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12/03/2007

Zola et la révolution industrielle.

Durant de longues années, on a vu "Germinal" trôner en tête des ventes de livres réédités. Il s'en vendait des pelletées, des wagons, des montagnes.

"Germinal". L'épopée du charbon. L'épopée du siècle. L'épopée tout court, d'ailleurs, car Zola est l'un des rares auteurs français à avoir su s'élever jusqu'au stade épique.

L'oeuvre de Zola en est tout entière vibrante, les Rougon-Macquart sont l'épopée de leur époque emportée par la tourmente de la révolution industrielle : Paris remembré au sabre par Haussmann, le tourbillon de la vie courtisane, l'affairisme, la déstabilisation de la bourgeoisie de province.

Zola se voudrait en fait le continuateur décalé de Balzac, mais cherche à y employer la puissance des moyens de Victor Hugo. Jusque dans le rythme, il singe Hugo. Et dans l'esprit, il est encore plus prosaïque que Balzac.

Il n'en a pas cependant l'élégance : on ne peut pas toujours gagner sur tous les tableaux à la fois.

On connaît bien Zola le dreyfusard. On connaît moins l'autre dernier Zola, celui des "Trois villes" : Lourdes, Rome et Paris. Celui qui rêve d'une descendance des apôtres du christ. Oh bien sûr, il ne s'acquiert que peu d'amitiés dans le clergé, mais son esprit s'ouvre à des réalités que l'on n'eût pas attendues de lui.

Un Zola complexe, voilà bien le plus inattendu ! Et s'il avait atteint un plus grand stade encore d'homme libre ?

21:45 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Sur Zola, un dossier virtuel en ce moment sur le site de la BnF :
http://gallica.bnf.fr/Zola/

Écrit par : fuligineuse | 13/03/2007

Moi je trouve Zola génial... Germinal n'est pas le roman que je préfère et je regrette que ce soit le plus connu...L'incipit de la Fortune des Rougon qui est le premier roman des Rougon-Macquart et qui décrit un cimetière où se mêle la vie et la mort c'est excellent... La Bête humaine où il analyse les pulsions criminelles en montrant comment le progrès technique n'entraîne pas le progrès humain (l'homme garde ses origines animales), c'est encore d'actualité
Et c'est un écrivain qui a l'instinct de la métaphore, le sens de l'épique...
Sans parler de l'Affaire Dreyfus : il a payé son engagement et s'est retouvé en exil, alors qu'il était dans l'aisance et aimait bien son confort...
Pour évoquer aujourd'hui tout ce que décrit Zola, il en faudrait des experts : journaliste, sociologue, psychologue, économiste...
C'est un très grand romancier...

Écrit par : Rosa | 13/03/2007

je suis tout a fait d'accord avec votre analyse Rosa... Mon roman préféré est la Bête humaine. Je vais essayer de lire le roman des Rougon-Macquart, je ne le connais pas. Enfin, une fois que j'aurai fini d'achever Salaambô de Flaubert, un véritable délice d'histoire et de littérature. Les guerres puniques revivent sous sa plume. Je ne sais pas comment prendre vos remarques sur le talent de Zola, quand vous dites

"Zola se voudrait en fait le continuateur décalé de Balzac, mais cherche à y employer la puissance des moyens de Victor Hugo. Jusque dans le rythme, il singe Hugo. Et dans l'esprit, il est encore plus prosaïque que Blazac. Il n'en a pas cependant l'élégance : on ne peut pas toujours gagner sur tous les tableaux à la fois".
Zola avait une plume beaucoup plus politisée que Balzac mais plus sèche que Hugo. Zola est à mes yeux un visionnaire, il a su personnifier les objets issus de la révolution industrielle de son temps et en faire des héros.
France 2 passe actuellement une série consacrée à Maupassant, je vous avoue ne pas les regarder, préférant le documentaire sur Staline de M6 (excellent), à quand une de vos pertinentes analyses sur cet excellent auteur, Bel Ami où l'arrogance du succès. encore une oeuvre d'actualité.

