement. Un blogueur colleur d'affiches n'est utile à personne.

Donc 1 objectivité minimale : un blogueur, même encarté, est d'abord un témoin, comme un journaliste. Ce qui compte, ce n'est pas qu'il relaie une pravda quelconque, mais qu'il donne son opinion ou qu'il relate des faits dont il a été témoin ou pour lesquels il a des sources fiables.

2 un blogueur sera d'autant plus lu que son blog aura de la personnalité, voire une spécialité. Crise dans les médias est un blog d'analyse de la presse écrite, on y vient pour le regard de son auteur sur cette presse. D'autres blogs auront un contenu techno, même en politique, d'autres seront utiles à la connaissance par des gens éloignées de ce qui se passe dans une région, dans un coin d'Auvergne ou d'Andalousie. Un blog qui débite des communiqués de presse et des articles de journaux n'est pas un blog, ou ne devrait pas en être un.

3 qu'il ait ou non une spécialité, un blog, comme n'importe quel média, doit avoir une ligne éditoriale, comme un fil conducteur. De cette façon, le lecteur s'y retrouve et, de mon point de vue, il prend assez vite l'habitude d'évaluer ce qui, dans le contenu du blog, relève de la subjectivité, et ce qui peut être considéré comme factuel.

4 plus un blog fournit d'info, plus il est utile et lu. Un texte qui commente en organisant mal l'exposé des faits aura du mal à faire percuter son commentaire. Et personnellement, je préfère lire les blogs qui donnent beaucoup d'info plutôt que beaucoup de commentaires, même s'il arrive souvent qu'au détour d'un commentaire, une remarque me fasse prendre conscience d'un détail qui ne m'avait pas frappé jusque-là.

5 l'organisation en réseau est permise, cette toile de blogs, une sorte de toile dans la toile, peut faire des blogs pris globalement un média à part entière, capable de contrecarrer les tentatives de falsification ou d'endoctrinement qui deviennent sans cesse plus courantes.

Et donc soyons prêts au scénario de toutes les catastrophes : et si nous étions les (seuls) journalistes de demain ? Une prise de responsabilité qui suppose une prise de conscience.

12/02/2009

Et si les journalistes disparaissaient ?

Je signale une très intéressante note d'Éric Mainville à propos d'une interview de Télérame, ici. Le temps d'y réfléchir et je donnerai mes idées sur la question.