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10/01/2007

"Agrandir les esprits, amoindrir les misères"

Il est temps de me présenter et de dire ce que je vais faire dans ce blog.

Je m'appelle Hervé Torchet, ce n'est pas un pseudo. Mon nom vient du nord de la Champagne, un petit terroir qu'on appelle le Porcien, coincé entre le Vermandois et la Champagne elle-même, tout près du Hainaut. On trouve le mot torchet utilisé dans son sens réel, celui d'une petite torche qui servait au Moyen Âge à l'éclairage public, jusqu'à Liège, aux confins de la francophonie.

Mon prénom, lui, est breton, et mes attaches culturelles sont très bretonnes, du fond de la Bretagne, la Cornouaille, au sud de Quimper, au bord de l'Odet, une rivière soulevée par le jusant et bordée de bois de châtaigniers, de hêtres, de chênes. Jusqu'en 1987, on y voyait surtout du pin, vert l'hiver comme l'été, de longs fûts tout droits, très grumeleux. L'ouragan d'octobre 1987 a tout balayé. Il n'en reste presque plus rien. La forêt actuelle a été largement replantée ou a cru d'elle-même, sauf les chênes que rien ne peut déraciner comme on le sait depuis La Fontaine.

Mon année de naissance, 1964, n'a pas laissé de grandes traces dans l'histoire du monde : de Gaulle présidait la France, la Nouvelle Vague régnait sur le cinéma, le Nouveau Roman sur la littérature, on donnait une 2e chaîne de télévision (en couleur) aux Français ébahis, Kennedy était déjà mort, Johnson enfonçait son pays dans la tragédie vietnamienne, bref, je suis né dans la morosité et j'ai 42 ans.

J'ai grandi à Paris dans une atmosphère cosmopolite. Ma grand-mère, qui a veillé sur ma petite enfance, était née belge au Pérou en 1903. Elle avait ensuite séjourné en Bulgarie vers 1905, puis dans l'Iran qu'on appelait encore la Perse, puis de 1913 à 1921 au Japon. Le soir, pour m'endormir, elle ouvrait Peter Rabbit (version anglaise) qu'elle traduisait en français, mais ses histoires les plus amusantes étaient surtout, un peu plus tard dans ma vie, quand elle expliquait comment elle avait rencontré Pierre de Coubertin à Cuba en 1921, comment elle avait déjeuné à la table de l'inventeur de la coupe Davis (un Mr Davis, forcément), qui recevait chez lui en toute simplicité dans de la vaisselle d'or, comment elle avait souvent joué aux cartes vers 1925 avec Pou-Yi (le Dernier Empereur de Bertolucci), qui ne buvait jamais que du chocolat parce que, disait-il, on ne pouvait empoisonner le chocolat sans lui donner un goût... Bref, tout était féérique.

Mes études m'ont conduit de l'école communale de la rue des Bauches (ni les Boches, ni la Débauche, ouvrez le dictionnaire de Jacques Hillairet sur Paris et vous saurez tout sur le nom de cette rue) dans le 16e arrondissement jusqu'au prestigieux lycée Janson (Janson de Sailly pour ceux qui ne savent pas), une bonne boîte où j'ai connu de très jolies filles dont quelques-unes que je n'oublierai jamais.

Nous avons d'ailleurs organisé un dîner de jeunes quadragénaires ayant suivi les mêmes classes de la 6e à la 3e, l'été dernier, et il faut dire que c'était spectaculaire de se retrouver à une vingtaine sur 37 (nombreux effectif) : sur 37, deux sont déjà morts (l'un du Sida, l'autre d'un accident de voiture), trois sont psy (dont la ravissante psychanalyste Caroline Thompson, fille de la cinéaste Danièle Thompson, elle-même fille du génial maître du burlesque français, Gérard Oury), la moitié en tout ont étudié le droit mais trois ou quatre seulement le pratiquent professionnellement. L'un siège au cabinet du président du sénat après avoir relevé celui du premier ministre Raffarin. Une autre est éditrice de documents sous son nom marital de Mathilde Aycard, une personne très droite. Une troisième décore le cinéma, non pas de sa présence (elle n'apparaît pas à l'écran) mais de ses accessoires. Un quatrième est agent de coiffeurs-maquilleurs pour des défilés de mode, mais ne nous a pas encore invités backstage, ce qui pourrait avoir un certain charme. Bref, je reparlerai de tout ça le cas échéant.

J'ai étudié le droit pendant 5 ans dans une fac très marquée à droite, Paris 2-Assas, où je figurais parmi les centristes.

On m'a choisi pour figurer parmi les élus du 16e arrondissement de 1995 à 2001. Comme j'étais à la fois le plus jeune et le moins sportif, on m'a confié la jeunesse et les sports. J'aurai l'occasion de dévoiler quelques secrets de tout ça et de raconter par le menu le plus spectaculaire mariage que j'ai célébré, celui du footballeur Emmanuel Petit et de la jolie actrice Agathe de la Fontaine en juin 2000, tout juste le lendemain de la victoire de l'équipe de France au championnat d'Europe. En 2001, j'ai plongé pour les livres. Vive la liberté.

Il faut avouer que je suis célibataire. Les candidates ont le droit de m'envoyer leurs photos.

Parisien jusqu'au bout des ongles que je ne ronge pas, je réside toujours à l'ouest de la vieille capitale, dans ce qu'on appelait autrefois les "beaux quartiers", le long d'un jardin adossé au bois de Boulogne. De mes fenêtres, je n'aperçois que la cime des arbres, ce qui est un privilège inusable.

Je publie depuis 2001 un document exceptionnel, la Réformation des Fouages de 1426, le plus ancien recensement à grande échelle d'Europe, qui n'a concerné que la Bretagne. J'ai déjà produit trois pavés de deux kilos et demi chacun (le deuxième préfacé d'un texte scientifique de Michel Pastoureau, le troisième d'un mot élogieux de Patrick Poivre d'Arvor), il en reste six à suivre. En 2005, je me suis diversifié d'un plus court opus sur les prémices de la Révolution, toujours en Bretagne.

Il faut dire que je suis préoccupé de l'état du pays (la France, cette fois-ci). L'atmosphère y est délétère et, avec des élites déboussolées et désenchantées, nous nous trouvons dans un état moral proche de celui des années 1780. Rien ne dit que la situation doive déboucher sur une crise majeure, mais j'approuve l'idée de Bayrou de remettre les choses à plat : elles en ont besoin.

Un dernier mot : je vais bientôt passer au roman, ne fût-ce que pour botter les fesses de l'édition francophone qui me semble un peu sclérosée elle aussi. J'aimerais pouvoir faire miens ces vers de Victor Hugo :

"Et sur l'Académie, aïeule et douairière,
Serrant sous ses jupons les tropes effarés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire"...

La révolution étant ici au second degré. Mais je fais mien ses autres vers qui sonnent comme une devise, celle que devrait adopter tout homme qui détient un pouvoir et un savoir :

"Agrandir les esprits, amoindrir les misères".

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