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07/09/2009

Compenser la taxe carbone.

L'émission de CO2 (gaz carbonique, donc carbone) est considérée comme la principale cause du réchauffement climatique constaté depuis quarante ans, qui menace l'avenir de notre planète et de l'espèce humaine. Contre ces émissions de CO2, on a imaginé un mécanisme simple : la taxe carbone.

La taxe carbone est un impôt qui pèse sur la production et la commercialisation en fonction de la quantité de carbone consommée pour produire et acheminer un bien de consommation.

La taxe carbone se doit d'être une mesure universelle. D'Arkhangelsk à Vancouver et de Reykjavik en Patagonie. Sans cette universalité, elle échouera. Elle doit porter sur la totalité des productions et indirectement seulement sur la consommation. Son objectif ne peut être de punir les gens, mais d'améliorer la production et les filières de distribution pour réduire la consommation mondiale de carbone, et endiguer le réchauffement climatique dont les inconvénients sont effrayants.

Si la taxe carbone vise à changer le mode de vie des gens en exigeant d'eux un effort moral, elle échouera. Si elle agit sans les impliquer, elle réussira. Il faut savoir ce que l'on veut. L'urgence de la lutte contre le réchauffement climatique est telle que ceux qui, par jusqu'auboutisme, exigeront que la taxe carbone pèse directement sur l'existence courante seront contreproductifs, donc criminels.

Une taxe massive ?

Sarkozy, dans son discours du trône du congrès, a annoncé une taxe carbone massive. On suppose que c'est la position de la France dans les négociations internationales qui ont débuté. On en a déduit immédiatement la répercussion sur la consommation d'essence à la pompe en France. Bien entendu, quoique l'augmentation soit faible (de l'ordre de quelques centimes), l'essence est une telle contingence pour les gens qui vivent en grande banlieue ou à la campagne, et son prix est déjà si lourd dans le budget des ménages, que la réaction est très vive, ce qui a amené Mme Royal, et le PS après elle, à critiquer la taxe carbone.

La part tactique de cette critique n'est pas mince : en renvoyant les Verts à l'alliance à droite (la droite soutient la taxe carbone), le PS les met en porte-à-faux avec leur électorat qui, dans sa grande majorité, déteste la droite en général, et le sarkozysme en particulier. On voit que le PS n'est pas décidé à partager le gâteau régional et que les écolo auront à choisir entre leurs ambitions personnelles et les principes pour lesquels ils se battent.

Mais ces événements sont épiphénoménaux par rapport aux enjeux réels, car contre le réchauffement climatique, nous en sommes au compte-à-rebours.

Tout taxer

Si l'on veut réduire massivement les émissions de carbone, il faut évaluer au prix fort les émissions de carbone : dans le produit, dans la filière de production, dans le mode d'acheminement. Cette évaluation va poser des problèmes d'expertise, on peut s'attendre à de longs débats soigneusement entretenus par l'argent de ceux qui profitent de l'émission de carbone, en particulier les pétroliers. La sagesse voudrait en fait que ceux-ci soient nationalisés pour ne pas peser dans la discussion, mais il ne faut pas rêver.

Heureusement, de nombreux spécialistes, en particulier le GIEC, ont déjà copieusement réfléchi sur tout ça, et le mieux serait que l'agence mondiale à créer soit l'émanation du GIEC, pour gagner du temps.

Ce qui sera assez vite décevant, c'est que, même en cas de prise en compte ambitieuse de la consommation de carbone dans le prix du produit, on risque de se trouver comme devant ce qui a été annoncé pour le prix de l'essence à la pompe en France : une augmentation faible, vécue comme une augmentation de plus, une punition de plus.

