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11/01/2007

Libérons les mots

On a sans doute compris que je me situais dans la ligne des écrivains engagés dans la cité.

Il ne peut y avoir de neutralité. Tout appelle à l'intervention, au cri. En traversant certaines rues d'Haïti, il y a peu d'années, au milieu d'une misère inimaginable, je n'avais qu'une seule phrase en tête : "Que le malheur s'arrête, qu'il fasse une pause". On ne peut pas rester froid devant la souffrance et le dénuement.

On ne peut pas rester froid non plus devant l'injustice, la brutalité, la sottise arrogante.

Et cependant, on ne peut se laisser sans cesse envahir par l'obsession du malheur d'autrui : il faut vivre avec, ou plutôt "faire avec" comme disait Bécaud dans sa dernière chanson. Et plus encore, vivre tout court, jouir, savourer, découvrir, agir. L'équilibre entre ce qu'on fait pour soi et ce qu'on fait pour améliorer le monde relève de la conscience personnelle et, de toutes façons, on ne sait pas si dans un instant de plaisir que l'on croit égoïste, il n'y a pas une lueur qui peut sauver un monde.

Promis, je ne citerai pas trop souvent Victor Hugo, mais le revoici, pour nous rappeler à la fois que "la nature, qui met sur l'invisible le masque du visible, est une apparence corrigée par une transparence", et que "le destin est sévère, soyons lui indulgent : ce qui est noir n'est peut-être qu'obscur", ce qui pousse à la prudence de Sioux dans les bons et les mauvais élans.

Donc nous vivons. Et ouf ! nous lisons. Conscients et prudents parfois, ou bien tout simplement émus, instruits, pensifs, curieux, rieurs, abasourdis, étonnés, réjouis, émoustillés, bouleversés, nous lisons.

Je commenterai sur ce blog tous les livres que m'adresseront des éditeurs et tous les manuscrits que m'adresseront des auteurs. On n'y verra que mon opinion, qui n'engage que moi. Je serai toujours bienveillant pour l'auteur et attentif au texte.

Véritablement, je trouve que l'abdication des milieux littéraires actuels devant l'appauvrissement supposé des capacités de lecture des gens est effarant. Il est grand temps de libérer les mots d'un carcan de crétinisme.

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