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25/01/2007

Libre, l'érotisme ?

Chacun ses préférences : j'aime le corps des femmes.

Oh, je suis loin d'en être expert, très loin. Mais c'est un raffinement et une fraîcheur qui me bouleversent. La sveltesse donne de la souplesse. La gentillesse, de la douceur. Le corps féminin aime souvent donner encore plus qu'il ne reçoit.

Dans sa chanson qui commence par

"Quatre-vingt quinze fois sur cent
La femme s'emmerde en baisant...",

Brassens décrit les diverses maladresses masculines et en vient à cette femme qui est tellement amoureuse de l'homme qui la caresse qu'elle s'emmerde "sans s'en apercevoir". Je me demande si mon fantasme suprême n'est pas celui-là : que la femme m'aime tellement qu'elle s'emmerde sans s'en apercevoir. Oh, ce doit être très égocentrique. Je culpabilise.

En tout cas, on voit bien que l'ordre moral se referme partout sur l'érotisme, qu'il repousse dans les ghettos de la création, alors même que l'aspiration et la pratique de la liberté se développent dans ce domaine. Je suis sans cesse plus étonné du mensonge qu'on nous assène dès l'enfance, celui d'un monde où les couples sont fidèles, où la fidélité est d'ailleurs le meilleur épanouissement du couple, où tout est simple, car dans la vie on ne voit rien de tout cela, on ne voit que chacun cherchant le meilleur pour soi et pour son entourage, chacun appliquant le précepte de Victor Hugo :

"Tout marin, pour dompter les vents et les courants
Met tour à tour le cap sur des points différents
Et pour mieux arriver dévie en apparence...".

Et c'est bien cette vérité qu'il faudrait clamer de plus en plus fort car elle est celle de la vie telle qu'elle est vécue, la vérité non pas d'un paradis trouvé mais d'un jardin exploré. Or elle peine à atteindre sa révélation. Les voix de l'ordre et du mensonge la cadenassent.

On est au passage consterné de certains échecs.

Les très méchantes langues disent par exemple que Catherine Breillat n'a employé l'acteur de films porno Rocco Siffredi que pour ses performances hors des plateaux. Ce serait donc cela, l'ultime conquête des féministes ? Se conduire aussi laidement que les hommes dont elles dénonçaient les travers ? Se payer un gigolo au frais des gogos cinéphiles ? Transformer un cadre artistique non pas en boudoir collectif, ce qui pourrait avoir son charme, mais en triste lupanar ? Abdiquer finalement devant la réalité qu'elles combattaient ? Je ne veux pas y croire, ce n'est sûrement qu'une rumeur.

Cet abandon d'une ambition résonne comme une trahison des idéaux de la jeunesse.

Quant à la littérature, elle ferait bien de se regarder dans une glace. Il ne suffit pas de déballer trois ou quatre décennies de jambes en l'air pour faire un livre digne de ce nom. C'est bon pour la courbe des ventes, qui aussitôt se redresse dans un mouvement familier, mais il faut aller plus loin.

Faire un bon livre empli des vérités de la chair, celles qui sont vécues, pas celles du mensonge aliénant.

Il faut donc reprendre le fil là où la littérature l'a laissé, tout près du mensonge, et le dérouler pas à pas jusqu'à la vérité.

On me demandait tout récemment pourquoi je me désespérais. C'était tout simplement d'un moment d'érotisme qui sans cesse m'échappait.

C'est déjà là tout un livre. Libre.

20:25 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : vivre libre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Non, non je t'assure, la fidélité ça n'existe pas!!!
J'y ai cru un moment.
On disait autour de moi: " POurquoi aller voir ailleurs, quand on a ce qu'il faut chez soi?" J'y croyais donc.
Mais c'était plus fort que lui. Faut qu'il matte? qu'il touche du neuf.
Qu'il remplisse son carnet d'adresses de prénoms féminins...

Écrit par : www.mothiron.book.fr | 27/01/2007

@ Mothiron

Ah, je ne voyais pas la chose du point de vue de la victime, évidemment. Quand il y en a une. C'est le complément, celui qu'on fait en sortant de boîte au petit jour avec déjà la gueule de bois.

Votre blog imagé est plein de messages courts, souvent tristes. Et puis, votre deuil récent, votre grand-mère quasi-centenaire, lui donne une couleur encore plus mélancolique.

On lit aussi comme de brefs poèmes de quotidienneté. Prose libre.

Revenez quand vous voulez et si vous êtes choquée ou enthousiaste, dites-le !

Si vous avez des livres à conseiller, dites-le aussi. j'accueillerai tout sauf bien sûr l'inacceptable, mais vous ne me paraissez guère en émettre.

À bientôt donc.

Écrit par : Hervé Torchet | 27/01/2007

Très difficile de mettre en pratique un libre érotisme. S'il est un domaine où la liberté des uns heurte celle des autres, c'est bien celui-là.
Et pourtant, il me semble qu'on aurait tout à gagner... à condition de trouver le bon dosage, la bonne distance, une fois de plus.
Je suis une femme et ton point de vue ne me choque pas le moins du monde.
C'est ma première visite sur ce blog, mais je crois bien que je reviendrai...

Écrit par : fuligineuse | 28/01/2007

On se tutoie, c'est bien. Tu fais sur ton blog une note sur une réflexion qui aura lieu en mars sur l'expression blogosphérique à l'ENS. Elle m'intéresse beaucoup et j'invite tous ceux qui passent à se renseigner en cliquant au plus vite sur fuligineuse (si j'ose dire).

Les difficultés dont tu me parles me semblent surtout liées à la problématique du pouvoir au quotidien ou, pour mieux dire, de l'ascendant. Comment s'articulent les libidos ? Comment satisfaire les sados, les masos, sans introduire des distorsions de pouvoir dans les relations érotiques ? Quelle part de satisfaction dans le pouvoir exercé et dans le pouvoir subi ?

Et l'érotisme n'est-il fait que du plaisir ?

Perso, je suis peu sensible à la dialectique sado-maso.

Le mode d'une négociation sur des bases simples, avec des codes qu'il faut certes découvrir, me semble aujourd'hui une garantie contre le gros des méfaits de l'instinct léonin dans un moment érotique ou dans une relation qui débute.

Bien entendu, la dimension sentimentale est celle des dangers, mais aussi celle des vérités.

La liberté ne se comprend pas sans sincérité.

Écrit par : Hervé Torchet | 28/01/2007

Les commentaires sont fermés.