Or l'expérience des cigarettes, dont la consommation n'a été drastiquement réduite que par une augmentation des prix réellement massive, prouve qu'il faut que l'effet de prix soit spectaculaire pour agir. Et encore, s'agissant de l'essence, car dans une grande partie du territoire français, il n'y a pas d'alternative à la voiture, et pas d'encouragement aux véhicules propres. Les dernières augmentations de prix se sont heurtées à une masse incompressible de consommation d'essence : il faut prendre sa voiture pour aller travailler, et pour faire ses courses le week-end, voire pour se distraire.

Les gens n'ont qu'à pratiquer le covoiturage, me direz-vous. Seulement voilà : ce faisant, on les force au collectivisme, et c'est ce que je disais sur le risque d'échec qu'entraînerait une vision idéologisante de la taxe carbone.

Car enfin, les gens savent bien que leur consommation d'essence n'est qu'une faible partie de la consommation générale de carbone, tandis que la production industrielle est une consommatrice massive de carbone. De leur point de vue, dans la sagesse populaire, s'en prendre aux gens plutôt qu'aux industriels, c'est s'attaquer aux faibles plutôt qu'aux puissants, c'est ajouter l'injustice à l'injustice déjà existante.

Compenser la taxe carbone

Puisqu'il faut une augmentation sensible des prix au détail, on a imaginé que le produit de la taxe soit reversé aux gens sous forme d'un chèque. C'est stupide. Avec ce chèque, ils vont acheter de l'essence...

Ce qu'il faut, pour atteindre pleinement l'objectif de la taxe carbone, c'est agir sur les deux tableaux et compenser en baisse comme on compense en hausse. Autrement dit : non seulement augmenter le prix des produits fortement carbonés, mais diminuer le prix des produits faiblement carbonés. Jouer à double effet de levier.

Donc réduire massivement la TVA sur les véhicules électriques, la réduire partiellement sur les véhicules mixtes, détaxer les productions de légumes bio et taxer les autres, etc. De cette façon, et de cette façon seulement, l'effet de prix sera massif, donc l'effet de consommation, donc l'effet climatique. Et de surcroît, on pourra expliquer aux gens : "C'est vrai, les prix de ces produits augmentent, mais c'est qu'ils sont mauvais, tandis que le prix des bons produits, lui, baisse". Si le prix du bio à la consommation est inférieur au prix ordinaire, les gens ne consommeront plus que du bio.

Restera alors au bio à respecter ses propres principes. Je dis ça, parce que je suis effrayé de voir la multiplication des produits dits bio dans les garndes surfaces et sous les enseignes de hard discount, dont les méthodes de production et de commercialisation sont aux antipodes de l'éthique.

13:48 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : économie, énergie, taxe carbone, impôts | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

03/02/2009

Taxe carbone ou TVA ?

Depuis qu'un nombre croissant de dirigeants politiques a compris les alertes du GIEC (que s'est un peu appropriées Al Gore), la question se pose de l'intégration du coût environnemental dans la détermination du prix des produits. Ce coût est notamment matérialisé par la quantité de carbone nécessaire à la fabrication ou à l'acheminement d'un produit. Comment introduire le coût marginal défini par cette quantité de carbone dans le prix du produit, de façon à permettre aux consommateurs de ne pas se trouver otages de logiques économiques destructives ? Favoriser les produits durables et pénaliser les autres.

L'hypothèse la plus élémentaire consiste à créer une "taxe carbone", tout simplement. Inconvénient : c'est une taxe de plus et, en période de difficultés financières et pécuniaires de toutes sortes, c'est un peu lourd.

Il existe des quantités d'autres techniques envisagées et j'apporte mon petit caillou à cet édifice : pourquoi pas la TVA ?

Augmenter la TVA sur les produits en fonction de leur conso carbone incluse, et la diminuer en fonction de la "propreté" de leur filière.

De la même façon, l'Europe pourrait augmenter les droits de douane en fonction de la distance parcourue par les produits (avec une pondération en fonction du mode de transport).

Le tout ne créerait pas de nouveau guichet administratif, tout juste une nomenclature supplémentaire (l'Europe est la reine des nomenclatures), et voilà.