Écrit par : Michaël | 14/03/2007

De Malherbe à Maupassant, en passant par Corneille et Flaubert, la veine normande irrigue notre littérature. On y trouve une densité très remarquable.

Le style de Zola est très imprégné de celui d'Hugo, il en recherche la sonorité, notamment dans les passages épiques. Il n'ose pas aller jusqu'à Hugo, mais ne parvient pas à s'en démarquer.

Zola plus politisé que Balzac ? Disons qu'il s'imprègne des idées de lutte des classes (les gras et les maigres du "Ventre de Paris").

Écrit par : Hervé Torchet | 14/03/2007

Excusez-moi de ne pas être tout à faif d'accord chers amis...
Zola imitant Hugo ????????????????????????????????????
Ses métaphores sont bien de lui...Toutes celles qui concernent La Lison (la locomotive dans La Bête Humaine) qui utilisent le vocabulaire de la femme pour exorciser le mal dont souffre le mécanicien, les métaphores épiques quand la locomotive peine dans la neige et ne peut plus avancer avec ce jeu très symbolique du noir et du blanc...lui sont bien propres
Alors peut-être le rythme, les sonorités...Il faudra que je vois de plus près
D'autre part les romans de Zola sont loin d'être tous plitisé...Dans les RM je pense même qu'il s'agit d'une minorité puisque Zola s'est attaché à montrer le déterminisme qui conditionne la vie humaine en bon positiviste qu'il était...Certains disent aujourd'hui nihiliste.
Dans le chapitre IX du Docteur Pascal, dernier roman des RM il y a une scène pordigieuse : Macquart l'alcoolique prend feu car il s'est endormi avec sa pipe allumée et son corps gras imbibé d'alcool s'enflamme...
"Félicité comprit que l'oncle s'allumait là, comme une éponge, imbibée d'eau de vie. Lui-même en était saturé depuis des ans, de la plus forte, de la plus inflammable."
Sa mère, la vieille Dide, celle qui a transgressé en couchant avec un voyou au début du cycle des RM, meurt à 105 ans dans son Asile de fous après avoir suivi l'agonie du dernier enfant de la lignée...
Du grand art je vous dis...
Quant à la politique c'est dans la Fortune des Rougon que l'évocation est la plus intéressante, Zola décrit les courants politiques de son temps... Lui se retrouve gauchiste car républicain...
J'ai lu Zola à la lueur d'une lampe de poche sous mes draps au dortoir car à l'époque (années soixante) il était interdit dans mon lycée de bonnes soeurs.
Ca crée des liens...

Écrit par : Rosa | 14/03/2007

Excusez les fautes : je pensais pouvoir les corriger en ouvrant "aperçu"

Écrit par : Rosa | 14/03/2007

Michaël, comment fait-on pour entrer un commentaire sur votre blogue ?
Quand j'ai cliqué sur ajouter un commentaire j'ai eu une page blanche où ma souris n'a pas pu entrer
C'est quand même mieux chez Haut Et Fort...
Hervé excusez-moi d'occuper le terrain...

Écrit par : Rosa | 14/03/2007

@ Rosa
mon blog déraille un peu ces temps-ci, mais pour laisser un commentaire, il faut confirmer en tapant un code après avoir validé le commentaire. Je n'écris plus beaucoup ces temps-ci, je relis mes quelques fiches pour le Capes d'Histoire, sans trop d'illusions malgré tout car le bachotage et moi c'est une drôle d'histoire...
excusez moi également Hervé d'envahir votre espace avec mes commentaires personnels.

Écrit par : Michaël | 14/03/2007

Mais justement je ne trouve ni code ni rien...
Bon courage pour le CAPES : je croyais que vous aviez renoncé aux concours
Merci Hervé d'héberger ce dialogue
mais on peut continuer chez moi Michaël

Écrit par : Rosa | 14/03/2007

Tout va bien. L'essentiel est que les problèmes s'arrangent.

Écrit par : Hervé Torchet | 14/03/2007

Les commentaires sont fermés.