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26/01/2007

Libre, la misère ?

On enterre l'abbé Pierre.

Les tipis de Don Quichotte ont ponctué l'hiver et justement, il fait plus froid sur Paris où je réside. Les caniveaux sont gelés.

Je pense aux gens qui n'ont pas mes murs, à ceux qui n'ont pas mon toit, ni mon chauffage, ni ma lumière.

Je pense aux mains des pauvres gens qui travaillent dans le froid, aux pieds des pauvres gens qui marchent sur le gel.

Il m'arrive souvent d'aller de mon ouest parisien à la BNF quai Mauriac, à l'autre bout de Paris, à pied. C'est une bonne heure de marche. Place de l'Alma, je descends jusqu'aux berges de la Seine, le long des bateaux-mouches. À hauteur du Louvre, je traverse vers la rive gauche.

Combien de petites toiles vois-je sur mon chemin, sous les ponts ou contre les parois des quais ? Combien y en a-t-il ? Combien de réchauds de fortune, combien de duvets miteux, combien de couvertures ? Combien de sacs en plastique déployés pour faire une isolation ? Combien de ces gens qui travaillent quelque part, qui ne sont pas inactifs et qui ne peuvent se payer un logement ? Combien d'autres plus érodés ? Combien de totalement vaincus ?

Ici ou là, l'un a trouvé le moyen de s'offrir une petite télé. On regarde un match. Plus loin, une femme tient son nourrisson contre elle. Encore plus loin, on s'est fait une case de contreplaqué, avec une porte sur gonds et toujours un ami qui veille.

Juste au-dessus, sur les quais, les lourdes voitures ne cessent de rouler, de se bousculer pare-chocs contre pare-chocs, de vaquer à notre vie qui va bien. Comme disait Victor Hugo "Et sur le pâle amas des cris et des douleurs, Le festin qui flamboie..."

C'est effrayant de les voir alignés, eux, en bas, une autre "France d'en bas", comme la preuve de nos résignations et de l'incapacité des pouvoirs publics. Il paraît que Coluche a créé les Restos du coeur pour prouver qu'on pouvait à peu de frais donner le minimum vital de nourriture à ceux qui n'avaient plus rien. Sa démonstration a hélas trop bien réussi.

L'abbé Pierre a rendu plus que la dignité, plus qu'un moyen ou une raison de vivre, à des milliers de personnes.

L'hommage rendu est juste. Il dépasse tous les clivages. Tant mieux. Le bien qu'on fait est toujours libre.

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